Le Réseau des répondantes et répondants TIC (REPTIC) a lancé à l’automne 2022 un projet de cartographie des outils numériques, auquel ont contribué 12 membres au fil des ans. Ce projet a pour objectif d’éviter la duplication des cartographies locales et de surmonter les défis liés à leur mise à jour dans un écosystème numérique en constante évolution. Aujourd’hui, nous sommes heureux et heureuses d’annoncer la conclusion des travaux. Nous espérons que les enseignements acquis au cours de ces 3 années pourront vous accompagner dans la réalisation de vos propres cartographies d’outils numériques.
La visée initiale de notre groupe de travail était de produire une cartographie efficace et visuelle pour l’ensemble du réseau; les gestionnaires, les conseillers et conseillères pédagonumériques et les enseignants et enseignantes. Nous voulions créer une cartographie qui répond au besoin d’information nécessaire à la prise de décision sur l’achat potentiel de licences. Cette visée s’est avérée très ambitieuse et s’est modifiée au fil de nos apprentissages. Dans cet article, je vous présente notre parcours, nos réflexions liées à ce vaste projet ainsi que des recommandations pour la création d’une cartographie des outils numériques.
La genèse de notre cartographie
Éviter les napperons

Un exemple de cartographie d’outils numériques en format «napperon»
Dès 2022, notre groupe voulait s’éloigner des fameux napperons. Cette méthode de présentation offre une vue d’ensemble instantanée des outils disponibles sur le marché pour une catégorie de tâches spécifiques.
Le principal enjeu réside dans le fait que ce genre de napperon doit être mis à jour chaque session pour suivre l’évolution des fonctionnalités et des tendances. Bien que certains outils soient bien implantés depuis longtemps, nous avons constaté que de nouveaux joueurs entraient en scène de façon massive. À l’époque, cela concernait beaucoup les outils de sondage et de questionnaire qui foisonnaient, mais aussi les outils pour communiquer de l’information. L’évolution de l’offre d’outils rendait les napperons obsolètes très rapidement.
Des sondages envoyés au Réseau REPTIC à l’automne 2022 et à l’hiver 2025 nous ont permis de constater que plus de la moitié des outils utilisés ont disparu ou sont apparus entre 2022 et 2025. Il y a également eu plusieurs changements auprès des meneurs de tête selon les usages.
De plus, l’information contenue dans les napperons est typiquement trop partielle pour servir d’outil d’aide à la décision. Cela était particulièrement vrai pour les conseillers et conseillères pédagonumériques, qui doivent conseiller à la fois les responsables des technologies de l’information (TI) et le personnel enseignant, tant sur la valeur pédagogique que sur la pérennité et la viabilité des plateformes.
Première itération
Fort de l’expérience acquise par un précédent groupe de travail sur les comparatifs d’outils de questionnaire, notre groupe a entrepris la 1re itération de la cartographie en évitant les pièges associés aux napperons. La 1re itération a été celle d’un tableau comparatif par catégorie d’outils numériques selon des critères définis. Ce tableau ressemblait un peu à celui produit par le RÉCIT.

Tableau comparatif à double entrée produit par le RÉCIT
Bien que ce mode de présentation permette d’afficher plus d’informations, la lisibilité n’est pas optimale. En fait, nous nous sommes rendu compte que les informations pertinentes pour les différents lectorats étaient difficilement conciliables avec un mode de présentation simple et concis. En plus des renseignements sur les fonctionnalités, les conseillers et conseillères pédagonumériques ont besoin de beaucoup d’autres informations:
- l’interopérabilité
- la pérennité des outils
- les modes de connexion
- les tutoriels disponibles
- la fréquence de mise à jour
- etc.
Face à cette tension entre lisibilité et information, nous avons réévalué la pertinence et la faisabilité d’une cartographie qui satisferait tous les publics.
De plus, l’entrée en vigueur de la loi 25 ainsi que le renforcement des mesures en matière de cybersécurité ont complexifié la réalisation d’une cartographie pour tous les publics. Chaque établissement est responsable de l’application de la loi 25 et des mesures de cybersécurité selon ses propres critères et son analyse de risques. Certains outils sont appropriés pour certaines actions et cela dépend de l’analyse de risques qui varie d’un collège à l’autre. Le Réseau REPTIC étant une communauté de pratique, il n’est pas possible pour nous de certifier la conformité de tous les outils à la loi 25 et aux pratiques de cybersécurité en vigueur dans chaque établissement.
En raison des restrictions dans la présentation ainsi que des nouvelles normes et lois, notre groupe a été contraint de réévaluer son public cible et d’adopter une autre formule que celle des tableaux comparatifs.
Deuxième itération
La 2e et dernière itération de notre cartographie prend la forme d’une liste SharePoint à l’usage du Réseau REPTIC. Puisque les conseillers et conseillères pédagonumériques dans leurs collèges sont les personnes les mieux placées pour conjuguer bonnes pratiques pédagogiques, bonnes pratiques en cybersécurité et bonnes pratiques relatives à la protection des données confidentielles, la cartographie devrait donc s’adresser à elles et eux dans le but d’être adaptée localement. Notre cartographie est une liste divisée en 8 familles de tâches ou de catégories qui contiennent chacune plusieurs critères. Par exemple, la catégorie «Questionnaire et quizz» compte à elle seule 25 critères.

Aperçu de la catégorie «Questionnaire et quizz» de notre cartographie dans SharePoint
Plusieurs éléments ont contribué à ce changement d’approche:
- Le public cible ne pouvait plus être tout le réseau, puisque l’analyse de risques est locale et nous ne voulions pas créer une contradiction entre le rôle du Réseau REPTIC et l’autonomie des collèges.
- Ne pouvant pas marier l’esthétisme avec la somme très importante d’informations à transmettre, nous nous sommes contentés d’un outil fonctionnel. Notre liste SharePoint est facilement téléchargeable en format Excel par les membres du Réseau REPTIC et peut être mise en forme selon les besoins de chaque collège.
- La liste SharePoint permet à chaque conseiller ou conseillère pédagonumérique de mettre à jour les outils et leurs critères à tout moment. Ainsi, nous désirons répartir la tâche de mise à jour et offrir de l’information de qualité à l’ensemble de la communauté.
- Le conseiller ou la conseillère pédagonumérique reste la personne qui peut le mieux conjuguer les besoins de tous les acteurs et de toutes les actrices de son établissement dans le choix d’une licence, car il ou elle comprend bien les enjeux pédagogiques, mais aussi les enjeux éthiques et de cybersécurité.
Nous avons lancé notre cartographie sous forme de liste SharePoint cet hiver et nous continuerons à évaluer sa pertinence et son évolution dans les années à venir.
Recommandation pour une cartographie des outils numériques
Certaines recommandations ont émergé de ce projet et pourraient être appliquées à tout projet de cartographie d’outils numériques.
- Assurez-vous de bien définir votre public cible en amont. Ne visez pas trop large. Identifiez plutôt votre public principal et vos publics secondaires.
- Déterminez le niveau d’information nécessaire à la prise de décision. L’information nécessaire dépend du public et de ses besoins. Le niveau d’information nécessaire va déterminer le format de présentation.
- Gardez en tête que peu de personnes vont explorer plus de 3 outils pour une famille de tâches. L’important n’est pas de répertorier tous les outils qui existent, mais de cibler les plus pertinents pour le public ciblé.
Certains outils propres à une discipline ne se retrouvent pas dans une cartographie comme la nôtre, mais pourraient être pertinents pour votre public cible. Si vous êtes conseiller ou conseillère pédagogique et que vous souhaitez monter une telle cartographie, i se peut donc qu’être accompagné d’un expert ou d’une experte disciplinaire soit un atout pour vous, dépendamment de public cible. - Assurez-vous d’avoir des documents pour expliquer comment utiliser la cartographie. Il vous faut minimalement un énoncé d’intention pour bien encadrer les lecteurs et lectrices.
- Évitez les critères qui n’apportent que peu d’information pertinente ou qui demandent trop de ressources pour être répertoriés Par exemple, nous n’avons pas ajouté de critère lié à l’intelligence artificielle (IA) générative, puisqu’elle se retrouve de plus en plus dans chacun des outils. Cela dit, les normes et les bonnes pratiques en éthique restent importantes. Nous recommandons d’appliquer les bonnes pratiques en matière d’IA telles qu’édictées par la Commission de l’éthique en science et en technologie. C’est la même chose pour le critère d’accessibilité. Ce critère demande une analyse détaillée de chacun des outils qui devrait être refaite selon l’utilisation et selon la mise à jour de l’outil. Nous avons préféré nous référer au standard en vigueur, soit le WCAG2.
- Déterminez la fréquence et le moyen pour la mise à jour de la cartographie. Ne sous-estimez pas la charge de travail que cela peut impliquer. Définissez aussi des règles d’archivage pour vos anciennes versions. Chaque outil a un cycle de vie et en tenir compte à l’avance permet de limiter les frustrations qui pourraient naitre chez les personnes qui se sont investies dans le projet ou chez celles qui utilisent votre cartographie.
- La connaissance de l’existence des outils n’est pas suffisante. Un effort d’appropriation est nécessaire. N’hésitez pas à faire appel à votre conseiller ou conseillère pédagonumérique!
Mot de la fin
Depuis son lancement à l’automne 2022, le projet de cartographie des outils numériques du Réseau REPTIC a beaucoup changé. Malgré les défis rencontrés, notamment l’évolution constante des outils et la complexité de la présentation des informations, le projet a réussi à s’adapter aux besoins spécifiques des conseillers et conseillères pédagonumériques dans leur collège. La dernière itération, sous forme de liste SharePoint, permet une mise à jour en continu par les membres du Réseau REPTIC et une personnalisation selon les critères locaux, tout en respectant les normes de cybersécurité et la loi 25. Ce projet valorise la collaboration, l’expertise et l’adaptabilité dans un environnement numérique changeant, sans limiter l’autonomie de quiconque.
En collaboration avec le Pôle d’expertise interordre en formation à distance, dans un prochain article sur le projet, je vous présenterai des coups de cœur du Réseau REPTIC concernant diverses utilisations d’outils numériques.