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10 novembre 2015

Prévenir le plagiat lors d’une dissertation faite en dehors de la classe

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Dans le cadre du cours « Philosophie et rationalité », je voulais permettre à mes étudiants de produire leur dissertation finale à leur rythme, durant les 3 dernières semaines de la session, plutôt que de les contraindre à réaliser tout le travail en classe lors de la rencontre finale. Évidemment, dans un tel contexte, il était important pour moi de m’assurer que chaque étudiant est bien l’auteur du travail que j’évalue.

Pour atteindre ce but, les technologies (en particulier le service Google Drive) se sont révélées des outils fort utiles.

Ce que j’ai fait

  1. J’ai conçu un travail signifiant pour l’élève, en lui offrant des choix et en lui demandant, comme point de départ, d’exprimer sa personnalité, ses goûts et ses opinions.

    En me montrant ouvert et intéressé à connaître ses goûts et ses opinions, je pense avoir soutenu l’investissement affectif de l’étudiant, favorisant aussi son engagement dans une réflexion personnelle authentique.

  2. J’ai découpé la tâche en étapes de réalisation qui favorisent l’apprentissage progressif (ou cumulatif) et j’ai soumis un échéancier (6 étapes sur 3 semaines).

    Le découpage du travail en étapes précises, la présentation claire des opérations attendues et la réceptivité face aux idées exprimées par l’étudiant ont, à mon avis, soutenu son effort cognitif. J’ai aussi pu intervenir efficacement, en offrant des rétroactions et commentaires constructifs, et surtout, en répondant aux questions que l’étudiant se posait au moment où il tentait de réaliser la tâche demandée.

  3. J’ai imposé l’usage d’un document collaboratif électronique tout au long de la réalisation du travail, ainsi que pour sa remise.

    J’ai imposé aux étudiants de travailler dans Google Drive, sur un document auquel j’avais moi aussi accès. L’imposition à tous d’un format électronique partagé (individuellement avec le professeur) appuie l’engagement de l’étudiant dans l’accomplissement de la tâche. Cette formule permet en effet d’assouplir le rythme et l’horaire de travail.

    Je réponds aux questions d’étudiants en ligne, selon un horaire très variable. Comme je passe beaucoup de temps devant mon écran d’ordinateur, il arrive régulièrement que je réponde instantanément. Le fait que je sois disponible en ligne, par exemple un mardi soir à 20 h, lorsque l’étudiant fait son travail chez lui soutient assurément sa motivation et sa compréhension.

    Le temps investi dans cet accompagnement personnalisé est en partie récupéré à la correction. D’une part, un travail de qualité est plus plaisant, facile et rapide à corriger, et d’autre part, en accompagnant l’étudiant, j’acquiers une certaine connaissance de son travail qui est utile au moment de la correction.

  4. J’ai exigé qu’au moins une source valide soit utilisée conformément, sous forme de citation dans le travail.

    Grâce à l’utilisation de documents collaboratifs, j’ai pu vérifier avant la remise du travail si les sources étaient correctement citées.

    Il était aussi plus facile de comparer la façon dont l’étudiant traite ses sources avec sa façon de présenter ses propres idées. Pour plusieurs étudiants, cela a entraîné une prise de conscience. J’en ai profité pour aborder brièvement le rôle des sources et références dans leur production écrite, ce qui a réduit davantage le risque de plagiat et augmenté la qualité générale des travaux.

  5. Au besoin, je me suis réservé la possibilité de faire passer un test supplémentaire pour valider la correspondance entre la dissertation produite et la compétence réelle de l’étudiant.

    Ce test manuscrit, imposé à quelques étudiants qui ne suivaient pas le rythme et reportaient leur travail à la dernière minute, a poussé la plupart de ceux-ci à s’investir davantage dans la préparation de leur dissertation finale, car ils savaient à l’avance qu’ils allaient être contrôlés sur leur compréhension.

    Ce test n’était pas lui-même noté, mais vérifiait la compréhension minimale des sujets traités dans la dissertation.

  6. J’ai conçu une grille d’évaluation étroitement reliée à chacune des étapes de réalisation.

    L’utilisation d’une grille de critères détaillée, décrivant les principales exigences rattachées à chacune des six étapes de réalisation, a visiblement permis aux étudiants de mieux comprendre ce qu’ils avaient à faire en leur fixant des priorités compréhensibles.

Résultats observés

À ma grande satisfaction, j’ai observé, à la fin de la session, une augmentation des moyennes de groupe de près de 5%.

Par ailleurs, je n’ai remarqué aucun cas « douteux » en ce qui a trait au plagiat. J’ai utilisé le service Compilatio pour détecter le repiquage de texte, volontaire ou accidentel, et noté une très nette diminution (d’environ 10 à 15%) par rapport aux sessions précédentes.

J’ai été récompensé pour le temps investi dans le suivi de la progression des étudiants, puisque la correction finale a été plus rapide. De plus, aucun étudiant n’a déposé une demande de révision de note.

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