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8 septembre 2020

La nouvelle fonction « transcription » de Word : changement de paradigme en enseignement?

Ce texte a initialement été publié par la Vitrine technologie-éducation sous licence CC BY-NC-SA 3.0, avant la création d’Éductive.

Depuis le 25 août 2020, la version web de Word, intégrée à Microsoft 365, offre une nouvelle fonctionnalité de transcription automatique de fichiers audio pour les utilisateurs anglophones : Transcribe. La compagnie travaille actuellement pour rendre la fonctionnalité disponible dans d’autres langues. 

C’est la rentrée scolaire et après des vacances bien méritées, je fais le bilan de la période que nous avons vécu pendant le confinement. Je réalise que nous sommes toujours tous très occupés à jongler avec la famille, le travail, les amis et tout ce que la vie nous réserve avec l’option non facultative COVID-19. Cela dit, les technologies numériques nous permettent de tenir le coup et nous rendent la vie plus facile. J’en ai parlé dans le carnet de blogue du 23 mars dernier, sans le numérique nous n’aurions surement pas réussi à faire tourner la machine économique et sociale avec autant d’efficacité.

 L’efficacité est justement un concept central quand on pense à la nouvelle fonctionnalité de transcription intégrée à la version web de Word. Cette amélioration apportée à l’outil de traitement de texte de Microsoft 365 repose sur la plateforme d’intelligence artificielle Azure cognitive services. La fonction « Transcribe » utilise des algorithmes de reconnaissance vocale pour permettre aux utilisateurs de passer moins de temps et d’énergie à créer et se concentrer sur ce qui compte le plus, selon Dan Parish, directeur chez Microsoft au département Natural User Interface & Incubation.

Avec Transcribe, nous pouvons dorénavant enregistrer une conversation directement dans la version web de Word qui transcrit la conversation automatiquement. La fonction détecte les différents intervenants, de sorte qu’une fois l’enregistrement terminé, vous pouvez facilement suivre le déroulement de la transcription. Après votre conversation, vous pouvez revoir certaines parties de l’enregistrement en repassant l’audio et vous pouvez même modifier la transcription horodatée si vous voyez quelque chose qui ne va pas. On peut imaginer l’enregistrement d’un cours, la transcription d’une conversation à analyser ou autres usages pédagogiques qui nécessitent de se concentrer sur le contenu d’un échange.

Source : Microsoft 365

La nouvelle fonction Word « transcribe » s’ajoute à la fonctionnalité « dictate » qui permet de convertir la parole en texte n’importe où sur votre PC grâce à la reconnaissance vocale. Ces outils de productivité de transcription à la volée de la voix me poussent à réfléchir à la citation de Dan Parish, « se concentrer sur ce qui compte le plus ». Autrement dit, dans l’enseignement et l’usage de logiciel de traitement de texte comme Word, qu’est-ce qui « compte le plus » ?

Dans les années 90, les étudiants écrivaient différents types de texte à la main, dans des cahiers, sur des feuilles d’examen ou des feuilles libres. « Pour savoir bien écrire, il faut écrire et écrire », nous disaient les enseignants à cette époque. Puis l’usage de l’ordinateur s’est répandu. Les textes étaient tapés à l’ordinateur alors que le corps enseignant s’insurgeait de la correction automatique et de la menace de la baisse du niveau d’orthographe et de grammaire en cas d’utilisation excessive de la fonction. Depuis 2018, la reconnaissance vocale et le traitement de la voix permettent une écriture par la parole et maintenant la transcription automatique d’un discours oralisé ou d’une conversation. « Quelle révolution ! », diront certains. « Quelle régression ! », diront d’autres.  « Nous n’écrivons plus ! », s’écrient les nostalgiques.

En effet, les étudiants écrivent beaucoup moins, mais l’époque dans laquelle nous vivons nous montre que le salut de notre société se reposera sur ce qui fait de nous des humains ; notre habileté à communiquer et à créer à l’infini. En soi, « ce qui compte le plus », ne serait-ce pas le développement de notre créativité ?

Selon le psychologue américain Guilford, le processus créatif peut être reproduit à volonté et doit être enseigné. D’ailleurs, un article de Profweb écrit en 2017 permettait d’explorer différentes pistes de conception de la créativité au sein d’une stratégie pédagogique.

Dans cette lignée, les options de transcription par reconnaissance vocale qu’offre Microsoft 365 permettent justement de repenser le travail d’écriture. Si les outils sont intégrés dans une scénarisation pédagogique, ils permettent un gain de temps pour l’étudiant et la possibilité de se concentrer sur le contenu.

En somme, à la question du changement de paradigme dans l’enseignement, il n’y a pas de réponses : le changement est en route depuis le mois de mars, et nous avons pris l’avion en plein vol ! Dans cette traversée, n’oublions pas que, pour préparer nos étudiants à naviguer en eau trouble, il s’agit bien de les accompagner dans le développement de leur créativité et de leur faculté à résoudre des problèmes, compétences dont nous avons indéniablement besoin dans ce 21e siècle qui s’annonce sportif !

À propos de l'auteure

Florence Sedaminou Muratet

Anthropologue, professeure d’histoire et linguiste, Florence a forgé a 20 ans d’expérience dans le domaine de l’éducation. Conseillère en pédagogie numérique, elle a pour mission d’assurer la veille sur les technologies émergentes et d’accompagner les professionnels de l’apprentissage.

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