Fermer×
21 septembre 2016

Les différents facettes de la FAD – Téléenseignement et suivi individualisé pour soutenir un étudiant athlète

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Propos recueillis par Paul Landry, enseignant à la Polyvalente W.-A.-Losier et stagiaire chez Profweb à l’hiver 2016.

Texte mis en forme par Andréanne Turgeon, éditrice pour Profweb.

Au cours de la session d’hiver 2016, Catherine Hudon et Pierre-Marc Robinson, enseignants au Cégep de Baie-Comeau, ont fait face à une situation inusitée: un de leurs étudiants, inscrit au programme de sport-études, a été échangé en cours d’année… dans une équipe du Nouveau-Brunswick!

Afin de permettre à l’étudiant de terminer ses études collégiales, les 2 enseignants ont accepté de modifier leurs cours, à quelques semaines d’avis, pour les offrir à la fois en présentiel et à distance. Retour sur cette expérience spontanée de téléenseignement.

Racontez-moi dans quel contexte vous avez commencé à enseigner à distance.

Catherine : À l’hiver 2016, j’enseignais à un seul étudiant à distance. Cet étudiant du programme de sport-études étudiait au Cégep de Baie-Comeau, puisqu’il jouait pour le Drakkar, l’équipe locale de hockey junior majeur. Il joue maintenant avec les Wildcats de Moncton, au Nouveau-Brunswick, car il a été échangé au début de l’hiver 2016. À la session d’hiver, je donnais le cours Ondes et physique moderne le matin. L’étudiant y assistait en même temps que ma classe régulière en présentiel, lorsque son horaire lui permettait. Il s’absentait à l’occasion lorsque son équipe était sur la route ou lorsqu’il avait des entraînements en même temps. De plus, nous organisions une vidéoconférence sur Skype au moins une fois par semaine, selon ses disponibilités, pour assurer un suivi et vérifier que les notions du cours avaient bien été comprises, puis pour reprendre la matière manquée pour cause d’absence.

Pierre-Marc : J’enseignais le cours Probabilités et statistiques à ce même étudiant, avec la même modalité hybride que Catherine. Cependant, puisque mon cours était l’après-midi et que les entraînements de hockey avaient souvent lieu en même temps, l’étudiant à distance s’absentait souvent (je dirais pour plus de la moitié des cours). Nous organisions aussi des rencontres sur Skype, mais elles ont été beaucoup plus nombreuses pour cette raison.

Comment avez-vous organisé votre classe pour assurer un enseignement à distance?

Catherine: Nos cours étaient délivrés à distance grâce à la plateforme VIA. La caméra de l’étudiant était dirigée vers le tableau et nous pouvions la déplacer et la rediriger, au besoin. L’étudiant utilisait un ordinateur portable, ce qui lui permettait de suivre le cours à partir de n’importe où, qu’il soit à sa résidence ou à l’hôtel lors d’un tournoi. Il s’agit d’un étudiant très discipliné et son but était de terminer son DEC à temps pour pouvoir entrer à l’université en septembre 2016.

Comment avez-vous vécu la transition entre l’enseignement classe et l’enseignement à distance?

Catherine : La mise en place de l’enseignement à distance pour l’étudiant s’est faite assez rapidement. Stéphanie Coll, conseillère pédagogique au Cégep de Baie-Comeau, m’a accompagnée pendant ma familiarisation avec l’interface de VIA et en faisant des tests avec la plateforme lors d’une séance qui a duré une heure, environ. Pendant le premier cours, un technicien informatique était sur place pour s’assurer du bon fonctionnement au niveau technique. J’éprouvais une certaine appréhension face au système informatique, puisqu’on ne sait jamais quand le système peut « planter ». Nous avons utilisé une connexion filaire, plus sûre.

Pierre-Marc : La transition s’est faite assez facilement. J’ai aussi rencontré Stéphanie Coll au début de la session pour me familiariser avec le fonctionnement de la plateforme Via. J’étais plutôt confiant avant de commencer, car je me sentais habile avec la technologie. Malgré cela, enseigner à distance n’est quand même pas évident dans ces circonstances. J’enseignais à un groupe en présentiel et je devais constamment me rappeler qu’un autre étudiant était présent sur l’ordinateur. J’étais moins porté à interagir avec lui pendant les cours. Je lui posais des questions de temps en temps, pour l’impliquer malgré la distance.

Les outils technologiques de la formation à distance étaient complètement nouveaux pour les 2 enseignants. Un soutien technique était offert par l’établissement: un technicien était toujours disponible en cas de problème (tout comme la conseillère pédagogique pour fournir un accompagnement auprès des enseignants). Catherine et Pierre-Marc n’ont pas eu à apporter beaucoup de changements dans leurs pratiques au cours de la session, même si leur enseignement était plutôt magistral. Ils s’assuraient que l’étudiant comprenait bien lors de leurs séances individualisées sur Skype.

Comment les travaux pratiques et les examens étaient-ils réalisés?

Pierre-Marc : Pour les travaux et exercices, je lui envoyais les énoncés par courriel dans un fichier Word. Quand il les terminait, il devait les numériser (PDF) et me les retourner par voie électronique.

Catherine : Les échéanciers étaient différents de ceux des autres étudiants. Lorsque la saison de hockey s’est terminée (au mois de mai 2016), l’étudiant est retourné à Baie-Comeau pour réaliser ses travaux de laboratoire et son examen final dans les locaux du Cégep. Cela s’est très bien déroulé. Malgré le fait que les laboratoires étaient donnés sous forme intensive et que la matière reliée à certains d’entre eux datait du début de la session d’hiver, l’étudiant a très bien su démontrer l’acquisition de cette compétence.  

Quel type de rétroaction fournissiez-vous au cours de la session?

Catherine : La rétroaction sur les travaux se faisait surtout pendant nos rencontres sur Skype. Je recevais également des notifications par Omnivox (MIO) lorsque l’étudiant remettait ses travaux. Au début de la session, je lui envoyais des messages par écrit, pour voir si tout allait bien. À quelques occasions, j’ai utilisé le clavardage de la plateforme VIA pour interagir avec lui pendant le cours.

Pierre-Marc : La plus grande interaction avait lieu sur Skype, car c’est en direct et face à face: c’était la manière la plus facile de m’assurer que l’étudiant comprenait bien la matière et de la réexpliquer, au besoin. De plus, je communiquais souvent avec l’étudiant par courriel.

Quelles étaient les modalités d’évaluation à distance? Quelles mesures sont établies pour prévenir le plagiat?

Catherine : Pour l’évaluation, il faut fournir une raison valable en cas d’absence. Pour l’étudiant en sport-études, une partie de hockey ou un entraînement constitue une raison valable. Puisqu’il avait des échéanciers différents, cet étudiant ne pouvait pas être jumelé avec ses collègues de classe lors de la réalisation des travaux. Quant aux laboratoires, ils sont obligatoires et l’étudiant devait revenir au Cégep de Baie-Comeau à la fin de la saison de hockey pour les effectuer sur place. Une répondante de l’équipe des Wildcats de Moncton s’occupait de surveiller les évaluations de l’étudiant. Elle a ensuite numérisé les documents et me les a envoyés par voie électronique (format PDF).

Pierre-Marc : Dans mon cours, il y a 3 examens qui sont gérés par la répondante des Wildcats. Elle s’assurait de prévenir le plagiat lors des examens et pour les travaux. Malgré cela, il aurait été très facile de détecter si l’étudiant utilisait le travail d’une autre personne. Je m’en serais aperçu rapidement, car la méthodologie de résolution d’un problème aurait été la même que celle d’un autre étudiant.

La relation pédagogique à distance

Les enseignants n’ont pas pu rencontrer l’étudiant athlète en personne pendant la session. Par contre, ils le connaissaient déjà, puisqu’ils lui avaient enseigné dans des cours précédents, au Cégep de Baie-Comeau. Les 2 enseignants confirment qu’une relation pédagogique était bien présente lors des discussions face à face avec l’étudiant sur Skype. L’encadrement hebdomadaire un à un leur paraissait la meilleure situation possible pour établir des liens avec lui.

Avez-vous trouvé difficile de développer un lien avec l’étudiant en ligne?

Catherine : Durant le cours, il lui était sans doute difficile de créer des liens avec les autres étudiants, puisque ceux-ci n’étaient pas sur Via. Pour ma part, le vrai lien s’est développé avec l’étudiant lors des sessions sur Skype.

Pierre-Marc : J’ai trouvé très difficile de développer un lien avec l’étudiant à distance en situation de classe, parce qu’il est seul derrière l’écran. Lorsque c’est une rencontre sur Skype, c’est tout à fait différent, car cela devient du 1 à 1. En classe, c’est plutôt impersonnel.

Les 2 enseignants soulignent qu’il n’y avait pas beaucoup d’activités favorisant la participation de l’étudiant à distance en synchrone, car l’accent était plutôt mis sur la classe en présentiel (un enseignement de type magistral). Puisque la décision d’offrir le cours à distance a été prise à la dernière minute, les activités n’ont pu être modifiées dans un aussi court laps de temps. De plus, l’étudiant était souvent absent en raison des tournois et des périodes d’entraînement, ce qui rendait difficile une participation active de sa part, même auprès des autres étudiants, puisque l’athlète ne suivait pas les mêmes horaires.

Quant à la manière de retenir l’attention de l’étudiant à distance, les enseignants précisent qu’il n’y a pas d’enregistrement du cours: l’étudiant n’a pas d’autre choix que de demeurer attentif. Les rencontres sur Skype permettent de valider les apprentissages et d’éclaircir certaines notions, mais il ne s’agit pas d’une reprise intégrale du cours.

Pierre-Marc admet que pendant les cours, il est difficile de voir ce que l’étudiant fait et donc, de savoir s’il a des distractions. À l’occasion, il lui posait des questions directement, pour le faire participer.

Les retombées de la formation à distance

Les 2 enseignants perçoivent des retombées positives à la formation à distance offerte au cours de l’hiver. L’étudiant de sport-études s’est inscrit à l’université en septembre 2016. Puisque l’étudiant était déterminé à finir son DEC, sa motivation était palpable. Catherine et Pierre-Marc sont d’avis que pour des situations comme la sienne, la formation à distance constitue une solution idéale.

Vous aimeriez connaître le point de vue de l’étudiant qui a vécu cette expérience? Lisez le prochain article de notre série Les différents visages de la FAD !

À propos de l'auteur

Paul Landry

Il est originaire du Nouveau-Brunswick et est présentement étudiant à la maîtrise en technologie éducative à l’Université Laval. Il a plus de 25 ans d’expérience dans le domaine de l’enseignement et s’est spécialisé dans le domaine de l’informatique. En plus d’enseigner des cours d’informatique (réparation, programmation et bureautique) au secondaire, il enseigne également des cours de leadership pour apprendre aux jeunes l’importance d’être un bon leader dans le monde de demain.

S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires