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Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Le problème : la lecture

Dans le cours de Français 101, Écriture et littérature, les étudiants doivent lire, souvent pour la première fois, des œuvres littéraires exigeantes. Leur interprétation globale d’une œuvre reste bien meilleure que leur lecture de surface, vraiment déficiente, en moyenne. Si l’enseignant attend que la lecture soit terminée pour intervenir, il doit trop souvent demander à l’étudiant de relire, ce que ce dernier ne fait pas.

La stratégie pédagogique : l’accompagnement

Depuis l’automne 2005, j’expérimente une démarche d’enseignement et d’apprentissage de la littérature qui accorde le premier rôle aux étudiants et où les cours magistraux servent d’appoint à l’analyse littéraire, sous la responsabilité des étudiants. La démarche fut présentée à l’AQPC en 2007, en compagnie de Suzanne Richard. Elle paraitra en 2008, avec comme coéditeur le Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec (CTREQ). L’une des étapes clés de cette démarche consiste à accompagner en classe la lecture de l’œuvre, faite hors classe. Alors qu’auparavant, les étudiants prenaient leurs notes de lecture sur papier et me les présentaient en classe m’obligeant à en prendre connaissance sur-le-champ, je leur demande maintenant de lire le texte hors classe et d’inscrire leurs commentaires et questions dans une plateforme technologique me permettant ainsi d’en prendre connaissance rapidement avant le cours. En agissant ainsi, nous perdons moins de temps en classe et je peux orienter les discussions en fonction de leur compréhension du texte, mais également de leurs difficultés. Je peux également obliger ceux et celles qui ne sont pas intervenus dans la plateforme à prendre position, vérifiant ainsi s’ils ont effectué la lecture du texte.

L’outil technologique : DECclic

À l’automne 2006, j’ai commencé à faire utiliser DECclic par mes étudiants en leur demandant de prendre leurs notes de lecture dans le « carnet de bord ». Avec la version I, l’interface du carnet était rudimentaire et il était impossible d’imprimer le contenu du carnet, sauf en copiant tout dans un traitement de texte, une journée à la fois. DECclic II n’a pas corrigé ce problème et il en a ajouté un : l’obligation de créer les carnets de bord un à la fois. L’utilisation d’un traitement de texte et de la fonction « Dépôt de fichiers » dans DECclic ne résout pas le problème, parce qu’alors, les étudiants prennent leurs notes dans des fichiers (Word) différents d’une semaine à l’autre et ils en égarent une partie.

À ces problèmes de conception s’ajoutent les délais pour inscrire à DECclic les étudiants admis tardivement au cours. Il y a aussi quelques étudiants qui n’arrivent pas à accéder à leur compte au Collège et à DECclic à partir de la maison (blocage des fenêtres intempestives par Windows). Le démarrage est donc pénible, mais par la suite la plateforme s’avère fiable.

Au carnet de bord s’ajoutent la messagerie de DECclic et le service de dépôt des documents du cours. La première est plus fiable que le courriel, surtout pour les étudiants utilisant des serveurs gratuits (Hotmail, etc.). Le dépôt des textes du cours permet aux étudiants d’avoir accès à tous les documents imprimés que je distribue en classe. Ainsi, l’étudiant branché à l’Internet a toujours l’essentiel des notes de cours à sa disposition; surtout, les absents peuvent se procurer les documents sans avoir à me rencontrer ni à attendre au cours suivant. La combinaison de la messagerie et du dépôt de documents de cours concentre les visites au bureau à leur rôle essentiel : l’aide aux étudiants en difficulté.

Toutefois, le dépôt par les étudiants de leurs analyses littéraires sur DECclic pose un problème de sécurité, parce qu’ils peuvent les retravailler entre deux cours, ce qu’interdit la politique de mon département. Je dois donc faire rédiger les textes de manière manuscrite et recueillir les cahiers à la fin des cours tant que l’épreuve n’a pas pris fin.

Durant deux ou trois sessions, j’ai donné mes cours dans un laboratoire informatique, mais les étudiants sont trop tentés de terminer au laboratoire les notes de lecture qui doivent être prises hors classe. De plus, dans un laboratoire informatique, une présentation multimédia accompagne moins bien le cours magistral, certains étudiants utilisant l’ordinateur pendant que je parle. Pour ces raisons, j’ai dû revenir à une classe traditionnelle.

Bilan : un outil imparfait, mais nécessaire

DECclic présente des limites techniques, mais je ne reviendrais pas en arrière, aux notes de lecture sur papier, à l’absence de contacts en dehors des heures de cours (sauf pour les visites au bureau).

Grâce à DECclic, je lis les notes de lecture hors classe et je suis prêt à les commenter dès le début du cours. Je connais d’avance les difficultés réelles des étudiants et je peux m’y adapter.

Une meilleure supervision de la lecture

Grâce à DECclic, je lis les notes de lecture hors classe et je suis prêt à les commenter dès le début du cours. Je connais d’avance les difficultés réelles des étudiants et je peux m’y adapter. L’évaluation formative de ces notes remplace les tests de lecture. Les notes se lisent rapidement, car j’impose un format identique et je n’en corrige pas les fautes de langue. Je donne aux étudiants des indices pour mieux comprendre ce qui leur a échappé. Je sais chaque semaine qui n’a pas fait son devoir et je sévis en obligeant les retardataires à se regrouper dans une même équipe; cette mesure « sociale » a bien plus d’effet qu’un test de lecture à valeur réduite.

Un apprentissage continu qui permet l’erreur

Les étudiants sont incités à réutiliser leurs notes de lecture pour l’analyse littéraire de l’œuvre lue. Ils ont le droit de commettre des erreurs et le temps de les corriger avant l’évaluation sommative. Ils sentent que je leur accorde une attention personnalisée et que je les suis de près. Ils me rejoignent facilement et rapidement grâce au courriel.

Un outil ne peut tenir lieu de démarche pédagogique 

DECclic n’est qu’un outil. C’est la démarche  d’enseignement qui lui confère son sens. L’utilisation des TICS passe par un renouvèlement de la pédagogie. Ce n’est pas pour rien qu’en Français, ainsi que dans bien d’autres disciplines, la principale percée technologique a été faite par PowerPoint : c’est un outil en appui à l’exposé magistral. DECclic se prête tellement mieux à une pédagogie centrée sur l’étudiant. Je pense que les enseignants de français doivent d’abord se convaincre davantage de la nécessité d’encadrer de plus près la lecture des œuvres littéraires; ensuite, ils seront prêts à passer à DECclic. Et ça devrait marcher dans toutes les disciplines où il faut lire des textes substantiels avant d’entrer en classe.

Cet article applique les Rectifications de l’orthographe.

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