Google Classroom pour soutenir les apprentissages durables en Techniques de prothèses dentaires
J’enseigne dans le programme de Techniques de prothèses dentaires. À la session d’hiver, je donne le cours Conception et confection de pièces squelettiques II à des étudiants qui en sont à leur 4e session dans le programme. Ce cours leur permet de finaliser l’apprentissage des compétences essentielles à la réussite de leur activité d’intégration. Or, les étudiants n’ont pas l’occasion d’exercer ces compétences entre leur 4e et leur 6e session d’études. Cette situation fait en sorte que les étudiants de troisième année ont parfois de la difficulté à retrouver les notions théoriques et pratiques de l’année précédente. Je me suis donc mise à la recherche d’une manière d’assurer la pérennité des contenus et de les rendre facilement accessibles aux étudiants.
Autrefois, je demandais aux étudiants de créer des activités manuscrites. L’évaluation de ces dernières était fastidieuse. De plus, peu d’étudiants profitaient de l’évaluation formative, car ils ne terminaient pas leurs travaux à temps. En 2011, j’ai ressenti le besoin de fonctionner plus efficacement. J’ai créé un site web avec Google Sites, dans lequel je demandais aux étudiants de créer des activités d’apprentissage en format numérique. Le site était fonctionnel, mais peu convivial. La suite Google a continué de se développer et c’est finalement la répondante TIC de mon Cégep, Julie Dessureault, qui m’a présenté l’environnement Classroom.
La mise en place de Classroom dans mon cours
J’ai commencé à utiliser Classroom à la session d’hiver 2017. La démarche de création du cours et de l’inscription des étudiants a été très facile. Depuis 2016, le Cégep Édouard-Montpetit inscrit automatiquement tous ses professeurs et étudiants à G Suite pour l’Éducation.
Pour rejoindre le cours, les étudiants se rendent directement sur Classroom et entrent leur adresse courriel du Cégep et leur mot de passe du réseau. Classroom m’indique qui a rejoint le cours et qui ne l’a pas fait. Cette fonctionnalité me permet d’assurer un suivi dès le départ. Je peux donc prévoir un accompagnement personnalisé pour aider les étudiants qui retardent l’utilisation de l’outil.
La plupart de mes étudiants ne connaissait pas Classroom. J’ai dû les accompagner en planifiant une activité en classe informatique. Il faut vraiment prendre le temps de les situer et surtout, répondre à la fameuse interrogation: « Qu’est-ce que ça donne? ».
Un environnement flexible pour les activités d’apprentissage
Au début, j’ai déposé le plan de cours dans la section « À propos ». Au fil des semaines, j’ajoutais des annonces ou des devoirs liés à un thème enseigné en classe. Lorsqu’un fichier est ajouté à une annonce ou un devoir, une vignette apparaît à côté. Cela facilite son repérage visuel.
Chaque devoir ajouté dans Classroom par l’étudiant est automatiquement ajouté à Google Drive, un espace d’entreposage.
En plus de faciliter l’organisation, je trouve cela avantageux, sur le plan cognitif, d’associer les devoirs à un thème.
Classroom offre une grande flexibilité. Les étudiants doivent compléter plusieurs types de devoirs. Il s’agit parfois d’un dessin à faire. Ils dessinent par-dessus le fichier mis à leur disponibilité, à l’aide d’une application de leur choix. Une étudiante m’a confié avoir pu compléter son tracé dans une salle d’attente avec la fonction d’annotation manuscrite! Classroom fonctionne autant sur ordinateur que sur appareil mobile, ce qui le rend très accessible.
Exemple de l’évolution d’une activité d’apprentissage numérique (réalisé avec DocHub).
Un autre avantage est qu’il facilite le suivi des travaux. Je peux suivre leur progression et intervenir rapidement. Cela me permet d’offrir une rétroaction formative, parfois en mode synchrone, de meilleure qualité. Je peux modifier un commentaire après l’avoir rédigé ou copier-coller une remarque récurrente plutôt que de la réécrire au complet chaque fois. Cela assure une correction égale et constante pour tous. Je peux aussi m’assurer de l’authenticité de chaque devoir remis puisqu’ils sont sauvegardés en format numérique.
Classroom semble inciter les étudiants à respecter les délais. Il s’agit de la première année où mes étudiants, dans l’ensemble, respectent les échéances des devoirs. S’ils ne le font pas, Classroom les avertit qu’ils sont en retard. Je pense qu’ils n’aiment pas recevoir ce genre d’alerte! Depuis que j’utilise Classroom, il est plus rare que les étudiants ne complètent pas leur devoir avant d’arriver en classe.
Utiliser Classroom comme portfolio numérique
J’utilise Classroom pour que les étudiants, seuls ou en équipe, regroupent des activités axées sur le développement de compétences. Les activités sont personnalisées selon leur style d’apprentissage. Ils choisissent le support qui leur convient :
- Texte
- Photos
- Tableaux
Les équipes peuvent utiliser Google Docs et collaborer pour une même activité.
Des retombées positives auprès des étudiants
J’ai réalisé 2 sondages, un à la mi-session et l’autre à fin de la session, pour savoir ce que les étudiants pensaient de leur expérience avec Classroom. Leurs commentaires étaient majoritairement positifs :
- Ils ont aimé la rapidité de l’accès au cours. Tous les contenus sont dans l’outil.
- Ils ont aimé la rapidité de la rétroaction. Ils n’ont pas à attendre que leur devoir soit remis, puis retourné par l’enseignant, avant de prendre connaissance des commentaires formatifs.
- Ils ont apprécié le style de communication. Ils ont utilisé la section « Commentaires privés » pour poser leurs questions.
- Les échanges ont bonifié leur étude.
Parmi les points à améliorer, les étudiants ont souligné l’importance de mieux présenter le projet. Il est vrai que j’ai eu du mal à justifier l’utilisation de Classroom au début de la session, par manque d’expérience. Avec le recul, j’ai maintenant plusieurs arguments qui me permettront de bien présenter la démarche aux étudiants la prochaine fois.
Une formation plus près de la réalité du marché du travail
Puisque les étudiants réaliseront leur activité d’intégration à la session d’hiver 2018, je ne peux pas encore me prononcer sur l’impact de Classroom à plus long terme. Par contre, j’ai encouragé mes étudiants à conserver leurs documents sur un Drive personnel, pour y avoir accès lorsqu’ils auront terminé leur scolarité.
Notre domaine connaît une transition vers le numérique: il y a un virage vers la conception assistée par ordinateur pour la confection de prothèses autrefois produites à la main. Or, certains étudiants du programme ne semblent pas à l’aise avec cela. Je pense que l’approche avec Classroom les sensibilisera à cette réalité et que cela les aidera pour l’arrimage avec le marché du travail.
Je pense que Classroom a le potentiel de répondre à d’autres besoins dans plusieurs programmes. Il sera un atout pour tous les cours qui font appel au travail collaboratif et à la création d’activités d’analyse et de réflexion.
Bonjour ! Merci pour votre récit des plus intéressants. Tout comme dans l’article intitulé « Pour une utilisation des TIC qui n’exclut personne » (http://eductive.ca/pour-une-utilisation-des-tic-qui-nexclut-personne-compte-rendu-dune-conference-de-paul-turcotte), je constate que de plus en plus d’enseignants exploitent les espaces infonuagiques pour effectuer le suivi des apprentissages de leurs étudiants. Ces approches s’apparentent au concept de portfolio que je préconise grandement et ce, pour plusieurs raisons. C’est le cas ici avec Google Classroom et avec le wiki dans l’autre article. Je ne peux que saluer ces belles initiatives. Bravo !