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30 mai 2016

Parcours inspirant : Nathalie L’Heureux, une enseignante innovatrice et « intrapreneure »

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Je vous invite à entrer dans l’univers technopédagogique de Nathalie L’Heureux, enseignante en biologie au Cégep Édouard-Montpetit. En février 2016, j’avais déjà eu le plaisir de réaliser une première entrevue avec Nathalie, ce qui avait éveillé ma curiosité en tant que nouvel enseignant « technophobe » désirant intégrer les nouvelles technologies dans mes cours.

Récemment, j’ai eu l’occasion de passer une journée avec Nathalie et ses étudiants. Je suis reparti avec plusieurs stratégies pédagogiques différentes faisant appel aux TIC. Je vous propose un retour sur cette journée, question de bien comprendre comment se déroule une journée classique dans les classes de Nathalie et de vous tracer quelques lignes sur son parcours.

Une journée typique pour Nathalie

Le 28 avril 2016, je me suis rendu au Cégep Édouard-Montpetit à Longueuil pour découvrir, en vrai, comment Nathalie organise ses journées de technophile!

Première chose à faire en arrivant le matin: aller chercher son chariot d’iPads au comptoir de prêts de l’audiovisuel du cégep. Une signature et hop! Voilà Nathalie qui repart avec 30 tablettes électroniques pour ses étudiants de Techniques d’hygiène dentaire.

L’ambiance est animée. Aidée par l’une de ses étudiantes, Nathalie distribue à chaque personne un iPad qui lui est attitré de façon nominative pour la session complète. Le cours porte sur les nerfs crâniens et cervicaux. À la suite de l’énonciation des consignes, la classe se divise en 3 groupes :

  • Un premier qui reçoit une formation avec Nathalie au TBI
  • Un second qui travaille sur la plateforme Moodle à partir de leurs tablettes électroniques
  • Un troisième qui s’affaire à réaliser les exercices que Nathalie a distribués préalablement

Les 2/3 du groupe travaillent de manière autonome pendant un certain temps. Les étudiants sont très énergiques (et quelques fois dissipés). Nathalie a toutefois appris à leur laisser cet espace de liberté afin de préserver ce même niveau d’engagement tout au long de la session.  Cela permet également à Nathalie de travailler en alternance avec ses équipes d’étudiants afin d’aborder avec eux des notions et des concepts plus complexes à appréhender en classe :

Une fois que le premier groupe a reçu une formation avec moi au TBI, ces étudiants, nouvellement « spécialistes » de la matière, retournent à leur place et forment à leur tour leurs coéquipiers en leur expliquant tout ce que nous avons vu au tableau. Les autres étudiants écoutent, posent des questions et colorient les divers schémas à compléter dans l’activité pour valider leur compréhension du cours.

À peine le temps d’avaler quelques bouchées à l’heure du dîner (tout en recevant dans son bureau quelques étudiantes venues chercher des explications sur le cours précédent), Nathalie repart déjà pour donner son prochain cours dans le programme de Soins infirmiers. Et c’est reparti pour 3 heures d’enseignement actif!

Avec une approche constructiviste de l’enseignement et de l’apprentissage et une énergie débordante et communicatrice, Nathalie entretient des échanges constants avec ses étudiants afin qu’ils s’impliquent toujours plus dans leur propre acquisition de nouvelles connaissances.

L’utilisation des nouvelles technologies prend ainsi tout son sens, puisque cela permet à Nathalie de développer une pédagogie efficace au sein de la classe. Ainsi, tout au long de la journée, Nathalie alterne entre les divers outils technologiques qu’elle a en sa possession :

  • TBI
  • Plateforme Moodle
  • Logiciels pour la création d’exercices
  • Tablette électronique
  • Vidéoprojecteur
  • Ordinateur portable
  • Téléphone intelligent

J’interroge Nathalie sur son parcours et sur l’origine de son intérêt pour la pédagogie et les technologies. « Je suis d’un naturel curieux », m’avait-elle dit lors de notre première rencontre. Détentrice d’un baccalauréat en biologie-écologie de l’UQAM et d’une maîtrise de l’Université de Sherbrooke, elle a commencé à enseigner la biologie en 1994 au Cégep de Drummondville. Elle a ensuite travaillé au Zoo de Granby en gestion de projets et conservation des espèces.  Elle enseigne au Cégep Édouard-Montpetit depuis 1997. Dès le début de sa carrière, elle s’est intéressée aux plateformes interactives. Elle a progressivement délaissé son carnet de notes en papier pour un format électronique et interactif. Elle encourage également ses étudiants à s’approprier, de façon ludique, les résultats de leurs travaux réalisés en classe en format numérique :

« À la fin de l’activité réalisée sur le TBI, les étudiants prennent en photo avec leur cellulaire le schéma de concept complété. Ils pourront l’intégrer dans leurs notes de cours dès leur retour à la maison! »

Capture d’écran de l’activité portant sur le cours du système urinaire et réalisée avec le TBI.

L’innovation pédagogique mise en place par Nathalie, notamment la pédagogie active, est une grande source de motivation pour elle et pour ses étudiants, qui sont participatifs et engagés dans leur processus d’apprentissage. Cela fait toute la différence!

« En travaillant sur l’iPad avec Moodle, les étudiants peuvent faire et refaire les exercices proposés jusqu’à trouver les bonnes réponses, sans pénalité. J’insiste sur l’aspect formatif, essentiellement! L’objectif est de permettre aux étudiants de s’entrainer jusqu’à comprendre les concepts par eux-mêmes. Et ils adhèrent vraiment à ce mode de fonctionnement. »

Une enseignante avant-gardiste

Une de ses collègues de biologie a qualifié Nathalie « d’intrapreneure », parce qu’elle développe des activités et des orientations novatrices à l’intérieur de son collège. À preuve, Nathalie a commencé à utiliser cette année les fameux badges numériques dont elle nous parlait dans le récit qu’elle a publié sur Profweb. Chaque badge est en lien avec l’un des grands systèmes physiologiques du corps humain étudiés durant la session (systèmes digestif, circulatoire, respiratoire, etc.). Pour obtenir un badge et le voir apparaître sur leur page Moodle personnelle, les étudiants devront réaliser des tâches variées. Les étudiants doivent obtenir ces badges régulièrement pendant la session, ce qui requiert qu’ils soient actifs et investis tout au long de celle-ci. Selon Nathalie, ces badges sont une sorte d’incitatif, car ils permettent d’obtenir une question « bonus » lors de l’examen. Les premiers essais de Nathalie semblent concluants: elle compte bien utiliser la même stratégie dans ses autres groupes à la rentrée d’automne 2016!

Très investie dans ses projets et toujours à la recherche de nouvelles approches technologiques à intégrer dans ses cours, Nathalie fait preuve d’innovation et d’un certain avant-gardisme en matière d’enseignement. À la fin de la journée, elle prend quelques minutes pour fermer ses divers outils technologiques, ranger son chariot et en profite pour sensibiliser ses étudiants au recyclage (et au compost!) en leur demandant de jeter leurs documents inutiles dans les bons contenants. Devant ma surprise, Nathalie explique: « Je pense qu’il est important de sensibiliser les étudiants à cet aspect environnemental et qu’il est de notre ressort, en tant que milieu scolaire, mais également en tant que citoyen, de les orienter vers cette voie. »

Parfois, les innovations et les changements qui y sont liés ne fonctionnent pas toujours très bien, mais, comme toute aventurière, Nathalie sait qu’il faut prendre des risques pour être en mesure de découvrir de nouvelles « merveilles »!

Questions en rafale 

Ce qui caractérise Nathalie dans un projet

« La passion. J’aime les technologies et trouver des moyens de faire participer les étudiants. Je veux qu’ils s’amusent. Je suis une adepte de l’apprentissage par le jeu ou par le plaisir. Je suis persuadée que lorsque c’est plaisant, on a le goût de s’investir. Or, mes cours demandent beaucoup d’investissement. En biologie, il y a beaucoup de notions à apprendre avant de pouvoir faire des liens et comprendre. Le rythme au cégep est rapide (5 ou 6 heures par semaine) : cela fait beaucoup de nouvelle matière à intégrer! La majorité de mes étudiants ont besoin d’être actifs dans leurs apprentissages pour réussir à emmagasiner toutes ces nouvelles informations.

Mon but, c’est de trouver un moyen de les intéresser et de les inciter à faire les activités d’apprentissage. Les activités sont les outils pour apprendre et intégrer le contenu. Les technologies, c’est le moyen que j’utilise pour rendre l’apprentissage plaisant et les inciter à rester actifs. »

Ce qui l’anime le plus en ce moment?

« Actuellement, je restructure complètement un cours. Je m’amuse avec OneNote et Class Notebook. J’abandonne le recueil de notes de cours « papier » dans lequel j’avais intégré du contenu à compléter et des questions. Plusieurs étudiants attendaient le cours magistral pour y répondre et ne faisaient pas les lectures avant de venir en classe. Je passe donc au bloc-notes numérique (comme un gros cahier de notes de cours dans lequel l’étudiant peut intégrer facilement du texte, des images, de l’audio-vidéo, des hyperliens, etc.). Les étudiants ne pourront pas dire qu’ils ont oublié leur cahier, puisqu’il est dans le nuage et qu’on y a accès de partout. Je pourrai aussi suivre la progression de leur cahier; cela permet plus facilement de cibler les étudiants qui prennent du retard et qui manquent de motivation. J’ai vraiment hâte d’essayer ce modèle en classe! »

Une force qui la distingue

Elle est avant-gardiste comme enseignante!

Une source d’inspiration dans sa pratique

« J’ai travaillé avec 2 professeurs passionnés. Ils sont maintenant à la retraite, mais on se voit encore régulièrement. Ce sont des passionnés: on parle souvent de biologie, de pédagogie et de technologies. Ils ont toujours des suggestions pour mes cours et ils me proposent souvent des activités. Ce sont des amis très stimulants. »

Ce qui lui permet de recharger la créativité

« La technologie évolue constamment. J’ai toujours une nouvelle application ou un nouvel appareil à essayer. Les étudiants aussi changent. Je m’adapte et j’évolue avec eux. »

Ce qu’elle cherche à préserver

« Je veux continuer à m’amuser. Je veux me lever le matin et avoir le goût d’aller travailler. Les défis et les nouveaux projets alimentent ma passion. »

À propos de l'auteur

Alexandre Dal-Pan

Il est stagiaire en enseignement en biologie au Cégep Garneau. Il aura bientôt un Diplôme d’études supérieures spécialisées en enseignement collégial (DESS) à l’Université Laval. Nous avons la chance de l’accueillir dans notre équipe de rédaction. Pour en savoir plus sur le parcours d’Alexandre, consultez son portrait.

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Michel Vincent
Michel Vincent
1 juin 2016 2h02

Quand on cherche un exemple de professeur qui intègre les technologies dans leur enseignement au cégep, le nom de Nathalie sort toujours en premier. Elle investit beaucoup d’énergie pour améliorer ses pratiques à l’aide des TI. Elle nous pousse à notre tour à nous dépasser dans l’accompagnement que l’on donne aux professeurs. C’est très stimulant!