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29 mai 2019

Capsules vidéo, Google Forms et classe inversée

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Qu’elle soit conventionnelle, inversée, hybride ou active, la classe d’aujourd’hui peut prendre plusieurs formes selon la matière enseignée, les objectifs d’apprentissage retenus et les intérêts de l’enseignant. C’est un peu par hasard que j’ai intégré la classe inversée à ma pédagogie à l’hiver 2012 : au départ, c’était une solution pour assurer la reprise des cours après la grève étudiante. Depuis, c’est par choix et par plaisir que j’inverse certains de mes cours. Avec les bons outils et un support du conseiller pédagogique TIC de mon institution, ce passage vers la classe inversée s’est très bien déroulé. 

Vers la classe inversée

La classe inversée, c’est avant tout une façon d’enseigner qui permet aux étudiants de se familiariser à la maison avec le contenu du cours et de l’appliquer en classe à l’aide de travaux. L’étudiant teste et développe ainsi ses connaissances en groupe, avec le soutien de l’enseignant et celui de ses pairs, au lieu de le faire seul à la maison. Ce genre de soutien facilite l’apprentissage aussi bien que l’enseignement.

Petite vidéo ludique sur la classe inversée

J’enseigne la physique et ces dernières années, j’ai souvent donné des cours de formation technique (Technologie de l’architecture et Techniques de génie mécanique). Ce sont des cours dont le contenu, contrairement aux cours de physique réguliers, se trouve rarement dans un livre fait sur mesure pour la matière. Depuis plusieurs années, j’enseigne donc principalement  à partir de mes notes de cours (éléments théoriques, exemples, exercices pratiques, etc.). Pour faciliter la prise de notes, les étudiants se procurent une copie papier des notes de cours. Ils doivent ensuite les compléter en classe ou à la maison.

Pendant le « printemps érable » de 2012, la grève étudiante a forcé le Collège à raccourcir la session d’hiver. Grâce à une loi spéciale, celle-ci est passée de 15 à 12 semaines. Pour me préparer au retour en classe et au défi qui m’attendait, j’ai décidé de créer des capsules vidéo pour permettre à mes étudiants de réviser la matière vue avant la grève.

À la fin de la session, je leur ai demandé de visionner par eux-mêmes des capsules vidéo portant sur une partie de la théorie afin de disposer de plus de temps en classe. Sans trop le savoir, c’est ainsi que je me suis lancée dans l’aventure de la classe inversée.

Je ne suis pas une experte en nouvelles technologies. Pour le néophyte, les outils numériques peuvent être intimidants. Ils ne sont pourtant pas si difficiles à maîtriser. Plusieurs ressources existent dans le réseau pour aider l’enseignant à se les approprier. Pour ma part, j’ai opté pour les formations en ligne de l’APOP, dont :

  • La classe inversée et la baladodiffusion
  • Camtasia Studio : un logiciel de capture et de montage écran en mode vidéo
  • Évaluation formative en ligne
  • WordPress : un « libre » concepteur de site web

Ces formations m’ont appris à créer mes propres capsules vidéo. Elles m’ont aussi outillée afin que je puisse effectuer une intégration progressive de la classe inversée, basée sur mes propres besoins. Daniel Bourry, le conseiller pédagogique TIC du Collège, m’a aussi beaucoup aidée.

J’ai documenté mon approche afin de ne pas trop me perdre dans cette nouvelle voie. C’était d’abord pour un usage personnel, mais j’ai ensuite publié le tout sur un blogue. On y trouve des vidéos introductives sur l’enregistrement de capsules vidéo et la création de formulaires avec Google Forms, ainsi que quelques capsules sur la classe inversée.

Blogue de l'auteure

Une aventure guidée dans la création de matériel pour classe inversée!

L’intégration

Je pense que la classe inversée est différente d’un enseignant à l’autre. On l’adapte à sa façon. Ma classe n’est pas toujours en mode inversé :

  • Certains de mes cours comportent 2 heures de théorie et seulement 1 heure de travaux à la maison par semaine. Je ne peux donc pas inverser tout le contenu au programme.
  • La matière influence aussi le choix de ce qui peut ou non être inversé. Par exemple, j’ai inversé une grande partie du contenu associé à la statique et à la résistance des matériaux, tandis que tout ce qui concerne l’acoustique a été enseigné de manière plus « traditionnelle » en insérant, en classe, des démonstrations interactives.

Entre chaque cours, mes étudiants doivent remplir un questionnaire en ligne de type Google Forms. Ces questionnaires permettent d’intégrer, dans un même document :

  • Des capsules vidéo présentant la théorie.
  • Des questions évaluant la compréhension des étudiants.

Les résultats, sont accessibles instantanément et me servent de « baromètre » : je peux choisir d’insister sur une notion plutôt qu’une autre lors du retour en classe. J’ai aussi remarqué que l’étudiant qui réfléchit sur les concepts avant d’entrer en classe est beaucoup plus réceptif et actif une fois en groupe.

Toutes les vidéos sont regroupées dans une table des matières, sur un site web. L’étudiant peut ainsi revoir une vidéo en particulier, sans avoir à retourner dans les questionnaires.

Site web contenant toutes les capsules vidéo du cours Physique appliquée à l’architecture II.

Il faut cependant dire les choses telles qu’elles sont : le succès de la classe inversée touche avant tout les étudiants qui ont plus de difficultés. Un meilleur support, des révisions fréquentes et un accès complet au matériel du cours les aident beaucoup. Cela dit, les étudiants les plus forts ne trouvent pas nécessairement que l’enseignement inversé est plus efficace pour apprendre que l’enseignement traditionnel. Ces derniers étant déjà plus autonomes, ils n’y voient peut-être pas autant d’avantages. Pour les motiver, je crée des activités qui mettent l’accent sur les bénéfices de la collaboration et du travail en équipe.

Et pour la suite?

Mes cours changent d’une année à l’autre. J’ai commencé par utiliser un blogue comme support pour la classe inversée, puis, depuis les deux dernières sessions, j’utilise Google Forms. Cet hiver, c’est dans la classe active que je me suis lancée. La classe active se conjugue facilement à la classe inversée. Pour l’instant, lorsque la technologie est nécessaire, nous travaillons à partir d’ordinateurs portables. Sous peu, nous aurons au collège une salle de classe spécialement aménagée pour faciliter ce type d’approche. Ici aussi, je procède un petit pas à la fois. À première vue, la réaction des étudiants aux activités de classe active semble positive. Ce n’est pas surprenant, car l’approche est dynamique, collaborative et elle permet de bien adapter la matière aux programmes dans lesquels elle est enseignée.

À propos de l’auteure

Emmanuelle Goulet enseigne la physique au Cégep du Vieux Montréal. Elle pratique la classe inversée depuis l’hiver 2012 et se lance maintenant dans la classe active.

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Nicole Perreault
Nicole Perreault
25 août 2015 18h25

Bonjour Emmanuelle,

Bravo et merci pour ce récit tout aussi instructif qu’inspirant. Les modules contenus dans votre blogue peuvent être utiles à bon nombre d’enseignants.Quant à vos projets pédagogiques, si j’étais étudiante, je me trouverais privilégiée de vous avoir comme prof ! Merci !