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29 mai 2019

Des outils interactifs dans un cours hybride utilisant la visioconférence

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

L’an dernier, dans le cadre d’un projet soutenu par l’APOP (Entente Canada-Québec), j’ai donné des cours hybrides de français langue seconde de niveau intermédiaire dans la plateforme de visioconférence VIA. Une leçon par semaine avait lieu en mode synchrone à distance, alors que l’autre se déroulait en face à face. La plupart des étudiants en étaient à leur première expérience de cours à distance. Dans la plateforme, nous avons utilisé plusieurs outils interactifs tels que le clavardage, les sondages et les tableaux blancs interactifs. Cela a permis de favoriser une interaction optimale durant les cours en ligne. Il me fait plaisir de partager avec vous quelques pistes de réflexion concrètes tirées de cette expérience.

Premier cours

Afin de démarrer du bon pied, le premier cours en ligne s’est déroulé dans un laboratoire de langues avec le soutien technique du coordonnateur technologique du collège (en classe) et de la directrice de projet du secteur anglophone de l’APOP (en ligne). Après une introduction à la plateforme, nous avons donné le coup d’envoi au premier cours à distance. J’ai opté pour une révision des acquis afin de favoriser l’appropriation de la plateforme. En effet, il fallait donner le ton à la session en faisant vivre aux étudiants une première expérience positive de cours à distance.

Les outils de la plateforme de visioconférence

Les étudiants ont rapidement et efficacement utilisé les principaux outils de la plateforme. Pour ce faire, nous leur avons proposé une variété d’activités d’intégration des notions pour valider leur appropriation des contenus. Voici donc les principaux outils interactifs utilisés :

Casque d’écoute et webcam – Lors de la première session, l’utilisation d’un microphone était facultative pour les étudiants. Parmi ceux qui en possédaient un, tous n’étaient pas enclins à l’utiliser spontanément, probablement parce que le français n’est pas leur langue maternelle. Même si ces outils n’étaient pas les plus privilégiés des étudiants, nous les avons rendus obligatoires à la session suivante pour inciter les apprenants à s’exprimer davantage à l’oral durant les séances synchrones.

Tableau blanc – Le tableau blanc s’est révélé l’outil interactif le plus utile et le plus apprécié des étudiants. Avant d’exploiter ce puissant outil, j’étais loin de me douter de l’ensemble de son potentiel et de son efficacité durant un cours en ligne avec vingt-cinq étudiants de langue seconde. En effet, le tableau blanc leur permettait de mettre immédiatement en pratique les notions vues sans avoir peur de la réaction du groupe face à leurs erreurs. Ils prenaient sans contredit plus de risques que dans un cours en présentiel.

À la fin du cours, les étudiants ont affirmé qu’ils se sentaient moins intimidés de communiquer en français dans la plateforme à distance qu’en classe. Conséquemment, ils s’exprimaient davantage et plus facilement en français durant la portion du cours à distance. Ceci n’a toutefois pas eu d’impact significatif sur leurs résultats, les moyennes étant sensiblement les mêmes que dans les cours comparables offerts entièrement en présentiel.

En définitive, la plupart des étudiants se sentaient plus à l’aise de communiquer en français et étaient plus motivés à se perfectionner dans leur langue seconde après avoir suivi ce cours hybride.

Clavardage – Le clavardage public a été très peu utilisé durant les cours pour des fins pédagogiques. Les étudiants l’ont surtout utilisé pour poser des questions d’ordre technique. Cependant, après les cours, le clavardage privé (étudiant-professeur) permettait de répondre à des besoins particuliers.

Sondages – J’ai eu recours aux sondages de VIA pour atteindre différents objectifs pédagogiques tels que vérifier la compréhension d’une explication ou m’enquérir de leur opinion. Du point de vue de l’étudiant, le fait de visualiser les résultats d’un sondage sous forme graphique était attrayant et lui permettait de se situer par rapport au groupe. De plus, l’apparition d’une fenêtre de sondage sollicitait son attention de façon ponctuelle. Du point de vue du professeur, le sondage servait, entre autres, à jauger la participation de chaque étudiant à différents moments du cours.

Un PowerPoint modifié pour l’enseignement à distance permet aux étudiants d'interagir comme si nous utilisions le tableau blanc

Un PowerPoint modifié pour l’enseignement à distance permet aux étudiants d’interagir comme si nous utilisions le tableau blanc

Les résultats d’un sondage visible pour l’enseignant et les étudiants

Les résultats d’un sondage visible pour l’enseignant et les étudiants

Multimédia – L’utilisation ponctuelle de la vidéo a servi non seulement à faire des activités de compréhension orale, mais aussi à varier le contenu du cours. En outre, les activités multimédias renforçaient la motivation. Il fallait toutefois s’assurer que la source de la vidéo était lisible dans les principaux navigateurs et que les étudiants possédaient les logiciels de base pour bien visionner les documents vidéo en temps réel.

Présentation PowerPoint – Les présentations PowerPoint ont été utilisées non seulement pour présenter du contenu, mais aussi pour susciter les interactions des étudiants. Les diaporamas étaient enregistrés en format modifiable standard, ce qui permettait aux étudiants d’écrire sur les diapositives. Cela a rendu le cours encore plus interactif, puisque les apprenants pouvaient commenter une information en la surlignant, l’annotant avec leur souris ou en y ajoutant des symboles. Cependant, pour cela, il est préférable que la mise en page des diapositives soit allégée, par rapport à ce que l’on peut utiliser lors d’une présentation en présentiel. Même si, particulièrement au début, il faut du temps pour adapter son matériel et son approche en fonction du contexte de la distance, cela en vaut la peine.

Options personnelles dans VIA – La plupart des plateformes éducationnelles de visioconférences possèdent différents boutons qui ajoutent à l’interactivité du cours. Par exemple, on y retrouve des icônes comme une main levée, un pouce en l’air ou un pouce vers le bas. Ces options ont servi tantôt à interrompre le professeur pour poser une question, tantôt à solliciter la participation du groupe, ou encore à vérifier la compréhension d’une notion avant de passer au point suivant. En général, ces options sont très utiles pour remédier au manque d’expressions faciales et pour dynamiser le cours en sollicitant des rétroactions constantes.

Des retombées au-delà de la classe

Dans l’ensemble, les étudiants ont trouvé la plateforme VIA conviviale, au point d’avoir hâte à leur prochaine leçon en ligne. Par surprise, à la fin du cours j’avais l’impression de mieux connaître les étudiants du cours hybride que ceux des cours réguliers. En effet, de visualiser à l’écran en temps réel leur processus d’intégration d’une notion m’a permis de mieux saisir les étapes les menant à la réutilisation personnelle d’un concept. De plus, l’inhibition que procure le clavier a favorisé une communication plus spontanée chez certains étudiants. Finalement, malgré le contexte de la distance, nous interagissions efficacement et de manière authentique.

Certes, dans un cours en présentiel, le non verbal facilite la communication. Cependant, il n’est pas si simple de savoir ce qu’un étudiant pense ou ce qu’il a compris, surtout dans un cours de langue seconde. Dans la plateforme, je pouvais visualiser leurs réponses immédiatement, ce qui me permettait de réajuster les explications suivantes ou d’ajuster le rythme du cours au besoin. Bref, j’avais cette étonnante impression de mieux saisir leur processus d’apprentissage.

Toujours avec le soutien de l’APOP, j’ai offert une séance d’appropriation de la plateforme VIA aux collègues de mon département. Certains d’entre eux enseignent maintenant à distance!

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Évelyne Granger
Évelyne Granger
8 octobre 2013 18h55

Dans le cadre du soutien apporté par l’APOP aux projets d’expérimentation et de perfectionnement des enseignants des établissements anglophones (ECQ), le processus réalisé par Chantale Giguère s’est appuyé sur une vision pédagogique dynamique et résolument constructive. Nous saluons la rigueur, l’ouverture et le professionnalisme de l’enseignante qui a mené ce projet techno pédagogique avec succès, contribuant ainsi à augmenter la motivation des étudiants pour l’apprentissage du français langue seconde. Nul doute, en effet, que d’autres intervenants pédagogiques suivront ses traces! Bonne poursuite Chantale!