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1 juin 2015

Portfolio numérique

Table des matières

  1. État de la question
    1. Définition
    2. Buts et utilités
    3. Avantages du support numérique
  2. Dans la pratique pédagogique
    1. Déterminer le ou les buts de l’utilisation du portfolio
    2. Planifier le scénario
    3. Choisir l’outil
    4. Outils conçus spécifiquement pour réaliser des portfolios
    5. Autres outils permettant de constituer un portfolio numérique
    6. Caractéristiques et fonctionnalités
  3. Conclusion
  4. Références
    1. Quelques exemples de portfolio au collégial
    2. Références et suggestions de lecture

État de la question

Le portfolio est un outil utilisé depuis longtemps par les artistes, qui s’en servent pour présenter leurs meilleures réalisations. En formation, son utilisation est plus récente. C’est avec l’arrivée des approches centrées sur l’apprenant, telle l’approche par compétences, qu’est apparu le besoin d’outils comme le portfolio, qui amènent l’étudiant à être actif et à s’impliquer dans sa démarche d’apprentissage, tout en recevant le soutien nécessaire de son enseignant. Le portfolio répond aussi à un besoin dans un contexte où l’on doit évaluer les compétences de l’étudiant et où ce dernier doit réaliser des tâches complexes. En effet, cet outil permet à l’étudiant de recueillir des preuves étoffées de la maitrise de ses compétences, sur lesquelles peut ensuite s’appuyer l’enseignant pour :

  • Porter un jugement
  • Fournir une rétroaction appropriée pour aider l’étudiant dans la poursuite de ses apprentissages
  • Donner une note équitable selon le niveau de maitrise de la compétence

Ce dossier porte spécifiquement sur le portfolio numérique. En effet, avec les nouvelles technologies, il est maintenant possible de réaliser des portfolios numériques qui offrent des avantages supplémentaires à sa version classique (porte-document « papier »). Si le portfolio numérique est reconnu comme un outil pédagogique au diapason des approches actuelles, il n’en demeure pas moins que son utilisation demande une bonne planification et que celle-ci doit prendre en compte divers éléments.

Dans une première partie, ce dossier définit le concept du portfolio comme outil pédagogique, en aborde les buts et les utilités et précise les avantages du support numérique. Dans une deuxième partie, une démarche est proposée afin de faciliter la planification de l’utilisation de cet outil dans un cours ou un programme et d’en exploiter le plein potentiel. On y précise les éléments à considérer pour déterminer les buts du portfolio, planifier le scénario et choisir l’outil technologique approprié au contexte.


Synthèse sur le portfolio numérique

1. Définition

Il faut tout d’abord savoir que le terme « portfolio » renvoie à un concept pédagogique et non à un outil informatique. Il en existe de nombreuses définitions dans la littérature en éducation. La suivante présente les principales caractéristiques du portfolio numérique :

Le portfolio numérique est un dossier personnalisé et évolutif de l’étudiant qui rassemble, de façon organisée, des travaux, des réalisations, des réflexions et des commentaires sur un support numérique, généralement en ligne. Cette collection, qui peut être partagée en tout ou en partie, permet à l’étudiant de documenter et de réfléchir sur sa progression ainsi que de témoigner de ses apprentissages.

Un portfolio est beaucoup plus qu’un outil de collecte et d’archivage. Il s’agit d’une collection, c’est-à-dire un ensemble d’éléments organisés qui sont :

  • En lien avec les apprentissages réalisés
  • Choisis selon une série de critères
  • Accompagnés de réflexions ou de commentaires

Comme toute collection, un portfolio se constitue graduellement, tout au long d’un cours ou d’un programme (et même au-delà). Sa réalisation implique une réflexion de la part de l’étudiant qui doit faire des choix et accompagner les productions qu’il dépose dans son portfolio de justifications, d’autoévaluations ou de réflexions. Un portfolio n’est donc pas un travail ou un bilan réalisé à la fin d’un cours. Bien qu’il puisse en inclure un, il n’est pas non plus un simple curriculum vitae. Il doit contenir des traces de la progression de l’étudiant ou des preuves de ses compétences.

Pour favoriser l’implication de l’étudiant dans la constitution de son portfolio, ce dernier doit lui appartenir. L’étudiant devrait pouvoir le personnaliser, choisir à qui il le montre et avoir le plus de contrôle possible sur son contenu. Il risque aussi d’être plus motivé s’il sait qu’il pourra le conserver une fois sa formation terminée.

L’utilisation d’un portfolio dans le cadre d’un cours ou d’un programme doit être planifiée et doit impliquer un accompagnement. À des moments précis ou de façon continue, l’étudiant devrait donc présenter une partie ou l’ensemble de son portfolio à son enseignant et peut-être aussi à d’autres personnes :

  • Autres étudiants
  • Superviseurs en milieux de stage
  • Experts du milieu du travail
  • Autres enseignants
  • Membres de sa famille
  • Employeurs éventuels

De cette façon, l’étudiant peut recevoir, à même son portfolio ou selon d’autres modalités (ex. : rencontres), de la rétroaction formative et des encouragements susceptibles de favoriser son apprentissage et sa motivation.

Comme le mentionne Tardif (2006), l’utilisation d’un portfolio peut apporter des bénéfices sur différents plans, entre autres :

  • Sur l’apprentissage
    • L’utilisation du portfolio favorise l’engagement de l’étudiant dans sa démarche d’apprentissage et l’autorégulation de cette démarche. Il doit s’autoévaluer et réfléchir à ce qu’il a appris et comment il a appris. Le portfolio amène l’étudiant à prendre conscience de la qualité de ses apprentissages, des stratégies qu’il utilise pour les réaliser et de sa progression. Elle lui permet de découvrir que l’apprentissage est un processus continu dont il est le principal acteur.
    • Le portfolio favorise aussi l’établissement, par l’étudiant, de relations entre ce qu’il apprend de différentes disciplines et sources (ex. : différents enseignants ou milieux de stage), particulièrement s’il est utilisé dans plusieurs cours d’un même programme de formation.
  • Sur la motivation
    • À l’aide de son portfolio, l’étudiant peut comparer ses productions avec celles qu’il a faites antérieurement et ainsi constater sa progression. Il peut aussi mettre en évidence ses meilleurs travaux, ce qui favorise sa motivation.
  • Sur la communication
    • Le portfolio facilite la communication entre l’étudiant et son enseignant tout au long de l’apprentissage et aussi lors de l’évaluation. Il permet à l’enseignant de fournir une rétroaction à l’étudiant sur sa démarche, plus facilement et plus régulièrement. Il l’amène aussi à mieux connaitre l’étudiant. Cet outil est également utile pour échanger avec les pairs, les parents, les milieux de stage potentiels, les employeurs éventuels, etc.
  • Sur l’évaluation
    • Puisque le portfolio sert à recueillir plusieurs traces et preuves de l’apprentissage, il permet à l’enseignant de faire une évaluation plus juste des compétences acquises par l’étudiant et à lui donner une rétroaction profitable.
    • Le portfolio permet également la prise en compte des différences individuelles. De fait, un apprentissage peut se manifester de multiples façons et se concrétiser par différentes preuves. L’étudiant pourrait donc choisir d’inclure dans son portfolio des éléments qui mettent en valeur sa personnalité, ses champs d’intérêt, ses objectifs ou ses aspirations.

2. Buts et utilités

La principale force du portfolio est qu’il amène l’étudiant à réfléchir. Il permet de soutenir sa réflexion dans l’action et sur l’action. À partir des travaux qu’il y dépose, l’étudiant peut porter un regard sur ses compétences, ses forces, ses défis, son processus d’apprentissage, ses stratégies, son identité personnelle et professionnelle ou son orientation professionnelle. Ce processus n’est pas toujours facile : les étudiants du collégial ne possèdent pas tous les mêmes habiletés réflexives. L’enseignant a le rôle de leur fournir le soutien nécessaire à la réflexion et aussi de les amener à développer graduellement ces habiletés.

Avant de demander à un étudiant d’utiliser un portfolio, il est essentiel d’en préciser les buts en se posant les questions : « Pourquoi utiliser un portfolio? Quelle en est la valeur ajoutée? » Les objectifs ont tout avantage à être clairs pour l’enseignant, car ils orienteront la façon d’exploiter le portfolio. Si le portfolio est utilisé par plus d’un enseignant, les buts doivent être choisis en concertation et chacun doit y adhérer. Les objectifs doivent aussi être communiqués aux étudiants au début du cours ou du programme. Un étudiant est plus susceptible de s’engager dans une démarche d’utilisation du portfolio demandant un investissement en termes d’efforts et de temps– car réfléchir, ce n’est ni facile ni instantané – s’il en comprend concrètement l’objectif et s’il y voit clairement une valeur ajoutée pour lui.

Les types de portfolio

On retrouve 4 grands types de portfolio qui impliquent tous de la réflexion, mais qui ont des buts différents :

  • Le portfolio de présentation
  • Le portfolio d’apprentissage
  • Le portfolio d’évaluation
  • Le portfolio de développement professionnel

Ces types ne sont pas exclusifs : il est tout à fait possible d’utiliser un portfolio hybride qui en combine plusieurs.

Le portfolio de présentation
Il s’agit d’une collection des meilleures productions de l’étudiant pour mettre en valeur ses compétences. L’étudiant y présente ses réussites et ses meilleurs coups ainsi que la justification de ses choix. C’est un type de portfolio axé sur le produit, le résultat.
Un portfolio de présentation n’est pas une présentation préparée en quelques jours à la fin d’un cours. Il s’en distingue par le fait qu’il se construit graduellement. Ainsi, tout au long de son cours ou de son programme, l’étudiant recueille des travaux. À différents moments, il prend le temps de réfléchir pour sélectionner les meilleurs travaux, qu’il conservera dans son portfolio en fonction de critères. Il lui arrive de retirer certaines productions et de les remplacer par de nouvelles, mieux réussies. Il accompagne sa sélection de textes pour les présenter et en justifier le choix. À la fin de son cheminement, il ne lui reste qu’à effectuer quelques ajustements et à présenter son portfolio. L’organisation du portfolio, le choix des productions et la rédaction des textes de présentation impliquent une réflexion et demandent souvent du soutien.
Le portfolio d’apprentissage
Il peut être défini comme une collection de productions et de réflexions faisant foi de la progression de l’étudiant sur une période donnée. Il est axé sur la démarche de l’étudiant plutôt que sur le produit et il favorise l’autorégulation de son apprentissage. Tout au long de son cours ou de son programme, l’étudiant est donc amené à y déposer des travaux significatifs. L’étudiant ne se limite pas à ses meilleurs travaux : il y place aussi des productions moins bien réussies, accompagnées d’autoévaluations ou de réflexions en lien avec son processus d’apprentissage et ses apprentissages.
Bien qu’il puisse être utilisé dans un cours, le portfolio d’apprentissage s’intègre particulièrement bien dans une approche qui s’arrime à plusieurs cours d’un même programme de formation. Il permet à l’étudiant de faire plus facilement des liens entre les apprentissages réalisés dans ses différents cours et à transférer ses acquis d’un cours à l’autre.
Il est aussi très intéressant d’utiliser ce type de portfolio dans le cadre d’un stage. L’étudiant peut y déposer des traces de sa progression, sur lesquelles il s’appuie pour faire ressortir ses forces et défis, puis réfléchir aux moyens qu’il peut prendre pour s’améliorer et atteindre le niveau de compétence souhaité.
Ce type de portfolio implique de l’évaluation formative. L’enseignant doit donc prendre le temps nécessaire, de façon suffisamment fréquente, pour évaluer le portfolio de l’étudiant et lui transmettre une rétroaction le guidant dans son cheminement d’apprentissage et l’encourageant. Cette rétroaction peut être communiquée à même le portfolio ou selon d’autres modalités.
Le portfolio d’évaluation
Le portfolio d’évaluation ressemble beaucoup au portfolio de présentation, mais y ajoute une visée d’évaluation sommative. Ce type de portfolio est une collection de productions permettant à l’enseignant de porter un jugement sur les compétences de l’étudiant et de lui attribuer une note. L’étudiant intègre donc à son portfolio des travaux démontrant sa maitrise des compétences attendues.
Dès le départ, l’enseignant doit faire preuve de transparence et présenter clairement ses attentes ainsi que les critères d’évaluation, idéalement à l’aide d’une grille à échelles descriptives. Ainsi, l’étudiant peut s’y référer lorsqu’il doit choisir des productions et les justifier.
Bien qu’il s’agisse d’une source très riche d’informations et qu’il soutienne l’appréciation du niveau de compétence d’un étudiant, ce type de portfolio doit souvent être jumelé à d’autres instruments d’évaluation pour en attester.
Le portfolio de développement professionnel
Ce type de portfolio est une collection de productions et de réflexions documentant le cheminement professionnel d’une personne. C’est un portfolio évolutif qu’un étudiant du collégial peut déjà commencer à construire.
Pour réaliser un tel projet, l’étudiant doit évaluer le niveau de maitrise de ses compétences professionnelles en s’appuyant sur les productions qu’il a faites et les expériences qu’il a vécues.
L’étudiant doit réfléchir à son cheminement professionnel et le planifier en fonction de ses aspirations, de ses forces et des défis qui l’attendent au niveau professionnel. Bibeau (2007) précise qu’un tel portfolio peut entre autres inclure :
  • Une autobiographie
  • Un curriculum vitae
  • Un texte présentant sa philosophie professionnelle
  • Un plan de formation
  • Des productions significatives
  • Des évaluations
  • Une présentation de ses mentions d’honneur
  • Des défis rencontrés et des pistes d’amélioration
  • Une bibliographie d’œuvres inspirantes
Le portfolio hybride
Un des avantages du portfolio numérique est qu’il permet de combiner différents types de portfolio et de produire des vues différentes de son contenu. Un étudiant pourrait ainsi décider de présenter certaines productions à son enseignant pour qu’il les évalue (portfolio d’évaluation). En parallèle, dans le même portfolio, l’étudiant pourrait construire une présentation (portfolio de présentation) s’adressant à ses pairs ou à des employeurs potentiels qui reprendrait des productions soumises à son enseignant et inclurait également d’autres éléments. De même, il serait possible de réaliser un portfolio dont une section permettrait le suivi de la progression de l’étudiant (portfolio d’apprentissage), d’où l’étudiant tirerait ses meilleures réalisations pour les présenter dans une autre section (portfolio de présentation).
Le portfolio hybride pose cependant un grand défi lorsqu’on l’utilise à la fois à des fins d’apprentissage et d’évaluation. En effet, il peut être difficile d’amener un étudiant à partager ses réflexions sur les difficultés qu’il rencontre s’il sait que la personne qui les lira sera aussi celle qui l’évaluera. Il faut donc s’assurer que l’étudiant se sente en confiance.

3. Avantages du support numérique

Le portfolio classique se présente souvent sous la forme d’un cartable ou d’un porte-document dans lequel sont placées les différentes réalisations et réflexions de son propriétaire. Utiliser un support numérique pour constituer son portfolio offre plusieurs avantages par rapport aux portfolios classiques.

Le portfolio numérique :

  • Est accessible rapidement, en tout temps et en tous lieux, pour tous (étudiants, enseignants et autres)
  • Évite à son propriétaire d’avoir à transporter de lourds cartables ou porte-documents et permet d’économiser du papier
  • Permet différentes vues du contenu du portfolio (l’étudiant peut choisir d’en partager seulement certaines parties)
  • Permet de faire des liens entre les différents éléments qu’il contient ainsi qu’avec de la documentation se trouvant sur le web
  • Offre la possibilité d’y intégrer des éléments multimédias : images, sons, vidéos et animations
  • Permet une classification plus flexible des productions
  • Facilite la communication avec différents acteurs, qui peuvent y inscrire des commentaires

Le portfolio numérique comporte aussi quelques inconvénients. Pour que les étudiants tirent profit du numérique, il est nécessaire de choisir un outil technologique approprié. Le choix d’un outil adéquat ainsi qu’une bonne préparation contribueront à ce que l’environnement informatique soit perçu comme un avantage plutôt qu’un frein à l’élaboration du portfolio.

Dans la pratique pédagogique

Comme le portfolio demande du temps et des efforts, autant de la part de l’enseignant que de l’étudiant (et parfois d’autres intervenants), il faut d’abord s’assurer que son utilisation contribue à améliorer significativement l’apprentissage, l’encadrement ou l’évaluation dans la formation.

Comme enseignant, il faut parfois être prêt à revoir ses pratiques. Il faut aussi s’assurer de disposer du temps nécessaire pour planifier adéquatement l’utilisation du portfolio numérique avant le début du cours ou du programme. En effet, elle pourrait nécessiter de revoir :

  • L’approche du ou des cours
  • Les activités d’enseignement-apprentissage
  • L’encadrement des étudiants
  • La démarche évaluative (la façon d’évaluer les étudiants de façon diagnostique, formative et sommative)

Le portfolio numérique peut être implanté dans un cours, mais son utilisation est particulièrement intéressante dans le cadre d’une approche-programme, surtout si les étudiants ne sont pas trop nombreux et que les enseignants sont en mesure d’investir le temps nécessaire pour leur offrir un encadrement personnalisé. Si l’on prévoit utiliser un portfolio dans plusieurs cours d’un même programme, il est important de se concerter pour que l’équipe d’enseignants en arrive à une vision commune de ses buts, de sa portée et de sa démarche générale. Ce travail exige du temps de réflexion et de préparation. La cohésion de l’équipe fait partie des conditions d’intégration réussie du portfolio. La formation d’un comité pour gérer l’utilisation pédagogique du portfolio est recommandée. Il faut aussi prévoir que de la formation et de l’accompagnement, tant au niveau pédagogique que technologique, pourraient s’avérer utiles, voire indispensables.

Un enseignant ou une équipe-programme qui se lance dans l’utilisation d’un portfolio gagnera à discuter avec des collègues (de leur cégep ou d’une autre institution) qui ont déjà tenté l’expérience. Leur travail devrait être facilité si :

  • Le portfolio est connu et reconnu par la direction du programme et le conseiller pédagogique associé au programme.
  • Un conseiller spécialisé en technopédagogie est disponible pour les accompagner dans le projet.
  • Plusieurs enseignants du programme s’impliquent dans le projet.
  • Du personnel de soutien informatique ou technique est disponible pour donner un coup de main technologique, au besoin.
  • Les étudiants ont accès, en classe et hors classe, au matériel informatique requis.

Pour planifier l’utilisation d’un portfolio, il faut d’abord en déterminer le ou les buts pédagogiques. Par la suite, il est nécessaire de planifier le scénario, c’est-à-dire ce qui sera déposé dans le portfolio et toutes les activités d’apprentissage, d’enseignement, d’encadrement et d’évaluation qu’il impliquera. En même temps, il faudra aussi choisir l’outil technologique qui répond le mieux aux besoins et au contexte.

1. Déterminer les buts du portfolio

Il est tout d’abord essentiel de préciser les buts pédagogiques du portfolio dans le cadre de la formation donnée. Ces buts permettront ensuite de cibler de façon cohérente les activités d’apprentissage, d’enseignement et d’encadrement qui en favoriseront l’atteinte. Ces buts peuvent être très variés, mais il est important qu’ils soient centrés sur l’apprentissage de l’étudiantbien qu’il soit pertinent d’en avoir, en complément, qui ciblent aussi l’amélioration de l’enseignement ou de l’encadrement offert.


Il est essentiel de préciser les buts pédagogiques du portfolio.

Voici quelques exemples de buts très généraux – dont plusieurs sont inspirés du MELS (Ministère de l’Éducation du Québec, 2002) – qui peuvent servir de points de départ pour en déterminer des plus précis, adaptés à un cours ou à un programme :

  • Centrés sur l’apprentissage de l’étudiant
    • Amener l’étudiant à comprendre son processus d’apprentissage
    • Amener l’étudiant à prendre conscience de ses apprentissages
    • Amener l’étudiant à parler de ses apprentissages
    • Aider l’étudiant à développer ses habiletés à s’autoévaluer
    • Prouver l’atteinte d’un certain niveau de développement d’une ou de plusieurs compétences
    • Réfléchir à son orientation professionnelle
  • Axés sur l’enseignement et l’encadrement
    • Suivre et encadrer le cheminement d’apprentissage de l’étudiant
    • Obtenir des preuves de la maitrise d’une compétence pour évaluer l’étudiant

Il apparait utile de commencer à utiliser le portfolio en se fixant des buts plus limités et éventuellement, de les bonifier (à une session subséquente ou auprès d’une deuxième cohorte).

Une fois les buts déterminés, ils doivent être communiqués clairement aux étudiants, de façon à ce qu’ils comprennent pourquoi ils devront fournir des efforts et prendre du temps pour se constituer un portfolio, et qu’ils perçoivent clairement la valeur ajoutée de cet outil dans leur formation. C’est une condition de réussite de l’utilisation d’un portfolio et c’est le point de départ de l’engagement des étudiants dans ce projet.

2. Planifier le scénario

Une fois les buts précisés, il est nécessaire de mettre en place les moyens pour les atteindre en planifiant un scénario d’utilisation du portfolio. Il faut donc déterminer :

  • Le contenu attendu dans le portfolio
  • Les paramètres d’organisation de ce contenu
  • Les activités d’apprentissage, d’enseignement, d’encadrement et d’évaluation qui devront être réalisées pour atteindre les objectifs fixés
  • Les acteurs qui seront impliqués

Il ne faut pas oublier de prévoir, au début de la formation, une présentation du portfolio, de sa démarche, de ses buts, de sa valeur ajoutée pour l’étudiant ainsi qu’une ou plusieurs activités d’appropriation technique de l’outil.

Pour favoriser l’implication de l’étudiant, le portfolio a tout avantage à être placé au centre de la formation. Une des conditions de réussite est d’encourager les étudiants à utiliser leur portfolio de façon régulière.

En s’inspirant entre autres des dimensions proposées par Martin (2012) dans son essai Conception d’un portfolio pour documenter le développement des compétences de l’élève au collégial (p. 74), voici, plus précisément, ce qu’il faut planifier lorsqu’on prévoit utiliser un portfolio avec des étudiants :

Le but du portfolio et le type de portfolio

Il faut s’assurer de garder en tête l’objectif pédagogique du portfolio tout au long de l’élaboration du scénario, afin de s’assurer que ce qu’on prévoit permettra de l’atteindre. Cela permet aussi de circonscrire les activités à planifier et d’investir des efforts et du temps dans ce qui importe réellement.

Si le portfolio est utilisé dans un programme, les buts et les types du portfolio pourront être différents d’une année à l’autre. On pourrait ainsi demander à l’étudiant de première et deuxième année de construire un portfolio d’apprentissage pour faciliter son apprentissage en lui fournissant du soutien dans sa démarche. Par la suite, au cours de sa dernière année de formation, on pourrait plutôt l’amener à constituer un portfolio d’évaluation dans lequel il pourrait démontrer que ses acquis correspondent aux attentes du profil de sortie du programme.

L’échéancier

Lors de l’étape de la planification du scénario, il est recommandé de se doter d’un échéancier où sont incluses les activités à réaliser par chaque acteur tout au long du déroulement du cours ou du programme. En effet, comme le portfolio demande du temps, à la fois à l’étudiant pour le constituer et à l’enseignant pour en faire le suivi (et parfois à d’autres intervenants pour le consulter et le commenter), il est nécessaire de s’assurer que tous les acteurs aient la disponibilité nécessaire pour réaliser les activités et les tâches prévues.

Le temps nécessaire aux différents acteurs pour constituer un portfolio et en faire le suivi est trop souvent sous-estimé. Il faut donc prendre soin d’en prévoir suffisamment pour que l’étudiant ait le temps de réaliser des travaux de qualité en tenant compte des rétroactions qu’il a reçues et pour que l’enseignant ne se retrouve pas submergé par des tâches d’encadrement ou d’évaluation.

Le contenu du portfolio

Avant le début de la formation, il est essentiel de déterminer le nombre et la nature des contenus (productions, réflexions) que devra contenir le portfolio. Il faut aussi déterminer, dans l’échéancier du cours ou du programme, les moments auxquels ces éléments devront être déposés par l’étudiant, commentés par des pairs ou par d’autres intervenants, et évalués de façon formative ou sommative par l’enseignant.

L’organisation du portfolio

Pour se retrouver dans le portfolio et atteindre les buts visés, il est souhaitable, voire indispensable, que son contenu soit organisé, par exemple :

  • Par cours
  • Par compétences
  • Par disciplines
  • Par thèmes
  • Par projets
  • Par étapes d’un processus ou d’une démarche
  • Par dossiers (de présentation, d’apprentissage, d’évaluation)

Cette organisation peut être prédéterminée par l’enseignant, mais peut aussi être choisie par l’étudiant, avec ou sans la collaboration de son enseignant.

Les questions réflexives

Quels que soient les buts poursuivis et le type de portfolio choisi, les productions qui y sont présentées doivent s’accompagner de réflexions ou de textes de présentation dont la rédaction implique de la réflexion. Comme le dit Martin (2012) : « Le portfolio doit amener l’élève à se questionner, à s’autoévaluer, à développer sa pratique réflexive et rendre sa réflexion plus explicite tout en examinant ses actions.»

L’étudiant a généralement besoin d’être guidé, dirigé dans sa réflexion. En lui posant des questions appropriées qui l’orientent vers l’atteinte des buts poursuivis, ainsi qu’en lui fournissant le soutien nécessaire, il est possible de l’amener à s’engager dans une réflexion significative qui favorise son apprentissage.

Pour faciliter cette réflexion et la rendre plus significative, il est recommandé de questionner l’étudiant de manière à ce que sa réflexion repose sur des éléments concrets (ex. ses productions, ses expériences, son vécu) plutôt qu’abstraits (ex. des énoncés de compétence). Ainsi, plutôt que de demander « Qu’avez-vous appris pendant ce cours? Quelles compétences avez-vous développées? Fournissez des preuves pour appuyer votre propos », il convient de poser des questions qui porteront l’étudiant à réfléchir sur ce qu’il a déposé dans son portfolio.

Voici quelques exemples de questions :

  • Pour réaliser ce travail, quelle démarche avez-vous suivie? Qu’est-ce qui s’est bien passé? Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées? La prochaine fois, que ferez-vous?
  • En vous référant à la grille d’évaluation, quelle note vous attribueriez-vous pour ce travail? Quels en sont les points forts? Comment pourriez-vous l’améliorer?
  • En quoi ce travail ou cet ensemble de travaux prouve-t-il que vous avez atteint la compétence visée?
  • Si vous comparez vos travaux de début de session et ceux de fin de session, quels changements constatez-vous? Qu’avez-vous appris et appliqué qui explique votre progression?
  • Au terme de ce cours, en quoi votre conception de la profession a-t-elle changé par rapport à ce que vous aviez défini dans votre premier travail?
  • Pour réaliser ce travail, quelles sont les connaissances acquises dans vos cours précédents qui vous ont été utiles? Comment?

Les outils d’évaluation

Si l’on veut utiliser le portfolio à des fins d’évaluation formative ou sommative, il faut s’assurer que l’étudiant y dépose toutes les preuves nécessaires des compétences à évaluer afin que l’enseignant soit en mesure de porter un jugement.

Il est recommandé de prévoir des grilles d’évaluation qualitative pour aider l’enseignant à donner une rétroaction ou une note tout en s’assurant que l’étudiant comprenne bien sur quoi il sera évalué et qu’il puisse plus facilement s’autoévaluer. La grille d’évaluation à échelles descriptives est recommandée.

Le contrôle de l’enseignant et de l’étudiant

Dans le cadre d’un cours ou d’un programme, l’utilisation d’un portfolio doit être encadrée, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il faille être très directif et tout imposer. Le fait d’avoir du contrôle sur son portfolio, de pouvoir faire des choix et d’avoir la liberté de le personnaliser amène l’étudiant à se l’approprier et le motive à l’utiliser. À l’inverse, trop de liberté peut insécuriser l’étudiant et nuire à son engagement.

Le défi est de trouver le meilleur équilibre possible entre le contrôle de l’enseignant et celui accordé à l’étudiant de façon à s’assurer que ce dernier constitue un portfolio qui lui permettra d’atteindre les buts fixés, qui le motivera et dont il se sentira l’acteur principal. Le degré de contrôle accordé à chacun doit donc être déterminé en considérant différents facteurs, dont:

  • Les caractéristiques des étudiants
  • Leur expérience avec le portfolio
  • Le temps dont dispose l’enseignant pour les soutenir
  • Les buts poursuivis

Le contrôle de l’étudiant peut s’exercer sur différents aspects, notamment sur :

  • Le contenu et la présentation
    Il est possible d’être très directif et d’imposer à l’étudiant ce qu’il doit déposer dans son portfolio, mais on peut aussi le laisser faire des choix. Ces choix peuvent porter sur la nature d’un travail, son thème ou son sujet, les médias utilisés pour le présenter, etc. Il est important de donner des consignes et de préciser des critères pour s’assurer que le portfolio de l’étudiant contienne suffisamment d’éléments et qu’il soit cohérent avec les buts. Il peut être nécessaire que l’enseignant accompagne l’étudiant dans ses choix.
  • L’organisation
    Tout comme le choix du contenu, il est aussi possible de laisser l’étudiant décider lui-même de l’organisation de ce contenu dans son portfolio. Ce n’est pas toujours une tâche facile pour l’étudiant : il est souhaitable de lui suggérer des balises et de lui fournir de la rétroaction. De cette façon, on s’assurera de la cohérence de l’organisation du portfolio avec les buts ciblés et chacun pourra se retrouver dans le portfolio (sans perdre trop de temps).
  • La personnalisation
    L’étudiant peut personnaliser son portfolio, par exemple en choisissant sa mise en forme ou encore, en se présentant dans la page d’accueil (souvent appelée « profil »). Cela amène l’étudiant à s’approprier son portfolio, à sentir qu’il lui appartient vraiment, ce qui est souvent une source de motivation. Cela permet aussi à l’enseignant d’en connaitre plus sur l’étudiant, au-delà de ses performances scolaires, ce qui peut l’aider à mieux l’accompagner.
  • La gestion des accès
    Il est recommandé de laisser l’étudiant gérer lui-même avec qui il partage son portfolio et à quel moment. L’étudiant peut ainsi sentir qu’il a le contrôle sur son portfolio, qu’il peut en partager le contenu quand il se sent à l’aise de le faire. Bien sûr, il est nécessaire de donner des directives afin que l’enseignant (ou d’autres intervenants) puisse y avoir accès à certains moments pour lui donner de la rétroaction.Il est possible de laisser du contrôle à l’étudiant sur d’autres aspects. Certains enseignants vont même jusqu’à permettre à l’étudiant de choisir l’outil technologique qu’il utilisera pour concevoir son portfolio.

Le rôle des différents acteurs

Outre l’enseignant et l’étudiant, d’autres acteurs peuvent intervenir, d’une façon ou d’une autre, dans le portfolio: d’autres étudiants, d’autres enseignants, des experts, des employeurs potentiels, des parents, etc. Il est important d’identifier ces acteurs et de s’assurer que chacun d’eux ait un rôle bien défini ainsi que la disponibilité et l’intérêt nécessaires pour l’assumer.

Rôle de l’enseignant
  • Planification
    L’enseignant qui choisit d’utiliser un portfolio avec ses étudiants doit d’abord en planifier l’utilisation. Il doit vérifier que les activités prévues pourront être réalisées dans la période de temps donnée et que chacun des acteurs exercera son rôle. Il doit particulièrement s’assurer de disposer des ressources nécessaires, par exemple des ordinateurs, l’aide d’un collègue ou le soutien d’un technicien en informatique. Au besoin, il doit se familiariser avec l’outil technologique sélectionné et prévoir de la formation pour les étudiants (et les autres acteurs, s’il y a lieu) afin qu’ils apprennent eux aussi à l’utiliser ou qu’ils développent de nouvelles habiletés TIC.
  • Transparence
    L’enseignant doit prévoir du temps pour présenter le projet de portfolio à ses étudiants et leur expliquer clairement ses buts et sa valeur ajoutée. S’il n’en est pas à sa première expérience, l’enseignant a tout avantage à inviter un étudiant d’une cohorte précédente à venir présenter son portfolio et expliquer ce qu’il en a retiré. L’enseignant doit aussi, dès le départ, présenter les tâches reliées au portfolio que les étudiants devront réaliser tout au long de leur formation. Il est important que les consignes soient claires et, au besoin, qu’elles soient accompagnées de modèles, de fiches à remplir et de questions pour guider l’étudiant dans la réalisation de ses travaux ou dans sa réflexion. Si le portfolio est utilisé à des fins d’évaluation, l’enseignant doit présenter les critères d’évaluation en fournissant, idéalement, une grille d’évaluation qualitative détaillée.
  • Accompagnement
    L’enseignant doit accompagner l’étudiant tout au long de la constitution de son portfolio. Il peut entre autres lui fournir du soutien pour sélectionner des travaux, organiser son portfolio ou s’autoévaluer. Il doit aussi lui offrir de la rétroaction le plus fréquemment possible. La rétroaction est essentielle pour faciliter l’apprentissage, pour encourager et motiver l’étudiant. Cette rétroaction doit être constructive : elle doit aider l’étudiant à percevoir ce qui va bien et ce qui doit être amélioré. Elle peut être donnée par écrit à même le portfolio, lors de rencontres individuelles ou en classe. Il faut prévoir des moments, pendant le cours ou le programme, pour donner de la rétroaction. Cette tâche est incontournable pour s’assurer que les étudiants travaillent régulièrement à leur portfolio, mais elle exige généralement beaucoup de temps.
Rôle de l’étudiant

Avec le portfolio, l’étudiant a un rôle actif. En tant qu’acteur principal, il doit s’engager dans la constitution de son portfolio et, du même coup, dans sa démarche d’apprentissage et dans l’évaluation de ses compétences. Selon les buts poursuivis, le rôle de l’étudiant peut varier. Il consiste généralement à :

  • S’approprier l’outil de portfolio
  • Personnaliser son portfolio
  • Réaliser et déposer dans son portfolio des travaux ainsi que des réflexions aux moments prévus
  • Organiser son portfolio
  • S’ajuster en tenant compte de la rétroaction fournie
  • Préparer la présentation de ce qu’il souhaite partager avec son enseignant ou d’autres acteurs
  • Gérer les accès de manière à bâtir ou à préserver son identité numérique
  • Consulter certaines parties du portfolio de ses pairs et les commenter
  • Participer à des rencontres avec son enseignant

Le portfolio requiert de la communication : il est important qu’elle se déroule correctement et de manière respectueuse. En ce sens, il apparait utile de fournir des règles de conduite aux étudiants.

Rôle des autres intervenants

Les autres intervenants doivent généralement regarder une partie ou l’ensemble du portfolio de l’étudiant et à lui fournir une rétroaction par exemple en lui écrivant des commentaires à même son portfolio. Ils doivent consacrer le temps nécessaire pour réaliser les tâches prévues et toujours garder en tête l’objectif de leur collaboration.

La confidentialité et l’éthique

Lorsqu’on planifie l’utilisation d’un portfolio, il est important de tenir compte des enjeux liés à l’éthique, à la confidentialité et à la vie privée. Il n’est généralement pas souhaitable que l’ensemble du portfolio d’un étudiant soit partagé publiquement sur internet, surtout s’il contient des informations personnelles ou qu’il est utilisé à des fins d’apprentissage et d’évaluation. La plupart des étudiants ne seraient pas à l’aise d’exposer leurs difficultés, de partager leurs notes ou les commentaires de leurs enseignants. Même dans le cas d’un portfolio de présentation, il est important que l’étudiant puisse en restreindre l’accès aux personnes choisies. Il peut être pertinent d’offrir de la formation aux étudiants pour s’assurer qu’ils soient sensibilisés à leur rôle d’auteur public, à l’importance d’une communication éthique et au respect de la propriété intellectuelle.

3. Choisir l’outil

Pour que les étudiants réussissent à se constituer un portfolio numérique, il est nécessaire de choisir un outil informatique approprié à son contexte qui permet d’atteindre les buts poursuivis. Ce choix, qui ne doit pas être fait à la légère, demande souvent l’exploration de divers outils, en plus d’une réflexion. L’accompagnement d’un spécialiste en technopédagogie peut s’avérer très utile.

Image décorative
Le choix d’un outil, qui ne doit pas être fait à la légère, demande souvent l’exploration de divers outils, en plus d’une réflexion

Présentation d’outils

Plusieurs outils permettent de réaliser un portfolio numérique. En voici quelques-uns (existant en 2015) pour alimenter votre réflexion. Cette liste n’est pas exhaustive.

Les outils conçus spécifiquement pour réaliser des portfolios

Portfolios « ouverts » (contrôlés par l’étudiant)

Ce type d’outil est centré sur l’étudiant. Il lui permet de se constituer un portfolio personnalisé et en conserver le contrôle, après en avoir obtenu l’accès (généralement par son établissement d’enseignement). L’étudiant peut y déposer les productions de son choix, le structurer librement et le partager à sa guise. L’enseignant peut bien sûr guider la démarche de l’étudiant en lui donnant les consignes nécessaires en fonction des buts poursuivis.

Quelques exemples :

Portfolios offrant une structure préétablie

Certains outils ont été conçus spécifiquement pour élaborer un portfolio selon une structure et une démarche particulières. Ils offrent donc moins de flexibilité que les portfolios « ouverts ».

Quelques exemples :

  • Webfolio conçu par l’Université Laval en collaboration avec différents partenaires, qui amène l’utilisateur à réfléchir sur son cheminement professionnel. Il peut être utilisé comme liaison entre un programme d’études et le marché du travail.
  • Perle (ePearl) conçu par l’Université Concordia, qui vise le développement de compétences d’autorégulation et s’adresse à des enseignants et élèves du primaire et du secondaire.
Portfolios sur mesure

D’autres outils informatiques permettent de programmer des portfolios sur mesure, dotés d’une structure adaptée à des besoins précis et proposant aux étudiants une démarche plus libre ou, au contraire, plus dirigée, selon les besoins.

Un exemple :

  • Karuta, conçu par la Maison des technologies de formation et d’apprentissage (MATI) Montréal et maintenant distribué par la Fondation Apereo.

Autres outils permettant de constituer un portfolio numérique

Éditeurs de sites web et blogues

Ces outils permettent de présenter des contenus de façon organisée sur des pages ou des sites web. Ils permettent la personnalisation de l’interface. Ils offrent aussi la possibilité de communiquer, par exemple en inscrivant des commentaires à même les pages publiées par l’étudiant dans son site web ou son blogue. Plusieurs sont conviviaux et gratuits. Certains offrent des fonctionnalités très avancées d’organisation du contenu, que ce soit par défaut ou par l’ajout de modules complémentaires. Ces derniers peuvent faire d’un site web gratuit un outil intéressant pour héberger les portfolios d’une classe ou d’une cohorte.

Quelques exemples d’éditeurs de site web et de blogues :

Logiciels d’une suite bureautique (idéalement en ligne)

Il est possible de recueillir, présenter, organiser et partager le contenu d’un portfolio à même un ou des fichiers créés à partir d’un logiciel de traitement de texte ou de présentation. Les fichiers ainsi créés peuvent être conservés sur différents supports, comme une clé USB ou le serveur de l’établissement d’enseignement. L’utilisation de ces logiciels comporte certaines limites, entre autres elle oblige souvent à gérer différentes versions de documents et peut rendre leur partage incommode.

Il est avantageux d’utiliser des logiciels de suites bureautiques en ligne : ils facilitent la construction des portfolios par les étudiants, sont accessibles de partout et permettent de partager aisément des contenus.

Parmi ces logiciels, on retrouve :

Infonuagique

L’infonuagique permet de déposer des fichiers sur des serveurs accessibles en ligne. Il rend possible la constitution et le partage d’une collection organisée de fichiers (textes, diaporamas, photos, vidéos, enregistrements sonores, présentations multimédias, etc.). L’infonuagique est intéressante à utiliser, mais présente un piège : celui de limiter le portfolio à un simple dépôt de fichiers.

Quelques exemples de sites qui offrent un service d’infonuagique :

Les caractéristiques et fonctionnalités

Il est nécessaire de bien évaluer la capacité des outils convoités à répondre à ses besoins, dans son contexte particulier. Pour ce faire, il importe tout d’abord d’identifier les fonctionnalités et les caractéristiques requises pour mettre en œuvre le scénario planifié. Il est nécessaire de bien distinguer ce qui est souhaitable de ce qui est essentiel, car l’outil parfait n’existe pas (du moins, pas au moment d’écrire ces lignes!). Si aucun outil ne possède les caractéristiques et fonctionnalités jugées essentielles, il est possible d’ajuster le scénario pédagogique et d’utiliser des outils complémentaires au portfolio.

Voici des fonctionnalités et caractéristiques à considérer au moment de choisir un outil de portfolio.

Fonctionnalités et caractéristiques de base

Généralement, il est souhaitable qu’un outil de portfolio :

  • Soit convivial
    • L’outil ressemble à des outils déjà utilisés par les enseignants et l’étudiant.
    • L’outil demande peu de temps d’appropriation.
  • Permette d’organiser le contenu
    • Le contenu peut être classé, par exemple en l’organisant dans des sections ou en lui attribuant des mots clés.
    • La navigation dans le portfolio est possible par thème, par discipline, par compétence, par titre, par session, par date ou encore, à l’aide d’un moteur de recherche.
    • Des liens entre des éléments du portfolio peuvent être créés (ex. : un lien vers une autre page ou vers un travail présenté précédemment).
    • Le contenu peut être réutilisé à différents endroits dans le portfolio.
  • Permette d’en partager le contenu (en tout ou en partie), de gérer des droits d’accès et d’assurer la confidentialité
    • L’étudiant peut conserver certains éléments de son portfolio privés (visibles par lui seul).
    • L’étudiant peut partager certains éléments de son portfolio avec son enseignant seulement.
    • L’étudiant peut partager certains éléments avec des personnes choisies, avec son groupe-classe ou avec le monde entier.
  • Offre des possibilités de personnalisation
    • Dans une page « profil » pour se présenter.
    • Dans la mise en pages et la mise en forme du contenu.
Fonctions de gestion administrative et d’évaluation

L’enseignant qui supervise des étudiants lors de la construction de leur portfolio pourrait apprécier un outil qui :

  • Facilite la gestion administrative des inscriptions
    • L’inscription des étudiants est facile, rapide ou automatique.
    • L’interface de l’enseignant fournit un accès facile et rapide aux portfolios de tous ses étudiants
  • Peut être utilisé pour l’évaluation sommative (notation) et permet à l’enseignant :
    • D’être averti lorsqu’un étudiant soumet une production pour évaluation
    • D’y inscrire des notes
    • De « verrouiller » des productions remises pour évaluation (afin que l’étudiant ne puisse pas les modifier pendant la correction)
    • De conserver une copie des remises (en cas de demande de révision de notes)
Fonctions de communication et de collaboration

Plusieurs outils permettent une communication à même le portfolio, notamment :

  • La possibilité de commenter
  • La possibilité de recevoir des avertissements lorsque des commentaires ou rétroactions ont été ajoutés par d’autres acteurs ou lorsqu’une correction est demandée
  • Des fonctionnalités de collaboration (forum, liste de contacts, clavardage, etc.)
  • La possibilité de réaliser des productions collaboratives
  • Une messagerie intégrée
Fonctions de guidance

Certains outils permettent de guider l’étudiant dans la constitution de son portfolio. Ils offrent :

  • La possibilité de fournir aux étudiants des gabarits ou des modèles de productions à inclure dans le portfolio
  • La possibilité d’ajouter des consignes à même le portfolio
  • La possibilité d’imposer une structure (organisation)
  • Des tutoriels pour expliquer le fonctionnement technique
  • Des indicateurs de cheminement (pour montrer où en est l’étudiant dans la constitution de son portfolio ou dans l’acquisition des compétences visées)
Fonction d’importation et d’exportation
  • Possibilité d’exporter et d’importer le contenu du portfolio (PDF, HTML, SCORM, etc.)
Autres considérations

En plus des caractéristiques et fonctionnalités mentionnées précédemment, il faut s’assurer que l’outil choisi soit adéquat en considérant :

  • Le soutien technique et la formation qui devront être offerts aux différents acteurs, selon leur niveau d’habiletés TIC et leur expérience avec les outils technologiques
  • Ses coûts d’acquisition, de gestion et de maintenance
  • L’organisation de la gestion administrative (inscriptions et désinscriptions, création des cours et des groupes), souvent facilitée lorsque l’outil est compatible avec l’environnement numérique d’apprentissage (ENA) de l’institution
  • Sa pérennité (la possibilité de l’utiliser à long terme)

Ces considérations ne doivent pas être négligées afin de ne pas créer des irritants et décourager l’entreprise ou la poursuite de l’utilisation du portfolio.

Conclusion

Le portfolio numérique n’est pas qu’un outil technologique : il s’agit d’une collection de productions et de réflexions élaborée graduellement par l’étudiant en fonction d’objectifs éducatifs déterminés et à l’aide d’un outil technologique approprié. L’utilisation d’un portfolio dans une formation doit être planifiée avant qu’elle ne débute. Il importe de :

  • Bien définir les buts à atteindre
  • Planifier un scénario en déterminant le contenu attendu dans le portfolio
  • Prévoir l’organisation du portfolio
  • Préciser un échéancier
  • Clarifier le rôle et les tâches que devront réaliser les différents acteurs
  • Formuler des questions qui favoriseront la réflexion
  • Concevoir des outils d’évaluation appropriés
  • Établir le niveau de contrôle accordé à l’étudiant
  • Prendre en compte des enjeux liés à la confidentialité, à la protection de la vie privée et à l’éthique
  • Choisir un outil technologique qui possède les caractéristiques et les fonctionnalités nécessaires

Vous avez envie de vous lancer dans un projet de portfolio? Voyez grand, mais commencez petit! Vous pouvez consulter Le portfolio numérique – Document d’accompagnement pour vous préparer à l’utilisation du portfolio numérique dans la formation de vos étudiants. N’hésitez pas à faire appel à des personnes-ressources, comme un conseiller technopédagogique ou un enseignant ayant déjà utilisé le portfolio, pour vous accompagner dans le projet.

Références

Quelques exemples de portfolio au collégial

Références et suggestions de lecture

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7 Commentaires
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Nicole Perreault
Nicole Perreault
2 juin 2015 19h56

Bravo pour ce dossier fort intéressant, tant pour son contenu que pour les nombreuses ressources complémentaires qu’il propose.

Philippe Lavigueur
Philippe Lavigueur
8 juin 2015 14h22

Merci aux deux auteures pour la production d’un dossier fort complet avec en prime, une ressource d’accompagnement pour faciliter la planification. Il serait intéressant de mettre cette ressource en format grille HTML afin qu’elle puisse être référencée, remplie et consultable en ligne : http://www.profweb.ca/system/cms/files/files/000/002/053/original/PortfolioNum%C3%A9rique_Document_accompagnement.pdf.

Séverine Parent
Séverine Parent
15 juin 2015 18h18

Philippe, c’est une très belle suggestion! Il est vrai que le document a été pensé pour être imprimé. Nous allons envisager d’en faire une version pour le web. Merci de ton intérêt!

Philippe-Didier GAUTHIER
Philippe-Didier GAUTHIER
4 juillet 2015 21h25

Bonjour,
Ce bel article n’est cependant pas complet. D’autres définitions et d’autres usages des portfolios numériques se sont développés dans le monde depuis 20 ans. Conduite de sa carrière, reconnaissance des compétences, portfolios Europass, collections de badges, livrets professionnels, sont d’autres usages et formes du portfolio numérique, utilisés dans la vie professionnelle, la carrière, la gestion des personnes en milieu de travail, l’accompagnement des salariés par les services de ressources humaines. Notamment : http://www.accompagner-demarche-portfolio.fr
Bien cordialement

Séverine Parent
Séverine Parent
8 juillet 2015 13h39

En effet, Monsieur Gauthier, les possibilités d’utilisation du portfolio numérique sont nombreuses, et ce, dans différents domaines!
Ce dossier porte spécifiquement sur le portfolio numérique dans un contexte pédagogique, plus particulièrement au niveau collégial.
Merci pour votre complément!

Josée Portelance
Josée Portelance
5 mars 2016 18h55

Excellent et complet dossier
Voici ma suggestion d’outil à utiliser dès la maternelle 🙂

http://laclassedejosee.blogspot.ca/2016/02/le-portfolio-numerique.html

Houda
Houda
26 septembre 2017 13h29

merci beaucoup pour cet article ,,, mon projet de fin d’étude et d’élaborer un portfolio d’évaluation des compétences pour les paramédicaux , cet article m’a bcp aider d’avoire une idée plus claire merci infiniment <3