Fermer×
18 décembre 2007

Étudiants en difficulté et la baguette magique des technologies de l’information

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Des projets de recherche

Je l’avoue bien humblement, il y a quelques années à peine, je considérais d’un œil des plus sceptiques les TI, je me méfiais surtout de ces « machines » qui s’interposent froidement dans les relations interpersonnelles. J’ai été en quelque sorte convertie de force par ma dynamique collègue Monique Caron-Bouchard au profit de ses projets de recherche PAREA sur l’intégration des TI à l’enseignement.

Forte de cette nouvelle foi en la recherche, j’ai présenté avec trois collègues de Brébeuf et un prof du Collège Laflèche une demande au Programme de recherche et d’expérimentation du réseau privé de l’enseignement collégial (PREP) au printemps 2005 pour un projet d’accompagnement virtuel personnalisé auprès d’étudiants en difficulté qui s’est réalisé à l’automne 2005 et à l’hiver 2006. Que voulions-nous découvrir? Si, pour des étudiants à risque, le fait d’être encadrés régulièrement durant toute une session à l’aide des TI (courriels hebdomadaires, clavardages, forums de discussion) avait un impact sur leur motivation et leur réussite scolaire.

Une expérimentation

L’intérêt de ce projet réside entre autres dans le fait que les professeurs participants venaient de deux institutions collégiales et qu’ils enseignaient dans quatre disciplines différentes (français, informatique, sociologie et chimie). Ce parti pris pour la diversité n’était pas sans présenter des problèmes logistiques, on le devine aisément, en revanche il a considérablement enrichi notre perspective et favorisé un partage des expertises.

Nous avons donc suivi de près durant quinze semaines 28 étudiants à risque à l’aide des TI et nous avons comparé à l’aide de questionnaires et d’indicateurs divers leur perception de l’expérience à celle de 27 étudiants témoins, également à risque, qui ne bénéficiaient pas de cet encadrement.

Comment s’est matérialisé ce soutien virtuel? L’étudiant expérimental recevait chaque semaine un courriel personnalisé de la part de son professeur qui, par exemple, annonçait le contenu du cours, rappelait les travaux et échéances, exprimait des conseils ou des encouragements. De plus, il était exposé au cours de la session à au moins deux autres exercices en mode virtuel : clavardage la veille d’un examen, forum de discussion sur une pièce de théâtre vue dans le cadre du cours, etc. Au fil des semaines, les professeurs-chercheurs consignaient dans un journal de bord diverses informations : délai de lecture des courriels envoyés, nombre d’absences au cours, nombre de consultations au bureau, échanges de courriels, participation aux exercices virtuels.

Des résultats encourageants

Le secteur où le comportement du groupe expérimental s’est le plus distingué du groupe témoin est la consultation des enseignants sur le mode présentiel et virtuel.

L’analyse des données recueillies au cours de l’expérimentation aboutit à certains constats. À ce jour, aucune étuden’a clairement démontré de lien direct entre l’utilisation des TI et l’amélioration de la réussite. Comme on pouvait s’y attendre, la nôtre n’identifie pas non plus de baguette magique, malgré les espoirs bien légitimes des chercheurs. Il faut dire que les sources des difficultés scolaires de la clientèle à risque sont variées et complexes, et que le soutien personnalisé n’en est pas la panacée.

Du côté de la motivation, les résultats sont nettement plus encourageants. Chercheurs et participants s’accordent tous pour affirmer que le projet a été utile. L’étude a permis de constater que des liens mutuellement satisfaisants se sont tissés entre professeurs et élèves au cours de l’expérimentation. Le secteur où le comportement du groupe expérimental s’est le plus distingué du groupe témoin est la consultation des enseignants sur le mode présentiel et virtuel. Ce constat a son importance si l’on considère que les étudiants à risque négligent souvent le recours direct au professeur.

Les environnements virtuels utilisés : courrier électronique, clavardage et forum de discussion présentent tous des avantages et des inconvénients qui ont été mis en lumière par l’expérimentation. Ils font d’ailleurs l’objet de recommandations très précises dans notre rapport que l’on peut consulter sur Internet. Nous souhaitons vivement que ces suggestions puissent guider d’autres professeurs du réseau collégial qui désireraient intégrer les TI à leur enseignement.

Une suite

Le chantier des recherches sur l’intégration des TI à l’enseignement collégial est assurément l’un des plus actifs à l’heure actuelle. Les résultats de notre expérimentation confirment l’intérêt que procurent les environnements virtuels pour soutenir l’apprentissage. Une autre équipe de Brébeuf s’active d’ailleurs présentement à prolonger les conclusions de notre rapport en les élargissant dans le cadre d’un nouveau projet subventionné par PAREA dont l’expérimentation se fera à partir de janvier 2008. Si vous désirez en savoir davantage sur notre projet de recherche, notre équipe vous donne rendez-vous au Colloque URL, le 10 janvier 2008 entre 14h et 15h30, pour la présentation PGG-601.

S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires