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18 mars 2020

Un cours de comptabilité et d’analyse financière signifiant en Gestion de commerce

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Pour rendre le cours Contrôle de gestion plus signifiant pour les étudiants, j’ai conçu des situations d’apprentissage authentiques. J’ai revu entièrement les activités proposées aux étudiants pendant le cours, intégrant l’apprentissage par problème en début de session et une simulation à la fin (étude de cas). Pour l’encadrement des étudiants pendant leur travail sur la simulation (un travail s’étalant sur plusieurs semaines), j’ai utilisé un journal de bord. Je compte bien améliorer cet aspect du projet l’an prochain en utilisant l’infonuagique pour un suivi en temps réel des journaux de bord des équipes d’étudiants.

Un cours auparavant peu apprécié des étudiants

Les étudiants de Gestion de commerce ne sont souvent pas des amoureux des chiffres. Néanmoins, dans les cours de comptabilité, il faut leur faire comprendre que, quand ils ont des décisions à prendre, ils doivent les appuyer sur des données valides. Malgré nos efforts, le sondage mené en fin de session auprès des étudiants de Gestion de commerces révélait régulièrement que le cours Contrôle de gestion était peu apprécié. Les étudiants ne percevaient pas l’utilité du cours.

Un cours renouvelé

Pour améliorer la situation, j’ai revu la formule du cours, autrefois donné de façon traditionnelle. J’ai donné le cours renouvelé pour la première fois à l’automne 2019.

Apprendre en équipe à l’aide de situations authentiques

La première moitié de la session a été consacrée à l’acquisition de notions théoriques utiles au cours. Plutôt que d’exposer ces notions de façon magistrale, j’ai conçu de brefs cas (des microsimulations) que je soumettais aux étudiants en équipe. L’analyse de ces cas amenait les étudiants à découvrir par eux-mêmes les notions que je voulais leur enseigner. À la fin de chaque cours, je faisais un résumé des notions apprises à travers le cas, pour renforcer les apprentissages et corriger les erreurs au besoin. Je distribuais des notes de cours aux étudiants à la fin de chaque séance, à propos des notions apprises ce jour-là. Au fil des semaines, les étudiants m’ont vu construire un schéma de concepts reliant et synthétisant toutes les notions abordées en classe.

Le schéma de concepts synthétise les notions importantes du cours. L’objectif du cours est d’amener les étudiants à développer le réflexe professionnel d’utiliser un tableau de bord pour soutenir leur prise de décision

Une simulation d’envergure pour la deuxième moitié de la session

La deuxième moitié de la session est consacrée à une simulation complète englobant tous les concepts vus dans la première moitié de la session.

À l’automne 2018, soit l’année précédant ma première implémentation du cours renouvelé, j’ai reçu une libération de la part de mon collège pour développer 3 situations d’apprentissage authentiques prenant la forme de simulations (études de cas). Elles amènent les étudiants à se mettre dans la peau de gestionnaires d’entreprises fictives à propos desquelles des données leur sont fournies et dont ils doivent analyser les enjeux et les résultats financiers:

  • L’une, plus simple, portait sur une agence de voyages d’aventure.
  • La deuxième, de difficulté intermédiaire, portait sur un détaillant de meubles et de décorations.
  • La troisième, plus « musclée », portait sur un restaurant-bar sportif.

Dans chaque cas, les étudiants ont en main un système d’information rudimentaire, représentatif de ce qu’un vrai gestionnaire d’entreprise pourrait avoir à sa disposition. Les étudiants doivent se rendre compte qu’il y a des conflits entre les informations qu’ils possèdent et les décisions qu’ils doivent prendre. En conséquence, ils devront développer un tableau de bord leur permettant d’avoir accès aux informations manquantes.

Au début de la deuxième moitié de la session, j’ai demandé aux étudiants à quelle simulation ils préféraient s’attaquer d’abord. Le groupe a choisi la plus difficile (aussi la plus stimulante, en corollaire!).

Des prérequis non intégrés

Il y avait 8 ans que je n’avais pas enseigné en Gestion de commerce, et, pour créer les simulations, j’ai dû consulter mes collègues pour connaître les acquis des étudiants de ce programme. Toutefois, j’ai rapidement constaté que les étudiants ne maîtrisaient pas entièrement les compétences qu’on m’avait dit qu’ils avaient acquises dans les cours précédents. Ils peinaient à effectuer certaines tâches dans leur analyse de la situation financière du restaurant-bar.

La réalisation de la simulation a donc pris beaucoup plus de temps que prévu. J’ai dû prendre du temps de classe pour donner, entre autres, des explications sur des fonctions du logiciel comptable Acomba que je croyais déjà maîtrisé par les étudiants.

L’an prochain, quand je redonnerai le cours, je compte faire moi-même certaines tâches préalables car, même s’il est dommage que les étudiants ne soient pas capables de les faire eux-mêmes efficacement, ces habiletés ne sont pas directement ciblées par la compétence de mon cours et il n’est pas idéal que je leur consacre trop de temps.

Cette fois-ci, étant donné que la simulation a pris plus de temps que prévu, les étudiants n’ont pu en faire qu’une, parmi les 3 que j’ai créées.

Une stratégie de rétroaction mal adaptée

J’avais divisé le mandat lié à la simulation (la gestion d’un restaurant-bar sportif) en 5 étapes. Après chaque étape, les équipes d’étudiants devaient écrire une entrée dans un journal de bord. C’était un fichier Word à compléter (des questions que j’avais écrites, avec des espaces où ils devaient taper leurs réponses). Je leur ai demandé de me le remettre électroniquement par messagerie à chaque étape pour que je puisse corriger les erreurs, proposer des pistes d’approfondissement, etc.

À ma grande déception, malgré leur bon travail et leur motivation envers la tâche, les étudiants ne m’ont, en général, pas remis leur journal de bord régulièrement. Ils l’ont tous remis à la fin de la simulation, mais une seule équipe m’a réellement transmis son journal à chaque étape comme je le leur avais demandé. Cela fait que je n’ai pas pu assurer optimalement le suivi du travail de la plupart des équipes. Ils ont fait leur journal de bord quand même, mais n’ont pas pu profiter de mes rétroactions au fur et à mesure comme je l’aurais souhaité.

L’an prochain, je compte utiliser l’infonuagique pour améliorer la situation. Je vais demander aux étudiants de rédiger leur journal de bord dans Office 365 et de partager leurs documents avec moi. Comme ça, je pourrai voir et commenter leur travail en temps réel. J’utilise déjà Word Online dans Office 365 pour le suivi des étudiants en stage et cela fonctionne très bien. C’est plus simple pour les étudiants que de leur demander de me transmettre un fichier Word classique par messagerie ou par LÉA.

Évaluation authentique… motivante!

À l’examen final, les étudiants pouvaient apporter toute la documentation qu’ils voulaient, y compris leur journal de bord. Les questions portaient sur une variante de la simulation qu’ils avaient étudiée en classe. Les étudiants étaient donc très motivés à comprendre la simulation en profondeur, même s’il n’y avait pas à proprement parler de points accordés aux activités liées à l’étude de la simulation en classe (outre ceux associés à l’évaluation du journal de bord). Le fait que la situation à étudier soit réaliste était également très motivant pour les étudiants, tout comme le fait de miser sur l’apprentissage collaboratif tout au long de la session. Le fait que chaque équipe pouvait choisir quels aspects de la simulation elle voulait approfondir et que le groupe ait choisi la simulation à réaliser étaient aussi des facteurs de motivation.

Pendant les périodes consacrées à la simulation, les étudiants ont été motivés et dédiés à leur travail. Certains travaillaient en classe, d’autres dans un local adjacent ou à la bibliothèque pour être plus tranquilles. Ils revenaient me voir en classe pour me poser des questions ou faire valider leur travail.

Une expérience concluante malgré les écueils

Malgré les problèmes que j’ai rencontrés, je suis très satisfait de l’expérience. La réussite des étudiants a été meilleure que par les années passées et leur opinion sur le cours s’est significativement améliorée. J’ai fait un sondage auprès des étudiants à la fin du cours et, non seulement ils ont trouvé leurs apprentissages significatifs, mais plusieurs ont dit avoir compris l’importance des chiffres (comptabilité, finance et statistiques) pour un gestionnaire. Dans l’ensemble, je trouve que l’approche que j’ai adoptée dans ce cours renouvelé encourage les étudiants à valoriser l’apprentissage et plus à chercher uniquement à passer le cours.

À propos de l'auteur

Réal Petitclerc

Réal Petitclerc est enseignant en Techniques administratives au Cégep Limoilou depuis 1989. Très intéressé par la pédagogie active, il a reçu une mention d’honneur de l’AQPC. Il est auteur de plusieurs ouvrages sur la comptabilité, dont 3 ont été récompensés dans le cadre du Prix du ministre en enseignement supérieur. Il a également collaboré à la mise en place du projet parascolaire Entrepreneuriat-études du Cégep Limoilou. Finalement, il est membre du comité exécutif de l’Association professionnelle des professeurs et professeures en administration au collégial (APPAC) depuis 2001, et a été président de cette association de 2006 à 2016.

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