Ne passez pas trop de temps à préparer vos cours
Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.
En ce début de session, vous passez peut-être vos jours (et vos nuits) à préparer du matériel pédagogique pour vos cours. Quel que soit le nombre de vos années d’expérience, quel que soit le nombre de fois que vous avez donné un cours, vous êtes peut-être de ceux qui n’ont jamais l’impression d’en avoir assez : toujours des trous à boucher, toujours du matériel existant à améliorer. Mais, vos efforts sont-ils bien investis? Et si vous pouviez en faire plus avec moins?
Enseigner efficacement
Le rapport entre vos efforts et les apprentissages de vos étudiants peut être faussé de différentes manières. Il vous est peut-être déjà arrivé d’obtenir de meilleurs résultats auprès d’un groupe d’étudiants en consacrant pourtant beaucoup moins d’énergie à la préparation que dans un autre cours.
L’efficacité dans l’enseignement fait l’objet de nombreux travaux, y compris ceux colligés par Xavier Dumay et Vincent Dupriez. Il peut être difficile pour un enseignant dévoué de penser à sa pratique de façon aussi instrumentale, mais il y a du mérite à chercher un équilibre entre assiduité à la tâche et temps investi.
Diminuer le fardeau…
L’une des façons de se soustraire au fardeau de la préparation de cours est d’utiliser du matériel existant. Des enseignants de partout dans le monde partagent des ressources éducatives qui peuvent être réutilisées, adaptées et redistribuées. Le catalogue CERES en regorge! Par ailleurs, dans le cas de ressources existantes en anglais (ou dans une autre langue), une adaptation est souvent possible, voire facilitée par des programmes gouvernementaux. La production d’une vidéo éducative peut être longue et fastidieuse; l’ajout de sous-titres à une vidéo existante l’est beaucoup moins.
Une autre façon d’alléger la tâche de préparation de matériel pédagogique est de mettre les étudiants à contribution! Développer du matériel pédagogique est en soi une excellente façon d’apprendre. C’est une chose de fournir du matériel à lire ou visionner à vos étudiants. C’en est une autre de leur donner l’occasion d’apprendre en leur offrant de créer le matériel avec vous.
- Pourquoi ne pas aider vos étudiants à créer des livres (ne serait-ce qu’à partir de Wikipédia)? (Si la création de livres numériques vous intéresse, consultez cet article sur une formation du Réseau d’enseignement francophone à distance du Canada (REFAD) au sujet des applications pédagogiques du livre électronique.)
- Pourquoi ne pas mettre vos étudiants à contribution pour la formulation de questions d’examen?
Si ces activités sont bien encadrées, les bénéfices pour les apprentissages des étudiants vont certainement rentabiliser largement les efforts investis.
Du temps pour les activités innovantes
Vous vous demandez peut-être s’il est raisonnable de consacrer du temps de classe à des activités comme l’écriture collaborative d’un glossaire par les étudiants, quand vous avez à peine assez de temps pour « passer au travers » du manuel. La réponse dépend du contexte. Il est possible que la révision des chapitres ou l’évaluation formative soient plus pressantes que les activités de création comme les annotations collaboratives. D’un autre côté, rien ne prend plus de temps que de forcer des gens à apprendre des choses qu’ils ne peuvent pas comprendre. Après tout, l’une des raisons du succès d’approches comme la classe inversée ou l’instruction par les pairs est qu’elles permettent aux enseignants de comprendre les portions plus inattendues du processus d’apprentissage.
Lorsqu’on leur présente une nouvelle approche pédagogique qu’ils trouvent intéressante, plusieurs enseignants disent vouloir l’adopter, mais prétendent être incapables de le faire parce qu’ils doivent « couvrir la matière ». C’est compréhensible. Mais il y a plus d’une façon de s’assurer que les apprenants couvrent la matière, même si l’enseignant doit prendre un pas de recul.
Efforts concertés
Au cours de l’hiver 2016, la Vitrine technologie-éducation (VTÉ) organisera diverses activités autour de la création, l’adaptation, le partage et le référencement de ressources éducatives libres. Nous portons un regard particulier sur les ressources que les pédagogues peuvent créer de façon collaborative et organisons un atelier de co-création de type Hackathon ou Book Sprint à la fin du printemps. Certaines de ces activités se tiendront en anglais, mais nous sommes bien entendu ouverts aux échanges en français sur la création et le partage de matériel pédagogique. Pour participer à ce type d’événement ou simplement manifester votre intérêt pour la question, écrivez-nous pour que nous puissions établir le contact.
À propos de l’auteur
Alexandre Enkerli est conseiller technopédagogique à la Vitrine technologie-éducation où il s’occupe principalement du secteur anglophone. Il provient du domaine ethnographique (anthropologie, sociologie, folklore, ethnomusicologie…) dans lequel il enseigne depuis 1999. Constructiviste par osmose, il traite l’apprentissage comme une capacité d’action. En plus d’enseigner dans des institutions collégiales et universitaires, il s’occupe d’appropriation technologique dans divers domaines.
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À propos de l'auteur
Alexandre Enkerli
Alexandre accompagne les professionnels de l’apprentissage dans leur appropriation technologique selon leurs contextes spécifiques, comme il le faisait en tant que technopédagogue pour la Vitrine technologie-éducation de 2014 à 2016 et comme conseiller technopédagogique chez Collecto de 2021 à 2023. Alexandre occupe de nouveau ce rôle après des incursions à Ottawa (conception de parcours d’apprentissage en cybersécurité et d’une expérience d’apprentissage en ligne massive et ouverte à tous (CLOM) sur la participation publique ) et au Saguenay-Lac-Saint-Jean où il a travaillé au COlab sur un projet recherche-action participative .
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