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7 avril 2014

La classe inversée pourrait être pour vous!

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

J’ai intégré la classe inversée à ma pratique pédagogique. Non seulement celle-ci me permet de dynamiser les interactions avec mes étudiants, mais aussi de valoriser les échanges et le partage en les plaçant au cœur de l’apprentissage de l’anglais langue seconde. Je vous présente ici comment j’ai réalisé cette intégration ainsi que les avantages et désavantages de la classe inversée.

Une nouvelle stratégie

À ma seconde année à la barre du cours Formation Générale en anglais langue seconde j’ai décidé d’essayer la classe inversée. J’aime quitter la classe satisfaite de l’enseignement donné, mais j’avais l’impression à ce moment que quelque chose manquait, qu’il pourrait avoir plus d’interaction avec les étudiants. J’ai fait des recherches sur la classe inversée. Ce concept m’a beaucoup plu, je l’ai intégré sur le champ! Je crois fermement que les étudiants apprennent une langue seconde beaucoup plus rapidement si l’apprentissage est actif. En inversant la classe, c’est exactement ce qui est arrivé. Puisque j’enseigne le second cours d’anglais, les étudiants ont déjà été exposés à la grammaire d’usage. Ce dont ils ont besoin, c’est de la pratique encadrée en classe afin qu’ils maîtrisent les notions grammaticales. La classe inversée me permet de le faire à merveille.

Misant davantage sur l’échange, la collaboration et le partage en cours, la classe inversée me permet aussi de passer beaucoup plus de temps sur la matière venant des champs d’études de mes étudiants. Depuis quelques années, les étudiants de tous les programmes se retrouvent ensemble dans les mêmes cours d’anglais. C’est une occasion en or pour partager et multiplier ses perspectives. J’essaie souvent de permettre aux étudiants de lire, écrire et parler de leurs champs d’études.

Par exemple, pour l’examen oral de mi-session, trois étudiants dans des programmes d’études différents devaient aborder un même sujet selon leurs perspectives respectives (ex. administration, traduction, sciences humaines, etc.). Aussi, j’ai demandé à la bibliothèque d’acheter le livre de Sean Aiken, The One Week Job Project, pour la première semaine de la session. Les étudiants devaient lire le chapitre du livre lié à leurs objectifs professionnels. En classe, ils en ont discuté et ont écrit sur le sujet.

Pour la préparation du cours en mode inversé, j’ai trouvé un livre de grammaire, Fields of Vision, que j’ai divisé en unités utilisées à chacune des semaines de la session. Émilie Gagnon, une stagiaire dans mes cours, m’a ensuite introduite à Prezi. J’ai utilisé cet outil afin de créer des activités d’une durée moyenne de 2 à 3 heures, une durée correspondant au nombre d’heures « hors classe » que les étudiants doivent consacrer au cours. Les activités Prezi sont variées et ludiques, les étudiants ont du plaisir à les faire.

Un exemple d’activité Prezi « hors classe » pour les étudiants.

Dans mes activités Prezi, je mets l’emphase sur la grammaire. Par exemple, pour la semaine 1, les étudiants débutent en regardant une vidéo sur le Simple Present et le Present Progressive, deux temps de verbes à l’étude. Étant dans le 2e cours de la suite Formation Générale, les étudiants sont déjà familiers avec cette matière, le retour en classe sur celle-ci est alors de 3 ou 4 minutes. C’est ma première activité sur Prezi. Par la suite, les étudiants doivent lire ce que leur livre de grammaire anglaise dit sur ces deux temps. Je termine avec des notions de grammaire concernant d’autres sujets que les verbes, selon ce que je veux couvrir de semaine en semaine.

Comment ça fonctionne?

Screenshot of How stuff work website

Les étudiants font une recherche sur un sujet lié à leurs champs d’études sur le site web How stuff work.

Savoir si les étudiants font ou non les travaux est plutôt facile. Dans mon cas, je fais du speed-speaking, qui est comme du speed-dating, mais où mes étudiants parlent en anglais pendant 1 minute en groupe de 4 d’un sujet visionné ou lu sur Prezi. Après chaque minute, un nouvel étudiant prend la parole. Ma classe commence toujours ainsi. Nous revisitons par la suite leurs exercices de la semaine dans le livre Field of Vision.

Les étudiants qui ne font pas le travail à la maison auront de la difficulté à suivre les discussions et le travail en classe. Lorsque c’est le cas, je ne les pénalise pas, je les encourage. Ceci dit, parfois j’envoie quelques étudiants à la bibliothèque reprendre leur retard sur Prezi. Une fois les activités terminées, ils peuvent revenir en classe et participer avec les autres.

En classe, nous travaillons sur les verbes et sur d’autres éléments de grammaire après quoi nous allons au laboratoire de langue pour pratiquer certains exercices de prononciation. Chaque semaine, du temps est consacré aux exercices de prononciation ou à un travail de recherche. Dans ce second cas, j’utilise, par exemple, How Stuff Works, un site web sur lequel sont publiés plusieurs articles. Une fois dans la session, les étudiants doivent trouver un article lié à leur champ d’études, lire et écrire un compte-rendu qu’ils présentent en classe. J’ai une monitrice de langue en classe, ce qui permet aux étudiants d’avoir un retour immédiat sur leur présentation. De plus, j’écris au tableau tout le nouveau vocabulaire ou les nouvelles expressions rencontrées lors de ce genre d’activité en classe. Je peux y retourner par la suite et donner des explications supplémentaires aux étudiants.

Avantages et désavantages

L’essentiel de mon travail n’est pas de donner de la matière, mais plutôt, de guider les étudiants à travers la matière selon leurs besoins. Les cours magistraux peuvent être gratifiants. Ceci dit, selon moi les étudiants apprennent mieux lorsqu’ils se sentent impliqués dans le processus d’apprentissage. En classe, il y a beaucoup d’interaction pendant les activités des étudiants. Je me sens toujours comme l’expert sur la matière, même si les projecteurs ne sont pas toujours sur moi!

Cette approche a toutefois quelques aspects négatifs. J’ai appris, après avoir fait un sondage auprès des étudiants, que deux ou trois d’entre eux n’aimaient pas l’inversion. Je me suis aussi rendu compte que ceux-ci étaient parmi ceux qui ne travaillaient pas assez à la maison. La plupart des étudiants ont beaucoup aimé, en grande partie à cause de l’aspect participatif de l’inversion. Dans tous les cas, je n’intégrerais pas la classe inversée à des cours de première session. L’inversion demande une certaine autonomie de l’étudiant. L’inversion n’est donc pas pour tous les cours.

La classe inversée est-elle pour vous? Pourquoi?

À propos de l'auteure

Johanne Morin

Elle est enseignante au département des langues modernes du Cégep Limoilou, où elle enseigne l’anglais, langue seconde depuis 8 ans. Elle est arrivée au Cégep Limoilou après avoir enseigné 1 an au Collège Ellis, à Drummondville.

Johanne connait bien les difficultés de l’apprentissage des langues, puisqu’elle a elle-même fait ses études primaires et secondaires en français avant de faire ses études collégiales en anglais au Cégep Champlain Saint-Lawrence.

Dans ses cours, Johanne aime innover grâce à la classe inversée et à l’apprentissage actif. Elle a déjà partagé ses expériences avec les lecteurs de Profweb dans le récit La classe inversée pourrait être pour vous!.

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