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23 mai 2016

Des outils pour mesurer les effets de l’accompagnement technopédagogique des enseignants

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Pour souligner la fin de la session d’hiver 2016, Profweb a invité ses 3 collaborateurs du DESS en enseignement collégial à résumer un article de leur choix paru dans un numéro spécial de la Revue internationale de pédagogie de l’enseignement supérieur (RIPES) et portant sur l’usage du numérique en enseignement.

Voici ce qui a retenu l’attention de Mathieu Cyr, étudiant à la maîtrise en enseignement au collégial en science politique.

Le texte est un résumé de l’article de Marcel Lebrun, Christelle Lison et Christophe Batier, intitulé Les effets de l’accompagnement technopédagogique des enseignants sur leurs options pédagogiques, leurs pratiques et leur développement professionnel.

L’article de Marcel Lebrun, Christelle Lison et Christophe Batier discute de l’efficacité de l’accompagnement technopédagogique des enseignants et de ses effets sur l’enseignement supérieur. Avec la collaboration d’institutions universitaires de la France et du Québec, les auteurs posent un diagnostic sur cette question.

Les résultats de leur recherche nous démontrent que non seulement le nombre d’utilisateurs des TIC en enseignement supérieur augmente, mais que l’Université catholique de Louvain, l’Université Claude Bernard Lyon et l’Université de Sherbrooke (les 3 universités faisant l’objet de cette étude) encouragent leurs professeurs à utiliser les TIC dans leur enseignement et leur proposent plusieurs services institutionnels pour les aider.

Les objectifs de l’étude

Pour comprendre quels seraient les bienfaits de l’accompagnement technopédagogique des enseignants par leurs institutions, les 3 chercheurs ont mis en place un ensemble d’instruments permettant de déterminer les effets de l’accompagnement technopédagogique sur le développement professionnel des enseignants de l’enseignement supérieur, soit :

  1. d’instrumentaliser quelques modèles de développement professionnel d’enseignants en « univers TIC »
  2. de proposer des outils permettant de mesurer des effets de différentes formes d’accompagnement technopédagogique
  3. d’analyser les résultats de ces mesures dans trois contextes différents (Louvain-la-Neuve, Sherbrooke et Lyon)
  4. de comparer les résultats en leur donnant du sens par rapport aux modes privilégiés d’accompagnement dans ces institutions.

Les modèles théoriques

Pour commencer, les auteurs abordent quelques modèles de développement professionnel des enseignants liés à l’utilisation des TIC, comme le modèle TPACK, de Mishra et Koehler (2006), et le modèle SAMR de Puentedura (2013). Dans cette première section, les auteurs discutent du cadre théorique des éléments en lien avec les modèles en « univers TIC », soit le triangle pédagogique de Houssaye (2014), qui leur permet de définir 3 phases du dispositif pédagogique de l’enseignant :

  • La phase de survie, axée sur la transmission de la matière et sur le matériel utilisé, dans lequel l’étudiant a un rôle passif.
  • La phase d’ingénierie, dans laquelle l’enseignant découvre et construit son rôle de formateur, expérimente et innove.
  • La phase d’attention à l’apprenant, qui marque le passage « du paradigme de l’enseignement au paradigme de l’apprentissage ».

Une courte introduction du modèle SAMR, un modèle représentant l’intégration des TIC dans l’activité professionnelle, a servi afin de mesurer le niveau d’intégration des outils technologiques et leurs usages à partir de 4 paliers:

Les 4 étapes du modèle SAMR (source).

Enfin, les auteurs s’inspirent du modèle de Lemke et Coughlin (1998) sur le sentiment de compétence par rapport à l’intégration et l’utilisation des TIC pour proposer un outil permettant de mesurer le sentiment d’efficacité personnelle de l’enseignant. Ce modèle repose sur 3 niveaux sur une échelle de progression :

  1. Niveau d’entrée : la capacité à utiliser des appareils informatiques et des outils technologiques (suite bureautique, plateforme de vidéoconférence, etc.).
  2. Niveau d’adaptation : la capacité à intégrer les technologies dans sa pratique enseignante, comme l’utilisation de vidéos, la participation active lors de réunions virtuelles ou l’intégration d’outils numériques dans des séquences d’activités.
  3. Niveau de transformation : la capacité d’offrir un accompagnement aux étudiants « lors de la réalisation de ressources multimédias, dans la communication virtuelle ou encore dans leurs recherches ».

Méthodologie de recherche

Les auteurs présentent ensuite la méthodologie utilisée et l’analyse de leur recherche menée dans 3 contextes différents (les universités de Louvain-la-Neuve, de Sherbrooke et de Lyon). Pour effectuer leur recherche, les chercheurs ont d’abord remis un questionnaire à 96 enseignants de l’Université catholique de Louvain, dans lequel ces derniers:

  • Donnaient une description de l’un de leurs cours
  • Abordaient l’utilisation des technologies en lien avec le modèle SAMR
  • Discutaient de leur sentiment de compétence avec l’utilisation des TIC selon le modèle de Lemke et Coughlin

Les auteurs présentent ensuite l’analyse des données dans une série de tableaux, notamment en lien avec le descriptif du cours et l’utilisation des technologies.

Par la suite, les chercheurs présentent un court résumé de la même étude effectuée à l’Université de Sherbrooke et à l’Université Claude Bernard Lyon ainsi qu’une comparaison entre celles-ci. Voici  le constat des chercheurs sur les bienfaits de l’accompagnement technopédagogique :

Les trois universités étudiées] comptent de plus en plus de praticiens des technologies. Les trois institutions proposent notamment aux enseignants d’utiliser une plateforme LMS [N.D.L.R. Environnement numérique d’apprentissage, comme Moodle], de faire appel à des services institutionnels pour créer des vidéos, de travailler avec un conseiller pédagogique pour utiliser de manière adéquate des outils technologiques comme les boîtiers de votes électroniques, les logiciels de création de cartes conceptuelles ou heuristiques, etc.

En terminant, les 3 chercheurs affirment qu’il serait très intéressant, dans de futures recherches, de se pencher sur les différences culturelles et contextuelles entre différentes universités en lien avec l’utilisation des TIC. En effet, selon eux, il n’est pas possible, au terme de leur analyse des systèmes de formation des enseignants des 3 universités étudiées, de conclure que ceux-ci « sont complètement différents, mais qu’il est possible d’imaginer que les différences culturelles, mais aussi institutionnelles peuvent avoir un impact sur le type d’accompagnement proposé aux enseignants. »  Ce faisant, les chercheurs présentent les limites de leur étude et invitent à compléter leur approche en y apportant de nouveaux éclairages culturels.

Et pour vous, quels sont les bienfaits de l’accompagnement technopédagogique de votre cégep? Comment cela a-t-il influencé votre pratique et votre développement professionnel? N’hésitez pas à nous en faire part dans les commentaires.

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