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10 octobre 2007

Concilier les exigences pédagogiques et technologiques, est-ce possible?

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Conjoints de fait?

Ayant travaillé comme conseiller pédagogique et aujourd’hui responsable d’un service qui intègre les technologies et la pédagogie, je tenterai, bien humblement, de vous faire part de ma réflexion.

Commençons d’abord par reconnaître que les préoccupations des pédagogues et des technologues ne sont pas toujours les mêmes et qu’il peut arriver que les objectifs poursuivis soient divergents. Illustrons, par quelques exemples, les vécus respectifs de ces deux groupes…

  • La mise à jour de logiciels existants

    Les pédagogues veulent que les mises à jour soient installées et désirent avoir un perfectionnement pour bien saisir les intérêts de ces nouvelles versions. Ils sont d’ordinaire livrés à eux-mêmes et ne disposent pas de l’accompagnement suffisant… De leur côté, les techniciens craignent que l’installation des mises à jour provoque des instabilités avec les autres logiciels installés, provoquant une pluie de demandes individuelles de correctifs.

  • L’introduction de nouvelles technologies et logiciels

    Les enseignants veulent qu’on leur présente ces nouveaux outils afin de les évaluer et apprendre à s’en servir de manière adéquate. Éventuellement, ils auront besoin d’assistance pour réaliser des adaptations à leur matériel pédagogique si le nouveau produit leur convient… De leur côté, les techniciens se retrouvent face à des outils dont ils n’ont pas la maîtrise ni du contenu, ni de l’installation. Parfois, ils ont la chance que des ressources externes viennent installer le produit, mais ils ont la préoccupation de bien comprendre car ils auront à diagnostiquer et à soutenir.

  • Des demandes particulières

    Bien des demandes sont possibles, en voici un exemple… De plus en plus de profs font l’acquisition d’un portable qu’ils souhaitent amener au bureau. Naturellement, chaque appareil présente une configuration différente (carte de son, carte vidéo, écran, etc.) qui n’est pas toujours compatible avec ce qui est offert au collège et ils voudraient que les services techniques supportent leurs demandes d’autant plus qu’ils investissement personnellement pour leur équipement et l’utilisent dans le cadre de leurs fonctions… Pour les techniciens, le traitement de ces demandes individuelles passe après celles qui touchent un plus grand nombre de personnes, amenant un délai entre le moment de la demande et sa résolution. Ceci, sans compter l’importance du travail requis par le technicien qui doit souvent s’approprier une technologie qu’il ne connaît pas et investir temps et énergie pour une demande individuelle.

Conjoints : défaits?

Comme on peut le constater par ces exemples, les demandes du personnel enseignant sont souvent peu conciliables avec les possibilités et les ressources au niveau technique. Le danger réside ici dans l’isolement des groupes dans leur position respective. Au fil du temps, le sentiment de défaite s’installe, chacun ne réussissant jamais à trouver la pleine satisfaction de ses exigences, toujours limitées par celles de l’autre. Un fossé apparaît et se creuse, compliquant ensuite l’établissement de ponts de collaboration.

Conjoints d’effets!

Jamais il ne sera possible d’éliminer tous les irritants, mais comme dans tout couple, le secret de la longévité et du plaisir réside dans le respect, la communication et l’ouverture.

D’une part, les gens qui gèrent les technologies se doivent de garder l’esprit ouvert et de reconnaître que les regroupements de clients les plus importants sont d’abord les élèves et ensuite les enseignants. Cela oblige donc un ajustement, un repositionnement, voire une révision des mandats et des schémas d’intervention. Malgré la nécessité d’établir une base commune solide pour les installations, elle ne doit pas être « bétonnée » et constituer l’excuse universelle pour exclure toute forme d’adaptation. Le propre des gens de la pédagogie est d’intégrer et d’encourager le changement.

D’autre part, les enseignants doivent comprendre que l’institution n’aura jamais une flexibilité complète et entière. Il existe des lois, des politiques, des règlements qui méritent d’être respectés. Les préoccupations de sécurité, de vol d’identité et de confidentialité sont des incontournables, amenant un lot de limitations qui ne sont pas toujours bienvenues, mais nécessaires. De plus, la gestion est souvent soumise à la loi des grands nombres et le potentiel de réalisation des projets épouse habituellement aussi cette logique. Il y aura toujours des gens qui nous diront que leur appareil désuet pourrait être remplacé, qu’Internet est lent alors que chez eux « ça va plus vite », qu’ils ont un plus grand écran, une meilleure souris, qu’ils veulent tous des canons multimédias dans tous leurs locaux.

Les moyens limités des institutions obligent à faire des choix. Cependant, beaucoup de compromis peuvent être atteints en se rencontrant et en discutant de façon constructive.

Les avancements technologiques, leur niveau de pénétration, leur courbe d’adoption, les nouvelles attentes et les habitudes de nos élèves nous interpellent de façon constante et suscitent beaucoup de questions sur les adaptations auxquelles nous sommes prêts à souscrire dans un contexte d’enseignement et d’apprentissage.

C’est lors de la journée pédagogique du 10 octobre 2007 dont le thème est « La praTIC pédagogique » que nous examinerons ces enjeux, prendrons le temps de collectivement échanger sur ces réalités et tenterons d’améliorer le rapprochement entre les réalités pédagogiques et le soutien, tout ceci dans l’espoir de passer de conjoints défaits à conjoints d’effets!

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