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6 novembre 2017

Enseigner la communication aidante… à distance

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Le Cégep de Rivière-du-Loup, où j’enseigne, réalise un projet de formation à distance en collaboration avec le Cégep de Gaspé. En Soins préhospitaliers d’urgence (SPU), il y a une cohorte d’étudiants qui se trouvent à Gaspé. Le programme SPU leur est offert dans une formule hybride, avec certains cours à distance.

Je participerai au projet à distance à l’hiver 2018, en donnant le cours Communication aidante en SPU. En prévision, à l’hiver 2017, j’ai tenté un « projet-pilote » en donnant le cours Communication aidante en SPU à distance, bien que les étudiants se trouvaient au Cégep de Rivière-du-Loup avec moi.

J’ai rencontré le groupe en présentiel une fois lors de la première séance du cours, pour leur expliquer le déroulement la session. J’avais emprunté un ensemble de tablettes à la bibliothèque, pour que je puisse enseigner aux étudiants à utiliser Moodle. J’exploite Moodle dans tous mes cours. J’ai écrit dans Profweb un autre récit pour parler de mon utilisation des « leçons » de Moodle.

Lors de la première rencontre de la session, j’ai également expliqué aux étudiants comment téléverser des vidéos sur YouTube, et comment utiliser TurboNote pour commenter des vidéos sur YouTube, puisqu’ils allaient avoir besoin de le faire au cours de la session.

Ensuite, je n’ai revu les étudiants en personne qu’une fois, pour une rencontre individuelle, puis pour l’évaluation finale. (L’évaluation finale prend la forme de simulation d’interventions, évaluées par plusieurs enseignants du département en même temps, comme toutes les évaluations finales de tous les cours de formation spécifique du programme de Soins préhospitaliers d’urgence au Cégep de Rivière-du-Loup).

Un cours remodelé

Pour transformer mon cours afin de l’adapter au format « à distance », j’ai complètement modifié le calendrier de mon cours.

Je concentre toutes les lectures dans les 3 premières semaines du cours. Ces lectures dans le manuel La communication interpersonnelle (Devito, Vezeau et Chassé, 2014) s’accompagnent d’exercices sur la plateforme virtuelle de l’éditeur du livre (MonLab, de Pearson ERPI).

Puis, j’utilise différents outils développés par le Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD) :

SECRA 4
Ce site web (accessible gratuitement) permet de simuler des conversations avec personnages virtuels, dans un contexte de relation d’aide. (J’utilise aussi les simulations de SECRA qui sont « réservées aux enseignants » en situation d’évaluation.)

Site web de Secra 4

Intervenir en situation de crise suicidaire
Ce site web (accessible gratuitement) permet de visionner des vidéos montrant des interventions exemplaires en situation de crise suicidaire (simulées).

Site web de Intervenir en situation de crise suicidaire

Urgence et communication
Ce site web (accessible gratuitement) présente des vidéos montrant des interventions de techniciens ambulanciers, en mettant l’accent sur l’aspect communicationnel et relationnel des interventions. Le site offre également des scénarios pédagogiques que j’utilise pour faire pratiquer les étudiants.

Site web de Urgence et communication

À partir des scénarios du site Urgence et communication, les étudiants forment des équipes de 2 pour réaliser eux-mêmes des simulations d’intervention (un étudiant se place dans la position du patient, l’autre, du technicien ambulancier). Ils filment leurs interventions, puis téléversent les vidéos sur YouTube (en mode « non répertorié », pour que la vidéo ne soit visible que par les personnes qui en connaissent l’adresse).

Offrir une rétroaction sur les vidéos des simulations

Je visionne les vidéos, puis j’utilise TurboNote pour les annoter, afin de transmettre mes commentaires aux étudiants.TurboNote est une extension du navigateur Google Chrome qui permet d’ajouter des commentaires écrits à une vidéo en ligne (comme si on collait des Post-it sur certains extraits). J’écrivais des commentaires pour identifier les techniques de communication aidante utilisées par les étudiants et évaluer leur maîtrise de ces techniques. Puis, les étudiants peuvent commenter eux aussi de la même manière, pour me poser des questions, par exemple.

Les étudiants ont réalisé plusieurs simulations, d’abord évaluées de façon formative, puis de façon sommative. Pour l’évaluation sommative, le rôle du patient devait être tenu par une personne autre qu’un collègue de classe, afin d’éviter que le patient ne « guide » volontairement ou involontairement l’intervenant.

Du temps investi… Du temps économisé…

Visionner et évaluer les vidéos réalisés par chacun des étudiants me demande plus de temps que ce que je faisais avant, c’est-à-dire organiser des séances en classe où tous les étudiants s’exercent en même temps en réalisant la même simulation. En classe, je pouvais donner des rétroactions générales en fonction de ce que j’observais de façon globale, sans pouvoir être avec chaque équipe en même temps. Maintenant, chaque étudiant obtient une rétroaction personnalisée beaucoup plus profitable.

En passant ainsi en mode « à distance », ma charge de travail associée à la préparation et à la correction a été beaucoup plus lourde. Toutefois, j’ai économisé du temps ailleurs pour compenser en partie, puisque je n’avais plus à consacrer du temps à la présence en classe.

Le contact humain avec mes étudiants m’a un peu manqué, lors de cette expérience de cours à distance. Mais je suis satisfaite des résultats, et confiante que les étudiants de Gaspé qui suivront le cours à distance à l’hiver 2018 seront tout aussi bien outillés au terme de la session que s’ils avaient eu ce cours en présentiel!

À propos de l'auteure

Katie Duhamel

Est enseignante en Soins préhospitaliers d’urgence depuis 2014. Détentrice d’un certificat de perfectionnement en enseignement collégial (CPEC) offert par PERFORMA, elle n’hésite pas à intégrer des technologies dans ses cours.

De plus, chaque année, Katie organise une simulation grandeur nature pour ses étudiants : un effondrement de terrain ou un écrasement d’avion, par exemple. Trois autres programmes du Cégep et des intervenants de première ligne de la région participent à cette activité à grand déploiement.

Pour l’ensemble de son travail exemplaire, Katie a obtenu en 2017 une Mention d’honneur de l’Association québécoise de pédagogie collégiale (AQPC).

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