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31 août 2016

Comment donner une rétroaction efficace aux étudiants

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Cet article constitue une synthèse et une traduction libre de l’article How to Give Feedback to Students [PDF], paru dans The Australian Society for Evidence Based Teaching.

Si vous souhaitez que vos étudiants soient encore davantage engagés dans votre cours et dans leurs apprentissages, cet article est pour vous. Certains d’entre vous ont déjà de l’expérience en matière de rétroaction; si c’est votre cas, ce guide1 vous permettra d’aller encore plus loin et, peut-être, d’améliorer vos pratiques. Et si, en tant qu’enseignant, vous estimez ne pas rétroagir suffisamment ou si vous vous sentez mal outillé, ce guide vous amènera à réfléchir sur vos pratiques.

1 Cette synthèse a servi à l’élaboration d’un guide de référence destiné au personnel enseignant du Collège Sainte-Anne.

La rétroaction 101

Pourquoi apprendre à donner de la rétroaction efficacement?

Nous savons que la rétroaction fonctionne. Selon la méta-analyse de John Hattie, Visible Learning, la rétroaction régulière est un des facteurs les plus influents sur la réussite de l’étudiant. Or, si la plupart des enseignants disent offrir une rétroaction régulière à leurs étudiants, ces derniers, quant à eux, disent en recevoir très peu au quotidien.

En outre, certains types de rétroaction sont plus efficaces, pertinents que d’autres. En fait, il est démontré qu’une rétroaction offerte de la mauvaise façon peut nuire à la réussite des étudiants. Il est donc vital de savoir utiliser la rétroaction de la bonne façon. Voilà l’intention de cette synthèse.

Qu’est-ce que la rétroaction?

La rétroaction est l’information que vous donnez à un étudiant après avoir analysé, noté comment il évolue dans la réalisation d’une tâche – de l’information qui l’aide à s’améliorer et à développer la compétence visée.

Le but de la rétroaction est de réduire l’écart entre l’endroit où l’étudiant se situe dans sa progression et où vous souhaitez qu’il se rende.

Rétroaction = comment l'élève fait + comment l'élève peut s'améliorer

Ce que doit inclure une rétroaction.

La rétroaction doit donc à la fois inclure un commentaire sur le rendement de l’étudiant et le guider dans ce qu’il doit faire pour atteindre le niveau de compétence souhaité.

Une rétroaction : Chloé, ton paragraphe n’est pas complet – tu dois inclure un sujet amené. Pas une rétroaction : Bianca, tu as eu 6 sur 10. Tu as manqué la partie sur les fractions.

Exemple d’une rétroaction versus un commentaire

Qu’est-ce qui n’est pas de la rétroaction?

Une rétroaction ne comporte aucun jugement. Elle ne doit en aucun cas dire à l’étudiant qu’il est :

  • Intelligent ou moins intelligent
  • Consciencieux ou paresseux
  • Bon ou mauvais

Bien entendu, il peut être très démotivant de dire à un étudiant qu’il n’est pas suffisamment intelligent ou qu’il est paresseux. À l’inverse, dire à un étudiant qu’il est intelligent, travaillant ou gentil est le complimenter et non lui offrir une rétroaction.

La rétroaction focalise sur la démarche et le travail de l’étudiant.

Les éloges peuvent aussi porter à confusion, même s’ils sont bien intentionnés. Ils peuvent amener l’étudiant à croire que sa réussite est liée à des qualités personnelles (gentillesse, intelligence, minutie) plutôt qu’à des stratégies spécifiques d’apprentissage.

Concentrons donc notre rétroaction auprès de nos étudiants sur la démonstration de leur compétence et sur les pistes d’amélioration pendant la réalisation d’une tâche le plus souvent possible, sans nous empêcher de reconnaître leurs talents naturels et leurs attitudes à l’occasion.

Les 4 principes fondamentaux de la rétroaction

1. Soyez spécifique
La rétroaction est plus efficace lorsqu’elle concerne un but spécifique. Le but peut être relié à un seul aspect, une seule étape d’une démarche ou d’un projet. Morcelez les tâches et fixez un but à chaque étape.
2. Soyez sélectif
Donnez à l’étudiant une rétroaction sur un petit nombre d’aspects reliés à la matière. Si vous lui en donnez sur trop de choses à la fois, il se sentira dépassé. Il sera aussi en mode de surcharge cognitive, ce qui nuit à l’apprentissage.
3. Soyez constructif
Gardez en tête que la rétroaction a pour but d’aider l’étudiant à s’améliorer. Elle se doit donc d’être honnête, mais l’étudiant doit aussi sentir que vous croyez qu’il peut s’améliorer.
4. Soyez ouvert à la discussion
La rétroaction ne peut fonctionner que si l’étudiant la comprend et l’accepte. En acceptant qu’il réagisse et vous questionne sur la rétroaction, vous lui permettez d’éclaircir et donc de mieux comprendre ce qu’il n’a pas compris. Cela est aussi une preuve de respect et d’encouragement.

Quand doit-on donner de la rétroaction aux étudiants?

La rétroaction est efficace et pertinente parce qu’elle laisse savoir à l’étudiant son niveau de compétence alors qu’il lui reste encore du temps pour ajuster ses efforts et s’améliorer. Cela signifie qu’il faut lui donner un maximum de rétroaction avant l’évaluation formelle plutôt qu’après.

La rétroaction après l’évaluation formelle n’a que peu d’effet sur l’amélioration du résultat ou de la compétence.

Les types de rétroaction

Il existe 3 types de rétroaction. Utilisé de la bonne façon, chacun d’eux peut aider l’étudiant à s’améliorer.

Rétroaction de base

La rétroaction de base dit à l’étudiant s’il a réussi ou non en lui donnant la bonne réponse.

La recherche démontre que donner les bonnes réponses à l’étudiant a beaucoup plus d’effet que de simplement lui donner ses résultats, ce qui nous semble évident. Toutefois, cette rétroaction ne peut être utilisée qu’avec un apprenant intermédiaire ou avancé. Un étudiant du tiers faible aura besoin d’une rétroaction plus explicite.

Cette rétroaction peut être fournie dans le cadre de tâches simples que l’étudiant fait régulièrement.

Dans le cadre de tâches complexes, cette rétroaction doit comprendre les étapes suivantes :

  1. Dire à l’élève que la réponse est mauvaise.
  2. Donner la bonne réponse.
  3. Lui demander de vous prouver que votre réponse est la bonne.

Rétroaction directive

La rétroaction directive indique à l’étudiant ce qu’il doit faire spécifiquement afin de réussir la tâche ou de s’améliorer.

La rétroaction directive a pour but d’offrir des outils à l’étudiant. Elle doit être utilisée particulièrement auprès d’un débutant ou d’un étudiant du tiers faible. Préférablement, la rétroaction doit focaliser sur un aspect spécifique.

Ce type de rétroaction est particulièrement efficace pour défaire des apprentissages erronés ou des méthodes inefficaces. Elle peut aussi s’appliquer à des aspects spécifiques de la matière ou encore à des aspects plus larges, comme :

  • Les techniques d’étude et les méthodes de travail
  • Les stratégies de lecture
  • L’autocorrection
  • Etc.

Rétroaction de coaching

La rétroaction de coaching encourage l’étudiant à réfléchir à des façons d’améliorer sa démarche, sans toutefois lui dire explicitement quoi faire.

Cette rétroaction consiste à utiliser des indices ou des questions pour amener l’étudiant à réfléchir lui-même aux améliorations à apporter. Elle devrait être utilisée avec des étudiants avancés, qui ont un bon niveau de compétence.

Parce qu’il demande temps, expertise et un enseignement plus actif, ce type de rétroaction est rarement utilisé par les enseignants. Pourtant, il contribue grandement au développement métacognitif des étudiants.

L’importance de l’émotivité, de la confiance entre enseignant-étudiant

Alors que la majorité des enseignants croient qu’ils offrent beaucoup de rétroaction, les étudiants, eux, pensent le contraire. Cette donnée est cruciale, puisque l’efficacité de la rétroaction dépend de ce que l’étudiant en fera. Donc, ce n’est pas tant votre rétroaction qui compte, mais ce que l’étudiant pense que votre feedback signifie.

La rétroaction peut parfois paraître menaçante pour l’étudiant et, dès lors, engendrer une réaction émotive, affecter son estime de soi, la peur du regard des pairs, etc. Par conséquent, les rétroactions négatives seront plus souvent mises de côté et n’auront ainsi aucun impact, sinon que de nuire à la relation enseignant-étudiant.

Cela ne veut pas dire qu’il faut éviter la rétroaction critique et honnête. Au contraire ! Ne pas le faire nuirait à l’étudiant. Voilà pourquoi il est important de développer des relations de confiance entre l’enseignant et les étudiants. Cette confiance se gagne par la démonstration de chaleur humaine, par l’intérêt démontré envers leur vie de jeunes ainsi que par le souci que vous démontrez envers leur réussite. Dans de telles conditions gagnantes, les étudiants accepteront un feedback critique et honnête ainsi que les conseils pour s’améliorer.

L’importance de l’erreur

Si vous souhaitez que les étudiants dépassent les limites qu’ils ont déjà atteintes, qu’ils se risquent à plus, alors il faut vous attendre à ce qu’ils fassent des erreurs. Dans ce contexte, l’erreur doit être acceptée, normalisée, encouragée. Elle constitue une partie essentielle de l’apprentissage et priver les étudiants d’un tel contexte, c’est aussi les empêcher d’apprendre et de surmonter leurs erreurs.

L’importance des buts et des objectifs

Afin que la rétroaction soit le plus efficace possible, celle-ci doit s’arrimer à la progression des apprentissages et non pas à la performance d’autres étudiants. Il est donc important de prendre le temps, en début de processus, puis à chacune des étapes, de demander à l’étudiant de se fixer des buts liés au cours, à la tâche, à sa propre compétence. Cela permettra :

  • À l’étudiant de rester motivé face à la tâche
  • À l’enseignant de mieux cibler sa rétroaction
À faire et à ne pas faire
À faire
À faire
À ne pas faire
À ne pas faire
Être clair et précis quant à vos attentes sur ce que l’étudiant doit savoir, faire et compléter. Interrompre un étudiant qui tente de trouver la solution par lui-même.
Focaliser la rétroaction en fonction de ce que chaque étudiant savait, avait fait et avait accompli au départ. Focaliser la rétroaction sur la personnalité, les attitudes, les capacités de l’étudiant.
Commenter seulement un nombre limité de choses. Rétroagir sur trop d’éléments à la fois.
Comparer le travail d’un étudiant à un standard qui tient compte d’une progression. Comparer un étudiant à ses pairs.
Offrir à l’étudiant des pistes d’amélioration. Dire à un étudiant ce qu’il a fait de mauvais, sans lui donner des pistes d’amélioration.
Communiquer sa confiance en la capacité de l’étudiant à s’améliorer.  Laisser entendre à un étudiant que vos attentes ne sont pas très élevées quant à sa réussite.
Donner de la rétroaction alors que l’étudiant a encore le temps de s’améliorer. Ne donner de la rétroaction qu’après des évaluations formelles.
Adapter votre rétroaction au niveau de compétence de l’étudiant. Limiter la rétroaction aux résultats et aux commentaires sommatifs comme Bien, Excellent, Décevant…
Apprendre des réactions de l’étudiant pour améliorer les rétroactions futures. Faire des réactions de l’étudiant à la rétroaction son problème.
Discuter de la rétroaction avec l’étudiant. Donner de la rétroaction sans permettre à l’étudiant de clarifier certains aspects ou de poser des questions.
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Mohamed Hedi  Jaballah
Mohamed Hedi Jaballah
18 septembre 2016 20h09

On aurait pu argumenter par quelques exemples de devoirs accompagnés par les rétroactions à avancer . Pour le reste ce document contient des notions et des directives bénéfiques à l’opération éducative.Merci