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30 septembre 2008

L’affaire Netvibes… ou l’importance de proposer des outils technologiques intéressants, uniques et utiles

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Le texte qui suit s’intéresse aux rapports qu’entretiennent les étudiants avec les TIC. Dans ce cas-ci, la technologie est représentée par l’outil Netvibes. L’expérience qui y est relatée repose sur le préjugé suivant : « tout ce qui est technologique intéresse automatiquement les étudiants ». Cette réflexion s’impose d’autant plus que la génération Y qui arrive est soi-disant « tombée dedans quand elle était jeune ». Mais est-ce que tous les outils, parce qu’ils sont de nature technologique, jouissent d’une valeur ajoutée aux yeux de nos étudiants? N’en soyons pas si certains.

Contexte et objectifs

Cette expérience technopédagogique s’est déroulée à l’automne 2007 dans le cours Actualités des arts et vie culturelle (1re session, 30 étudiants). Ce dernier, comme le titre l’indique, s’intéresse aux nouveautés du milieu culturel et ce, autant sur le plan national qu’international. Dans ce contexte, l’un des objectifs spécifiques de ce cours est d’amener les étudiants à être autonomes dans la démarche de recherche, d’analyse et de mise à jour d’informations à caractère culturel. C’est la raison pour laquelle, à la suite d’une formation suivie avec notre conseillère TIC du moment, j’ai décidé d’intégrer à mon cours l’outil technologique suivant : Netvibes. En effet, Netvibes est un lecteur de fils RSS en ligne qui offre une veille informationnelle automatisée. Intéressant non?

Réaction des étudiants

Il me semblait, de toute évidence, que cet outil se présentait comme un incontournable, d’autant plus que Netvibes fait partie du Web 2.0, grand ami de certains de nos étudiants. J’avais là, pensais-je, un outil technologique qui séduirait à coup sûr mon public estudiantin… Or, j’ai plutôt découvert des étudiants « critiques » face à l’introduction d’outils technologiques dans leur routine scolaire. Rien n’était gagné d’avance.

Explication de la situation

Bien sûr, cette « relative déconfiture » n’est pas directement liée à la nature même de l’outil. Voyons donc divers éléments susceptibles d’élucider en partie cette affaire.

Explication
Élément À retenir
De façon générale, j’ai découvert des étudiants beaucoup plus habiles avec les outils technologiques de communication qu’avec les outils de recherche. J’ai pu constater cela lors de l’étape de recherche de sites Internet avec fils RSS. La majorité de mes étudiants présentait de réelles difficultés à trouver l’information sur Internet et ce, malgré annuaires et conseils offerts par la professeure. Ainsi, la « relative déconfiture » de mon expérience Netvibes pourrait être en partie liée à une carence au niveau de ce que Bruno Poellhuber appelle « les compétences informationnelles », qui rassemblent à la fois les capacités de recherche d’informations et d’analyse de celles-ci. BÉRUBÉ, Bernard, et Bruno POELLHUBER. Un référentiel des compétences technopédagogiques, Montréal, Collège de Rosemont, 2005, p. 49. S’assurer d’un certain niveau de maîtrise de la démarche de recherche d’informations sur Internet par le biais d’ateliers préparatoires.
Cette expérience m’a également fait comprendre que pour qu’un nouvel outil « techno » soit adopté par les étudiants, il doit présenter des fonctionnalités uniques. En effet, si ce dernier ne se démarque pas, il sera difficile d’en défendre l’utilité. Outre l’exclusivité des fonctionnalités, il faut également tenir compte de la facilité et de la rapidité d’utilisation de l’outil. Dans ce contexte, Netvibes faisait face à de solides adversaires, ne serait-ce qu’à un simple navigateur permettant de rassembler des sites favoris sans autre forme de procès. Réaliser une analyse comparative des différents outils utilisés par les étudiants avant d’arrêter notre choix sur un en particulier.
De façon générale, j’ai découvert que mes étudiants n’étaient pas très intéressés par le suivi quotidien des actualités, culturelles ou non. En effet, plusieurs cherchaient davantage à intégrer des sites Internet liés à leurs intérêts personnels (ex. : site officiel d’un groupe de musique) que des sites d’informations générales (ex. : Radio-Canada). De plus, au moment de la réalisation de cette activité, les sites Internet proposant l’accès aux fils RSS étaient, somme toute, peu nombreux et majoritairement reliés au domaine de l’information, diminuant ainsi de façon importante les possibilités. Autrement dit, à ce moment-là, cet outil ne correspondait pas tellement au profil de mes « 17-25 ». S’assurer que l’outil rejoigne le profil des étudiants ciblés.

En résumé

  • L’intérêt technologique des étudiants repose probablement davantage sur les possibilités de communication que de recherche;
  • La réaction positive des étudiants face à l’outil « techno » repose, entre autres choses, sur l’exclusivité de ses fonctions et sur sa réelle utilité. Que l’outil soit « techno » ne garantit pas sa popularité;
  • Les étudiants « antitechnos » (il y en a toujours) peuvent manifester un réel mécontentement face à l’activité proposée. Travailler les perceptions avant de se lancer dans la découverte de l’outil peut être un atout au niveau de la motivation du groupe.

Je termine cette analyse avec une note à moi-même : ne jamais oublier, d’abord et avant tout, de me demander si l’outil proposé correspond réellement au profil de mes étudiants et ce, même si l’intégration de cet outil dans ma stratégie pédagogique est « théoriquement 
» logique et attrayante…

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