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1 mars 2016

Socrative au banc d’essai à l’université

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Actuellement en pleine formation pédagogique au diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en enseignement collégial offert à l’Université Laval, j’ai la chance d’avoir la double « casquette » de stagiaire en enseignement au Cégep Garneau et de chargé de cours à l’Université Laval. J’ai ainsi pour habitude de comparer régulièrement les 2 ordres d’enseignement et les approches pédagogiques et technologiques qui y sont développées.

Ayant remarqué l’intérêt grandissant pour les questionnaires en ligne dans le réseau collégial et leur utilité pédagogique (en anglais), j’ai voulu voir ce que cela donnerait dans le cadre d’un cours universitaire. Ainsi, le 28 janvier 2016, je me suis lancé ce défi afin d’apporter une petite « touche de fraîcheur » à mon enseignement, jusqu’alors très magistral. J’ai tenté cette expérience dans le cadre d’un cours regroupant environ 150 étudiants inscrits en première année à la Faculté de pharmacie de l’Université Laval.

Mon intention pédagogique était de solliciter la participation de mes étudiants durant mon cours pour situer, à la fin de celui-ci, leur niveau d’intégration des contenus disciplinaires vus en classe.

Défi réaliste?

Au début, j’avais des doutes concernant la réalisation de cette tâche. J’avais plusieurs questions en tête:

  1. Aurais-je suffisamment de temps à y consacrer, compte tenu de l’ampleur des contenus à enseigner?
  2. Comment augmenter les interactions entre les étudiants et moi?
  3. Comment m’assurer de la participation de ceux qui s’expriment rarement, surtout dans une classe de 150 étudiants?

Pour cette première expérimentation, j’ai décidé d’utiliser un « questionnaire en ligne » avec l’outil Socrative. L’intérêt principal des questionnaires en ligne est qu’ils permettent de faire des sondages en classe et d’avoir une rétroaction immédiate avec les étudiants. Cela permet de cibler les concepts moins bien assimilés et d’identifier les étudiants en difficulté.

Tableau de bord de l’enseignant lui permettant de gérer ses questionnaires

Le plus grand défi pour moi était de réussir à susciter l’engagement des étudiants dans cette approche assez novatrice pour eux dans leur cursus universitaire. J’avais quelques appréhensions sur le plan technologique, mais également sur le plan de la réception du groupe à l’égard de l’outil. Étonnement, tout s’est très bien déroulé et ce, pour les 2 volets.

Le questionnaire, composé d’une vingtaine de questions, a duré environ 30 minutes. Les étudiants n’ont eu aucune difficulté à se connecter sur la classe virtuelle et ils ont tout de suite répondu à la tâche proposée.

Ce qu’en disent les étudiants

À la question suivante : « Pour le bien de la communauté universitaire, dites-moi en quelques mots pourquoi vous verriez, ou non, ce type d’outil bien adapté à l’enseignement universitaire (avantages/désavantages) ». J’ai eu la bonne surprise de lire de nombreux commentaires positifs :

Cela fait changement. Cela nous permet de collaborer avec nos collègues pour trouver les réponses et nous permet encore plus d’assimiler la matière. C’est le fun d’être sollicités pour des questions!

Avantages : révision avant l’examen, interactif et permet de conserver l’intérêt jusqu’à la fin du cours.

Tous les professeurs devraient mettre ce genre de quiz à la disposition des étudiants.

Cela nous permet de voir si on a bien compris. Cela pourrait être utilisé à la fin de chaque cours afin de réviser la matière!

Cela permet de garder notre attention.

Mes impressions en tant qu’enseignant : très positives!

Il est très utile, d’un point de vue pédagogique, d’avoir un retour immédiat des réponses des étudiants afin de savoir ce qui a fonctionné ou pas, et ainsi de pouvoir modifier son approche du contenu disciplinaire à aborder avec eux. De plus, durant la passation, il est également appréciable de pouvoir « se poser » quelques minutes pendant que les étudiants réfléchissent. On peut ainsi observer leurs interactions plus facilement. Cela s’est avéré très instructif et motivant pour moi!

Quels sont les avantages et les inconvénients lors de l’utilisation d’un tel outil?

  • Avantages
    • Interactivité avec les étudiants (moins habituelle à l’université).
    • Résultats instantanés pour chaque question et rapport final téléchargeable pour en faire une analyse générale après le cours.

      Exemple de rapport d’activité obtenu en fin de questionnaire

    • Mise en place de « concours de vitesse » (avec la fonction Space race) pour stimuler vos étudiants à répondre le plus vite possible.
    • Téléchargement des questionnaires pour les partager, après le cours, avec vos étudiants. Très pratique pour qu’ils puissent « garder une trace » et réviser avant les examens.
    • Partage de vos questionnaires avec vos collègues et inversement (chaque quiz se voit attribuer un numéro spécifique). On sauve un temps précieux!
    • Constitution de groupes d’étudiants (aléatoires ou sélectionnés par le prof) pour encourager le travail d’équipe.
    • Ajout d’images à une question afin d’interroger les étudiants sur celle-ci.
    • Pas de « perturbation » visuelle autour du questionnaire, évitant ainsi de distraire les étudiants de leur réflexion.

      Exemple de question à choix multiples réalisée avec Socrative

    • Application en constante amélioration en fonction du retour des utilisateurs.
    • Page d’aide disponible en français.
  • Limites
    • Dépend complètement du réseau internet de l’établissement et nécessite donc de faire des tests avant, si possible.
    • Nécessite que chaque étudiant ait avec lui un appareil électronique (ex : iPad, ordinateur portable, téléphone intelligent).
    • L’accès aux questionnaires pour les étudiants n’est pas possible si la classe virtuelle n’est pas « ouverte » au préalable par l’enseignant, ce qui peut être un manque lorsque les étudiants veulent réviser avant leurs examens.
    • Le choix de questions est limité, ce qui ne permet pas de pousser très loin la réflexion des étudiants.

Bilan de ce premier essai

Les principales forces de Socrative sont :

  • Sa simplicité d’utilisation
  • Le fait que l’application soit gratuite et conçue pour l’éducation
  • Le fait de permettre à l’enseignant d’obtenir une rétroaction directe sur son cours

Enfin, je garde à l’esprit que si cela a fonctionné à l’université avec 150 étudiants, cela devrait bien se dérouler avec ma classe de niveau collégial, puisqu’elle n’en regroupe que 40. Je planifie d’ailleurs un 1er essai au cours des prochaines semaines afin de tester la dynamique avec une classe moins nombreuse.

Et la suite maintenant? Ajouter cet outil à mon arsenal d’enseignant désireux d’intégrer une pédagogie active dans sa classe et des rétroactions régulières avec ses groupes.

Quelques alternatives à Socrative

À propos de l'auteur

Alexandre Dal-Pan

Il est stagiaire en enseignement en biologie au Cégep Garneau. Il aura bientôt un Diplôme d’études supérieures spécialisées en enseignement collégial (DESS) à l’Université Laval. Nous avons la chance de l’accueillir dans notre équipe de rédaction. Pour en savoir plus sur le parcours d’Alexandre, consultez son portrait.

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Claudette Ouellette
Claudette Ouellette
1 mars 2016 21h31

Très intéressant de voir que les tests peuvent être appréciés par les étudiants. Je constate qu’ils les perçoivent comme des évaluations formatives mises à leur disposition qui servent à vérifier leur connaissance et leur compréhension.

Il a bien des façons d’utiliser les tests et le formatif est très pertinent et stimulant pour l’étudiant. Je constate que l’enseignant apprécie de rendre son cours plus dynamique et interactif entre les étudiants.