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5 novembre 2007

Dix ans d’intégration de technologies dans les cours de littérature!

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

1996 : Une grammaire interactive

Le début de l’aventure informatique débuta en 1996 avec l’utilisation d’un logiciel de grammaire interactive : Communication écrite. J’avais pris le pari que cela améliorerait la motivation, la persévérance et la performance linguistique de mes étudiants. Ce projet fut l’objet d’une subvention de recherche dont les résultats illustrèrent une plus value de cet outil pour les étudiants en difficultés. Cela fut le départ d’un cheminement pédagogique qui évolue depuis dix ans.

1998 : La rédaction à l’ordinateur

Une étape relativement récente de ce parcours fut l’organisation de la rédaction des exercices formatifs et de certains ateliers sommatifs au traitement de texte sur ordinateur. Les étudiants n’avaient accès à aucune aide orthographique ni grammaticale en ligne; ils avaient tout de même droit aux trois documents de référence traditionnellement permis. Le nombre de fautes chutait dramatiquement lorsqu’ils rédigeaient à l’ordinateur. Je fais l’hypothèse que la plateforme écran/clavier modifiait leur niveau de concentration; celle du papier et du crayon suivait l’approche graphie/sens alors que l’autre approche en développait une de graphie/outil. Dès lors, le cerveau démontait plus systématiquement chaque composante du mot puis de la phrase. Chez les étudiants faibles, cette procédure amenait les trente fautes et plus à des performances en dessous de 15 fautes pour un texte de 700 mots.

1999 : Antidote

En 1999, une formation sur Antidote 98 fut donnée systématiquement en classe. La simple motivation de pouvoir l’utiliser pour corriger leur texte fut suffisante pour qu’une forte majorité des étudiants développent une bonne compétence sur cet outil et l’utilisent régulièrement pour corriger leurs travaux dans mes cours, mais aussi pour leurs travaux dans les autres matières. Je me disais, et me dis encore, qu’il n’y avait pas de mal à amener mes étudiants à ressasser leurs règles à l’aide d’une grammaire, de chercher des synonymes dans un dictionnaire de synonymes, de fouiller une conjugaison dans un annuaire de conjugaison ou de consulter certaines définitions dans un dictionnaire grâce à un instrument plus efficace et plus dynamique. Bien sûr, cet outil corrigeait automatiquement la plupart des erreurs orthographiques. Je donnais ce bonus à mes étudiants sachant que cette dimension de leurs faiblesses linguistiques n’avait pas un impact majeur sur leur performance globale. En effet, plusieurs des échecs à l’Épreuve uniforme se situent, dans notre collège, au niveau de la grammaire et de la syntaxe.

2002 : La rédaction terminale sommative à l’ordinateur

Depuis maintenant cinq ans, mes étudiants ont le loisir de rédiger sur des ordinateurs, en laboratoire, leurs analyses littéraires et leurs dissertations explicatives. L’examen se déroulant en deux blocs de deux heures durant la quinzième semaine de la session, les étudiants se présentent au laboratoire informatique pour le deuxième volet. Après leur avoir remis leurs notes des deux premières heures, ils commencent leur rédaction en utilisant le logiciel de traitement de texte. Les étudiants sont habitués à cette routine puisqu’ils ont fréquenté le laboratoire pour des activités en ligne chaque semaine à raison de deux heures par semaine. Cette démarche fut accueillie avec joie par les étudiants qui savaient d’ores et déjà que leur nombre de fautes diminuait grâce à l’ordinateur et qu’en plus ils pouvaient utiliser Antidote. Pour la première fois de ma carrière, j’observais une majorité de mes étudiants fouiller un dictionnaire pour s’assurer d’une bonne définition; vérifier une construction syntaxique ou un accord grammatical obscur; s’amuser à trouver des synonymes plutôt savants pour embellir leur texte. Je me réjouissais aussi sachant qu’à la fin de l’exercice, je recevrais un texte imprimé en Times New Roman 12 points ainsi qu’un fichier en ligne que je pouvais consulter même de l’extérieur.

Depuis 2005, une plus grande efficacité pour l’enseignant et un objet de fierté pour les étudiants!

Quel fut l’impact de l’utilisation du logiciel de traitement de texte pour une rédaction traditionnellement faite de façon… de pensum, la rédaction est devenue un défi; de rabroué, leur français est devenu un objet de fierté manuscrite? Cette utilisation a amené une réduction globale du nombre de fautes, amélioré la syntaxe et la cohésion générale du texte, systématisé une correction minutieuse et encouragé l’apprentissage d’un assistant informatique à la rédaction. J’ai aussi le sentiment que les étudiants ont développé une attitude différente envers ce type de rédaction, honni par plusieurs, ainsi qu’envers leur langue : de pensum, la rédaction est devenue un défi; de rabroué, leur français est devenu un objet de fierté.

L’aspect humain et l’amour de sa langue maternelle ont toujours été primordiaux dans mon enseignement. Les applications pédagogiques de l’ordinateur me permettent de rencontrer les étudiants sur un territoire familier déjà apprivoisé par une majorité d’entre eux. En les invitant à y travailler leur cours de formation générale, je les amène à découvrir une nouvelle façon de voir, d’écrire, leur langue maternelle, non plus en jargon de clavardage, non plus en code MINIMESSAGE, non plus en amalgame d’extraits repiqués sur la Toile, mais en devenant les artisans d’une production originale, structurée et efficace.

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