Des tutoriels vidéo pour augmenter l’accessibilité dans un cours de Techniques de génie mécanique

Dans les cours que je donne en Techniques de génie mécanique, j’enseigne aux étudiants à utiliser différentes machines-outils : des tours, des fraiseuses, etc. Pour optimiser l’efficacité de mes démonstrations de l’utilisation de ces machines, j’ai créé des capsules vidéo, dans une optique de conception universelle des apprentissages.

Le problème

Quand j’utilise une machine pour en faire la démonstration en classe, les étudiants :

• Ne sont pas toujours en mesure de bien voir ce que je fais : tout le monde ne peut pas être au premier rang, collé sur la machine
• Sont parfois distraits (surtout s’ils ont un trouble de déficit d’attention)
• Sont parfois absents
• Sont parfois surpris par le bruit généré par les machines (surtout s’ils ont un trouble sensoriel)
• Ont parfois de la difficulté à comprendre ce que je dis (en particulier les étudiants étrangers)

Par ailleurs, les machines ne sont pas toujours accessibles aux étudiants en dehors des heures de cours : ils ne peuvent pas s’approprier les outils à la maison.

La solution

La solution que j’ai trouvée, c’est d’enregistrer la plupart des démonstrations liées à l’utilisation sécuritaire des machines-outils. J’ai déposé toutes les vidéos sur le site Moodle de mon cours. J’ai réalisé ces tutoriels dans le cadre d’un projet financé par une enveloppe budgétaire pour soutenir les étudiants en situation de handicap ou à besoins particuliers.

Pour le moment, les capsules sont toutes neuves et n’ont pas encore été réellement testées auprès des étudiants. Les modalités particulières d’intégration des vidéos dans le cours restent à déterminer. Mais il est certain que les étudiants pourront :

• Visionner les capsules avant le cours pour se préparer
• Les revoir après le cours pour réviser ou simplement pour se sécuriser

Aspects techniques

Équipement audiovisuel

Au départ, j’ai utilisé 2 caméscopes qui m’ont été prêtés par le Service audiovisuel de mon collège. Toutefois, je me suis rapidement rendu compte que leur taille et leur fragilité ne correspondaient pas à mes besoins. Puisque j’avais un intérêt personnel pour tout cela, j’ai décidé de m’équiper moi-même.

J’utilise 2 trépieds très standards et mon caméscope ou mon cellulaire pour filmer les prises de vue larges. Pour bien voir l’action, je me suis procuré 2 caméras semblables à des GoPro (des répliques chinoises beaucoup moins chères) et je me suis bricolé 2 bases magnétiques et une base à ventouse qui me permettent d’installer les caméras à l’intérieur de la « zone de danger » des machines-outils.

L’équipement que j’utilise pour filmer.

Logiciels de montage

En ce moment, j’utilise Adobe Premiere Pro et je vous recommande cet outil, si vous voulez vous lancer. Ça prend une petite formation au départ, car c’est un logiciel intimidant, mais ça en vaut la peine!

Pour ma part, j’ai commencé avec Windows Movie Maker, puis avec l’outil de montage en ligne de YouTube (qui n’existe plus depuis 2018). Je considère que ça a été une erreur de ne pas commencer avec un logiciel professionnel, car même si les logiciels simples s’apprennent très rapidement, ils sont tellement limités qu’on plafonne rapidement dans la vitesse d’exécution et dans la qualité du produit fini.

Un conseil général

Je vous recommande de prendre le temps d’apprendre à utiliser vos outils (logiciels, caméra, etc.) avant de commencer à filmer. Ça permet de connaître leurs limites et leurs fonctionnalités, et de décider d’une méthode de travail optimale. Personnellement, j’ai perdu beaucoup de temps à faire des tâches inutiles ou répétitives parce que je ne connaissais pas l’existence de certains outils d’Adobe Premiere. Par exemple, c’est possible de synchroniser automatiquement les séquences prises par plusieurs caméras en 5 secondes… Moi, je le faisais manuellement et ça devait bien me prendre 10 ou 15 minutes chaque fois!

Ne pas avoir peur de se lancer

Pour vous donner le goût de vous lancer dans un projet semblable, je veux vous rassurer quant à 2 choses :

1. Vous avez peut-être peur de ne pas avoir les compétences techniques pour réaliser des vidéos vous-mêmes. Exploitez les ressources disponibles dans votre cégep: les techniciens en audiovisuel ou en multimédia, par exemple! Et allez interroger les gens de votre établissement qui ont sans doute réalisé des projets semblables : ils pourront vous aider. [Note de l’éditrice :si vous ne connaissez pas les ressources qui sont à votre disposition dans votre collège, consultez le répondant TIC de votre établissement.]
2. Vous avez peut-être peur que les étudiants arrêtent de venir à votre cours si vous en enregistrez des parties. À mon avis, ça n’arrivera pas. Les étudiants voudront être présents en classe pour faire les manipulations eux-mêmes. En fait, les étudiants risquent même de venir davantage : le temps de classe que vous libérerez en ayant réalisé certains enseignements sous forme de vidéos vous permettra d’effectuer un meilleur encadrement des étudiants pendant les cours, de faire plus d’accompagnement individuel (entre autres aux étudiants en situation de handicap ou à besoins particuliers). Votre cours sera plus efficace!

Y a-t-il une portion de votre cours qui gagnerait à être en vidéo?