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8 octobre 2012

La prise de notes : un savoir-faire à reconnaître dans le secteur technique

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

La prise de notes est un acte qu’il faut valoriser auprès des étudiants. C’est un geste qu’on associe généralement aux études, mais dont l’importance est cruciale en tant qu’acte professionnel dans le secteur technique. Mario Tardif en fait la démonstration à la ferme-école du Cégep de Lévis-Lauzon. L’influence d’une pratique modernisée de la prise de notes sur les pratiques de gestion se fait sentir jusque dans les milieux professionnels!

Contexte professionnel

Le type d’informations à consigner par les agriculteurs va du renouvellement des fournitures courantes à l’archivage d’événements survenus dans l’année. Malgré des technologies de pointe dotant les entreprises de données électroniques détaillées et des secteurs de production organisés où des registres sont prodigués, le mode de consignation reste encore artisanal sur la ferme. Peu semble avoir changé depuis 1841, depuis le Traité élémentaire de l’art du cultivateur, où l’on introduisait le carnet!

S’il existe ici et là des registres « maison » et certaines habitudes de consignation, la prise de notes reste, de façon générale, inadéquate. Pourtant la bonne marche des opérations d’entretien et de réparations même mineures dépend souvent de la précision des informations relevées!

La communication faite au 32e colloque de l’AQPC (juin 2012) donne le détail de l’expérience.

Contexte pédagogique

La prise de notes constitue une part importante du travail d’un gestionnaire d’entreprise agricole. Celui-ci doit faire le suivi des activités de l’entreprise en consultant les registres, en y consignant des données, en guidant ses propres employés dans l’exercice et en organisant un système de notation adapté aux besoins. Ces savoir-faire sont intégrés à plusieurs compétences dans les devis ministériels du programme. Or, la bonne tenue des registres reste encore déficiente tant dans son expression scolaire, la prise de notes, que dans les pratiques professionnelles des gestionnaires agricoles.

Nous nous sommes donc interrogés sur les actions à poser.

Stratégies

En nous appuyant sur le principe que la prise de notes s’apprend et s’enseigne, nous avons choisi de créer un contexte authentique incitatif. Nous avons simulé un moment de la vie d’une entreprise où la bonne tenue des registres compte! Notre hypothèse étant de croire que la reconnaissance de l’importance de l’acte se ferait tout naturellement en plaçant l’activité dans un contexte professionnel.

Le projet d’entreprise-école permettait également de se mesurer à la grande variété des modes de fonctionnement des entreprises agricoles (au niveau de la collecte et de la mise en commun des données). Il fallait tenir compte de l’absence d’expérience de gestion des étudiants et du peu d’enthousiasme légendaire des agriculteurs envers tout ce qui est écriture ou registre!

Cadre favorable

L’objectif de planifier et d’effectuer l’entretien des bâtiments, du cours « Entretien des bâtiments », nous donnait l’occasion d’agir!

Nous avions le site : un laboratoire, et le contexte : la prise en charge d’un projet de construction. Il ne nous restait qu’à travailler aux habiletés et attitudes à l’égard de la prise de notes. Nous en avons fait une responsabilité collective.

Outils choisis pour ce faire

La Tablette DigiMemo

Cette tablette graphique nous a permis d’actualiser les pratiques. Les informations notées à la main sur la tablette sont transmises aux coéquipiers en un fichier PDF.

Les notations inscrites devaient présenter certaines qualités rédactionnelles (précision et exactitude du vocabulaire disciplinaire) et répondre aux critères de pertinence quant aux réparations à faire, au choix de matériau et à la quantité requise pour les achats, etc.

La plateforme Google Documents

Cette plateforme, accessible à tous en ligne, s’est imposée puisqu’elle permet d’assurer le suivi collectif.

Le gérant de la semaine (ou responsable d’équipe) devait transcrire dans le registre commun de Google Docs les informations recueillies de la tablette en faisant le tri des besoins recensés et en indiquant une action à poser.

Tableur

Exemple de notations au registre commun réalisées sur Google Documents.

Bilan

Afin d’évaluer l’intérêt de ces initiatives, nous avons distribué un questionnaire aux étudiants de première et de deuxième années. Nous voulions repérer les connaissances acquises, leurs connaissances des situations, des outils et des différentes approches de suivi, enfin les gains observés (efficacité, précision, réflexes de prise de notes en laboratoire et en milieu agricole).

Progression de la situation de prise de notes
Moment du portrait Portrait de la situation de prise de notes
1e année
  • Dépendance à l’égard des instructions du professeur
  • Point de vue sur l’acte restreint à la vie scolaire
  • Absence de notion de suivi
2e année
(début du cours)
  • Amorce d’un point de vue professionnel
  • Plusieurs lacunes quant au processus de suivi et à la reconnaissance des situations de prise de notes
2e année
(fin du cours)
  • Augmentation de la reconnaissance des situations de prise de notes
  • Augmentation des mentions de suivi
  • Augmentation des mentions de registre
  • Augmentation des mentions d’utilité des TIC dans la prise de notes (celles utilisées dans le cadre du cours, mais aussi plus personnelles comme le cellulaire)

Notre pari de la situation authentique a fonctionné! Les étudiants ont développé une attitude professionnelle à l’égard de la prise de notes ayant des répercussions jusque dans le travail synthèse du cours.

Sont en effet apparues une préoccupation hebdomadaire à l’égard de la prise de notes (des moments sont attribués pour les prendre) et une aptitude à la planification. Des outils de notation ont été introduits à la ferme, et les notes des groupes initiaux laissées pour l’an prochain. Un modèle de registre à introduire dans les milieux de travail a aussi été proposé aux étudiants.

Comment intervenez-vous sur la prise de notes? Quels sont vos outils?

À propos de l'auteur

Isabelle Delisle, Ph.D.

Professionnelle à la recherche et au développement au Cégep à distance.

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3 Commentaires
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Émilie Lavery
Émilie Lavery
8 octobre 2012 13h21

Merci Mario et Isabelle pour ce point de vue différent sur la prise de notes! C’est un sujet rarement abordé que celui de son importance. Plusieurs ont évoqué la situation inverse où la prise de notes est un esclavage pour les étudiants et un lourd joug pour les enseignants qui aimeraient bien passer à autre chose. Mais il faut nuancer, car les contextes pédagogiques divergent d’une situation à l’autre! La prise de notes n’est pas nécessairement un acte de somnambule que l’on pose dans l’ennui. Nous ne devenons pas forcément des perroquets serviles! Un acte de réflexion survient souvent lors de la prise de notes, une prise de décision, soit par l’exercice de synthèse ou la reformulation que l’on fait ou la nouvelle hiérarchie de priorités que l’on établit dans les éléments que l’on note. Il en était de même en littérature. Étudiante, j’annotais mes notes de cours, même lorsque je les prenais. C’était déjà une réflexion en action, une écoute active, une manière de s’approprier la réalité en cours! Bravo pour vos initiatives ayant un impact même dans le milieu de travail!

Nicole Perreault
Nicole Perreault
8 octobre 2012 15h40

Merci Isabelle et Mario pour ce récit qui propose une stratégie pédagogique qui favorise la réussite de nos étudiants et qui contribue à identifier les facteurs qui y participent.

Isabelle Delisle
Isabelle Delisle
9 octobre 2012 17h53

Merci Nicole et Émilie! Chacune à votre façon, vous êtes d’un support incroyable dans la réalisation de notre travail!