Les TIC, ça s’attrape!
Quand j’ai commencé à enseigner au collégial, j’utilisais régulièrement des vidéos et des acétates pour présenter la matière aux étudiants. C’était la pratique courante à l’époque. Comme tout enseignant qui débute, je réfléchissais surtout autour de mes contenus de cours, je faisais des changements et des réajustements constants de ce côté. C’est pourquoi j’avais moins de temps à investir du côté des technologies.
Il faut dire que j’ai été sensibilisée à l’utilisation des TIC en classe par une collègue enseignante. Cette dernière avait beaucoup d’expérience en enseignement et utilisait régulièrement les diaporamas PowerPoint dans sa classe. Je voyais que cela intéressait beaucoup les étudiants. Ils étaient très captivés et très motivés dans ses cours. Pourtant, c’étaient des cours comportant des concepts plus abstraits que dans le reste du programme. Par exemple, certaines notions autour du concept de communication ou encore les éléments de la compétence qui consiste à analyser les fonctions de travail. Ce type de savoirs est parfois plus difficile à enseigner afin que ce soit motivant pour les étudiants. Ma collègue réservait un laboratoire informatique et ses étudiants avaient le document PowerPoint sous les yeux pendant qu’elle naviguait sur le site de l’OIIQ et sur différents autres sites touchant l’historique de la profession infirmière. Ainsi, les étudiants pouvaient faire des liens beaucoup plus rapidement. Ce constat a été ma motivation de départ pour intégrer les diaporamas dans mon enseignement.
Diaporamas avec images, schémas, animation et …
Maintenant que j’ai une bien meilleure maîtrise de la matière et des compétences à enseigner, je peux consacrer du temps à l’intégration des technologies pour gagner en efficacité dans ma classe. Je retravaille mes diaporamas afin qu’ils soient beaucoup plus animés. J’intègre des images, des schémas et des vidéos. Ceci a pour conséquence de susciter beaucoup plus d’interactions dans la classe. Je me tiens à jour sur internet afin de rechercher des éléments pertinents à intégrer dans mes diaporamas afin que mon enseignement soit à la fine pointe de ce qui se vit dans le contexte de la profession infirmière.
Récemment, par exemple, j’ai introduit un élément d’actualité concernant la pensée dichotomique d’une jeune anorexique. Cela a permis aux étudiants de visualiser comment s’exprime cette pensée. Le but que je poursuis, c’est bien entendu d’apporter des connaissances pertinentes et de les rendre signifiantes pour les étudiants. Je tiens à préciser que les étudiants ont accès à mes diaporamas avant les cours. Donc, lorsqu’ils arrivent en classe, ils ont une base pour alimenter la discussion. En classe, je me permets de mettre l’accent sur certaines parties du diaporama, mais je ne vois pas tout nécessairement. Je note un fait intéressant : après un cours, il y a souvent des courriels qui circulent en lien avec le sujet traité dans les cours. Les étudiants font des commentaires, des suggestions… ça permet de prolonger la discussion en dehors du cours et je remarque que mes étudiants sont curieux ou à l’affût de l’actualité ou d’émissions documentaires. Ça crée des liens entre les étudiants, cela renforce la cohésion de groupe autour de la tâche et des éléments de compétence à l’étude.
… vidéos
Cette année, j’ai monté un diaporama avec une collègue. Je voulais produire une vidéo pour un cours de première session dans lequel il faut illustrer les fonctions de travail des infirmières de CLSC en plus des infirmières scolaires. Les années précédentes, nous faisions une visite avec les étudiants dans un milieu communautaire, mais c’était insatisfaisant parce que ça donnait plus l’impression d’une visite des lieux alors que nous voulions illustrer le contexte et les défis de l’exercice de la profession en milieu communautaire. Alors nous avons eu l’idée de produire une vidéo et de l’intégrer dans un diaporama.
Ma collègue filmait pendant que je faisais des entrevues dans les milieux. Nous avons conçu ce vidéo pour enseigner la compétence « Analyser la fonction de travail » (la 01Q0). Nous sommes allées dans des milieux pour montrer la réalité du travail d’infirmière. Les étudiants n’avaient pas la réalité du milieu. Nous avons présenté les vidéos en classe intégrées dans un PowerPoint dans lequel il y avait également de nombreuses images. En classe, nous avons eu le succès escompté. Les vidéos ont fait émerger des discussions de groupe très intéressantes. Les étudiants ont constaté comment l’infirmière intervient auprès de groupes de jeunes et comment elle travaille en concertation avec les familles. Les vidéos permettent de synthétiser les différents rôles de l’infirmière et les étudiants établissent des liens avec le programme « Famille-Enfance-Jeunesse » et les trois autres programmes du CSSSB (Centre de Santé et des Services Sociaux de la Beauce). Les étudiants reconnaissent davantage le rôle préventif de l’infirmière.
J’utilise aussi les diaporamas pour faire de l’évaluation formative au début des cours. Dans ce cas, j’intègre davantage les images. Par exemple, je mets une illustration de l’estomac pour bien situer,entre autres, le cardia et le pylore. Je mets mon image en fond d’écran et ma question par-dessus. J’utilise les fonctions d’animation du logiciel PowerPoint et ça me permet de capter leur attention. Je trouve que ça débute bien un cours et, tout de suite, les étudiants se mettent à prendre des notes. Je sens que c’est utile pour les étudiants. J’utilise aussi les acétates comme révision de l’examen. Je pourrais juste donner les réponses verbalement, mais je vais chercher davantage d’étudiants si j’ai des éléments visuels. Puisqu’il sont plus captivés, il y a plus d’interactions.
Avoir une intention pédagogique précise
Intégrer les TIC dans l’enseignement c’est exigeant… oui et non je dirais. Oui, parce qu’il faut s’approprier les outils et le matériel. La première condition, c’est d’être intéressé à utiliser les TIC et d’être prêt à s’investir. La deuxième condition, c’est d’avoir une intention précise et de l’intégrer dans une stratégie d’enseignement. Il faut faire une réflexion pédagogique pour sentir qu’on va être plus efficace.
Il faut avoir des liens avec l’extérieur, penser qu’il y a un réseau et exploiter les différentes ressources. Il faut oser faire des contacts. Quand je constate le résultat, cela m’encourage à continuer. Il y a des ressources aussi pour nous aider. Si on sait frapper à la bonne porte, on peut trouver le support adéquat. Chez moi, les TIC ont créé une motivation intrinsèque. Chez les collègues, ça crée un intérêt, une curiosité. Ils entendent parler les étudiants, puis ils viennent me trouver et me disent qu’ils aimeraient voir ce que j’ai produit avec ma collègue.
En ce qui concerne le temps à investir, ça dépend du point de comparaison. Si je prends mon exemple précédent concernant la compétence 01Q0, c’est sûr que si on compare à un cours magistral, on prendrait des documents existants, formats papier et on en ferait une présentation linéaire aux étudiants, comme par exemple le programme « Famille-Enfance-Jeunesse ». Ça s’est déjà fait de façon magistrale dans les années antérieures. Cela ne permet pas à l’étudiant de s’approprier en profondeur le rôle d’une infirmière en milieu communautaire. Créer des cours avec de nouvelles stratégies pédagogiques en ajoutant les TIC, oui ça demande un peu plus d’énergie dans la planification et la préparation, mais c’est tellement plus payant lorsqu’on arrive en classe et lorsqu’on voit l’intérêt des étudiants! C’est tellement gratifiant que oui, ça vaut la peine d’y mettre du temps! Il faut aussi se laisser du temps entre le moment où on élabore le contenu et le moment où on fait notre prestation de cours. Il ne faut pas être pris trop serré dans le temps car parfois il y a des imprévus, des erreurs techniques et l’anxiété augmente! Par exemple, avec notre vidéo, on ne pensait pas que le montage serait si long. Je me rappelle que nous avons filmé une journée complète dans les milieux. En réécoutant l’enregistrement, nous avons découvert qu’il n’y avait pas de son. Nous étions découragées. Heureusement, c’était un problème technique, nous n’avons pas eu besoin de recommencer.
Il est vrai que parfois les TIC peuvent susciter des craintes parce qu’il faut avoir un bon plan de match. Les TIC sont un PLUS en classe lorsqu’elles s’intègrent à une planification d’ensemble (stratégie). Puis, il reste que c’est de la technologie… Si Internet ne fonctionne pas ce matin-là ou que l’appareil est défectueux, il faut prévoir en conséquence. Au début, on est un peu méfiant. Mais si on a un plan « B », on se garde une porte de sortie. L’enseignante d’expérience dont j’ai parlé au début avait toujours une alternative « au cas où ». En ce sens, elle a été un bon modèle pour moi. Par exemple, une fois, il y a eu une panne d’électricité, mais elle a été en mesure de terminer son cours. Moi aussi, j’ai toujours un plan « B » pour me donner un sentiment de sécurité et de la souplesse aussi dans ma prestation de cours.
Plus grande motivation et apprentissages plus en profondeur
Je remarque que l’utilisation des TIC en classe amène davantage de motivation chez les étudiants.3 Il y a plus de dialogue entre eux et moi. Je remarque qu’ils sont plus soucieux de faire des liens par eux-mêmes. De mon côté, je suis plus sensible pour détecter les éléments qui sont moins bien assimilés par les étudiants. Le recours aux diaporamas animés m’a permis d’être plus efficace dans l’enseignement de concepts et de notions abstraites pour les étudiants. Par exemple, le recours à la vidéo pour illustrer le professionnalisme attendu dans la profession d’infirmière (savoir-être) ou pour enseigner des connaissances déclaratives ou des contenus plus arides comme les lois, les règlements…
Je ne peux affirmer que les TIC haussent le taux de réussite de mes étudiants car il y a tellement de variables à prendre en compte dans la réussite scolaire. Cependant, le gain est manifeste en ce qui concerne leur motivation et la qualité de leurs apprentissages.