Fermer×
14 février 2012

Appel à tous aux enseignants : des indicateurs pour évaluer l’impact d’activités pédagogiques TIC sur la réussite des étudiants

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Vous êtes de plus en plus nombreux à introduire les TIC dans vos cours et les nombreux et intéressants récits Profweb l’illustrent très bien : certains d’entre vous expérimentent un projet iPad ou un projet « ordinateurs portables » pour les étudiants, d’autres introduisent des exerciseurs en ligne ou un forum pour améliorer le français écrit, ou bien recourent aux télévoteurs ou au tableau blanc interactif (TBI), etc.

Et c’est tant mieux, car l’introduction des TIC dans la classe semble améliorer la réussite des étudiants si on tient compte de certaines conditions! C’est ce qui se dégage des travaux de notre collègue Christian Barrette, ex-enseignant au Collège Ahuntsic maintenant chargé de projets pour le compte de l’Association pour la recherche au collégial (ARC). Les recherches de Christian ont permis de générer une grille qui permet de faire un « diagnostic » d’une activité pédagogique qu’on a mise sur pied à partir des conditions qu’il a énoncées dans ses travaux. La grille est accessible dans une page web interactive : après l’avoir remplie, on obtient un diagnostic qui, d’une part, renseigne sur les points forts de l’activité et, d’autre part, fournit des indices sur les ajustements éventuels à apporter à celle-ci. On peut également télécharger la grille dans une version tableur électronique (Excel) qui a les mêmes fonctions que la grille web.

Des énergies importantes à « rentabiliser »

S’il est vrai que l’introduction des TIC dans la classe permet de faire de belles découvertes, reste que cela exige un investissement important de la part des enseignants : familiarisation avec la technologie, planification pédagogique et matérielle du cours, application dans la classe, etc. C’est une des raisons pour lesquelles une équipe du Réseau REPTIC a estimé qu’il serait très utile, tant pour les enseignants que pour la recherche, d’obtenir des données qui permettent d’évaluer l’impact de l’introduction des TIC dans sa classe sur la réussite des étudiants, et ce, pour l’une ou l’autre des dimensions suivantes de la réussite étudiante :

  • les résultats scolaires
  • la motivation des étudiants
  • la manifestation d’habiletés cognitives de haut niveau (par exemple : capacité d’abstraction, compétence en analyse de texte, etc.)

Recourir à des indicateurs pour obtenir des données sur la réussite de nos étudiants…

Pour évaluer l’efficacité de l’introduction pédagogique des TIC sur la réussite des étudiants, on doit préciser des indicateurs, c’est-à-dire des variables qui permettent de mesurer la dimension de la réussite qui nous intéresse.

Par exemple : supposons que vous introduisez le tableau blanc interactif (TBI) dans une partie complexe de votre cours, en escomptant que vos étudiants seront davantage motivés par cette partie du cours. Vous pourriez recourir aux indicateurs suivants pour évaluer l’effet du TBI sur la dimension « motivation » de vos étudiants :

  • le nombre d’absences au cours
  • la satisfaction des étudiants au regard de l’activité (mesurée, par exemple, à l’aide d’une cote recueillie dans le cadre d’un questionnaire)
  • le nombre d’heures consacrées à l’étude (par le cadre d’un questionnaire)
  • etc.

Notre appel à tous aux enseignants…

Vous avez introduit les TIC dans votre classe ou vous comptez le faire bientôt? Avez-vous spécifié des indicateurs qui permettront d’évaluer l’effet de votre activité sur l’une ou l’autre des dimensions de la réussite de vos étudiants (voir plus haut)? Nous apprécierions beaucoup que vous les partagiez avec l’équipe TIC et réussite du Réseau REPTIC :

Un immense merci à l’avance de la part des membres du Réseau REPTIC! Votre participation à cet appel à tous aura sûrement un impact positif sur la réussite… de vos activités TIC!

Et maintenant, la question qui tue… Croyez-vous utile de recueillir des données permettant d’obtenir de l’information sur l’efficacité des TIC sur la réussite des étudiants? Et pourquoi? Au plaisir de lire vos commentaires!

À propos de l'auteure

Nicole Perreault

Elle a débuté sa carrière collégiale comme enseignante de psychologie et conseillère pédagogique au Collège André-Grasset. Elle a ensuite été directrice de l’APOP et du bulletin CLIC avant de devenir conseillère pédagogique TIC au Collège Édouard-Montpetit. Depuis 2005, Nicole est l’animatrice du Réseau des répondantes et répondants TIC qui regroupe les conseillers pédagogiques TIC du réseau collégial. Nicole a écrit de nombreux articles et donné divers ateliers sur l’utilisation pédagogique des technologies. Leur intégration dans un contexte de réussite des étudiants est un sujet qui l’intéresse particulièrement.

S’abonner
Notification pour
guest

7 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Philippe Aubé
Philippe Aubé
13 février 2012 13h30

Oui! Je crois qu’il est primordial de colliger des données sur la réussite des étudiants en lien avec une méthode pédagogique utilisant les TIC. En fait peu importe qu’on utilise les TIC ou non, nous devrions toujours tenter de vérifier si une méthode permet d’atteindre les objectifs fixés pour éventuellement réajuster le tir si l’objectif n’est pas totalement atteint. Ici, en parlant de réussite, je ne parle pas seulement de rendement scolaire (la note), mais aussi d’adoption d’attitudes et de manifestation de comportements souhaités.

La difficulté est surtout d’obtenir des données sur les résultats scolaires et de pouvoir les interpréter correctement. Il est parfois difficile de dire si des étudiants auraient mieux ou moins bien réussis si la méthode utilisée avait été différente. à défaut de groupe témoin, il est difficile de dire ce qui se serait passé dans une autre situation avec les mêmes individus…

Émilie Lavery
Émilie Lavery
14 février 2012 15h46

Des exemples concrets des effets des TIC sur la motivation et la réussite scolaire sont relevés quotidiennement par les professeurs faisant usage d’exerciseurs dans leurs cours. Pour donner un exemple, dans mon cours de renforcement en français, les étudiants se servent des résultats aux tests du site de l’Amélioration de la langue pour mieux aménager leur temps de travail et choisir les exercices les plus pertinents pour eux dans le site de cours. C’est motivant de reconnaître ce que l’on maîtrise! Et constructif de travailler ce que l’on maîtrise moins! Pédagogique également que de disposer d’un professeur disponible 24 heures sur 24 (les rétroactions aident à comprendre l’erreur et à y remédier)! Le sondage réalisé auprès de mes étudiants montre qu’une grande majorité aime ces compléments interactifs au cours pour les raisons invoquées. Le volet le plus stimulant, pour moi, de cet appel à tous est le dernier énuméré, parce qu’il laisse poindre la reconnaissance de l’existence d’une technopédagogie, d’une pédagogie misant, au moment opportun, sur des propriétés particulières des outils TIC adoptés. Le logiciel Antidote permet de développer des compétences de haut niveau, en révision linguistique, que les outils traditionnels papier ne peuvent nous permettre d’atteindre. Je ferai donc mes petits ajouts dans les tableaux des indicateurs (« cliquer ici »!). Merci donc à tous les professeurs et conseillers pédagogiques qui participeront au travail sur les indicateurs de réussite. Nous obtiendrons peut-être enfin des résultats interprétables!

Mireille Francesconi
Mireille Francesconi
16 février 2012 18h20

En tant qu’enseignante de langue et littérature françaises, je suis convaincue que, depuis que je me spécialise en technopédagogie, le taux de réussite de mes élèves a augmenté. Les TIC m’aident à varier mes méthodes pédagogiques, à rendre ma matière encore plus claire et, un aspect non négligeable, à ajouter une dimension ludique dans mes échanges avec les jeunes. Je dois dire que je sonde constamment mes élèves pour avoir leur avis afin de rendre mes cours toujours plus performants. C’est donc avec plaisir que je me prêterais à toute recherche sur l’évaluation des bienfaits des TIC dans l’enseignement.

Christian Barrette
Christian Barrette
17 février 2012 14h35

L’invitation de Nicole sollicite d’abord une attitude vis-à-vis son travail professionnel. Cette attitude consiste à se préoccuper des effets de nos actions. Dans la mesure où nous possédons une marge de manoeuvre sur la manière de poser nos actions, nous exerçons une influence sur la nature et la portée de leurs effets. On reconnaît ici un des principes de la motivation : le contrôle sur une tâche significative. Se préoccuper des effets de nos actions peut donc aussi avoir comme effet d’augmenter notre niveau de satisfaction et notre motivation.
L’attitude dont il est question nous conduit à observer, noter, commenter les résultats obtenus, suite aux actions professionnelles posées pour atteindre des objectifs. Planification des objectifs, actions professionnelles pour les atteindre, attention active portée sur les effets, bilan, diagnostique et correction de tir. C’est l’essentiel.
Faut-il nécessairement faire de la recherche rigoureuse pour actualiser cette attitude? Je ne le pense pas. Nous avons cette attitude dans la vie de tous les jours pour toutes sortes d’actions, comme faire ses courses, prendre ses vacances, choisir un film. Dans le cadre de notre travail professionnel, il se peut qu’un enjeu prenne de l’importance, apparaisse crucial. On peut alors vérifier si des recherches ont déjà été faites sur le sujet pour s’aider à mieux orienter son action. Il se peut aussi que nous formulions une demande à la communauté pour que des recherches soient faites afin d’éclaircir des questions importantes. Mais, au total, la majorité de nos tâches professionnelles pourront s’améliorer par la seule application du cycle planification — suivi diagnostique — évaluation — ajustement.

Guy PARENT
Guy PARENT
18 février 2012 2h46

Même si, comme le fait remarquer à juste titre Christian Barrette, il n’est pas toujours nécessaire de faire de la recherche rigoureuse pour se soucier des effets de ses actions, il convient néanmoins, en autant que faire se peut, de chercher à être le plus concret possible dans cette démarche. La psychologie nous enseigne en effet que l’on est inévitablement tenté de percevoir les choses dans le sens que l’on désire. Cette perception peut être souvent fondée mais elle peut ne pas l’être dans bien d’autres cas. Et, si elle l’est — si l’on a raison par exemple de considérer que l’utilisation des TIC aide à l’apprentissage — comment en démontrer le bien-fondé aux autres ? D’où l’intérêt de chercher à se donner des indicateurs pour tenter de savoir ce qu’il en est.

Il est vrai que l’établissement de tels indicateurs n’est pas toujours chose aisée car elle oblige à «extraire de sa conscience» ce sur quoi on se base plus ou moins consciemment pour fonder notre opinion. Elle m’apparaît toutefois inévitable si l’on ne veut pas progresser en terrain mouvant…

Émilie Lavery
Émilie Lavery
19 février 2012 16h51

J’encourage les enseignants à énoncer, à tout moment, dans le tableau (« cliquer ici ») leurs indicateurs de réussite. L’équipe de travail pourra en tenir compte. Je viens d’insérer une variable permettant d’explorer les facteurs de réussite des plus faibles. Vous le savez, des miracles surviennent! Nous l’espérons jusqu’à la fin (bien que nous connaissions l’importance des apprentissages et de l’investissement à faire par certains). Les plus beaux exemples de réussite scolaire sont ceux-là! Ces réussites phénoménales obtenues en zone « périphérique »!

Laura King
Laura King
16 mars 2012 16h09

Peu importe la méthode d’enseignement choisie, son succès dépasse largement le cadre restreint de la performance académique. Il faut tenter de se libérer de cette tendance que nous avons d’associer le succès d’une méthode à son seul impact sur les notes.

Si l’introduction des TIC n’augmente pas nécessairement les notes des étudiants, il est important de considérer qu’elle peut néanmoins avoir un puissant impact sur la façon dont ces mêmes résultats ont été obtenus. Il faut voir plus large que le cadre d’un seul cours. Supposons que l’utilisation de TIC dans le cadre d’un cours permet aux étudiants d’obtenir sensiblement les mêmes résultats, mais que pour ce faire ils n’ont besoin d’investir que le 2/3 du temps, c’est déjà un succès en soi. Ceci laisse les étudiants libres de réussir aussi bien dans leurs autres cours.

De plus, l’utilisation des TIC lors de la formation académique prépare les étudiants à la réalité des milieux professionnels. De nos jours, rares sont les emplois qui ne font pas usage de technologie, sous une forme ou une autre. Être à l’aise avec lesdites technologies offre donc un avantage compétitif sur le marché du travail.

Ne croyez pas que je n’accorde pas d’importance aux notes. La performance académique est, et restera, très importante, que nous utilisions les TIC ou non. Je crois seulement que des initiatives telles que celle décrite dans le présent article ont beaucoup plus à apporter qu’un examen de l’effet des TIC sur la performance académique.

Cependant, je crois qu’il est possible de voir une amélioration des notes pour tout un ensemble d’étudiants ayant des besoins particuliers lorsque les TIC sont intégrées au cours. C’est d’ailleurs un avantage fondamental des technologies : elles permettent à une variété d’étudiants de réussir en utilisant toute une gamme de moyens différents !

Somme toute, une très belle initiative qui, je crois, ne peut qu’être bénéfique à long terme!