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3 février 2022

Pédagogie centrée sur l’élève: résumé d’une discussion sur Twitter

Comment adopter une approche centrée sur l’élève sans crouler sous une charge de travail excessive?

La pédagogie centrée sur l’élève donne à l’étudiant un certain contrôle sur le contenu d’un cours et les procédés d’apprentissage. L’élève a la possibilité de faire des choix en fonction de ses besoins, ses capacités et ses intérêts (Schweisfurth, 2019).

En janvier 2022, je suis tombée sur un fil Twitter intéressant (en anglais):

Lindsay Masland, professeure de psychologie à l’Université Appalachian State, en Caroline du Nord, a interpellé les enseignants et enseignantes de son réseau. Elle voulait recueillir les témoignages de celles et ceux qui ont expérimenté la pédagogie centrée sur les élèves et trouvé cela trop exigeant pour que ce soit soutenable.

Temps de préparation

Quelques enseignants et enseignantes ont parlé du temps nécessaire pour planifier de nouvelles activités, dans la transition d’une pédagogie traditionnelle vers une pédagogie centrée sur l’élève.

Une enseignante a expliqué avoir laissé ses élèves monter le plan de cours et choisir les sujets qui seraient abordés. Ils ont choisi des sujets très intéressants, mais à propos desquels elle ne connaissait rien… ce qui a entraîné une tonne de travail de préparation pour elle.

D’autres ont parlé du temps nécessaire pour développer des ressources éducatives inclusives.

Piste de solution

Scénariser de nouvelles activités pédagogiques prend du temps, c’est certain. Je partage les vues d’une intervenante qui mise sur la mesure en suggérant de faire une seule « grosse chose» par cours. On peut changer un élément à la fois dans un cours. On peut choisir de déployer une seule stratégie pédagogique chronophage par cours.

Temps de correction ou de rencontres individuelles

Plusieurs enseignantes et enseignants ont répondu en parlant de leurs tentatives de laisser les élèves choisir eux-mêmes la date de remise de leurs travaux… pour se retrouver avec une montagne de correction tout d’un coup à la fin de la session.

Plusieurs ont parlé de leur volonté de permettre aux étudiants de soumettre leurs travaux pour une précorrection ou de permettre aux étudiants de reprendre une évaluation aussi souvent qu’ils le désirent (ce qui implique pour l’enseignant de refaire la correction plusieurs fois).

D’autres ont parlé de la charge de travail associée au fait de vouloir rencontrer tous les étudiants individuellement en début de session, pour des évaluations orales ou des discussions liées à une approche de ungrading, entre autres.

Personnellement, j’ai souvent offert la précorrection à mes étudiants pour certains travaux spécifiques et, chaque fois, j’ai été surprise du peu d’étudiants qui se prévalaient de cette offre! Toutefois, c’est bel et bien par crainte d’une surcharge de travail que je n’offre pas systématiquement à tous mes étudiants de le faire pour tous les travaux…

En ce qui concerne des rencontres individuelles, c’est effectivement très prenant, proportionnellement au nombre d’étudiants et à l’ampleur des discussions qu’on souhaite avoir avec chacun. Toutefois, comme je l’écrivais dans un article récent, pour moi, ces moments contribuent énormément à la satisfaction que j’éprouve pour mon travail.

Pistes de solutions

L’idée de miser sur l’évaluation par les pairs a été citée à quelques occasions comme une piste de solution. Par exemple:

  • Demander aux étudiants de soumettre un travail long à leurs pairs en différentes occasions. Vous pourriez leur fournir une grille détaillée pour qu’ils formulent et reçoivent des rétroactions pertinentes et les encourager à écrire des commentaires riches.
  • Offrir aux étudiants de précorriger leurs travaux (les commenter avant le moment de l’évaluation sommative), mais exiger qu’ils soumettent d’abord leur travail à l’évaluation d’un pair et qu’ils vous montrent les commentaires et rétroactions de ce collègue.
    Sur le fil Twitter, une personne qui a adopté cette stratégie a écrit que l’évaluation des pairs était très profitable et souvent assez encourageante pour les étudiants pour qu’ils se sentent en confiance de remettre leur travail sans précorrection par l’enseignant.

Et, ici encore, l’idée de faire « une seule grosse chose à la fois » est utile!

Que peut-on en retirer?

Plusieurs personnes qui ont répondu à la question de Lindsay Masland ont insisté sur le fait que la pédagogie centrée sur l’élève n’est pas, en soi, la source du problème et ne doit pas être blâmée pour le surcroît de charge de travail.

L’idéal serait d’adopter une pédagogie bienveillante qui respecte les besoins des élèves et la réalité des enseignants.

Lindsay Masland est revenue sur l’ensemble des réponses qu’elle avait reçues en insistant sur la notion de limites.

Vos besoins et vos valeurs sont les limites à l’intérieur desquelles l’enseignement centré sur l’élève devrait prendre place.
—Lindsay Masland [traduction libre]

Personnellement, je pense que cela est vrai autant pour l’enseignement centré sur l’élève que pour n’importe quelle autre approche pédagogique!

Et vous, quelles sont les stratégies pédagogiques que vous avez essayé d’utiliser mais qui ont été trop chronophages? Avez-vous trouvé des solutions de remplacement? Parlons-en ensemble dans la zone de commentaires!

À propos de l'auteure

Catherine Rhéaume

Catherine Rhéaume est éditrice et rédactrice pour Éductive (auparavant Profweb) depuis 2013. Elle est enseignante de physique au Cégep Limoilou. Elle est également auteure de différents cahiers d’apprentissage pour la physique et pour la science et la technologie au secondaire. Son travail pour Éductive l’amène tout naturellement à s’intéresser à la pédagogie numérique et à l’innovation pédagogique.

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Burkhalter Macha
20 février 2022 9h15

Une pédagogie que j’avais mise en place il y a une vingtaine d’annees avec celle de l’ apprentissage par ateliers. L’ ensemble des unites vues étaient proposées dès le départ à disposition. Chacun avançant à sa vitesse et ce sur quoi il souhaitait. Bien évidemment des fondamentums minimaux étaient imposés et des chemins étaient suggérés. Chaque étudiant avait un carnet pour gérer ses apprentissages. J’ai favorisé des activité d’auto-corrections et de corrections par les pairs permettant ainsi aux étudiants de mesurer leurs apprentissages. Mais surtout cela m’ a permis de dégager du temps pédagogique précieux pour guider, aider, expliquer avec des petits groupes réellement impliqués. Résultat 89% DE REUSSITE aux examens et 3 ans plus tard, des élèves qui reviennent vous dire que grâce à cela, ils ont acquis des techniques d’apprentissage propre à eux.
Voilà ce qu’est à mon sens le métier de pédagogue.