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7 novembre 2019

Des activités pour favoriser l’ouverture d’esprit des étudiants

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Comme enseignant de français langue seconde au Cégep de Sept-Îles, j’ai eu la chance de donner un coup de main à Sharon Coyle, enseignante en Humanities (philosophie)et Literature (littérature), pour un projet de Virtual Team Teaching (VTT) entre une classe de Sept-Îles et une de l’Université de l’Arizona.

De cette collaboration est né un atelier que nous avons présenté au colloque 2019 de l’Association québécoise de pédagogie collégiale (AQPC) à Rimouski et intitulé Open Mindedness : Five Classroom Activities (Enseigner l’ouverture d’esprit en 5 activités de classe). En plus de présenter les effets positifs de notre VTT, nous avons proposé aux participants des activités faciles à mettre sur pied en classe qui favorisent l’ouverture d’esprit. J’ai voulu en partager quelques-unes avec vous!

Pourquoi l’ouverture d’esprit?

L’ouverture d’esprit, en plus d’être l’apanage d’un bon citoyen, est explicitement mentionnée dans les visées de la formation collégiale dictées par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) :

Visées de la formation collégiale

  • Former l’élève à vivre en société de façon responsable.
    • Dans ses relations avec les autres, il fait preuve d’ouverture d’esprit et exerce son sens communautaire.

Source : Composantes de la formation générale – Extraits des programmes d’études conduisant au diplôme d’études collégiales (DEC) (p. 2)

L’ouverture d’esprit est d’ailleurs mentionnée à plusieurs reprises dans les visées de la formation générale, autant pour les cours de littérature, de sciences humaines et de français langue seconde. Évidemment, ces quelques cours ne devraient pas être les seuls à permettre aux étudiants d’élargir leurs horizons et d’ouvrir leur esprit!

L’ouverture d’esprit ne se développe pas uniquement en observant des idées, des cultures ou des pratiques nouvelles, mais en tentant de chercher activement des preuves qui vont à l’encontre de notre système de valeurs et de juger ces preuves équitablement, sans biais.

Activité 1 : Le jeu des opinions controversées

Exemple d’une carte dans un cours de français langue seconde.

Cette activité, toute simple, est probablement ma préférée, puisqu’elle s’intègre particulièrement bien dans un contexte d’enseignement d’une langue seconde. Il s’agit d’une adaptation d’une activité imaginée par Sean Blanda faite par ma collègue Sharon Coyle.

Il suffit pour les étudiants de penser à des opinions controversées et de les coucher sur papier. Il est bien important de comprendre qu’ils n’ont pas nécessairement à être d’accord avec ces positions! À mon avis, 3 opinions par étudiant fonctionnent assez bien. Ensuite, l’enseignant peut :

  • réaliser de belles cartes réutilisables, comme l’a fait ma collègue Sharon à partir des thèmes de ses étudiants (page A, page B et backing [en anglais] [fichiers téléchargeables en format Word])
  • distribuer aléatoirement des bouts de papier sur lesquels les étudiants indiquent des opinions, quoique cela rend la rédaction des opinions moins anonyme

Ensuite, en équipe de 2 ou 3 étudiants, chaque étudiant choisit un sujet. Encore une fois, rappelons qu’il n’est pas nécessaire d’être en accord avec celui-ci : cela est encore mieux si l’on est en désaccord! L’étudiant doit ensuite tenter de défendre cette position. Les autres membres de l’équipe n’ont pas à argumenter : leur rôle est d’écouter activement et de poser des questions pertinentes. Au bout de quelques minutes, on inverse les rôles pour que tout le monde puisse expérimenter la partie « argumentation ».

J’intègre cette activité dans les groupes de tous les niveaux étant donné que les discussions sont animées, ce qui n’est pas toujours facile dans un contexte de langue seconde! Par la suite, en grand groupe, les étudiants mentionnent généralement comment il est difficile de défendre une position avec laquelle on est fondamentalement en désaccord : c’est à ce moment qu’on sait qu’on a travaillé leur ouverture d’esprit!

Activité 2 : De l’autre côté

Dans le même esprit, cette activité ne demande toutefois aucun matériel et, à mon avis, se pratique bien dans des groupes de petite taille.

Il s’agit de trouver un sujet, idéalement d’actualité et controversé, et de demander aux étudiants de prendre position d’un côté ou de l’autre… pour finalement devoir défendre la position inverse! J’invite ensuite les étudiants à trouver 3 à 5 arguments pour défendre cette position qu’ils présenteront au reste du groupe.

Source: Marc-Antoine Charette

Les étudiants, par exemple, ont dû trouver des arguments en faveur ou en désaccord avec des sujets sensibles comme le droit à l’avortement ou le mariage entre personnes de même sexe. L’exercice n’est pas facile puisque généralement, ces sujets semblaient davantage faire consensus auprès des étudiants.

Dans un groupe plus avancé, j’essaie de choisir des sujets où les étudiants n’auront pas tous la même posture : par exemple, l’aide médicale à mourir pour tous ou la légalisation de toutes les drogues. Il est ensuite possible de faire un « débat inversé » où chaque étudiant devra défendre sa position contraire… Attention : cela ne dure pas très longtemps! Les étudiants vous mentionneront à coup sûr qu’il est difficile d’imaginer ce qu’une personne avec une opinion contraire à la nôtre peut penser…

Activité 3 : Dépasser les frontières

Le sujet du VTT, réalisé en collaboration avec l’Université de l’Arizona, transcende les frontières, qu’elles soient physiques, linguistiques, imaginaires, etc.

Aperçu des échanges entre les étudiants du Cégep de Sept-Îles et de l’Université de l’Arizona.

Je ne crois pas qu’il y ait de meilleures manières d’ouvrir son esprit que de réfléchir à ce qui nous rend différents des autres. C’est là où l’échange virtuel devient intéressant : les étudiants peuvent avoir des discussions authentiques avec des personnes à l’autre bout de la planète, mais qui, finalement, vivent des enjeux similaires aux leurs. Je me souviendrai toujours d’une discussion entre des étudiants anglophones vivant à Sept-Îles et une étudiante hispanophone des États-Unis. Malgré les milliers de kilomètres de distance, l’enjeu de la minorité linguistique était franchement similaire.

Réflexions des étudiants lors d’un échange virtuel sur les frontières linguistiques.

J’espère que ces quelques activités vous permettront de réfléchir aux manières de favoriser l’ouverture d’esprit de vos étudiants dans vos classes. Peut-être que certaines de vos activités favorisent déjà cette ouverture, si tel est le cas, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires!

À propos de l'auteur

Marc-Antoine Charette

Il possède un baccalauréat en études littéraires, un D.E.S.S. et une maîtrise en enseignement collégial. Il termine des études de troisième cycle en éducation pour entamer un doctorat dans le même domaine à l’Université de Sherbrooke. Après avoir enseigné la littérature et le français langue seconde au Cégep de Sept-Îles, il a obtenu une charge en français langue seconde au campus de Gaspé du Cégep de la Gaspésie et des Îles.

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