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29 mai 2018

Des outils technologiques au service des tuteurs du Cégep à distance – Encadrer et soutenir les étudiants dans leur réussite

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

En formation à distance comme en formation en présence, les abandons et les échecs des étudiants ne profitent à personne. Pour les minimiser, le Cégep à distance mène un projet-pilote qui mise sur l’utilisation de différents outils technologiques. Je me suis entretenue avec Anne-Marie Mazé, l’une des 3 tuteurs professionnels du Cégep à distance. Anne-Marie est tutrice en gestion et en psychologie… et son emploi la passionne!

Un tuteur pour soutenir et motiver les étudiants dans des cours à distance

Anne-Marie Mazé a été tutrice contractuelle (à temps partiel) au Cégep à distance pendant 10 ans. Elle adorait son travail et, en 2017, quand elle a appris que des postes de tuteurs à temps plein (professionnels) seraient créés pour un projet-pilote, elle a sauté sur l’occasion et a posé sa candidature.

Anne-Marie Mazé, vue à travers sa webcam

Les tuteurs du Cégep à distance ne développent pas de matériel pédagogique et ne donnent pas de cours devant des groupes, mais ils assurent l’accompagnement et l’encadrement des étudiants. Ils répondent aux questions des étudiants et corrigent leurs devoirs et leurs examens.

À la différence de leurs collègues tuteurs contractuels, les tuteurs professionnels :

  • sont disponibles 35 heures par semaine pour répondre aux questions des étudiants, avec ou sans rendez-vous; par courriel, par téléphone ou en visioconférence (sur Zoom). La prise de rendez-vous se fait sur la plateforme SuperSaaS.
  • offrent des rétroactions audio ou vidéo aux étudiants (en plus de rétroactions écrites). Cela fait suite au projet de recherche Devoir+, mis en place par Stéphanie Facchin, qui a fait l’objet d’un texte dans Profweb.La rétroaction offerte sur le dernier devoir inclut une portion personnalisée pour préparer l’étudiant à l’examen à venir.
  • offrent une séance d’accueil en visioconférence à leurs étudiants. Ces séances ont déjà fait l’objet d’un article dans Profweb.
  • disposent d’outils pour assurer le suivi des étudiants. Ils contactent les étudiants qui ne remettent pas leur premier devoir dans le mois qui suit leur inscription, et ceux qui ne remettent pas leurs derniers travaux un mois avant la date limite pour terminer le cours.

Aperçu de l’un des outils que le Cégep à distance met à la disponibilité de ses étudiants : un échéancier dynamique. L’étudiant entre le nombre d’heures qu’il est prêt à consacrer au cours chaque semaine. L’outil créé un échéancier pour l’étudiant, en lui suggérant des dates de remise pour chacun des devoirs. (Les étudiants du Cégep à distance ont 6 mois pour compléter chacun de leurs cours.)

Disponibilité accrue

Selon Anne-Marie Mazé, le fait qu’elle soit disponible à temps plein fait une grosse différence pour ses étudiants. Savoir qu’ils peuvent appeler pour parler à quelqu’un immédiatement (sans avoir à d’abord laisser un message et attendre le rappel) est un facteur de réduction du stress.

Un aperçu de l’horaire d’Anne-Marie Mazé dans SuperSaaS, tel que ses étudiants peuvent le voir. Ils peuvent l’utiliser pour prendre rendez-vous avec elle, mais il leur est également possible de la contacter sans rendez-vous.

Lors des visioconférences d’accueil, Anne-Marie insiste auprès des étudiants pour les encourager à l’appeler quand ils en ont besoin, à ne pas se gêner. Elle leur dit qu’elle est là parce qu’elle le veut, parce qu’elle l’a choisi, que c’est un plaisir pour elle de leur répondre.

J’ai des étudiants qui ne sont pas vraiment « faits » pour la formation en distance, mais la vie les a menés là… Pour eux, de savoir que « je suis là », qu’il y a une vraie personne disponible pour leur expliquer la matière, ça change les choses.

Anne-Marie Mazé

La technologie pour rapprocher étudiants et tuteurs

Autant quand elle était tutrice contractuelle que maintenant, Anne-Marie Mazé a toujours cru en la réussite de tous ses étudiants. La différence, c’est que maintenant, grâce à la visioconférence, ils le sentent et le savent.

J’ai des étudiants qui m’ont écrit des courriels tellement touchants… « Madame, je n’aurais jamais pensé être capable de réussir le cours, mais vous avez toujours cru en moi… »

Anne-Marie Mazé

Grâce aux visioconférences, les étudiants développent une relation humaine avec leur tuteur. Ils apprennent à se connaître l’un et l’autre. Anne-Marie m’a expliqué que les étudiants étaient plus à même de se confier durant leur cours, maintenant qu’ils la rencontrent en visioconférence pour la séance d’accueil.

Avec la vidéoconférence, les étudiants nous voient : on n’est plus juste un nom sur un papier.

Et on les voit nous aussi! Ils ne sont plus juste des noms sur des papiers…

La relation humaine est beaucoup plus forte.

Anne-Marie Mazé

Pour la création rapide d’un lien humain, Anne-Marie invite les étudiants à la tutoyer et à l’appeler par son prénom. Cela permet de diminuer la distance entre ses étudiants et elle.

Certains étudiants ne contactent Anne-Marie que par courriel. D’autres ne le font que par téléphone, d’autres que par visioconférence. Certains utilisent plus d’un mode de communication. Anne-Marie m’a expliqué que si chaque étudiant peut choisir le mode de communication qui lui convient le mieux, ce sont des barrières qui tombent…

Par exemple, Anne-Marie a eu une étudiante qui comprenait bien la matière, mais qui avait quand même besoin de recevoir des explications en vidéoconférence, d’avoir un contact humain pour être rassurée. Ayant moi-même parlé à Anne-Marie au téléphone, je confirme que sa grande humanité transparaît. Sentir la passion, l’enthousiasme et la chaleur d’une personne doit véritablement présenter une grande valeur ajoutée pour un étudiant qui pourrait autrement se sentir isolé à travers la formation à distance.

Retombées du projet

Les taux de réussite et de persévérance des étudiants ayant suivi un cours encadré par un tuteur professionnel seront analysés et comparés aux valeurs historiques. Il est trop tôt pour le faire, étant donné que plusieurs étudiants visés n’ont pas encore fait l’examen final de leur cours. Mais Anne-Marie Mazé m’a dit que, déjà, dans les commentaires des étudiants, il est possible de déceler un impact positif sur leur appréciation de leur expérience de formation à distance. Quand bien même cela serait-il le seul impact du projet, ce serait déjà énorme!

Lors de l’édition 2018 du colloque de l’AQPC, une équipe du Cégep à distance animera un atelier sur le projet de tutorat décrit ici et, en particulier, sur ses retombées dans les cours de français où il a été mis en œuvre. Inscrivez-vous! C’est l’atelier 512 : Au-delà de la correction : pour un encadrement technologique au profit de la persévérance des étudiants.

À propos de l'auteure

Catherine Rhéaume

Catherine Rhéaume est éditrice et rédactrice pour Éductive (auparavant Profweb) depuis 2013. Elle est enseignante de physique au Cégep Limoilou. Elle est également auteure de différents cahiers d’apprentissage pour la physique et pour la science et la technologie au secondaire. Son travail pour Éductive l’amène tout naturellement à s’intéresser à la pédagogie numérique et à l’innovation pédagogique.

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