Le projet PAIE: un programme de formation pour les enseignants et les enseignantes sur les pratiques à impact élevé

Les pratiques pédagogiques à impact élevé sont des pratiques qui mènent à la réussite des étudiantes et des étudiants. Ces pratiques sont reconnues par la recherche et validées scientifiquement. Le projet PAIE (pratiques à impact élevé) témoigne d’une volonté du Cégep de Shawinigan de contribuer au développement professionnel des enseignantes et des enseignants et au rayonnement de pratiques inspirantes au sein de l’établissement et du réseau collégial. En 2021-2022, j’ai élaboré et mis en œuvre ce projet de formation axé sur la communauté d’apprentissage.

Le programme PAIE a permis à des enseignants et à des enseignantes de:

• revisiter leurs pratiques
• explorer de nouveaux univers pédagogiques
• tester (et transférer) leurs apprentissages en classe

Ainsi, dans un esprit collaboratif, ils et elles ont eu l’espace pour réfléchir et partager leurs pratiques; un pas de plus vers la réussite éducative de nos élèves!

Ce projet de formation et le matériel pédagogique qui l’accompagne, conçus dans un train à grande vitesse, demeurent perfectibles par votre expertise, vos pratiques et vos documents institutionnels.

Les pratiques à impact élevé

Dans le rapport La réussite au cégep: regards rétrospectifs et prospectifs [PDF] de la Fédération des cégeps, 2 catégories de pratiques à impact élevé sont distinguées:

• les pratiques d’enseignement
• les pratiques liés à l’environnement éducatif

Voici quelques pratiques d’enseignement identifiées comme étant des pratiques à impact élevé dans le rapport:

• relations étroites et fréquentes de l’enseignant ou de l’enseignante avec ses groupes d’élèves et avec chaque élève
• souci manifeste de la personne enseignante envers ses élèves et leur réussite; croyance en leur capacité de réussir
• établissement d’un climat sécurisant et bienveillant en classe
• apprentissage actif et collaboratif
• apprentissage en profondeur (habiletés de haut niveau et compétences du XXI^e siècle)
• apprentissage contextualisé
• pratiques pédagogiques diversifiées, adaptées selon la progression des apprentissages
• rétroaction sur la progression des apprentissages
• soutien à l’autoévaluation chez l’élève (métacognition)
• évaluation critériée
• équité dans l’évaluation
• attentes explicites, élevées et réalistes (défis)
• planification de l’enseignement en fonction des résultats d’apprentissage visés et tenant compte des acquis

Conception et organisation du projet PAIE

Le projet PAIE est né d’une volonté de la Direction des études du Cégep de Shawinigan de prioriser la pédagogie en permettant à ses enseignants et enseignantes de poser un regard réflexif sur leurs pratiques, le tout dans un esprit de collaboration.

Pour amorcer le projet, j’ai entrepris une recension des écrits sur le développement professionnel et l’accompagnement. Certaines conditions d’efficacité sont apparues prometteuses et soulignent l’importance de prendre en compte les principes d’un changement durable dans nos pratiques, à savoir:

• améliorer les apprentissages des élèves
• comprendre l’impact de nos pratiques
• être accompagné et partager avec des pairs
• s’investir sur une période prolongée en transférant ses apprentissages
• participer ouvertement et créer une culture de confiance, de respect et de savoir
• évaluer le changement
• communiquer le changement

Ces principes de changements durables ont guidé mes choix dans l’organisation de la formation. J’ai entre autres proposé à la Direction des études d’échelonner la 1^re mouture de la formation sur une année entière avec un groupe restreint d’enseignants et d’enseignantes volontaires. Ainsi, à l’automne 2021, les 4 volets des pratiques ont été explorés en appliquant la démarche SoTL et les principes de la pédagogie active. À l’hiver 2022, j’ai accompagné les participants et participantes à transférer des pratiques à impact élevé dans des cours qu’ils et elles donnaient à ce moment-là. Des activités de codéveloppement ont également été mises en place pour poursuivre la réflexion sur leurs pratiques. Au terme de l’année, les enseignants et enseignantes ont fait rayonner les pratiques par un projet qu’ils et elles ont présenté lors d’une journée pédagogique en juin 2022.

Le programme PAIE a été offert une 1^re fois à 10 enseignants et enseignantes de disciplines diverses et ayant un nombre d’années d’expérience très variable. Leurs différences ont permis d’enrichir les échanges. Le critère le plus important était qu’ils et elles soient volontaires et motivés à partager leurs expériences.

La 1^re cohorte 2021-2022 du projet PAIE du Cégep de Shawinigan

Le personnel enseignant participant au projet a eu droit à un dégrèvement d’une demi- journée par semaine pendant toute l’année scolaire. Ils et elles y ont consacré plus de temps, particulièrement à la session d’hiver pour la réalisation de leur projet de rayonnement.

Pour ma part, afin de réaliser les différentes étapes du projet, 2 journées de mon rôle de conseillère pédagogique ont été allouées au projet PAIE.

En amont du lancement du projet, certaines étapes ont été réalisées à l’hiver et au printemps 2021:

• réflexion sur l’offre de formation (mars et avril 2021)
• séances de présentation au personnel enseignant du cégep (avril 2021)
• dépôt des candidatures avec lettre de motivation (mai 2021)
• sélection des participants et participantes par la Direction des études (mai 2021)
• rencontre des participants et participantes et présentation du projet PAIE (juin 2021)
• macroplanification de la formation (été 2021)

Sélection des enseignants et des enseignantes

Pour participer au projet PAIE, les enseignants et enseignantes devaient fournir une lettre de motivation à propos de leur développement professionnel et y indiquer leurs objectifs. J’ai préféré m’exclure du processus de sélection afin de rester neutre et de maintenir une relation de confiance avec les enseignants et enseignantes que j’accompagnais dans d’autres projets.

Une fois les participants et participantes sélectionnés par la Direction des études, j’ai organisé rapidement une rencontre préparatoire au projet qui visait à tisser un lien d’appartenance au groupe. De plus, ça a été l’occasion de clarifier les orientations de la formation et de cibler les intérêts individuels et collectifs des membres du groupe. Avec le projet PAIE, le souhait était de créer une communauté d’apprenants et d’apprenantes basée sur la confiance et le respect.

J’ai remis aux membres du groupe des articles du numéro d’été 2020 de la revue Pédagogie collégiale afin qu’ils et elles puissent amorcer à leur guise leur réflexion sur le développement professionnel et les compétences enseignantes.

Le déroulement de la formation

À la rentrée d’automne 2021, une 1^re rencontre a été organisée pour poser les jalons du développement professionnel et clarifier les objectifs personnels des personnes participant au projet.

Au total, plus de 23 rencontres ont eu lieu en présence au cours de l’année 2021-2022 en alternance avec des activités asynchrones. Les activités en présence ont pris place dans une salle multifonctionnelle du cégep, ce qui a facilité la mise en place de stratégies actives et l’utilisation des technologies. Les pratiques à impact élevé ont non seulement été réfléchies et discutées, mais elles ont aussi été vécues par les personnes participantes!

Chaque participant et participante a reçu un carnet de pratiques pour consigner ses réflexions et garder des traces des apprentissages réalisés et des nouvelles pratiques qu’il ou elle souhaite instaurer en classe.

Le carnet de pratiques était divisé en 2 sections:

• Dans la 1^re section, des questions soutenaient l’autoévaluation des pratiques des enseignants et enseignantes. Ils et elles pouvaient aussi noter leurs réflexions, leurs apprentissages à la suite de nos rencontres et des extraits significatifs des lectures effectuées. Ils et elles étaient invités à consigner les actions concrètes à mettre en place dans l’un de leurs cours de la session suivante.
• La 2^e section était composée de questions permettant de soutenir le bilan de mi-année des participantes et participants.

Session d’automne

À l’automne 2021, 10 rencontres en présence et 10 activités asynchrones ont été réparties sur 22 semaines. Chaque volet était couvert en 4 semaines. Les 4 volets étaient:

• Volet 1: la relation pédagogique
• Volet 2: la planification pédagogique
• Volet 3: les stratégies pédagogiques
• Volet 4: l’évaluation des apprentissages

L’ordre des volets suivait une certaine logique, mais aurait pu être orchestré autrement:

• La relation pédagogique était placée au début puisqu’elle est en filigrane de toute pratique pédagogique et du processus d’apprentissage, d’où son importance au début de la formation. Il était aussi possible de faire un parallèle avec le climat du groupe et les valeurs à y instaurer.
• La planification pédagogique a été placée en 2^e pour que les participants et participantes puissent s’approprier en amont la documentation des programmes et revisiter les concepts qui soutiennent la réflexion pédagogique et didactique.
• Le choix des stratégies pédagogiques constitue le 3^e volet, car il découle de la planification pédagogique puisque les stratégies pédagogiques soutiennent, entre autres, les objectifs d’apprentissage poursuivis.
• L’évaluation des apprentissages, quant à elle a été omniprésente tout au long de la formation pour assurer l’alignement pédagogique, mais a été approfondie dans le volet 4 lorsqu’il a été question des objets d’évaluation, de l’authenticité des moyens, des critères, des grilles et de la rétroaction.

Lors des rencontres en présence et des activités asynchrones à l’automne 2021, les participants et participantes ont revisité leurs conceptions pédagogiques qui soutiennent les apprentissages, la réussite et la persévérance des élèves. Cela a aussi été l’occasion de partager des pratiques et d’en explorer de nouvelles.

Les activités et les stratégies proposées pour chaque volet étaient orientées vers la pédagogie active et la pratique réflexive:

• mises en situation
• exploration de vignettes
• analyses de cas
• exercices pratiques
• simulations
• entrevue avec un étudiant
• observation entre pairs

À quelques moments dans la formation, je me suis permise de déstabiliser les participants et participantes. Par exemple, dans le volet 1 sur la relation pédagogique, j’ai envoyé 2 courriels différents :

• L’un contenait un message direct avec les exigences pour la rencontre suivante et des consignes expéditives.
• L’autre était formulé de manière bienveillante tout en donnant des précisions pour la rencontre suivante.

Lors de la rencontre en présence qui a suivi, les participants et participantes ont échangé sur le contenu des courriels reçus et sur l’engagement qu’ils suscitaient. Les courriels ont ensuite été comparés. Cette activité a généré plusieurs remises en question sur la forme et le contenu des communications écrites remises aux élèves et sur ce qui suscite l’engagement.

Afin d’avoir un aperçu des objectifs visés, des contenus abordés et des stratégies utilisées, une macroplanification décrit sommairement chacun des volets abordés à la session d’automne. Au risque de me répéter, cet outil est le résultat d’une 1^re expérimentation et demeure perfectible.

Session d’hiver

À l’hiver 2022, les enseignants et enseignantes ont réinvesti les pratiques à impact élevé qu’ils et elles jugeaient pertinentes pour la réussite de leurs élèves dans leurs cours. Pour les accompagner dans ces transferts, j’ai planifié des rencontres individuelles pour faire un suivi de leurs réinvestissements. Mais, surtout, les participants et participantes ont bénéficié de 12 rencontres de groupe qui incluaient des activités de codéveloppement. Des ateliers d’approfondissement ont également été offerts, notamment sur la conception de grilles critériées.

Des ateliers de codéveloppement

Le codéveloppement est une démarche d’enquête et de consultation, organisée en étapes. Pendant les ateliers de codéveloppement, chaque enseignant et enseignante soumet une situation pédagogique vécue en lien avec les pratiques à impact élevé. J’invite le groupe à explorer la situation présentée autrement et à ouvrir leurs horizons à de nouvelles pistes. Ainsi, la diversité des points de vue enrichit les apprentissages et les membres apprennent les uns des autres.

Le codéveloppement est une approche efficace, car elle donne droit à l’erreur et place l’identité professionnelle au cœur de la démarche (Mastracci, A., Philie, D. A., 2019). Chaque personne réagit différemment dans une situation donnée. Pour créer les conditions optimales, j’ai fait preuve de bienveillance et d’humilité. Comme conseillère pédagogique, lorsque j’accompagne un groupe en codéveloppement, je ne suis pas une experte, mais une facilitatrice qui tente de faire émerger une réflexion et des solutions chez les participants et participantes.

Pour développer mes compétences dans l’animation des rencontres, j’ai moi-même participé, à l’automne 2021, à un groupe de codéveloppement sur la conseillance pédagogique ouvert aux conseillers et conseillères pédagogiques du réseau collégial. L’activité et le matériel, conçus par Anne Kafka, Angela Mastracci, Debby Ann Philie et Annie-Claude Prud’homme, conseillères pédagogiques, ont été adaptés afin qu’ils s’adressent à un groupe d’enseignants et d’enseignantes.

Chaque rencontre de la session d’hiver durait 3 heures. Voici le déroulement type:

• activité brise-glace
• discussions pour faire le suivi des activités (état des transferts dans les cours, suivi des projets de réinvestissement, etc.)
• retour sur les cas traités lors de la rencontre précédente
• atelier de codéveloppement
  • présentation successive de 2 cas (1 heure environ par cas). Pour chaque cas, les participants et participantes suivaient une procédure d’échange propre au codéveloppement afin d’en arriver à des réflexions, des partages d’expériences et des propositions pour aborder la situation autrement ou pour répondre à la question initiale.
• activité de synthèse sur les apprentissages réalisés en lien avec le cas et le codéveloppement

Le projet de rayonnement

En plus du transfert des pratiques en classe et du codéveloppement, les participants et participantes ont élaboré, individuellement ou en équipe, un projet permettant de faire rayonner les pratiques à impact élevé et le programme de formation au sein de l’établissement. Le partage de ces projets a eu lieu lors d’une matinée pédagogique au Cégep de Shawinigan le 3 juin 2022.

Voici les projets réalisés par la 1re cohorte enseignante:

• un réseau conceptuel informatisé des 4 volets disponible aussi sous la forme d’une affiche (Antoine Deschênes et Martine Loranger)
• la mise sur pied du Projet Ficelle pour accueillir le nouveau personnel enseignant et pour amorcer des liens avec les services du cégep afin de mettre en place un dialogue sur les pratiques à impact élevé (Émilie Moreau et Zoé Dupuis)
• une application web pour la conception de grilles critériées (Marco Guillemette)
• une communication (offerte également lors du colloque de l’AQPC 2022) intitulée «Vue panoramique sur les pratiques à impact élevé» qui a permis de partager le point de vue d’enseignants et d’enseignantes ayant participé au projet PAIE (Laurent Boisclair, Marie-Christine Gervais, Nathalie Martel, Nathalie Sirois)

Ainsi, lors de cette matinée pédagogique, le personnel enseignant et professionnel et les membres des différentes directions du cégep ont été invités à échanger avec notre 1^re cohorte du projet PAIE sur leurs réalisations et à assister en avant-première à la communication présentée ensuite lors du colloque de l’AQPC.

Bilan du projet PAIE

Pour le bilan de cette 1^re itération du projet PAIE, j’ai pris en compte:

• l’expérience des participants et participantes
• les apprentissages réalisés
• les transferts dans la pratique enseignante de chaque membre du groupe
• les retombées sur la pratique des enseignants et enseignantes et sur la réussite de la communauté étudiante

Pour recueillir ces données, j’ai utilisé un questionnaire et mis sur pied des groupes de discussion auprès du personnel enseignant participant au projet et de leurs élèves. Je me suis aussi appuyée sur les bilans que les membres du groupe avaient réalisés.

Mon journal de bord m’a permis de consigner certaines réflexions, commentaires et améliorations possibles en lien avec l’expérience.

Puisqu’il s’agit d’une 1^re mouture du projet PAIE, les résultats présentés comportent certaines limites d’interprétation. J’ai tout de même identifié différentes pistes pour améliorer la formation.

L’expérience générale

Les points positifs:

• l’engagement du groupe d’enseignants et d’enseignantes
• la diversité du parcours des membres
• l’ouverture, le respect et la confiance qui se sont instaurés au fil des rencontres
• l’organisation du volet théorique de l’automne 2021 en 4 volets
• le rythme et la fréquence des lectures proposées (Ces lectures ont grandement nourri les échanges du groupe.)

Le groupe est d’avis que le temps est au cœur de la réussite du développement professionnel. Il faut avoir du temps pour réfléchir, lire, partager et échanger!

Les points moins appréciés:

• le canal Teams utilisé pour consigner les documents
  Les membres du groupe ont préféré les documents papiers et le cartable qui leur ont été remis.
• l’utilisation du carnet de pratiques lors des rencontres
  • Ce document a été très utile pour consigner toutes les réflexions et les apprentissages en vue du bilan final, mais certaines personnes, par manque de temps, ne l’ont pas rempli de façon régulière.

Les 1^res rencontres de codéveloppement se sont déroulées à distance. Certaines personnes ont mentionné qu’il a alors été plus difficile de s’investir dans les échanges. Il a été mentionné que la proximité rend la démarche plus humaine.

Pistes d’amélioration du projet PAIE

Plus de temps pour examiner les concepts théoriques

Le volet 2, celui portant sur la planification pédagogique, est apparu comme étant le plus complexe, car il comprend plusieurs concepts (taxonomies, questionnement didactique, alignement pédagogique, etc.) avec lesquels certaines personnes du groupe étaient moins familières. Dans une nouvelle itération de la formation, j’accorderais un peu plus de temps à ce volet.

Annoncer plus à l’avance l’activité d’observation entre pairs

Dans le volet 3, sur les stratégies pédagogiques, le groupe a été informé 2 semaines à l’avance de la tenue d’une activité d’observation entre pairs. L’objectif était de faire découvrir l’univers d’une autre personne enseignante. Les participants et participantes ont donc été jumelés, aux trois quarts de la session, avec une personne d’une autre discipline et ayant des expériences pédagogiques distinctes.

Quoique informés dès le début du programme de formation, les participants et participantes ont mentionné qu’ils et elles auraient aimé connaitre le jumelage à l’avance pour pouvoir proposer plusieurs plages horaires à leur observateur ou observatrice.

Je tiens tout de même à souligner que la réussite de l’activité d’observation par les pairs repose sur une confiance mutuelle. Cette confiance se développe avec le temps, à travers des échanges et des activités partagées. En ce sens, une présentation hâtive du jumelage pour l’activité d’observation pourrait générer un stress de performance et avoir un impact sur le développement des liens avec les autres personnes du groupe En ce sens, l’annonce du jumelage ne devrait pas se faire trop tôt.

Planifier le projet de rayonnement

Finalement, il ne faut pas sous-estimer le temps que le groupe devra investir pour le projet final. Ce projet doit être amorcé tôt lors de la session d’hiver et les rencontres de suivi doivent être planifiées à l’avance dans l’échéancier de la formation.

Les transferts réalisés dans la pratique des enseignants et des enseignantes

À la lumière des bilans du groupe, voici les principaux éléments que les membres de cette 1^re cohorte ont appliqués en classe:

• établir des liens avec chaque élève d’un groupe; tisser des liens plus informels et plus tôt dans la session
• intégrer des vues synoptiques pour chaque cours
• mettre en place une réflexion didactique (Qu’est-ce que je veux que mes élèves apprennent?)
• intégrer la pédagogie active et susciter une participation plus soutenue des élèves
• intégrer la pédagogie inclusive dans la classe
  • donner des consignes claires
  • préciser les critères à l’aide d’une grille critériée
  • donner une rétroaction constante
• clarifier l’évaluation:
  • donner des consignes claires
  • préciser les critères à l’aide d’une grille critériée
  • donner une rétroaction constante

Les résultats du projet PAIE

Bilan des enseignants et enseignantes

Voici les éléments présents dans les bilans de la grande majorité des personnes participantes:

• pratique réflexive plus présente
• ouverture à d’autres pratiques et partage avec des pairs
• volonté de poursuivre la réflexion et les échanges en équipe départementale et soutenir l’encadrement des nouvelles personnes enseignantes
• développement de partenariats entre départements
• motivation accrue
• planification plus complète

Regard des élèves

Les élèves ont aussi participé à l’évaluation du projet PAIE. L’idée était de cibler les pratiques plus marquantes pour les élèves en fonction des différents volets de la formation PAIE. Ces données ont d’abord été recueillies, avec un questionnaire électronique, auprès des groupes dans lesquels les enseignants et les enseignantes ont mis en place certaines pratiques à impact élevé. Au total, 114 élèves ont répondu au sondage. J’ai analysé les données et les ai présentées au groupe d’enseignants et d’enseignantes pour qu’on en discute.

Synthèse des commentaires des étudiants et des étudiantes

Les étudiants et les étudiantes ont émis beaucoup de commentaires positifs en lien avec la relation pédagogique. Le plus grand nombre de pistes d’amélioration était lié à l’évaluation des apprentissages.

Les données recueillies soutiennent les commentaires des membres du groupe à l’effet que la relation pédagogique sera toujours au cœur du processus d’apprentissage et que l’évaluation des apprentissages, notamment la rétroaction, est une pratique complexe ayant un impact considérable sur le développement des compétences.

Mon expérience comme conseillère pédagogique

Le projet PAIE m’a demandé un investissement considérable de temps pour réfléchir, planifier et organiser la formation, mais je me suis laissé l’espace de vivre le moment présent en adoptant aussi une posture d’apprenant. Cette expérience a alimenté ma réflexion sur mes pratiques d’accompagnement qui conduisent à l’autonomie professionnelle des enseignants et des enseignantes. Le projet PAIE aura été une occasion exceptionnelle de réalisation professionnelle et personnelle !

Habituée d’offrir des formations et des ateliers en enseignement supérieur, le défi de le faire à un même groupe de façon hebdomadaire sur une année scolaire complète était réel pour moi. Je souhaitais créer un lieu de partage vivant et responsable, rendre les apprentissages significatifs et durables et faire vivre aux participants et aux participantes une activité de développement professionnel différente.

Au terme du projet, quoique des améliorations aient été identifiées, je retire une grande satisfaction de l’expérience. En guise de conclusion, j’ose souligner des conditions qui selon moi ont influencé positivement la réussite du projet.

D’un point de vue organisationnel

La libération des enseignants et des enseignantes, à raison d’une demi-journée par semaine sur une période prolongée, leur aura donné le temps de s’investir, de lire, d’explorer, de réfléchir, de faire les transferts nécessaires et de faire rayonner les pratiques.

La taille restreinte du groupe a facilité la mise en place de diverses stratégies et le développement de relations significatives entre chaque participant et participante.

La création d’un environnement d’apprentissage significatif dans une salle multifonctionnelle n’est pas à négliger. L’ambiance créée et les regroupements différents mis en place à chacune des rencontres ont facilité le partage et l’expérimentation.

Du point de vue des participants et participantes

Les participants et participantes ont été volontaires et engagés pour comprendre l’impact de leurs pratiques tout en mettant la réussite en trame de fond. Cette formation aura favorisé aussi leur agentivité, notamment en poursuivant les échanges sur la réussite.

Quoique les pratiques à impact élevé étaient au cœur de cette formation, il était important aussi de comprendre les besoins de chacun et de chacune dans cette démarche. Ainsi, la formulation d’un objectif personnel de développement au tout début du projet a permis de mieux situer le parcours de chaque personne et de les accompagner en ce sens.

D’un point de vue pédagogique

En misant sur la communauté d’apprentissage, c’est-à-dire en utilisant diverses méthodes d’animation basée sur la collaboration, la réflexion, les échanges et le partage de pratiques, le terrain était fertile pour revisiter les conceptions des participants et des participantes, valider leurs bonnes pratiques tout en leur permettant de s’ouvrir à de nouvelles possibilités.

Le choix judicieux des lectures est non négligeable. Il a permis de soutenir ou de consolider les réflexions des enseignants et des enseignantes et, ainsi, d’enrichir les échanges. J’ai opté, autant que possible, pour des écrits provenant du réseau de l’enseignement supérieur en variant le type d’écrit : recherche, partage de pratiques, récit, réflexion, etc. Plusieurs participants et participantes ont mentionné que certaines lectures ont été marquantes dans leur cheminement.

Du point de vue de la formatrice

J’ai opté pour une posture de facilitatrice, de guide, et non d’experte. Ainsi, par les activités mises en place, j’ai tenté de faire émerger des savoirs expérientiels. Ceux-ci ont été vraiment riches de sens. J’ai été en mesure de constater l’engagement dans le partage d’idées et de matériel et dans le développement du sentiment de compétence. Je me suis laissé toucher par leur générosité et leur sagesse. Cette posture est pour moi des plus gratifiante !

Une autre condition apparait essentielle dans cette aventure, il s’agit de la culture de confiance :

• la confiance de la direction à l’égard de mes compétences et de la réussite du projet
• ma propre confiance dans mes capacités à mener à bien le projet et l’impact que peut avoir cette forme de développement professionnel pour le bien-être des enseignants et des enseignantes et pour la réussite des élèves
• la confiance que les participants et participantes m’ont accordée en se laissant déstabiliser et en s’engageant pleinement dans les activités proposées
• la confiance mutuelle des membres du groupe pour qu’ils et elles se permettent d’être authentiques et complices

Cette culture de confiance se développe à petits pas, à travers des échanges formels et informels et (surtout!) par la proximité et la régularité des rencontres. (J’ai d’ailleurs partagé mon expérience de création et d’animation d’une communauté d’apprentissage lors d’un webinaire organisé par le Carrefour de la réussité au collégial le 17 mars 2023.)

Grâce à l’engagement des divers intervenants et intervenantes dans ce projet de développement professionnel durable, tous et toutes y gagnent indubitablement.

J’espère que ce récit saura inspirer d’autres établissements à miser sur le développement professionnel de ses enseignants et enseignantes pour la réussite éducative !