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26 octobre 2016

G Suite pour l’éducation: pour une pédagogie axée sur la collaboration

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Propos recueillis et mis en forme par Andréanne Turgeon, éditrice pour Profweb.

En novembre 2015, Maxime Ross, conseiller en technopédagogie au Cégep de Rimouski, publiait sur Profweb le dossier Le projet Chromebook et le déploiement des outils Google pour l’Éducation. Il y présentait les grandes étapes ayant mené à l’introduction de Google Classroom et des appareils Chromebooks parmi une cohorte d’étudiants du programme de Sciences, Lettres et Arts (SLA). Cette première expérimentation visait à explorer les outils infonuagiques de Google, d’en valider les applications pédagogiques et de justifier leur déploiement éventuel auprès de l’ensemble de la communauté collégiale du Cégep de Rimouski. Qu’en est-il un an plus tard?

À l’automne 2016, une petite équipe d’enseignants ayant participé au projet Chromebook, ainsi qu’une enseignante en langues passionnée par les technologies, s’est réunie à l’invitation de Maxime Ross afin de partager son expérience et d’offrir au réseau collégial un aperçu des plus récents développements au Cégep de Rimouski.

De gauche à droite sur la photo : Lyly Lessard, enseignante d’anglais langue seconde, Kurt Vignola, enseignant d’histoire, Maxime Ross, conseiller en technopédagogie et Professeur certifié Google de niveau 1 et Michel Ouellet, enseignant de chimie et coordonnateur du Département de chimie.

État de la question

Note des auteurs : Depuis le 29 septembre 2016, Google Apps pour l’éducation a changé d’appellation pour devenir G Suite pour l’éducation.

Nous souhaitons faire découvrir ce modèle technologique à d’autres établissements ayant une réalité similaire à celle de notre collège. Nous espérons que d’autres enseignants et membres du personnel des collèges découvrent les outils Google et bénéficient de toute la force de collaboration qu’ils offrent.

La plupart des enseignants que nous rencontrons cherchent des façons d’être plus efficaces. G Suite pour l’éducation est constituée de puissants outils de collaboration. Or, malgré un engouement certain pour ces outils, les enseignants ont parfois de la difficulté à imaginer ce que cela représente concrètement ainsi que la manière dont ils pourraient contribuer à bonifier leur pratique.

Dans ce dossier, nous présenterons différents exemples d’application des outils G Suite pour l’éducation. Nous espérons montrer qu’ils répondent à plusieurs besoins pédagogiques (et logistiques) des enseignants.

Quelques inquiétudes à dissiper : publicité, confidentialité et vie privée

Nous souhaitons aborder 2 sources d’inquiétude récurrentes afin de renseigner les intervenants pédagogiques à propos de notre démarche et de la sécurité de l’environnement Google.

La question de la publicité

Lors de présentations informelles ou de conférences, il arrive que notre enthousiasme pour les outils G Suite soit interprété comme une forme de publicité pour Google. Nous souhaitons que notre démarche soit transparente à cet égard. Kurt est lui-même un fervent utilisateur de logiciels libres et les favorise dès qu’il en a l’occasion. Cependant, force est d’admettre que les outils Google sont compétitifs à plusieurs niveaux : en plus d’être gratuits, intuitifs et efficaces, ils permettent de faire ce qu’aucun autre outil sur le marché ne propose (et souvent mieux). Kurt ajoute : « S’il était possible de me « bricoler » quelque chose de semblable à ce qu’offrent les outils Google, je le ferais, mais ce n’est pas le cas! ».

Si nous proposons ces outils aux enseignants et aux collèges, c’est avant tout parce que nous croyons qu’ils répondent à de nombreux besoins pédagogiques des enseignants.

Les notions de confidentialité et de vie privée

Une autre source de questionnement concerne la confidentialité des données et le respect de la vie privée. Il importe de démystifier ces 2 notions :

  • La confidentialité des données concerne la protection des communications ou des données contre l’interception et l’accès par des personnes non autorisées.
  • Le respect de la vie privée se rapporte à la notion de secret entourant des éléments associés à la vie sentimentale, aux relations interpersonnelles, à l’état de santé, au dossier scolaire, à l’adresse de résidence et à l’image de la personne.

Ces questions ont fait l’objet de discussions sérieuses avant le déploiement de l’environnement Google Classroom auprès de l’ensemble de la communauté collégiale du Cégep de Rimouski. Notre collège s’est également penché sur la question de la pérennité des données, y compris des courriels institutionnels liés aux comptes Google des étudiants. Une procédure est en cours de rédaction et devrait être complétée par notre équipe informatique vers la fin de la session d’automne 2016.

Déploiement de G Suite pour l’éducation et modalités d’accompagnement au Cégep de Rimouski

En poursuivant le projet Chromebook SLA en 2015-2016, nous visions 2 objectifs majeurs pour l’année 2016-2017 :

  • Fournir un compte Google éducationnel pour tous les étudiants, pour toute la durée de leurs études au Cégep de Rimouski.
  • Rendre l’environnement Google Classroom disponible pour tous les enseignants.

Ces 2 objectifs ont été approuvés par le collège en avril 2016 et ont démarré à la rentrée d’automne 2016.

Le déploiement s’effectue en mode multiplateforme. Les utilisateurs n’ont pas tous un Chromebook : ils utilisent leurs appareils mobiles ou leur ordinateur portable pour accéder à l’environnement Google (Maxime utilise notamment un iPod touch). Cela nous permet de tester l’environnement et de confirmer qu’il fonctionne bien avec le matériel utilisé par les étudiants et les enseignants, indépendamment du système d’exploitation de leurs appareils. Kurt utilise Linux et tout fonctionne bien.

Accompagnement des étudiants

Les quelque 3000 étudiants du Cégep de Rimouski ont maintenant accès à un compte Google éducationnel leur donnant accès à des outils puissants comme Drive ou Classroom. On leur a attribué un courriel Gmail institutionnel, de même qu’aux étudiants du Centre matapédien d’études collégiales (CMEC) à Amqui. Il serait souhaitable de rendre disponibles les outils G Suite pour l’éducation à l’ensemble de la communauté de l’Institut maritime du Québec (IMQ) éventuellement, afin de compléter le déploiement pour l’ensemble des composantes de notre collège. Un besoin se fait de plus en plus sentir en ce sens.

Afin de présenter G Suite pour l’éducation aux étudiants, nous avons préparé une vidéo d’introduction sur YouTube pour la rentrée d’automne 2016.

La vidéo d’introduction pour les étudiants. Les principaux outils de G Suite y sont présentés (réalisation : Martin Perron).

Lyly et Maxime travaillent actuellement à la réalisation d’une série de capsules vidéo. L’objectif est de produire 2 listes de lecture, pour les étudiants et les enseignants respectivement, afin de les initier à certains outils G Suite.

Accompagnement des enseignants

Le Cégep de Rimouski n’a pas émis de directives particulières pour les enseignants concernant l’environnement Google Classroom. L’utilisation de G Suite pour l’éducation demeure une décision personnelle pour chaque enseignant. Tous y ont accès par défaut et peuvent l’intégrer à leur pratique selon leurs besoins. Moodle et LEA coexistent dans cet écosystème. D’ailleurs, LEA constitue toujours le point de chute officiel pour le dépôt des notes.

Avant de procéder au déploiement de G Suite pour l’éducation, les enseignants manifestaient déjà un intérêt pour ces outils de communication et de collaboration. Une demande de formation émanait de leur part. De nombreux départements s’y intéressent aussi, dans une variété de disciplines. Notre équipe offre donc différentes formes d’accompagnement aux enseignants de notre collège :

Icônes représentant l'intervention individuelle et départementale
  • Maxime rencontre parfois des enseignants de manière individuelle.
  • Michel offre des formations aux rencontres de coordination départementale.

    Maxime organise aussi des rencontres pour offrir des formations spécifiques pour les besoins des enseignants d’un même département.

Icônes représentant les journées pédagogique et la production de capsules vidéos.
  • Le 18 août 2016, une journée pédagogique d’exploration des outils Google a eu lieu pour les enseignants de notre collège afin de leur présenter G Suite pour l’éducation et des modèles d’enseignement. Nous étions tous présents pour animer. Les inscriptions se faisaient sur une base volontaire : entre 80 et 90 enseignants se sont présentés!
  • La production de capsules vidéo répond à un besoin exprimé par les enseignants lors de cette journée pédagogique. Nous avons mené un sondage auprès d’eux pour connaître leurs besoins de formation et la méthode qui les intéressait le plus : l’option des tutoriels vidéo a reçu le plus d’appui.

Le profil « techno » de l’équipe enseignante

Notre équipe est formée de pédagogues aux parcours et aux profils technologiques variés. Nous espérons que les lecteurs se reconnaîtront dans l’un ou l’autre de nos profils « techno », car nous souhaitons montrer que les outils Google sont accessibles et faciles d’appropriation, peu importe si l’enseignant est novice ou expert en informatique.

Michel, l'enthousiate. À l’origine de mon intérêt pour l’informatique: l’acquisition d’un Commodore 64 vers l'âge de 10 ou 12 ans. J’ai fait une utilisation courante des PC tout au long de mes études (premier achat de PC au cégep en 90-91). J’ai toujours été autodidacte en matière d’informatique. Au niveau professionnel, je me suis investi dans l’intégration des technologies en enseignement de plusieurs manières: utilisation de modules d'acquisition de données dans les laboratoires, achats de tablettes Surface Pro au Département de chimie pour faire nos corrections manuscrites sur documents PDF. Je me suis attardé aux outils G Suite dès que j'ai vu leurs nombreuses possibilités pour le travail collaboratif, suite à l'implantation de la messagerie Google pour le personnel de notre Cégep.
Kurt, l’expert. Je suis autodidacte en informatique depuis le secondaire. Je connais bien le matériel informatique et la configuration de systèmes en général. Pendant mes études universitaires, j'ai même développé quelques sites web pour arrondir les fins de mois. Depuis 2006, j'utilise principalement Linux comme OS après avoir mis une croix définitive sur l'univers Microsoft. J’ai occupé plusieurs postes en lien avec l’informatique au cours de ma carrière : technicien pour l’élaboration d’une base de données à l’Hôpital de Gaspé, responsable de plusieurs projets liés à la technologie entre 1997 et 2007, dont un colloque pancanadien sur l'enseignement multimédiatisé synchrone (1997-1998) et la supervision de plusieurs Centres d'Accès Communautaire à Internet (CACI) de la région du Bas-Saint-Laurent. J'ai aussi enseigné l'informatique à des groupes communautaires et au secondaire professionnel jusqu'en 2007.
Lyly, l’exploratrice. J’ai débuté à enseigner l’anglais, langue seconde au DEP dans le programme de secrétariat et comptabilité. Cette expérience m’a permis de développer des habiletés technologiques très rapidement, puisqu’elles sont indispensables dans ce métier. C’est à ce moment que je me suis intéressée à l’efficacité du monde informatique. À mon arrivée au collégial, l’intégration des TIC en classe était toute autre chose. L’intégration du web 2.0 dans mon enseignement a pris forme il y a environ 10 ans, alors qu’il était en pleine effervescence. Je me questionnais sur son utilité et son efficacité en enseignement. J’ai commencé par intégrer des outils Google comme Blogger, Slides et Docs ainsi que Skype et Call Graph. J’ai aussi expérimenté d’autres outils, dont Moodle et son Language Lab, avant de combiner les outils collaboratifs Google et Moodle dans un même cours. Je prépare une expérimentation, à l’hiver 2017, sur l’utilisation des TIC du web 2.0 et leur influence sur la motivation des étudiants en anglais, langue seconde. De plus, je suis en cours d’obtention de mes certifications comme Professeur certifié Google de niveaux 1 et 2,  afin de devenir une personne-ressource auprès des enseignants de mon collège.

Dans la pratique pédagogique

Des exemples d’utilisation de G Suite en histoire, en anglais langue seconde et en chimie

Nous avons eu l’occasion d’expérimenter les outils Google dans nos classes, selon nos besoins et les particularités de la matière enseignée. Nous vous présentons quelques exemples d’application concrète des outils collaboratifs de G Suite ainsi que les principaux avantages qu’ils ont apportés à notre pratique enseignante.

Histoire

  • Simplification et efficacité. Dans le cours d’histoire de Kurt, les étudiants doivent effectuer un projet de session consistant en une recherche sur un thème précis. La liste de thèmes est déterminée par l’enseignant, mais chaque étudiant choisit le sien. Avant, Kurt faisait circuler une feuille avec la liste des thèmes dans la classe. Il pouvait s’écouler plusieurs cours avant que tous les étudiants aient fait leur choix. Maintenant, Kurt crée un document collaboratif auquel tous les étudiants ont accès : ils peuvent réserver leur sujet immédiatement. Dès le premier cours, c’est réglé!
  • Prise de notes collaborative, interactive et dynamique. Cette discipline comporte du contenu théorique pour lequel un enseignement magistral s’avère incontournable. Les outils Google ont permis de rendre la prise de notes agréable et d’en faire une activité intéressante grâce aux options de collaboration. Parfois, Kurt voyait les étudiants travailler en équipe dans un même fichier Google Docs (ou Google Drawings pour reproduire les schémas dessinés au tableau), même s’ils étaient assis chacun à leur bureau. Ils se créaient et se partageaient des documents de façon spontanée. Cette écriture collaborative améliore significativement la qualité des notes prises par les étudiants.
  • Économie de temps. Avant, il fallait à Kurt de 3 à 4 heures pour réaliser une activité consistant à remplir des tableaux pour effectuer l’analyse d’un événement historique. Chaque équipe remplissait un tableau qu’elle remettait ensuite à l’enseignant pour qu’il le corrige. Maintenant, tous les étudiants peuvent intervenir dans un même document collaboratif qui peut être projeté sur grand écran. Les étudiants travaillent en simultané et l’enseignant peut voir leur progression en temps réel. L’activité requiert désormais 1h30, un gain significatif grâce à un outil comme Google Docs.
  • Tests diagnostiques instantanés. Ces tests sont utiles pour déterminer les connaissances préalables des étudiants en début de session, adapter des parties du cours en conséquence et évaluer la progression du groupe à la fin du trimestre. Auparavant, ces questionnaires étaient fastidieux à corriger. Kurt a testé l’application Socrative (compatible avec l’environnement Google) qui permet d’effectuer des sondages. Il a obtenu les résultats instantanément. Avant la fin du premier cours, il savait précisément où se situaient les problématiques dans son groupe.
  • Communication synchrone. À l’automne 2015, Kurt a expérimenté l’enseignement à distance avec Google Hangouts, dont il souligne l’accessibilité et la rapidité. Toutefois, la bande passante ne permettait pas d’interagir efficacement en audiovidéo avec de grands groupes. La fenêtre de clavardage a donc servi d’outil d’échange principal de l’étudiant vers l’enseignant. Malgré ses limites, Hangouts peut s’avérer très pratique pour organiser des rencontres virtuelles en petits groupes ou pour effectuer un suivi auprès des étudiants par vidéoconférence.

Anglais, langue seconde

L’an dernier, Lyly a utilisé les outils Google avec plusieurs groupes d’étudiants en suivant un autre modèle technologique (en utilisant des liens Google Docs intégrés à son cours Moodle).

Je crois qu’il est important que les gens voient qu’il y a 2 types de pédagogie possibles : Classroom et Chromebook ainsi que G Suite et Moodle. Nous voulions (avec Maxime) tester les 2 afin d’être prêts pour l’automne 2016. Lyly

  • Cartes conceptuelles et rétroaction instantanée. Lyly a utilisé LucidChart de manière collaborative (en petites équipes ou en plénière). Ses étudiants, de niveaux débutant et intermédiaire en anglais, devaient résumer un texte à l’aide d’une carte conceptuelle qu’ils partageaient avec elle. Lyly pouvait commenter, corriger de manière formative, et cela, beaucoup plus rapidement et efficacement qu’avant, puisqu’elle n’avait plus une trentaine de copies individuelles à transporter et à corriger.

    Vue d’ensemble de cartes d’étudiants (LucidChart) partagées à Lyly.

  • Blogue et interactivité hors classe. L’apprentissage de la grammaire n’est pas toujours très motivant pour les étudiants. En utilisant le principe de pédagogie inversée, les étudiants ont conçu un blogue « grammatical » à l’aide de Blogger. En équipe, les étudiants devaient réaliser un tutoriel vidéo avec Screencastify sur une notion de grammaire, le publier sur le blogue et y suggérer des exercices web afin que leurs collègues puissent se pratiquer. Chaque semaine, j’assigne 1 ou 2 tutoriels à visionner, à comprendre et à pratiquer.

    Dans la section Commentaire, je pose des questions aux étudiants, qui peuvent me répondre et me poser aussi des questions (en anglais). Cette activité a permis de créer un lieu d’échanges asynchrone. Le cours d’anglais se poursuit donc hors de la classe et chacun y a accès à sa convenance. Les étudiants sont beaucoup plus à l’aise de donner leur opinion sur un blogue qu’à l’oral, devant tout le monde. Cette activité, instaurée dès la deuxième semaine de cours, a permis de créer des liens positifs entre les individus et se traduit par une ambiance positive en classe.

    Exemple d’interactivité dans Blogger.

  • Meilleure rétention des connaissances. Les activités collaboratives, grâce à l’apprentissage par les pairs et à la possibilité de rétroaction rapide (voire immédiate) par l’enseignante, favorisent la rétention des connaissances et les apprentissages durables.
  • Possibilité de pratiquer sans dépendre des laboratoires. Les étudiants peuvent utiliser leurs tablettes et cellulaires pour accéder à Google et Moodle. Les appareils mobiles en classe offrent de nouvelles possibilités pour réaliser des activités et pratiquer une langue seconde en classe, sans devoir se limiter au local d’ordinateurs ni dépendre de sa disponibilité.
  • Favorise une pratique réflexive. Le temps consacré auparavant à la correction peut maintenant être redirigé vers de nouvelles tâches. Pour Lyly, cela signifie du temps de plus pour prendre un peu de recul et réfléchir à son enseignement. Les outils collaboratifs de Google ne servent pas seulement à développer de nouvelles activités : en un sens, ils soutiennent également le développement professionnel et la réflexion pédagogique.

Chimie

  • Rétroaction personnalisée en temps réel. Lors d’une activité d’intégration en SLA, Michel a utilisé les fonctions de suivi des modifications et commentaires afin d’offrir une rétroaction à ses étudiants. Google Docs permet de partager les fichiers aisément entre les étudiants et l’enseignant, dès le départ. Michel a pu fournir une rétroaction au fur et à mesure que ses étudiants avançaient dans leurs travaux. La consultation des documents en temps réel lui a aussi permis d’adapter ses cours selon la progression du groupe.
  • Questionnaires avec réponses instantanées. Google Forms permet de créer des questionnaires qui se corrigent automatiquement. L’étudiant peut obtenir son résultat immédiatement. L’enseignant peut aussi s’en servir comme outil de sondage et visualiser les réponses à partir des graphiques générés automatiquement dans Google Sheets.
  • Rédaction des rapports de laboratoire en équipe. Il y a quelques années à peine, les étudiants travaillaient chacun de leur côté sur une partie du rapport : certains sur Word, d’autres sur ordinateur Mac et, plus récemment, à partir de LibreOffice. La combinaison des différents formats de mise en page devenait catastrophique au moment de préparer le rapport final et exigeait beaucoup de temps de la part des étudiants pour uniformiser le document. Maintenant, ce n’est plus un problème, car la mise en page est uniforme avec Google Docs, peu importe l’appareil utilisé par les étudiants pour travailler sur leur partie du rapport.
  • Suivi efficace des projets d’équipe. Pouvoir interagir directement dans les documents en production (comme des travaux d’équipe réalisés sur une période de temps assez longue) permet de maximiser le temps en classe pour faire autre chose. De plus, l’interaction est possible sans avoir à se rencontrer, comme il fallait le faire jadis. Plus l’équipe est grosse, plus ces rencontres étaient difficiles à organiser. La consultation des travaux en temps réel permet de suivre leur avancement et de rappeler à l’ordre les équipes ayant tendance à procrastiner.

Des outils collaboratifs pour la gestion d’activités parascolaires et la coordination départementale

D’autres utilisations des outils collaboratifs Google sont à envisager. Par exemple, pour centraliser la documentation nécessaire lors de la planification d’un voyage ou d’une sortie pédagogique. Les outils Google simplifient énormément des tâches comme :

  • Le processus d’inscription
  • Le choix des plages horaires
  • Le suivi des formulaires

Un document collaboratif permet à tous les étudiants d’y accéder et de remplir les sections requises. Kurt songe à l’entente de participation entre le programme de SLA et le Salon du livre : une personne ressource du Salon était en partage dans le document collaboratif et pouvait effectuer une gestion logistique à partir des informations qui s’y trouvaient. Le même fonctionnement pourrait être utilisé pour faciliter les étapes d’organisation d’une sortie, d’un voyage ou de toute autre activité parascolaire.

Lyly est convaincue que cette démarche d’implication des étudiants contribue à les responsabiliser. Un suivi auprès de quelques étudiants est toujours nécessaire, mais il est beaucoup plus facile d’identifier les retardataires pour pouvoir les relancer individuellement.

De son côté, Michel souhaite faire connaître davantage G Suite aux départements et aux services administratifs des collèges. Parmi les nombreux avantages, la circulation de documents administratifs collaboratifs (plutôt qu’en format Word ou PDF) permettrait une grande efficacité ainsi qu’une économie de temps. Les outils collaboratifs offrent un grand potentiel :

  • Pour la coordination départementale
  • Entre les équipes de travail
  • Lors des réunions professionnelles

J’ai du dégagement pour 2 coordinations et pour des travaux de recherche. Ma quête de perfectionnement et d’optimisation dans l’utilisation de ces outils est toujours présente. La beauté de la chose, c’est que tout est transversal. Lorsque j’exploite un besoin particulier, selon le chapeau que je porte, j’arrive pratiquement toujours à voir des applications pour mes autres tâches. Michel

L’intérêt des étudiants et leur niveau de littératie numérique

Jusqu’à présent, la majorité des étudiants réagit positivement et trouve G Suite pour l’éducation intéressante. Il y a bien sûr quelques cas d’exception, mais ce n’est pas différent de la population en général. Lyly estime à environ 10% des étudiants pour qui l’intégration de ce modèle technologique s’est avérée plus difficile.

Kurt souligne qu’il y a une fausse croyance qui fait dire au personnel de l’administration des cégeps que les jeunes aiment les technologies et qu’ils sont à l’aise de les utiliser. Or, cela ne correspond pas vraiment à notre expérience. Les étudiants sont souvent des «analphabètes» du numérique. Ils sont habitués à utiliser des applications et des interfaces simples, voire abrutissantes : les interfaces des appareils mobiles sont conçues de manière à ce qu’une icône corresponde à une fonction et ne nécessite qu’un toucher, contrairement aux logiciels qui sont beaucoup plus complexes. C’est toute autre chose lorsqu’il est question de développer des habiletés en lien avec la technologie du point de vue technique (fonctionnement d’un ordinateur) ou méthodologique (recherche, analyse critique).

Les étudiants ont envie d’utiliser les outils que nous leur proposons, mais ils doivent encore apprendre une méthodologie, un procédé pour travailler correctement et efficacement, pour développer une autonomie. Kurt

Une autre difficulté que nous constatons est que cet accompagnement auprès des étudiants peut s’avérer exigeant, dans la mesure où il entraîne parfois une perte de temps de classe (par exemple, lorsqu’on passe du temps à régler des détails techniques plutôt insignifiants).

Je trouve que cela exige beaucoup de coaching, d’accompagnement de la part des enseignants pour guider les étudiants dans cet apprentissage. Je remarque par contre que cette année, les étudiants voient rapidement le potentiel de tout avoir à portée de main et ont plus rapidement le réflexe de télécharger les applications mobiles des outils Google sur leur cellulaire. Ils se dotent de nouvelles méthodes de travail, ils apprennent à se servir de leurs appareils de manière plus efficace, et plus seulement pour le divertissement. Lyly

Enfin, lorsqu’il intègre ce modèle technologique, l’enseignant doit dégager une certaine confiance face aux appareils et outils utilisés. Ce n’est pas toujours facile ni immédiat lorsque l’enseignant est lui-même en apprentissage! Il faut pouvoir rassurer les étudiants et leur dire qu’on va trouver une solution, même si c’est seulement plus tard.

Conclusion

Nous espérons que ce dossier contribue à inspirer de nouvelles pratiques par les nombreux avantages de G Suite pour l’éducation, au premier plan grâce à ses puissants outils de collaboration. L’utilisation de ces outils est modulable selon les besoins de l’enseignant, tant pédagogiques que logistiques.

En plus des enseignants et des étudiants, nous aimerions que les différents services du Cégep utilisent aussi les outils Google, mais il n’est pas toujours facile de modifier les habitudes de travail du personnel. Certains redoutent la courbe d’apprentissage. Un mouvement est déjà en cours parmi les enseignants, qui sont nombreux à modifier leur méthode et leurs outils de travail. Éventuellement, nous espérons que les autres catégories de personnel se joindront à eux!

Références utiles

À propos des auteures

Lyly Lessard

Lyly Lessard enseigne depuis plus de 20 ans. Après avoir enseigné au Cégep de Matane, elle est au Cégep de Rimouski depuis 2014. Elle enseigne l’anglais langue seconde et dans le programme Arts, lettres et communication – Option Langues. Elle détient un baccalauréat ès arts avec double majeur en Philosophie et en Sciences religieuses, en plus d’un certificat en enseignement collégial et technique, un diplôme de microprogramme en enseignement de l’anglais, langue seconde et une maîtrise en enseignement collégial – profil technopédagogie. Le sujet de son essai de maîtrise était la motivation des étudiantes et des étudiants de niveau 1 en anglais, langue seconde au collégial et les TIC du web 2.0. Ses intérêts actuels sont la technopédagogie, la neurolinguistique, ainsi que la ludification. Elle est coresponsable du centre d’aide en anglais du Cégep de Rimouski (Cool-Aid Center) avec Jennifer Caylor.

 

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Louise Carmel
Louise Carmel
26 octobre 2016 20h01

Inspirant?

Wow!

Quel beau dossier!

Tellement INSPIRANT! Positif et évocateur du possible!

Merci à chacun d’entre vous

Maxime Ross
Maxime Ross
27 octobre 2016 13h56

Merci Louise, toujours apprécié de recevoir une rétroaction d’autres collègues REPTIC, surtout quand c’est INSPIRANT 🙂 À bientôt !

Nicole Perreault
Nicole Perreault
27 octobre 2016 23h54

Bonjour Maxime et les collègues de Maxime (Kurt, Michel et Lyly),

Quel plaisir j’ai eu à lire le dossier sur les activités collaboratives réalisées avec G Suite pour l’éducation ! Intéressant, motivant, inspirant. Le travail collaboratif est une habileté indispensable pour la poursuite des études et le marché du travail. Si, comme vous l’indiquez, ce type d’activité contribue aussi à responsabiliser les étudiants, on ne peut que s’en réjouir.

Je me permets de vous proposer quelques brefs tutoriels développés par le Réseau REPTIC et le Cégep à distance qui pourraient accompagner certaines des activités que vous faites réaliser aux étudiants.

PRISE DE NOTES COLLABORATIVE : Le tutoriel « Travailler en équipe à distance : prévoir les aspects organisationnels et techniques de la collaboration » propose des stratégies qui permettent d’organiser efficacement son travail collaboratif dans un contexte de prise de notes collaborative http://monde.ccdmd.qc.ca/ressource/?id=99372

CARTES CONCEPTUELLES : le tutoriel « Représenter visuellement l’information à l’aide d’une carte conceptuelle » explique comment créer une carte conceptuelle afin d’aider les étudiants à préparer leurs exposés, à réviser leurs notes de cours ou de lecture, à faire des résumés ou à mettre de l’ordre dans les idées http://monde.ccdmd.qc.ca/ressource/?demande=fiche&id=99368

ESPACE PROFILTIC.CA – TRAVAILLER EN RÉSEAU : l’espace ProfilTIC.ca consacré à la collaboration en réseau (habileté. 4) offre plein de ressources pour le travail collaboratif dont des exemples, des scénarios, des tutoriels, etc. : http://www.profweb.ca/profil-tic/travailler-en-reseau.

Longue vie à votre projet !

Maxime Ross
Maxime Ross
28 octobre 2016 14h23

Merci pour les compléments sous forme de tutoriels Nicole !