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2 février 2016

Portrait inspirant – Brenda Lamb, ou l’art de rassembler et de se risquer

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

En près de 10 ans, j’ai eu le privilège de travailler avec de nombreuses personnes talentueuses dans le réseau collégial québécois. Au fil du temps, certaines d’entre elles sont devenues plus que des connaissances que je côtoie dans le cadre de mon travail. Parmi ces gens, il y a Brenda Lamb, conseillère pédagogique et répondante TIC au Collège John Abbott. Elle a influencé mes perceptions professionnelles ainsi que mon approche des services auprès de la communauté collégiale anglophone du Québec.

Les débuts

Mes premiers souvenirs de travail en compagnie de Brenda datent de l’année scolaire 2007-2008, alors que je faisais partie d’un groupe de participants anglophones timides lors de la rencontre du Réseau des répondantes et des répondants TIC (REPTIC). Dès le début, Brenda nous a aidés à joindre nos forces afin de travailler en équipe, pour s’assurer que les priorités de développement de nos collèges étaient suffisamment claires pour être transmises à un plus grand ensemble, dont des représentants des cégeps de la province. Ces premiers efforts destinés à trouver un terrain d’entente entre des intervenants aux intérêts divergents devinrent un thème récurrent dans mon travail avec Brenda. Son esprit rassembleur, combiné à sa capacité à prendre des risques, semble être au cœur de ses valeurs et de son identité professionnelle. Si l’on ajoute à cela sa détermination et son attitude fonceuse, les gens qui côtoient Brenda vous confirmeront qu’elle est une véritable force motrice!

Brenda Lamb entourée de collègues REPTIC provenant de divers cégeps en 2013 (de gauche à droite : Lee Anne Johnston, Jennifer Mitchell, Brenda Lamb, Ryan W. Moon, Rafael Scapin).Photo : Réseau des répondantes et des répondants TIC.

Comme plusieurs de ses collègues conseillers pédagogiques TIC, Brenda présente un parcours académique et professionnel diversifié. Après l’obtention d’un baccalauréat en sciences à l’Université McGill, elle a compris que le marché du travail offrait peu de possibilités dans ce domaine. Elle a donc décidé de poursuivre ses études en informatique, ce qui l’a bien préparée pour les mandats et les défis qui l’attendaient plus tard.

Lorsque Brenda a commencé à travailler au Collège John Abbott, c’était en tant que programmeuse-analyste au sein de l’équipe de gestion des systèmes d’information. Elle a travaillé sur des systèmes d’information cruciaux, des systèmes académiques aux environnements numériques d’apprentissage en passant par des applications pour l’achat de matériel. Cette expérience l’a aidée à développer une approche orientée vers le service à la clientèle, puisqu’elle donnait de la formation et soutenait différents intervenants du Collège dans leur usage de ces systèmes. Jumelée à sa connaissance exhaustive de l’informatique et des TI, cette approche a fait d’elle une candidate de choix pour le poste de conseillère pédagogique qu’elle a obtenu en 2008. Cette opportunité a permis à Brenda de travailler de près avec l’équipe professorale pour intégrer les technologies dans ses pratiques pédagogiques.

L’enseignement et la technologie

Brenda me raconte que l’un des principaux problèmes de l’intégration des nouvelles technologies dans l’enseignement est qu’il n’y a tout simplement pas assez de gens pour accompagner les enseignants. Le fait qu’elle se soit retrouvée à occuper ce poste est donc fortuit. Aujourd’hui, elle décrit son rôle comme celui d’une personne qui cherche, en arrière-plan, des terrains d’entente afin que les besoins des enseignants du Collège s’harmonisent avec ceux du département des TI et de la Direction des études. Elle s’efforce également de faire collaborer les gens pour éviter le travail en silo. Comme elle le dit elle-même : « on ne peut dresser un portrait d’ensemble avant d’avoir obtenu l’avis de chacune des personnes. »

Récemment, j’ai eu le plaisir d’accompagner Brenda au Collège John Abbott afin de mieux comprendre les projets sur lesquels elle travaille et pour voir comment se déroule une journée typique dans son environnement professionnel. La proximité de son bureau avec une salle de réunion et de formation du personnel de haute qualité ne me semble pas le fruit du hasard; elle témoigne de l’importance stratégique de Brenda pour le Collège. Brenda est sollicitée pour son expertise par une variété de comités tels que la Communauté de pratique sur la formation hybride (Blended Learning Community of Practice), le Comité sur l’utilisation pédagogique des nouvelles technologies (Pedagogical Use of New Technology ou PUNT) ainsi que le Comité de sensibilisation au harcèlement (Harassment Awareness Committee), qui travaille à l’ajout d’une section sur la cyberintimidation dans les politiques du Collège. Alors que j’étais assis dans son bureau, j’ai remarqué une citation qui constitue un rappel pour quiconque travaillant dans le monde effréné de la technologie :

La paix, ce n’est pas d’être dans un endroit où il n’y a ni bruit, ni problème ni travail ardu. C’est de pouvoir se retrouver au milieu de toutes ces choses et de ressentir tout de même de la quiétude dans son cœur. Auteur inconnu

En matinée, Brenda assiste à une rencontre de la communauté de pratique sur la formation hybride – une initiative lancée par les enseignants – afin de partager les meilleures pratiques pour l’implantation de ce type de formation. Une discussion a été amorcée à propos des avantages d’établir des normes pour l’encadrement de l’apprentissage hybride plutôt que de faire une politique d’apprentissage hybride formelle entérinée par le conseil d’administration.

Après un dîner d’affaires en compagnie de votre humble serviteur, Brenda se dirige à la salle de formation de la faculté afin d’y accueillir le représentant d’un fabricant de tableaux blancs interactifs (TBI) et des enseignants de divers départements du Collège. Son rôle est de s’assurer que les besoins des enseignants soient compris adéquatement par le représentant et que les participants réfléchissent aux questions importantes par rapport à cette technologie. J’ai appris beaucoup de choses pendant ma courte incursion dans le monde de Brenda, mais j’allais bientôt découvrir de nombreuses facettes que je ne lui connaissais pas encore.

Projets personnels

Au-delà de ses obligations professionnelles, qui est Brenda Lamb ? En fait, Brenda est une artiste émergente qui utilise l’acrylique et le multimédia et qui est en processus d’apprentissage de l’aquarelle. Elle a déjà participé à plusieurs expositions : elle me confie que c’est « le plus près que l’on puisse être du risque dans le monde artistique ».

En février 2015, lorsque le cofondateur d’Apple Steve Wozniak était en ville pour une soirée-causerie organisée par la Chambre de commerce, c’est Brenda qui a pris l’initiative de rassembler un groupe de « geeks » invétérés (dont je faisais partie) pour assister à la soirée. Un collègue a reconduit Brenda chez elle ; heureusement, il n’a pas eu à rencontre son « adorable » doberman, Layla. Layla a été adoptée chez une organisation montréalaise de protection des animaux (dont Brenda m’a demandé de faire la promotion subtilement dans cet article). Je n’ai pas eu l’occasion de demander à Brenda si le nom de son chien était inspiré de la célèbre chanson d’Éric Clapton, mais si tel est le cas, cela change radicalement ma vision de cette chanson!

Brenda (au centre) s’éclate avec Alexandre Enkerli (à gauche) et Rafael Scapin (à droite) à la 2e édition du Sommet Google Apps for Education en 2014.

Brenda est également préoccupée par la cause des femmes et celle des Premières Nations. En discutant du ruban blanc qu’elle et une collègue portaient lors de ma visite au Collège John Abbott, Brenda a dénoncé le fait que celui lui a pris beaucoup de temps avant d’établir sa crédibilité en tant que ressource bona fide dans un domaine à forte prédominance masculine. Aujourd’hui, elle encourage ses collègues féminines à ne JAMAIS dire qu’elles ne connaissent rien à la technologie. Elle leur dit que jamais quelqu’un du sexe opposé n’admettrait une telle chose, même si c’était réellement le cas ! Brenda me confie que cette petite blague fait généralement sourire ses collègues et cela contribue à détendre l’atmosphère pour amener les femmes à découvrir qu’elles en savent plus qu’elles ne le pensent au sujet de la technologie. Ses protégées sont ainsi plus disposées à construire sur leurs savoirs antérieurs.

Aller vers les gens

Un autre pilier de l’approche de Brenda est sa croyance qu’il n’existe pas de formule universelle pour les technologies éducatives. Les solutions devraient donc être flexibles. Ardente défenseure des solutions « juste-à temps » pour les rencontres (GoToMeeting) et de la formation en micro-habiletés pour les logiciels (Atomic Learning), Brenda joint l’acte à la parole. Elle m’explique que son rôle consiste à être à l’écoute des inquiétudes des enseignants, tout en dissipant leurs craintes face à l’essai de nouvelles technologies. Elle réussit à accomplir ceci se mettant à la place de son interlocuteur, sans préjugés ni attentes :

Il ne faut pas seulement parler de technologie. Il faut aussi apprendre à connaître la personne devant soi. Ce n’est pas qu’une question de technologie, c’est aussi tout ce qui se passe autour. J’ai l’impression d’être passée à côté de plusieurs opportunités en ne découvrant ceci que bien plus tard dans ma carrière.

Lorsque Brenda travaille avec un enseignant pour la première fois, elle commence par partager beaucoup plus d’information à propos d’elle-même qu’elle ne le faisait à ses débuts en tant que conseillère pédagogique en 2008. Elle trouve que cela aide à forger une meilleure connexion. Elle se souvient avoir entendu quelqu’un dire que l’on demande constamment à nos étudiants de prendre des risques et de partager plus d’information à propos d’eux-mêmes en classe et avec l’enseignant. Les enseignants devraient donc montrer l’exemple en agissant de même auprès de leurs étudiants. Ce commentaire a convaincu Brenda que le fait de s’ouvrir renforce les liens, nous engage davantage auprès des autres et rend l’enseignement plus significatif et plaisant.

Depuis les 10 dernières années, Brenda a beaucoup grandi professionnellement. Elle me raconte qu’elle ne ressent plus le besoin d’en savoir plus que tout le monde, puisque le logiciel qu’elle utilise avec les enseignants semble changer à chaque utilisation ! Elle attribue son succès en partie grâce à ses efforts pour développer une écoute active. Brenda a changé son approche de départ, qui était d’offrir des solutions clés en main aux enseignants. Elle préfère désormais les accompagner dans leur cheminement et elle s’intéresse à la recherche qu’ils ont effectuée avant de la rencontrer.

Elle est également très heureuse de pouvoir compter sur le soutien de ses collègues REPTIC des cégeps de Montréal et d’ailleurs lorsqu’elle en a besoin. « Ces échanges sont importants pour partager des idées et des solutions, puisque chaque REPTIC apporte quelque chose d’unique », indique-t-elle. Brenda a le sentiment qu’elle peut appeler n’importe lequel d’entre nous pour discuter de n’importe quel sujet, à tout moment. J’ai également vu Brenda aller bien au-delà de sa description de tâche pour aider un collègue traversant des moments difficiles, ce qui la rend encore plus inestimable à nos yeux.

Mes années passées dans le réseau collégial ont sans contredit été enrichies et inspirées par la présence de Brenda Lamb. En conclusion de ce portrait, je vous souhaite d’avoir, vous aussi, l’immense privilège de travailler avec elle!

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