Suivre le cheminement d’un élève : une réalité avec le portfolio numérique d’apprentissage SHERPA

Au programme d’Arts plastiques du Cégep Limoilou, le portfolio de présentation est utilisé lors de l’activité synthèse de programme. Il en est de même ailleurs dans de nombreux départements connexes, en Arts graphiques, en Design, en Architecture et en Industrie de la mode notamment. La pratique du bilan qui s’exerce par la sélection des réalisations les plus signifiantes est jugée si utile que l’on souhaite l’étendre à des cours offerts aux entrants en adoptant cette fois-ci la formule du portfolio d’apprentissage.

Ce portfolio se dote, dans les classes de Dgino Cantin, de la plateforme numérique SHERPA, dont le design pédagogique a été pensé pour les niveaux collégial et universitaire.

SHERPA est né d’un projet PCUC (Programme de Collaboration Universités-Collèges), auquel l’enseignant a contribué dans les premières étapes de l’élaboration. Lors de ces étapes initiales, il a procédé notamment à quelques tests et expérimentations en classe. Une autre phase est entamée pour lui depuis un an puisqu’il en fait l’intégration dans ses cours. Une bonne partie des remises se font dorénavant dans SHERPA!

SHERPA comme portfolio d’apprentissage

J’ai intégré le portfolio d’apprentissage dans les activités du cours de « Dynamique visuelle 1 (510-133-LI) » pour inciter l’étudiant à procéder à l’analyse de ses productions visuelles. La constitution d’un portfolio d’apprentissage lui permet de percevoir l’évolution de ses réalisations dans un cours, sur la base de l’ensemble de ses productions. En analysant ses travaux, même très humbles, il en vient à observer ses erreurs et à reconnaître ses forces. Un véritable processus métacognitif est alors enclenché.

Tableau de bord de SHERPA

De plus, une distance critique s’installe entre les moments de production et celui de l’analyse, mais aussi grâce au média lui-même. En effet, en adoptant un portfolio numérique, on change de support, du moins dans le cours de dynamique visuelle, où nous travaillons avec des matériaux traditionnels (graphite, peinture, argile, etc.) Bien sûr, il en est autrement lorsque nous utilisons le pixel comme matière première!2 Cette distance permet à l’étudiant de poser un regard plus objectif quand vient le temps de l’analyse. Le processus est moins émotif. La différence est notable dans le type de commentaires émis par les étudiants lorsqu’ils exposent leur œuvre en classe ou lorsqu’ils le font sur SHERPA.

En plus de favoriser la métacognition et la capacité à s’autoévaluer, le portfolio a pour effet de structurer l’information et de rassembler les œuvres d’un étudiant dans un même lieu. Cela fournit un contexte favorable à l’exercice du jugement critique en fournissant une image globale de la pratique. Auparavant, il était difficile d’établir un bilan exhaustif. Les étudiants égarent parfois leurs productions. Les différents supports utilisés compliquent aussi leur collecte. Alors, quand vient le moment du bilan de session, on a rarement l’intégrale!

Dorénavant, on archive au fur et à mesure leur travail. Conserver et déposer de petits exercices pertinents ajoutent du sérieux à ceux-ci. L’archivage et la mise en réseau dans SHERPA peuvent se faire pendant le cours. Souvent, quand mes étudiants partent à la pause, j’en profite pour photographier les projets. Suite à leur cours de photographie, ils prendront eux-mêmes les clichés pour les archiver!

SHERPA comme outil d’encadrement

Le portfolio d’apprentissage favorise le suivi individuel, la rétroaction et même la communication entre les étudiants. La plateforme SHERPA permet en effet d’aménager les échanges des groupes de manière à favoriser la vue des projets des étudiants par les autres membres du groupe. Ces liens se font par demandes de contact et en octroyant des droits d’accès. En plus de permettre l’ajout de commentaires, il est possible d’y créer un forum. L’étudiant profite donc des commentaires laissés à même son portfolio. Il en est informé dans l’instant par courriel. Pour moi, c’est extrêmement pratique d’avoir accès à toutes les composantes d’un projet. Je porte un regard englobant, en continu sur les productions.

Projet étudiant mettant en relief une valeur ajoutée du portfolio : l’attrait esthétique

Pour cette raison, je crois qu’il sera bénéfique d’adopter le portfolio d’apprentissage dans plusieurs cours durant la session. Cet accompagnement permet d’échelonner les défis jusqu’à l’ASP (activité synthèse de programme).

Scénario d’intégration

Cette session, j’ai proposé un travail dans SHERPA dès la troisième semaine de cours afin que les étudiants intègrent rapidement le projet de portfolio dans leur pratique. Ils se sont familiarisés à l’outil sans difficulté. C’est une bonne idée de le faire dès le départ. Les étudiants ont le réflexe par la suite de vouloir tout déposer dans SHERPA.

Exemple d’un gabarit de projet (gauche) et gabarit personnalisé par le travail de l’étudiant (droite)

Jusqu’à présent, les étudiants sont intervenus à partir de mes gabarits de projets. Ils dupliquaient ce modèle et devaient le compléter par leurs réponses et y insérer leurs images. Bientôt, ils géreront eux-mêmes l’information. Je vais pouvoir voir comment ils disposent, hiérarchisent et personnalisent leur projet. Tout un aspect que je vais pouvoir évaluer de façon formative!

Fait intéressant, dès la réception des identifications de connexion, plusieurs étudiants personnalisent leur profil d’eux-mêmes, sans consigne. J’y vois une manifestation de leur aisance avec les outils de partage Web et de leur engagement!

Faites-vous usage d’un portfolio numérique ? Y voyez-vous un intérêt dans votre discipline?