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7 août 2015

Quelques scénarios d’écriture réussis avec Google Docs

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Jules Massé tire parti des avantages du travail scolaire en mode numérique. Il en a illustré les manières lors du webinaire : La classe numérique… vers une classe « sans papier ». Son intégration de Google Documents est exemplaire. Il nous montre comment procéder pour instaurer des pratiques d’écriture collaborative progressives avec les étudiants.

Une première forme d’intégration : travailler à un document unique

Contexte? Une lecture de texte

Travailler à un document numérique unique partagé, lors de comptes rendus de lecture, est une bonne façon d’intégrer dans les pratiques de travail des étudiants une activité d’écriture collaborative. D’abord, l’expérience se déroule en classe, de manière dirigée. Elle repose également sur la formation de sous-groupes possédant souvent des leadeurs du numérique.

C’est une bonne façon d’animer des lectures portant sur une thématique commune. J’en ai fait l’expérience dans mes cours de philosophie. Le choix des textes est déterminant. Il faut s’assurer de leur intérêt et du niveau de difficulté (adapté en longueur et contenu).

Les étudiants préparent l’activité par une lecture hors classe. Ils annotent le texte qui leur est assigné, à l’aide des consignes de travail sur le blogue. Le texte est disponible en format numérique. La classe sans papier est déjà à l’œuvre. Le texte, brièvement présenté, est assorti d’un premier découpage sommaire (paragraphe par paragraphe) du contenu à relever.

Certains préfèrent imprimer le texte. D’autres apportent leur ordinateur ou tablette en classe pour le lire.

Démarche de gestion du document de travail de classe

Gain? Un remue-méninge en mode partagé

Au moment de l’activité, les étudiants sont regroupés en équipe, sur la base du texte lu, pour en faire le compte rendu. Pour y parvenir, chaque équipe discute du sens du texte, relève les idées importantes et les collige dans le document de travail commun sur Google auquel toutes les équipes ont accès.

L’étape de remue-méninges est constructive! Les curseurs se positionnent à des endroits divers du tableau pour y intervenir simultanément, et les cellules se remplissent. Le professeur jette un coup d’œil sur l’argumentation qui s’élabore. Il peut intervenir durant le travail en cours.

Au retour de la pause, tout le monde se réunit au tableau blanc interactif et chaque équipe présente son texte en quelques brèves minutes. Le professeur anime la discussion et apporte des précisions sur les comptes rendus qu’il peut annoter.

Ce retour immédiat sur le travail d’analyse, opéré par la discussion courte, un peu informelle, mais dense, est un moment fort. Il instaure un climat de collaboration utile pour la préparation des présentations en équipe.

À la fin de la séance, je modifie le statut du texte, qui reste public, mais devient non modifiable afin de le conserver tel que conçu par la classe.

Une seconde forme d’intégration : travailler à un document d’équipe

Contexte? La préparation d’un exposé

À la 6e semaine, chaque équipe dispose d’une période de vingt minutes pour faire l’examen public d’une question de nature philosophique. Le traitement du sujet doit être alimenté par un entretien réalisé avec un intervenant du milieu ou par l’animation d’un site de discussion.

La démarche étape par étape est fournie à chaque équipe. Les étudiants complètent les cases du document Google collectif. Son contenu fera partie de l’évaluation sommative. Il est complété avec soin par les étudiants qui doivent se soucier également de la qualité de leur français écrit.

Démarche de gestion d’un document d’équipe

Gain? L’encadrement en continu

Le projet requiert trois semaines. Les étudiants collaborent entre eux et avec le professeur, en classe et entre les rencontres, durant toute la durée du travail. Les étudiants n’ont pas accès aux documents des autres équipes. S’ils ont des questions, ils inscrivent simplement un commentaire en marge du document. Le professeur est avisé instantanément par courriel. Le professeur intervient directement et rapidement dans le document pour valider la démarche, demander des précisions et apporter des corrections au besoin.

Cette formule, reprise une seconde fois durant la session, est productive. Les raisons?

  1. Les rétroactions rapides aux questions des étudiants soutiennent la motivation.
  2. On ne s’égare jamais avec des consignes précises, conservées en ligne.
  3. La tâche rejoint les étudiants dans leur réalité (intervenants du milieu).
  4. On comprend de ses erreurs.

Une dernière forme d’intégration : travailler à un document personnel

Contexte? La dissertation finale

La préparation de la dissertation finale se fait de manière continue à partir de la huitième semaine de cours. Le professeur fournit un document d’encadrement numérique. Chaque étudiant en tire une copie personnelle en le renommant. Il partage ensuite cette copie au professeur, qui en devient le « propriétaire ». Au moment convenu, le professeur retire la permission de modifier le document à l’étudiant et le travail est considéré comme « remis ».

Démarche de gestion d’un travail individuel

Gains? Inégaux, en fonction de l’investissement et de l’adaptabilité technique

Les étudiants très motivés ainsi que ceux qui ont davantage de difficultés ont particulièrement apprécié mon accompagnement. Certains ont toutefois attendu à la dernière minute pour s’investir dans le travail.

Comme c’était la première fois que chacun était individuellement dans l’obligation de travailler dans Google Document, certains ont eu du mal à retrouver leur document personnel dans Google Drive. Des explications plus techniques ont donc été nécessaires dans certains cas.

Avez-vous expérimenté l’écriture collaborative? Quelles difficultés avez-vous connues? Quels gains?

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Nicole Perreault
Nicole Perreault
22 octobre 2012 14h50

Merci Jules pour ce récit qui propose diverses activités de travail collaboratif, une des habiletés du Profil TIC des étudiants du collégial (habileté 4 : Communiquer et collaborer sur Internet). Ton récit et celui de Charles Messier viennent enrichir la banque d’activités que nous comptons partager avec les enseignants pour assurer la maîtrise des habiletés du Profil (voir ma chronique du 22 octobre dans Profweb). Merci encore et bravo !

Émilie Lavery
Émilie Lavery
23 octobre 2012 18h35

Ta suggestion du document unique partagé de classe n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Elle vient de me doter d’une forme d’intervention utile et excitante lors de la remise de travaux. D’abord, j’ai procédé, comme à l’habitude, en affichant les meilleurs à l’écran. Puis est arrivée la nouveauté! Cette fois-ci, j’ai demandé aux étudiants sélectionnés de partager leurs réponses à leurs collègues en la déposant dans le document unique. Les étudiants avaient accès à leur réponse numérique. Ils ont donc pu déposer leur explication de l’usage d’une figure de style sur-le-champ et la faire afficher sur tous les écrans du local. L’idée était de s’en servir dans les minutes qui suivaient afin de nourrir leur argumentation. Je garde l’idée pour une autre occasion semblable! Évidemment, il faut savoir que dans les premières minutes, il y a de l’excitation. Parfois, certains s’amusent à écrire et taper inutilement… Il y a donc un peu de gestion de classe à faire! J’aime qu’on ait la tête aux études, mais bon, une fois l’effet passé, les étudiants comprennent, et l’initiative est applaudie par tous. Ça va toujours mieux avec un bon exemple entre les mains!

Nathalie Bastien
Nathalie Bastien
29 octobre 2012 15h01

Dans mon ancienne vie de prof (hiver 2010), j’ai utilisé Google Docs de manière similaire et l’activité a relativement bien fonctionné. Si on remplit la grille de C. Barrette (pour en mesurer l’efficacité), on constate qu’elle score évidemment très fort.

Dans mon contexte, toutefois, j’avais préparé l’activité un peu à la dernière minute, parce que j’avais un imprévu et je remplaçais le cours en présentiel par une activité en ligne. J’avais sous-estimé le niveau de détail des consignes techniques à présenter aux étudiants. Après l’activité, j’ai recueilli les commentaires des étudiants et je me suis rendu compte que les étudiants forts avec trouvé cela très pertinent et que les étudiants faibles avaient trouvé que le défi que représentait la tâche à faire, additionné du défi à utiliser un outil qu’ils ne connaissaient pas (GDocs), constituaient un frein à la motivation. (Si on reprend les termes et Barbeau, Montini, Roy sur la motivation scolaire, ça joue sur la variable « perception de sa compétence à accomplir la tâche »).

Conclusion: si on veut faire cette activité dans une optique d’aide à réussite, il ne faut pas négliger le nombre et la qualité des consignes techniques (ce que Jules semble avoir fait à merveille!), pour que la technologie soit un tremplin, plutôt qu’un frein, à la pédagogie.

Ghislain Messe
Ghislain Messe
12 novembre 2012 13h51

J’utilise avec mes élèves et mes collègues Google Docs (Drive) depuis ses débuts. Writely en 2006 puis toute la suite en 2007. C’est pratique pour faire un travail à compléter et faire la correction. Pour lancer un travail collaboratif par groupe d’élèves sans qu’ils soient à côté l’un de l’autre et sans qu’il y ait du bruit. C’est très pratique pour ses documents personnels, en 2 ans j’ai migré tous mes documents Microsoft Office. Depuis je les retrouve plus facilement et je n’ai pas besoin de transporter un ordinateur en particulier.
C’est pratique pour une utilisation avec un ENT (espace numérique de travail) comme celui que nous utilisons ENT MESTEK|www.ent-mestek.com.
En sixième étant donné que la création d’un compte Google est limité en âge, j’utilise depuis l’année dernière un ressemblant à l’iBooks d’Apple mais version Web : Monlivrescolaire|www.monlivrescolaire.com. C’est très pratique aussi.