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11 septembre 2007

Enseigner en collaboration, peu importe les distances

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Au cours de ses déplacements dans les collèges, Norm Spatz a eu l’occasion de côtoyer deux enseignantes dynamiques qui ont décidé de travailler ensemble malgré la distance qui sépare leurs deux collèges. Avec la collaboration de Françoise Marceau, il a rédigé ce récit mettant en perspective l’expérience de Sophie Jacmin, enseignante au Vanier College et Sharon Coyle du Cégep de Sept-Îles.

Voyons concrètement ce dont il s’agit…

Depuis le mois de septembre 2006, Sophie et Sharon ont travaillé en « team-teaching » pour offrir à leurs étudiants de Sciences humaines l’occasion de se rencontrer hebdomadairement de manière virtuelle pour réaliser leurs apprentissages relatifs à la philosophie. Bien qu’elles soient physiquement éloignées l’une de l’autre, les deux enseignantes ont travaillé ensemble pour adapter leur cours « Knowledge » (Humanities 345-103-77) afin de permettre des activités communes à leurs groupes d’étudiants. Une initiative innovatrice et enrichissante qui a permis aux étudiants de se rencontrer dans des forums sur DECclic II pour discuter de questions diverses telles que :

  • « Qui suis-je? »
  • « Quels sont les enjeux philosophiques présentés dans le film La Matrice? »
  • « Acquérons-nous des connaissances factuelles à partir desœuvres de fiction et, si oui, lesquelles? »

Peut-on assurer la motivation des étudiants dans un tel contexte?

Eh oui, plus les étudiants s’adaptaient à la nouvelle technologie, plus les discussions s’enflammaient. En novembre, Skype améliorait le contact entre les étudiants en permettant l’utilisation de caméras web et des conversations en mode synchrone. Les équipes d’étudiants pouvaient se rencontrer et échanger comme s’ils étaient dans une grande salle de classe.

Même le format du cours devenait un sujet à explorer. L’Internet, les salles de clavardage, les rencontres virtuelles devenaient des sujets de discussion qui leur permettaient de mieux définir le concept « savoir » et d’enrichir leur expérience par l’utilisation de différents outils technologiques.

Sharon Coyle discute avec deux de ses étudiantes d’un projet d’équipe qui inclut des membres qui sont inscrits au cours de Sophie Jacmin du Vanier College à Montréal.

Comment atteindre ces objectifs dans le contexte d’un « team-teaching » à l’aide des technologies?

Dans le cours « Humanities, 345-103-77 », les étudiants sont appelés à faire une analyse de la relation entre la langage et la communication et leurs liens avec les connaissances et la réalité à partir d’œuvres de fiction. Plus particulièrement, ils explorent :

  1. des enjeux philosophiques tels que la nature de savoir, la différence entre le savoir et le savoir-faire, et la définition du savoir si on croit qu’il existe;
  2. la nature de scepticisme dans l’épistémologie;
  3. certaines œuvres littéraires, cinématographiques et théâtrales afin de déterminer la nature du savoir transmis au travers l’expression créative;
  4. la comparaison entre la fiction et d’autres formes d’expression culturelles telles que la poésie et le cinéma documentaire selon leur habileté à exposer et à transmettre le savoir.

Pour atteindre ces objectifs, Sharon et Sophie ont misé sur DECclic II en utilisant différents outils disponibles : envoi de messages aux différentes équipes formées des étudiants des deux collèges; distribution de matériel pédagogique; participation aux forums des équipes étudiantes.

Sharon et Sophie ont également présenté dans leur salle de cours respective un film illustrant une certaine variété d’expériences de vie dans le but de faire travailler les étudiants des deux établissements ensemble. C’est ainsi que les étudiants de Sept-Îles ont visionné le film Mambo Italiano afin de communiquer la multiethnicité de la grande ville alors qu’en revanche les étudiants de Vanier visionnaient le film La Grande Séduction pour mieux comprendre la culture de la Côte-Nord.

Y a-t-il eu une suite?

L’expérience s’est poursuivie durant la session d’hiver 2007 puisque les deux enseignantes ont choisi de partager un autre cours « Worldviews of Town and City: Sept-Iles, Montreal and Beyond » (Humanities 345-102-64).

Au travers de leur fenêtre de téléprésence, Sharon Coyle et ses étudiants assistent à une conférence d’une survivante d’Holocauste, Musia Schwartz, au sein de la Conférence annuelle sur l’Holocauste au Vanier College.

En plus du DECclic II, l’expérience a été appuyée par La Fenêtre de téléprésence ainsi qu’un « Smart Board ». La photo à gauche présente une invitée dans le Dawson College qui interagit avec les étudiants des deux écoles en même temps. Dans la perspective d’explorer la culture urbaine et rurale, les enseignantes et les étudiants ont porté des regards variés sur leur propre monde entre Montréal et Sept-Îles, en plus d’explorer, au-delà de leur propre dualité, la multiplicité des expériences.

Au niveau méthodologique, le cours inclut du travail en ligne entre les étudiants des deux collèges par le biais de séances de clavardarge, de groupes de discussion, de visioconférences en mode synchrone et de travail en ligne, le tout combiné avec des méthodes plus traditionnelles comme des présentations magistrales, le visionnement de vidéos et l’analyse des textes sélectionnés. La participation en classe, le travail en classe et à la maison, ainsi que l’assistance en cours, sont demandés à tous les étudiants.

Au niveau de l’évaluation, on demande aux étudiants de participer aux groupes de discussion, de produire un portfolio, d’effectuer une recherche en équipe et de réaliser un examen en classe.

Quelles ressources ont été utilisées pour permettre aux étudiants de voyager dans le cyberespace afin de découvrir leurs réalités réciproques ainsi que celles de différents habitants du monde?

Nous avons compté sur les éléments suivants :

  • DECclic fut le meilleur allié, notamment en raison du fait que nous pouvions, l’une comme l’autre, accéder aux dossiers de tous les étudiants des deux établissements. Nous étions également en mesure de distribuer du matériel pédagogique, d’animer des discussions, d »afficher des devoirs et d’attribuer des notes.
  • Les présentations multimédias furent également utilisées comme mentionné ultérieurement.
  • La version anglaise de Secra a été utilisée pour enseigner aux étudiants de meilleures modalités de communication.
  • Le Smart Board n’a pas été très utile en tant qu’outil de communication, mais très commode pour enseigner comment se servir des différents outils technologiques utilisés.
  • La « fenêtre de téléprésence » a permis aux étudiants de mieux coordonner leurs activités entre les deux collèges.
  • Comme chaque utilisateur de TIC le sait, il faut toujours avoir un plan B. Dans notre cas, il fallait prévenir l’arrêt du serveur de DECclic. Bien que cela ne soit pas souvent arrivé, nous avions Skype comme alternative pour permettre aux étudiants de se parler en conférence en utilisant des webcams. Nous avons également utilisé la plateforme de visioconférence Via.

Est-ce que les expériences sont dorénavant terminées?

Ce projet n’est pas terminé. Sharon et Sophie anticipent avec plaisir une autre année de travail en commun. Sharon résume d’ailleurs sa position dans le paragraphe qui suit :

Nous continuerons le projet l’année prochaine en utilisant ce que nous avons appris cette année. Une de mes plus grandes découvertes fut de passer de l’approche magistrale vers des tâches de recherche, plus interactives, communicatives et multimédiatiques. Je crois que j’ai appris autant que mes étudiants à cause de la motivation et de l’intérêt que le projet occasionnait sans parler de l’augmentation de mes compétences TIC. Il y avait du dynamisme épatant entre nous et chacun, autant les étudiants que les enseignantes, a eu la chance de se dépasser.

Merci à vous deux d’avoir partagé votre expérience. Nul doute que d’autres profs du réseau pourront s’en inspirer dans le cadre de leur pratique pédagogique.

Nous invitons d’ailleurs toute personne intéressée à utiliser la zone commentaires pour faire connaître son point de vue, ses questions ou parler de ses expériences. Vous pouvez également écrire à Sharon (coys@cegep-sept-iles.qc.ca) ou Sophie (jacmins@vaniercollege.qc.ca) qui se feront un plaisir de vous renseigner davantage.

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