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Étape Étude et analyse de cas et innovation

Deuxième étape du labo VTÉ sur la capacité d'innovation (11 mars 2014).

© Texelart – Fotolia.com

La deuxième étape de ce labo VTÉ sur la capacité d’innovation en éducation a eu lieu le 11 mars 2014. Voici un compte rendu.

Les invités de notre second panel 

  • Christian Barrette,
 de l’Association pour la recherche au collégial (ARC).
  • Marc Tremblay, du Centre collégial de transfert de technologie en pratiques sociales novatrices (CRISPESH).
  • Pierre Gignac ing., doctorant en mesure et évaluation en éducation à l’Université de Montréal.
  • Pierre Gignac travaille à développer un outil de mesure sur la capacité d’absorption de connaissances en innovation. Il étudie comment les gens sont capables d’utiliser de nouvelles connaissances pour produire des innovations dans le cadre de diagnostics organisationnels. 
  • Alexandre Enkerli, enseignant à l’Université Concordia, ethnographe informel et observateur des communautés de pratique émergentes et de l’innovation sociale.
  • Pierre-Julien Guay, coordonnateur à la Vitrine technologie-éducation.
  • Evelyne Pitre, enseignante au département de français au Cégep du Vieux Montréal, enseignante en soutien au SAIDE (Services adaptés) et chercheure au CRISPESH.

Compte rendu 

Deuxième rencontre du labo VTÉ sur la capacité d’innovation en éducation.

Les idées émises lors du précédent labo VTÉ ont alimenté les réflexions et les discussions de l’équipe du CRISPESH. L’équipe réalise que ce n’est pas évident de vouloir changer des pratiques collectives dans une perspective à long terme. Christian Barrette souligne que l’ARC (Association pour la recherche au collégial) peut fournir de l’aide aux personnes qui veulent faire de la recherche dans ce sens.

L’équipe de la VTÉ a invité Éveline Pitre comme panéliste pour cette deuxième rencontre. Elle est enseignante de français au Cégep du Vieux Montréal depuis 15 ans. Son point de vue permettra d’analyser la problématique de l’accessibilité sous l’angle de l’enseignant et de sa classe de cours. Depuis deux ans, elle travaille avec le CRISPESH sur les outils d’aide technologiques. Elle explique qu’il ne devrait pas y avoir plus de trois étudiants en situation d’aide par groupe, mais la réalité est autre. Les étudiants qui ont des besoins particuliers sont généralement repérés vers la deuxième semaine au début de la session. Pour l’enseignant, il est presque impossible de savoir avant la session s’il doit adapter des documents ou non en fonction des besoins de certains étudiants. De plus, il n’est pas rare qu’en cours de session, un enseignant se retrouve finalement avec le double du nombre d’étudiants dans cette situation difficile.

Pierre Gignac affirme qu’il faut considérer les outils technologiques qui vont être développés d’ici cinq ans pour aider les étudiants en classe. Il veut dégager une vision d’ensemble de ces technologies à partir d’une perspective de l’innovation.

Alexandre Enkerli ajoute qu’au-delà du problème de la publication des documents, il faut que l’innovation émerge de la participation des premiers concernés et qu’il y ait une vraie collaboration qui se produise pour trouver des solutions innovantes.

Pierre-Julien Guay affirme que dans la recherche de solutions doit impliquer tous les acteurs et leur donner le pouvoir d’agir. On doit s’assurer qu’ils ont non seulement l’appui, mais des moyens à leur disposition.

Marc Tremblay et son équipe ont ajusté leur problématique pour cette deuxième rencontre. Ils veulent mettre l’accent sur l’enjeu de l’accessibilité en classe des documents en format numérique et des aides technologiques soutenant l’apprentissage d’une personne ayant une incapacité à lire les imprimés (Print Disability).

Pierre Gignac s’interroge sur la volonté de voir le problème différemment. Généralement, les acteurs ont tendance à vouloir trouver des solutions rapides. Il faut parfois ouvrir et revoir la définition du problème et l’élargir à d’autres handicaps possibles.

Evelyne Pitre parle des types de documents utilisés en classe. Il y a des portions du cours qui se construisent en cours de session. On adapte le matériel au groupe. On peut numériser et rendre accessibles certains documents rapidement, mais d’autres parties sont plus problématiques. La question des droits d’auteur est toujours à considérer. On ne peut uniformiser et standardiser l’ensemble du matériel et surtout, ne pas imposer des œuvres à l’ensemble des collèges pour un même cours. Il faut garder une flexibilité et être sensibilisé aux enjeux liés aux situations de handicap parce que la réalité est souvent complexe, ajoute Alexandre Enkerli.

En situation de classe inversée, lorsque l’enseignant travaille sur du nouveau contenu avec les étudiants, ceux-ci peuvent aider à le rendre accessible. Mais parfois, l’importance que peuvent prendre des documents visuels et des vidéos complique les choses.

Le CRISPEH a nommé les acteurs qui sont impliqués pour trouver des solutions :

  1. Enseignants
  2. Étudiants
  3. Direction des collèges et le MEESR
  4. Intervenants des services adaptés
  5. Les répondants TIC
  6. Les conseillers pédagogiques dans les programmes
  7. Les maisons d’édition commerciales
  8. Les organismes collégiaux liés à la production ou la diffusion de matériel didactique : CCDMD et CDC
  9. Les services informatiques des collèges

On demande aux participants de partager leurs idées afin d’aider à cerner les enjeux spécifiques liés aux différents acteurs au regard de la problématique et à envisager des pistes d’action novatrices en rédigeant les questions suivantes qui sont soumises aux participants :

Question 1 : Comment peut-on amener les différents acteurs évoqués à s’engager dans un processus d’innovation en fonction de leurs rôles respectifs ?

Pour ce qui est des formations Performa, les enseignants qui s’inscrivent à ces cours découvrent de nouvelles formes de l’innovation et réfléchissent aux aspects de leurs cours. Le changement positif avec le numérique et l’utilisation de l’infonuagique est l’aspect inclusif que ces outils permettent aux étudiants en situation de handicap. C’est vu comme un facteur d’intégration plutôt que de stigmatisation.

Christian Barrette ajoute qu’il faut garder l’idée d’une formation Performa en s’ancrant sur la réalité du terrain pour un cours de sensibilisation concernant la problématique d’accessibilité du matériel didactique pour les étudiants en situation d’aide.

Question 2 : Quels sont les moyens (leviers) pour mettre les acteurs en action dans un processus d’innovation ?

Il faut que tous les acteurs partagent une vision commune du développement dans son ensemble. Il faut aussi impliquer les gens dans le projet dès le départ. Il faut aussi avoir accès aux résultats au fur et à mesure, par petites étapes.

On ne peut dissocier un processus d’innovation d’un processus de recherche même s’il n’y a pas de cadre officiel. Il faut se donner des objectifs initiaux et les rendre explicites. Il faut se donner des mécanismes de suivi en cours de réalisation. Il ne faut pas négliger qu’au terme d’un projet, il faut en rendre compte à la communauté.

On fait les choses ensemble dans une approche itérative. Il faut observer ce qui se passe et le documenter dans l’espoir que cela puisse aider les autres.

On souligne qu’un professeur ne peut mener un projet pilote dans sa charge habituelle de travail. Il faut prévoir des mécanismes de soutien ou de dégagement pour mener concrètement des projets en classe. Il faut planifier les projets pour améliorer les conditions de l’enseignant et de l’étudiant par le fait même. Les services adaptés se sont pas construits comme cela.

L’innovation, ce n’est pas nécessairement de grands changements, ajoute Pierre Gignac. Les enseignants qui ont des difficultés à s’adapter doivent être inclus dans les changements avec des petits pas et beaucoup de collaboration.

L’innovation change l’équilibre d’un système. Le résultat est souvent imprévisible. Cela commence par de petits départs et des résultats qui se révèlent plus grands que ce que l’on pensait au départ. L’innovation technologique fait sa place sur la base de structure sociale, de pratiques culturelles et de nécessités économiques. Dans la classe, c’est un peu la même chose. De nouveaux outils numériques vont être adaptés de façon étonnante. Ils vont devenir des leviers pour soulever des problématiques qui n’ont pas encore toutes leur dynamique à l’intérieur de la classe.

Il n’y a pas de début qui soit trop modeste. Un changement peut en amener d’autres. Il suffit de quelques enseignants qui seront innovateurs pour entrainer les autres éventuellement.

 

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