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7 avril 2013

Améliorer son français en construisant un site web : une activité motivante!

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Le cours de renforcement en français (601-013-50) n’est certes pas le plus populaire : certains élèves sont tenus de le suivre avant de commencer le programme obligatoire en français, et la note obtenue n’influe pas sur leur cote R. En s’inspirant de la pédagogie active, véritable leitmotiv du Collégial international Sainte-Anne, et profitant du fait que tous ses étudiants bénéficient d’un ordinateur portable, Karine Bélair a choisi d’axer son cours autour de la création d’un site web. Résultat? Des étudiants plus motivés et un climat d’apprentissage agréable, tant pour les étudiants que pour le professeur!

La création d’un site web

Le grand projet de la classe, représentant environ le tiers du cours et de la note finale, consistait à bâtir un site web coopératif couvrant les principales notions du code linguistique. Les étudiants avaient d’abord pour mission, à l’aide d’un texte diagnostique que j’avais corrigé, d’identifier trois notions qui leur posaient problème. Chaque notion à améliorer constituerait une contribution de l’étudiant au site web. La classe, de petite taille (7 étudiants), se concertait dès le départ pour savoir qui couvrirait quelle notion.

Pour chacune de ses contributions, l’étudiant devait produire une synthèse de la théorie concernant la notion qu’il désirait améliorer. Il créait également un exercice permettant d’intégrer la matière. Son mandat était de vulgariser l’information de façon juste et intéressante, de manière à ce que les notions soient accessibles à d’autres étudiants éprouvant les mêmes difficultés. J’encourageais la classe à être créative pendant tout le processus et à explorer tout ce que le web pouvait offrir comme ressources.

L’expérience

Les étudiants du groupe ont choisi de créer leur site web gratuitement avec Weebly. Cet outil, qu’ils ont appris à manipuler de façon autonome, leur permettait d’organiser l’information avec facilité et style en créant différents onglets et sous-onglets. Ils ont ainsi divisé la matière en vocabulaire, syntaxe, grammaire, ponctuation et orthographe, et ont ajouté les sujets précis dont ils traitaient à l’aide de sous-onglets. Par exemple, un étudiant a ajouté « L’accord des participes passés avec l’auxiliaire avoir » sous l’onglet « Grammaire », tandis qu’un autre était responsable de « L’emploi de la virgule » dans la section « Ponctuation ». Tous les étudiants du groupe pouvaient modifier le site et y ajouter leurs contributions.

Présentation du site web créé par les étudiants du cours de renforcement en français

Les étudiants se sont réellement approprié leur site web. Ils en ont choisi le titre et l’apparence. Les présentations théoriques et les exercices de forme traditionnelle ont côtoyé des formes plus originales, rendant les exercices variés et stimulants. Des étudiants ont ainsi créé et déposé sur le site des PowerPoint interactifs, des questionnaires sur Prezi, des corrections d’exercices sur vidéo, etc. Le ton était tantôt sérieux, tantôt humoristique, tantôt celui de la confidence, reflétant la personnalité de l’auteur et le fruit de sa réflexion sur ses faiblesses et les trucs trouvés pour y remédier.

Loin d’un simple copier-coller des règles énoncées dans les ouvrages de grammaire, le résultat final, pour ceux qui se sont sincèrement lancés dans l’exercice, a démontré une appropriation palpable des notions du code linguistique. Lorsque les règles n’étaient pas maîtrisées, il devenait impossible de bien les reformuler ou de créer un exercice adéquat : je pouvais alors tâcher d’aider l’étudiant dans sa démarche.

L’évaluation

L’évaluation, effectuée pour chacune des trois contributions, tenait compte des points suivants :

  • La maîtrise de la notion présentée
    • Les informations transmises à travers l’outil créé sont justes.
  • La qualité de la ressource théorique
    • La ressource proposée est originale, vulgarise efficacement la notion abordée en la rendant claire, accessible et compréhensible.
  • La qualité de la ressource pratique
    • La ressource proposée est originale, agréable à utiliser et facilite véritablement la compréhension des notions présentées grâce à des exemples significatifs.
  • La maîtrise de la langue
    • Des points étaient soustraits pour les fautes, mais les étudiants avaient la possibilité d’en recouvrer une partie en fournissant une correction justifiée.

J’évaluais seule la maîtrise de la notion présentée et la maîtrise de la langue. Par contre, je demandais aux étudiants d’évaluer la qualité des ressources théoriques et pratiques créées par leurs collègues puisque, après tout, ils en étaient les principaux utilisateurs. Je tenais compte de leur appréciation du travail de leurs collègues dans ma propre évaluation. Conseil : Pour faciliter le processus de correction, le contenu des contributions devrait idéalement être corrigé par le professeur avant qu’elles ne soient déposées sur internet.

Pour m’assurer que les étudiants avaient intégré les notions présentées sur le site, les leurs comme celles découlant des contributions des autres étudiants, j’avais prévu, en fin de session, un test de grammaire. Conseil : Faire des minitests après chaque ronde de dépôt des contributions pourrait sans doute permettre de maximiser les chances que les étudiants révisent également les notions abordées par leurs collègues.

Conclusion

Ce nouveau projet dans le cours de renforcement a eu un impact réellement positif : les étudiants, plus motivés, étaient présents en classe et semblaient apprécier le cours! Certains m’ont confié avoir enfin éprouvé le sentiment d’avoir amélioré des aspects importants de leurs textes écrits.

Cette façon de donner le cours étant nouvelle pour moi, il va sans dire que la formule sera appelée à évoluer et à s’améliorer.

Je vous invite à partager ici vos activités de pédagogie active liées à l’amélioration du français et faisant appel aux TIC!

À propos de l'auteure

Karine Bélair

Elle enseigne au Collégial international Sainte-Anne depuis son ouverture en 2011. Titulaire d’un double diplôme en droit civil et en common law et membre du Barreau du Québec, elle a aussi un baccalauréat et une maîtrise en littérature française, décernés par l’Université McGill. Elle a rédigé ce récit à la suite de ses expérimentations dans le cadre d’une communauté d’apprentissage professionnelle (CAP) dans son collège. Dans cette CAP, les enseignants, regroupés selon leurs intérêts, sont encouragés à partager avec leurs collègues le résultat de leurs recherches ou découvertes en matière de pédagogie.

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