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22 mars 2020

La gestion des évaluations à distance — Une activité organisée dans le cadre de la Semaine de la formation à distance 2020 du FADIO

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Le mardi 18 février 2020, dans le cadre de la Semaine de la formation à distance organisée par le FADIO (Formation à distance interordres, un partenariat établi entre les établissements d’enseignement du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine), Marie-Josée Tondreau conseillère pédagogique TIC et répondante TIC au Cégep d’Abitibi-Témiscamingue, et Martin Bérubé, conseiller pédagogique et répondant TIC au Cégep de La Pocatière, ont animé une table d’échange intitulée La gestion des évaluations à distance. J’ai visionné l’enregistrement en différé et je vous en présente les grandes lignes.

Enregistrement de la table d’échanges La gestion des évaluations à distance

La surveillance des examens à distance

Il arrive qu’il ne soit pas possible de faire les évaluations dans un local sous surveillance.

René Bélanger, conseiller technopédagogique et répondant TIC au Cégep de Matane a proposé une solution : utiliser la plateforme VIA (logiciel payant), mettre un étudiant par atelier et demander à celui-ci d’ouvrir sa caméra et de partager son écran et son microphone. L’enseignant peut ainsi voyager d’atelier en atelier pour surveiller les étudiants. De plus, toutes les séances peuvent être enregistrées, donc visionnées intégralement après coup par l’enseignant s’il a un doute.

Pour certaines matières où le travail de l’étudiant se fait mieux sur papier (comme en mathématiques), René Bélanger a donné des conseils pour contrôler un examen fait à la maison par un étudiant : l’étudiant doit s’installer devant son ordinateur et se connecter à la plateforme de vidéoconférence Zoom pour que son enseignant puisse le voir avec sa webcam. Mais en plus de la webcam, l’étudiant doit aussi brancher une caméra HUE (vendue avec un fil de 6 pieds) qui permet à l’enseignant de voir le contexte dans lequel évolue l’étudiant, pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’interférence. Dans Zoom, l’enseignant peut basculer de l’affichage d’une caméra à l’autre. À la fin de l’examen, l’étudiant prend des photos de ses feuilles avec Office Lens et les envoie à l’enseignant. Voici d’ailleurs une fiche du FADIO sur le sujet.

Repenser l’évaluation

René Bélanger va plus loin : la nécessité de la surveillance totale est souvent associée à l’atteinte d’habiletés de bas niveau dans la taxonomie de Bloom: des connaissances à apprendre par coeur, par exemple. Quand on demande aux étudiants de réaliser des analyses à partir d’étude de cas, on peut sans crainte leur laisser faire l’examen à livre ouvert. La problématique du contrôle est moins présente.

Marie-Hélène Cloutier, conseillère pédagogique à la reconnaissance des acquis au Cégep de Rimouski, a fait une intervention dans le même sens que celle de René Bélanger. Pour elle, l’atteinte d’une compétence passe rarement par l’acquisition « par coeur» de connaissances à « recracher » dans un examen. Pour vérifier si les étudiants peuvent mobiliser une compétence, Marie-Hélène Cloutier est d’avis qu’il faut axer l’évaluation autour d’une situation authentique complexe.

Pour pallier le problème associé à la surveillance de l’examen final, Nicole Perreault, animatrice retraitée du Réseau REPTIC et consultante en technologies éducatives, a expliqué croire à la valeur du portfolio, un outil idéal pour suivre la progression d’un étudiant. Cependant, il ne s’applique pas à tous les cours, soit en raison de la compétence à acquérir, soit en raison des exigences du devis ministériel ou du plan-cadre local qui peuvent imposer, par exemple, une rédaction comme évaluation finale.

Marie-Josée Tondreau a expliqué que la double évaluation peut être une solution : on peut faire faire une rédaction ou un travail long à un étudiant à distance dans un contexte non contrôlé, puis faire une évaluation orale avec l’étudiant sur le même sujet, dans laquelle l’étudiant doit expliquer ce qu’il a écrit dans son travail ou sa rédaction. Pour Marie-Josée Tondreau, cela peut être particulièrement intéressant dans les cours de langue ou de philosophie. Pendant l’évaluation orale, si l’étudiant ne parvient pas à s’expliquer correctement, si son niveau de maitrise du sujet est plus faible que dans sa rédaction ou si sa grammaire et son vocabulaire (dans le cas d’un cours de langue) sont très inférieurs à ceux de l’évaluation écrite, alors on peut deviner qu’il n’est pas réellement l’auteur du travail écrit. Cela me semble une avenue très intéressante, mais qui ne s’applique pas non plus à tous les cours. En mathématiques, on peut imaginer que certains étudiants maîtrisent la compétence ciblée sans pour autant être aptes à s’expliquer oralement (par timidité, par exemple).

La double évaluation est utilisée en reconnaissance des acquis par l’équipe de Marie-Hélène Cloutier. Par exemple, en comptabilité, certaines des évaluations exigent que les étudiants se basent sur une situation qu’ils ont réellement vécue en milieu de travail (ce qui est possible dans un contexte de reconnaissance des acquis). Une autre évaluation, entre autres pour faciliter la correction, s’appuie sur une mise en situation qui est la même pour tous les étudiants. Toutefois, elle est couplée à une entrevue d’évaluation où l’étudiant doit expliquer ce qu’il a fait et justifier ses décisions.

Le secret, c’est la variété des types d’évaluation.

Marie-Hélène Cloutier

La formation à distance comme moteur de changement en évaluation

La formation à distance bouleverse les pratiques évaluatives : quand l’évaluation se fait à distance, les enseignants sont forcés de réfléchir aux meilleures pratiques pour attester de l’atteinte de la compétence par l’étudiant. Ces enseignants sont confrontés à des écueils et remettent en doute leurs pratiques. Mais ne devrait-on pas faire la même chose en formation en présence? Les évaluations « traditionnelles » sont rarement remises en question, mais permettent-elles pour autant de vraiment attester des compétences des étudiants?

Karine Deraspe, conseillère pédagogique et ex-enseignante dans le programme de Techniques de comptabilité et gestion au Cégep de la Gaspésie et des Îles, a témoigné que, dans ce programme, le passage à la formation à distance avait chamboulé les pratiques d’enseignement… pour le mieux!

Pourquoi on ne s’est pas posé ces questions-là avant? On a beaucoup plus de plaisir à enseigner et à évaluer dans notre programme comme il est maintenant… et c’est la formation à distance qui nous a amenés là.

Karine Deraspe

Si vous avez de bons coups en évaluation à distance à partager, faites-le dans la zone de commentaires!

À propos de l'auteure

Catherine Rhéaume

Catherine Rhéaume est éditrice et rédactrice pour Éductive (auparavant Profweb) depuis 2013. Elle est enseignante de physique au Cégep Limoilou. Elle est également auteure de différents cahiers d’apprentissage pour la physique et pour la science et la technologie au secondaire. Son travail pour Éductive l’amène tout naturellement à s’intéresser à la pédagogie numérique et à l’innovation pédagogique.

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