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1 novembre 2016

Les différentes facettes de la FAD – Quatre tuteurs du Cégep à distance présentent leur expérience

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Dans un article précédent, je vous ai proposé de démystifier la formule autoportante développée par le Cégep à distance avec une responsable du tutorat, Martine Chomienne, et par l’entremise d’une capsule vidéo où Sophie Ringuet, conseillère pédagogique, explique le processus entourant la planification et le développement d’un cours autoportant.

Au tour de 4 tuteurs du Cégep à distance de nous exposer la vision qu’ils ont de leur rôle :

  • Éric Lavoie, spécialisation en philosophie
  • Louise Trépanier, spécialisation en langue anglaise
  • Nancy Houle, spécialisation en langue espagnole
  • Guillaume A. Cimon, spécialisation en philosophie

Éric Lavoie : d’auteur à tuteur en FAD

Éric Lavoie, spécialisation en philosophie.

Éric enseigne la philosophie au Cégep régional de Lanaudière à l’Assomption depuis 1998. Il agit à titre de tuteur au Cégep à distance depuis 16 ans! Tout a commencé avec le projet de consortium du DEC virtuel en sciences de la nature. Il y a été d’abord engagé comme réviseur de contenu pour le cours Philosophie et rationalité, puis comme auteur pour le cours Éthique et société. Il est devenu tuteur au Cégep à distance afin de pouvoir vivre l’expérience de l’encadrement à distance pour ce cours d’éthique.

Récemment, il a travaillé à la refonte des 4 versions différentes du cours d’éthique au secteur de la conception du Cégep à distance. Il consacre à sa tâche de tuteur en moyenne 2 heures par jour, soit de 10 à 14 heures par semaine. Il encadre environ 200 étudiants actifs. Il reçoit 4 à 5 courriels par jour, mais une large majorité de ceux-ci porte sur des aspects plutôt administratifs ou techniques. Il guide alors les étudiants vers la bonne ressource, le bon service.

Comment perçoit-il son rôle?

La majeure partie de ma tâche consiste à évaluer les travaux des étudiants et à leur donner une rétroaction. Je leur transmets des commentaires afin de leur permettre d’identifier ce qu’ils doivent améliorer et comment ils doivent le faire. Je tente « d’oraliser » mes communications écrites afin que l’étudiant ait l’impression que quelqu’un lui parle vraiment.

  

Enseigner les langues secondes à distance

Louise Trépanier, tutrice d’anglais, langue seconde.

À l’hiver 2016, Louise Trépanier enseigne la langue anglaise au Cégep de Thetford. Elle travaille aussi à titre de tutrice pour le Cégep à distance, qui correspond à environ 30% de sa tâche. Cette répartition peut varier selon les sessions. Son travail de tutrice se poursuit aussi l’été, puisque la formation au Cégep à distance est en continu. Elle encadre actuellement environ 70-75 étudiants. Ceux-ci communiquent avec elle et ce, autant que possible, en anglais.

Tout comme Éric, elle décrit son rôle comme étant axé sur la correction, la rétroaction et elle ajoute : l’encouragement!

Pour accueillir ses étudiants, Louise leur envoie un message courriel. Elle utilise aussi la messagerie pour transmettre des informations ou encore, fournir des consignes importantes.

Tous les cours sont maintenant sur la plateforme Moodle. Il s’agit de l’environnement numérique d’apprentissage retenu par le Cégep à distance. À partir de celle-ci, je transmets les directives générales.

À l’occasion, il lui arrive de devoir appeler les étudiants individuellement pour leurs donner des directives très spécifiques. La remise du premier devoir est aussi le moment pour elle d’avoir une première conversation téléphonique qui peut durer assez longtemps. Il y en aura une deuxième, aussi obligatoire. C’est une particularité pour les cours de langues qui comportent un volet conversation. Louise ajoute que c’est tout un défi de réussir à joindre les étudiants de vive voix.

Nancy Houle, enseignante en présence et tutrice à distance

Nancy Houle, en ce moment maman à temps plein, mais habituellement tutrice à temps partiel. Sur cette photo en compagnie de Charles-Olivier.

Pour sa part, Nancy Houle enseigne l’espagnol au Collège Bart et à l’Université Laval. Elle est aussi tutrice pour le Cégep à distance. Elle souhaitait explorer d’autres facettes que l’enseignement. Elle aime varier les formules et les clientèles. Elle est servie! Elle suit de 120 à 130 étudiants en même temps. L’été est sa période la plus intense, car en mai et en juin, il y a un pic d’inscriptions. Le nombre d’étudiants suivis peut alors atteindre jusqu’à 160. Les étudiants s’avancent durant l’été, car ils souhaitent terminer leur DEC à temps pour pouvoir commencer l’université à l’automne. En août, c’est au tour du pic de la correction!

Nancy accueille ses étudiants par une courte vidéo qu’elle dépose sur la plateforme Moodle et elle leur transmet aussi un message de bienvenue par courriel.

80% de ses étudiants suivent le cours Espagnol 1, mais elle offre également des services de tutorat pour tous les niveaux.

Mon rôle consiste à répondre aux questions de l’étudiant, à corriger ses travaux et à fournir en quelque sorte un encadrement pour qu’il ne se sente pas seul dans le processus. Par exemple, après la remise d’un premier travail, si je note des difficultés, je transmets un commentaire à l’étudiant sur la plateforme Moodle lui disant qu’en raison des difficultés rencontrées, il serait important de me rappeler.

Elle fournit différentes rétroactions aux étudiants, mais au 3e travail, les étudiants doivent contacter Nancy. C’est le moment de donner une rétroaction verbale. Si un étudiant ne remet rien après 2 mois, il reçoit un message des services administratifs du Cégep à distance.

Guillaume A. Simon : la FAD vécue en tant qu’enseignant et en tant que tuteur

Guillaume A. Simon était enseignant au Campus Notre-Dame-de-Foy en philosophie. Il a décidé d’offrir ses services comme tuteur pour vivre une nouvelle expérience. À la session d’hiver 2016, il en était à sa 4e année comme tuteur.

Comment perçoit-il son rôle?

Je me vois comme une personne-ressource à laquelle l’étudiant peut se référer s’il a des questions. Comme les autres tuteurs, je corrige les travaux. Après la remise du premier devoir, je prends contact avec les étudiants qui ont obtenu moins de 70%. Au 2e devoir, je transmets un courriel avec beaucoup plus de commentaires pour donner de la rétroaction aux étudiants.

Le niveau d’aisance des tuteurs avec les technologies

Comme enseignant, Guillaume avait déjà expérimenté un cours en mode synchrone avec la plateforme VIA. Pour lui, Moodle s’avère un environnement d’apprentissage qui offre plusieurs possibilités et il l’apprivoise très bien.

Louise ne se perçoit pas comme étant « super à l’aise » avec les technologies. Malgré cela, elle s’adapte bien aux divers changements technologiques instaurés par le Cégep à distance : « J’ai vécu plusieurs changements depuis que je travaille à distance. Il y a toujours une période d’adaptation, mais personnellement, j’arrive toujours à suivre le rythme de la progression sans problème. »

Éric précise qu’il était à l’aise, mais qu’il a dû s’approprier la plateforme Moodle, qu’il n’utilisait pas auparavant.

Nancy se définit comme étant à l’aise et juge qu’elle est très bien accompagnée par le service du tutorat, ajoutant que « les changements se font progressivement ». Elle a d’ailleurs hâte que tous les cours soient offerts par l’entremise de la plateforme Moodle (ce qui s’est concrétisé depuis).

Du côté des étudiants

Louise évalue que 80% de ses étudiants sont à l’aise avec les technologies, mais il y a toujours un 20% qui n’est pas capable d’envoyer le devoir ou de l’enregistrer sans son aide. Il y a aussi des étudiants qui ont des difficultés à repérer l’information pour compléter leurs devoirs. Beaucoup d’étudiants ne prennent pas le temps de bien lire les instructions où les étapes à suivre pour compléter le devoir. Nancy abonde dans le même sens.

Sans quantifier, Éric fait le même constat qu’en classe : il y une grande diversité d’étudiants. Certains sont très à l’aise avec un environnement technologique alors que d’autres le sont très peu.

Quelques considérations à l’égard de l’évolution de la formation à distance

Avec la formule autoportante, on fait le pari de l’autonomie. Je dirais que les étudiants plus âgés sont comme des « horloges coucou » : ils remettent leurs travaux de façon systématique. Par contre, les plus jeunes ont davantage tendance à être en retard et à moins bien planifier leur travail. Ils aimeraient remettre 3 travaux en même temps. Cela ne fonctionne pas de cette façon. Pour plusieurs d’entre eux, la date butoir est souvent l’entrée à l’université. Guillaume

Guillaume trouve également plus difficile d’avoir de la rétroaction pour améliorer le contenu des cours. Enseigner devant un groupe lui permettait déjà de percevoir des signes non verbaux, d’entendre les commentaires des étudiants et de noter leurs attitudes et comportements. Pour lui, l’expérience de tutorat à distance est vraiment différente.

Louise rappelle l’importance du perfectionnement, car bien que l’on soit tuteur et non enseignant, il faut maîtriser la matière : « Le service du tutorat du Cégep à distance offre des perfectionnements par discipline sur Skype et c’est très efficace. »

La clientèle change, ce qui apporte aussi son lot de défis. Louise remarque qu’au cours des dernières années, elle a plus d’étudiants provenant d’autres cultures ainsi qu’un nombre grandissant d’adultes qui font un retour aux études. Ces deux groupes doivent souvent concilier études-travail-responsabilités familiales.

Pour Éric, il faut mieux identifier les besoins spécifiques des étudiants issus de l’immigration, préserver la qualité dans l’offre de contenu et dans l’encadrement offert aux étudiants. Il espère une plus grande collaboration entre les secteurs du tutorat et de la conception dans la production et dans l’évaluation des cours. Son message : il faut préserver la hauteur des exigences!

Nancy mentionne la question de la persévérance aux études, qui est un enjeu important pour elle. Elle souhaiterait avoir plus de questions de la part des étudiants et disposer d’outils (et de plus de temps) pour faire des rappels aux étudiants. Elle ajoute : « Pour les autodidactes, c’est une formule accessible et flexible. Et pour une enseignante avec plusieurs enfants, c’est un mode de travail génial! »

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Yves Munn
Yves Munn
2 novembre 2016 13h57

Merci Caroline pour cet article fort intéressant! J’aimerais aussi souligner l’apport continu des tuteurs pour l’amélioration et la mise à jour des cours conjointement avec la petite équipe de la Gestion de qualité du Cégep à distance. De plus, au cours de la dernière année, nous avons aussi expérimenté une collaboration plus étroite avec les tuteurs lors des étapes de la conception des grilles d’évaluation. Je vous invite à visionner ce document vidéo pour en savoir un peu plus : http://evaluationfad.cegepadistance.ca/wp-content/uploads/tutorat02mp4.mp4

Émilie Lavery
Émilie Lavery
3 novembre 2016 14h35

Excellent sujet d’article! Les témoignages permettent de bien concrétiser le travail du tuteur. Lorsque je serai un peu moins accaparée par tous mes projets pédagogiques et l’enseignement, je poserai ma candidature. Merci!