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4 avril 2016

La tablette électronique en Danse : un outil au service du corps

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Dans un programme tel que le DEC préuniversitaire en Danse, où le visuel revêt tant d’importance, le numérique – en particulier sous forme de tablette électronique – ouvre des perspectives stimulantes pour l’enseignement et l’apprentissage. C’est ce qui ressort de l’entrevue menée par Pierre Cohen-Bacrie, conseiller pédagogique TIC, avec Sophie Lavigne, professeure de Danse au Collège Montmorency.

Tout a commencé il y a 18 mois, alors que Mélanie Martin, professeure au Cégep de Saint-Laurent, avait présenté la tablette électronique et ses applications aux professeures du Département de danse du Collège Montmorency, dont fait partie Sophie Lavigne. Dès l’automne 2014, en même temps que plusieurs de ses collègues, Sophie a commencé à utiliser la tablette dans ses cours.

« Ma pratique enseignante s’est transformée grâce à l’utilisation de la tablette, et ce n’est pas terminé », dit d’entrée de jeu Sophie.

Ce nouvel outil donne notamment la possibilité aux professeures de filmer les examens pratiques et de les analyser directement sur la tablette avec l’application Coach’s Eye, qui permet d’insérer la voix de la professeure au moment précis où la remarque est pertinente. Cette application permet aussi de commenter sur le ralenti, de faire un « zoom in » sur une partie du corps et de dessiner sur l’image de l’étudiant, à l’aide de flèches et de formes géométriques de couleurs variées.

Auparavant, les corrections de la professeure étaient consignées dans une grille d’analyse et transmises sur papier à l’étudiant. La référence écrite pour corriger un mouvement pouvait être laborieuse (par exemple : « à la troisième mesure, lors de la deuxième pirouette en dehors, maintenir la hauteur du retiré jusqu’à la fin de la pirouette »). Les étudiants ne tiraient pas toujours pleinement profit des corrections, parfois non comprises, voire non lues dans certains cas. « Avec l’utilisation de la tablette, les étudiants font des liens plus aisément entre la remarque et le mouvement à travailler. Ils visualisent clairement ce qu’il y a à corriger et peuvent appliquer la correction plus rapidement », nous dit Sophie.

« Avec cette nouvelle pratique, ce n’est pas moins long de corriger, mais c’est plus agréable, plus précis et plus visuel, autant pour les professeurs que pour les étudiants. D’ailleurs mes élèves m’ont exprimé à plusieurs reprises leur satisfaction et leur reconnaissance en lien avec les analyses vidéo que je leur transmets via le nuage virtuel », ajoute Sophie.

L’utilisation de la tablette a grandement facilité l’accessibilité des images vidéographiques. Auparavant, les examens étaient disponibles en format DVD, pour consultation sur place seulement. Avec le nuage institutionnel, il est maintenant possible pour l’étudiant de visionner ses examens à domicile, en bénéficiant de remarques individualisées qui l’aident  à progresser dans son apprentissage.

Danseuse : Lucie Sesana. Photographie : Annie Poirier © Collège Montmorency

Contextes d’utilisation de la tablette

Couplée à un grand écran présent dans chaque studio de danse, la tablette permet aussi de visionner en classe des capsules vidéo disponibles sur Internet. On y trouve des performances en danse, des leçons de maîtres de ballet, des extraits de cours de danse contemporaine, des entrevues et des bandes-annonces de spectacles qui peuvent soutenir la matière vue en classe et servir de sources d’inspiration pour les étudiants.

Ces nouvelles informations permettent de diversifier la stratégie pédagogique et stimulent l’équipe de professeures. En fait, nous dit Sophie, « les possibilités d’application sont immenses… Il nous en reste encore beaucoup à découvrir. »

Pour le moment, les professeures du Département de danse utilisent principalement la tablette numérique dans les contextes suivants :

  • Dans le cadre d’évaluations formatives, que ce soit pour l’autoévaluation, pour l’évaluation par les pairs ou par la professeure
  • Dans le cadre d’évaluations sommatives
  • Lors de travaux d’équipe des cours de création
  • Dans le cas de chorégraphies présentées sur scène
  • Dans le travail de recherche lié au processus de création d’une œuvre chorégraphique
  • Pour visionner des capsules vidéo en classe

Danseurs : Ariane Labelle Lemieux et Dario Hugues Milard. Photographie: Jean-Sébastien Francoeur © Collège Montmorency

Considérations éthiques et citoyenneté numérique

C’est une chance que de disposer de tablettes, d’ordinateurs portables et d’écrans muraux dans les studios. Les professeures du Département de danse apprécient aussi l’aide du Service informatique du Collège qui les a accompagnées dans la mise en place de cette nouvelle technologie.

Sophie mentionne que le téléchargement des vidéos à partir du nuage institutionnel peut prendre du temps, mais une fois la vidéo sur sa tablette, sur son ordinateur portable ou sur son téléphone intelligent, on peut travailler n’importe où.

Du point de vue de la préparation de cours, la tablette facilite la tâche des professeures, car les exercices, filmés numériquement et archivés sur un nuage, sont à portée de main en tout temps pour « se les remettre dans le corps ». Par ailleurs, l’utilisation des vidéos et des images est très pratique pour témoigner de la vie du département, sur sa page Facebook par exemple.

Les considérations éthiques font aussi partie de l’apprentissage. Un contrat sur les conditions d’utilisation du matériel pédagogique capté en vidéo est signé, en début de formation, par tous les étudiants qui s’engagent à ne pas le modifier, l’exploiter ou le diffuser afin de préserver la vie privée des autres étudiants, la liberté de création des professeures et les droits d’auteur.

Par leur capacité à devenir de bons citoyens numériques, en plus de bénéficier d’un outil d’apprentissage bien adapté à leurs besoins, les étudiants sont un exemple de ce que l’intégration des TIC peut apporter à la pédagogie et à la didactique au collégial.

Merci à Chantal Lamirande et à Lise Beausoleil, professeures de Danse au Collège Montmorency, pour leur relecture du texte.

À propos des auteurs

Après ses études en danse au Collège Montmorency, Sophie Lavigne a poursuivi sa formation à l’Université du Québec à Montréal, où elle a complété 2 baccalauréats en danse, un en enseignement et un en interprétation. À la fin de ses études, elle a reçu la bourse d’excellence William-Douglas de la fondation UQAM. Durant sa carrière d’interprète, elle a dansé les œuvres de plusieurs chorégraphes, qui lui ont permis de performer sur la scène internationale. Sophie s’est jointe en 2005 à l’équipe de professeurs du Département de danse du Collège Montmorency, où elle travaille à développer des apprentis danseurs sensibles, créateurs et critiques.

Titulaire d’une maîtrise de philosophie de l’Université-Paul-Valéry-Montpellier-III et d’un diplôme de deuxième cycle en pédagogie de la Faculté des études supérieures de l’Université de Montréal, Pierre Cohen-Bacrie a enseigné la philosophie au collégial et coordonné son enseignement au Québec. Depuis 2000, Pierre est conseiller pédagogique TIC au Collège Montmorency. Dans le but d’intégrer les technologies dans l’enseignement et l’apprentissage, il a écrit plusieurs articles sur le logiciel libre et sur son utilisation dans l’enseignement supérieur.

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Nicole Perreault
Nicole Perreault
6 avril 2016 18h26

Toutes mes félicitations à vous, Sophie et Pierre, de même qu’à tous les enseignants impliqués dans le projet, pour ce remarquable exemple d’une intégration pédagogique des technologies réussie.

Sophie Lavigne
Sophie Lavigne
8 avril 2016 15h02

Merci Madame Perreault