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29 septembre 2016

Les différentes facettes de la FAD – La formation à distance au service des étudiants athlètes: le point de vue de Keven Bouchard

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

À la session d’hiver 2016, je me suis entretenu avec 2 enseignants du Cégep de Baie-Comeau qui avaient expérimenté la formation à distance pour soutenir un étudiant athlète dans ses études collégiales à partir d’une autre province canadienne. Leur témoignage a fait l’objet d’une publication sur Profweb.

Cet article vous propose de découvrir le point de vue de Keven Bouchard, un aspirant hockeyeur professionnel et finissant en Sciences de la nature au Cégep de Baie-Comeau à l’hiver 2016. Avec le soutien de son Cégep et de l’Alliance Sport-Études, Keven a vécu une expérience de formation à distance « sur mesure » pour lui permettre de compléter ses études collégiales et d’obtenir son DEC. Je l’ai rencontré sur Skype, lors d’une entrevue menée en avril 2016. Voici son témoignage.

Peux-tu me tracer ton parcours collégial?

Je termine ma troisième année dans le DEC en sciences de la nature. Il s’agit d’un programme préuniversitaire de 2 ans.

  • J’ai débuté dans la Ligue de hockey junior majeure du Québec (HJMQ) dans l’équipe de Val-d’Or (les Foreurs).
  • J’ai ensuite joué pour l’équipe de Baie-Comeau (le Drakkar).
  • J’ai finalement été échangé à Moncton (les Wildcats) en décembre 2015.

Durant 2 ans à Val-d’Or, j’ai fait la moitié de mes études collégiales et durant l’été, je suivais 2 cours. Présentement, je suis aussi un cours de français avec le Cégep à distance.

Lorsque j’étais à Val-d’Or, j’avais demandé à être échangé, mais j’avais spécifié que je ne voulais pas me rendre dans les Maritimes, car il n’y a pas de cégep au Nouveau-Brunswick, ce qui signifie que j’aurais dû prendre une pause d’études. J’ai donc été très heureux d’apprendre que j’avais été échangé à Baie-Comeau.

Rendu au Cégep de Baie-Comeau, j’ai mentionné la même chose au directeur général de la ligue de Hockey Junior majeur du Québec (LHJMQ). Mais j’ai finalement appris que je partais pour Moncton peu avant le temps des Fêtes. En arrivant à Moncton, j’ai immédiatement été pris en charge: on m’a dit de pas m’en faire, que je pourrais poursuivre mes études collégiales.

Gardien de but pour les Wildcats (source : The ChronicleHerald)

Quand toutes les planètes s’alignent…

Dès que j’ai su que j’avais été échangé, je suis entré en contact avec le Cégep de Baie-Comeau pour savoir si j’allais pouvoir continuer mes études collégiales. Le conseiller pédagogique du Drakkar, James Laviolette, a fait toutes les démarches nécessaires pour que je puisse terminer mon DEC à partir de Moncton.

Il me restait, par exemple, un cours de mathématiques et un cours de physique obligatoires à compléter pour pouvoir obtenir mon diplôme. À la session d’automne 2015, j’avais déjà suivi des cours avec Catherine Hudon et Pierre-Marc Robinson, qui enseignent ces 2 matières.

Lorsque le conseiller pédagogique a annoncé mon transfert vers Moncton à Pierre-Marc Robinson, celui-ci a suggéré : « Pourquoi ne pas faire l’enseignement par Skype? » Catherine Hudon était ravie de l’idée et elle était également partante offrir son cours à la fois en présentiel et à distance.

Est-ce un défi pour toi de maintenir ta motivation, alors que tu es seul à distance?

J’ai toujours eu pour objectif de terminer mon DEC en 3 ans. J’ai été repêché par la Ligue nationale de hockey (à Edmonton) et je pouvais recevoir une offre de contrat par la Ligue américaine dès la session d’automne 2015. Si tel était le cas, il m’aurait alors été quasi impossible de poursuivre des études en parallèle. J’ai décidé d’attendre. Je trouvais important de poursuivre mon objectif de formation et de diplomation à la session d’hiver 2016.

Lorsque j’ai été échangé à Moncton, les enseignants ont fait preuve d’une grande ouverture d’esprit. Les 2 enseignants savaient que je rêvais d’avoir une carrière comme joueur de hockey professionnel. Je suis tout de même conscient qu’il est très important d’avoir aussi une bonne formation collégiale et universitaire. C’est l’une de mes priorités. Je dirais que de faire carrière comme joueur de hockey professionnel est mon plan A, mais si cela ne fonctionne pas, j’aurai un plan B et je pourrai me réaliser autrement sur le plan professionnel.

Comment les cours se déroulent-ils, sur le plan technologique?

J’utilise un ordinateur portable pour me connecter aux cours. Ce n’est pas toujours possible de le faire pour un cours pendant les voyages. Dans l’autobus, il n’y a qu’une seule connexion wifi pour les 30 joueurs! Cela crée parfois des problèmes de bande passante. Un autre problème est le manque d’espace pour m’installer et suivre mon cours lorsque je suis en déplacement.

Tu es présentement dans les séries, est-ce plus difficile de te connecter?

Avant les séries, j’ai communiqué avec mes professeurs pour avoir des cours de rattrapage la semaine précédant mon départ, pour ne pas trop prendre de retard. Le seul fait de partir en voyage pour 2 parties de séries, de Moncton à Gatineau, me fait manquer environ une semaine de cours. Un athlète ne fait pas seulement du hockey pendant la journée : souvent, la préparation et la concentration pour un match peuvent prendre quelques heures de plus. Les 2 enseignants sont très flexibles quant à la remise des travaux, et même pour les dates d’examen.

Comment se déroule l’encadrement avec les enseignants?

Habituellement, je consacre un minimum d’une heure par semaine sur Skype pour l’encadrement avec les enseignants, mais souvent, cela dure plus longtemps que cela. Ce sont quand même des mathématiques et de la physique, donc des cours assez difficiles! Je manque plus souvent les cours de Pierre-Marc Robinson, car ceux du jeudi ont lieu en même temps que mes entraînements d’équipe.

Comment fonctionne la remise de tes travaux?

Je remets mes travaux par télécopieur ou numérisés en format électronique, parce que les travaux sont souvent un ensemble de calculs faits à la main. Pour les laboratoires en physique, je les ferai à la fin de la présente saison de hockey.

Les professeurs me confiaient que, lorsqu’ils se déplacent dans la classe, ils s’aperçoivent parfois qu’ils ne sont plus dans le champ de la caméra. Est-ce que cela te dérange?

C’est certain que ce n’est pas évident pour les enseignants. Je comprends qu’il s’agit d’une première pour les enseignants et qu’elle n’a pu être planifiée à l’avance. De plus, avant chaque cours, les enseignants préparent l’ordinateur, vont sur l’internet, vérifient si tout est correct, etc. Je suis conscient qu’ils en font déjà beaucoup pour me permettre de suivre le cours à distance et je l’apprécie.

J’entends bien pendant les cours, mais je ne vois pas toujours bien au tableau. J’essaie de comprendre par moi-même. Sinon, j’ai un bon ami à Baie-Comeau et, lorsque je manque des notes ou que je ne vois pas très bien, je peux lui demander de m’envoyer des document (notes, photos du tableau, etc.).

Parle-moi de la collaboration avec la répondante de l’équipe des Wildcats de Moncton.

La répondante s’occupe de l’ensemble des joueurs de l’équipe. Ils proviennent de systèmes d’éducation différents. Les besoins des joueurs sont multiples, car ils sont issus de plusieurs provinces canadiennes et même de pays différents (les États-Unis, par exemple). Les autres joueurs ont des cours à distance et l’équipe fournit une classe pour les travaux scolaires, les tests ou les examens. La répondante est présente pour donner un coup de main aux joueurs. C’est aussi elle qui supervise les examens ou les autres évaluations, au besoin. Ensuite, elle les fait parvenir par télécopieur au professeur concerné.

Tu t’es inscrit à l’Université du Québec à Chicoutimi. T’es-tu informé de la possibilité de faire des cours du baccalauréat à distance, au cas où tu ne serais pas dans la région à l’automne 2016?

Je pourrais probablement faire mon baccalauréat à l’UQAC à distance, mais quand un joueur rejoint le hockey professionnel, son emploi du temps est beaucoup trop chargé; il n’aurait pas vraiment la possibilité de suivre des cours en même temps.

Que retiens-tu de ton expérience de formation à distance?

La formation à distance s’est avérée une expérience positive pour moi. C’est une bonne solution pour concilier les études et le sport de haut niveau. Sans cette option, il m’aurait été impossible de compléter ma formation collégiale cette année. L’éducation est ma priorité depuis que je suis jeune, mais j’ai aussi dû faire des choix professionnels : prendre une pause du hockey pendant quelques mois est impossible, alors que je peux revenir à l’éducation à n’importe quel moment, et encore plus facilement, grâce à la formation à distance.

Des nouvelles fraiches

En septembre 2016, Keven termine un camp professionnel dans la LNH avec les Oilers d’Edmonton. Il poursuit ses études à l’Université de Moncton, dans le programme de génie électrique. Il est encore joueur de hockey au niveau junior pour les Wildcats de Moncton.

À propos de l'auteur

Paul Landry

Il est originaire du Nouveau-Brunswick et est présentement étudiant à la maîtrise en technologie éducative à l’Université Laval. Il a plus de 25 ans d’expérience dans le domaine de l’enseignement et s’est spécialisé dans le domaine de l’informatique. En plus d’enseigner des cours d’informatique (réparation, programmation et bureautique) au secondaire, il enseigne également des cours de leadership pour apprendre aux jeunes l’importance d’être un bon leader dans le monde de demain.

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