Paul Inschaupé se qualifie de « spectateur engagé » dans le domaine des TIC et de l’éducation. Ces dernières années, il suit de près le projet École éloignée en réseau sous la coordination du CEFRIO. Sa conférence intitulée Les enseignants acteurs déterminants des nouveaux usages de l’ordinateur dans l’école témoigne bien de ses préoccupations.
Années 1970
Monsieur Inchauspé revient sur le langage Logo et l’enseignement programmé. Il en retient deux leçons dans la détermination des usages des technologies. Il faut tenir compte :
- des programmes d’études avec leurs exigences d’atteinte de résultats et
- de la représentation que se fait l’enseignant de son métier (d’artisan travaillant à la réalisation de l’émancipation de l’élève et au renforcement du lien social).
Même s’il reconnaît qu’aujourd’hui, on est passé à autre chose, il demeure méfiant vis-à-vis de ceux « qui ignorent ou ne tiennent pas compte des acteurs, de la représentation qu’ils se font de leur rôle, des structures d’action dans lesquelles ils sont placés ».
Selon lui, trois faits viennent changer le portrait de l’utilisation des TIC :
- « la malléabilité actuelle de l’utilisation de l’ordinateur…;
- … la possibilité d’accès à Internet…;
- … le développement des compétences en technologie de l’information chez les élèves… ».
Aujourd’hui
Il aborde la question d’ « un système de typologie des usages des TIC ». Il suggère de faire « l’effort de classer les technologies à partir de critères qui se réfèrent aux prestations de l’enseignant » et même, de rattacher « les différents usages d’une même technologie aux usages déjà pratiqués sans la technologie ». D’établir une telle typologie « oblige à regarder la technologie à partir d’un usage qui existe déjà et sur lequel il peut se greffer ».
Stratégie de développement
Dans quelle direction devons-nous aller si « la clef du développement de l’intégration des TIC à l’école est l’usage qu’en fera l’enseignant »? Selon lui, cinq éléments devraient faire partie d’une stratégie de développement :
les discours : éviter les discours utopiques (la naissance des temps nouveaux, le changement) et les autres (l’efficacité et l’intérêt) pour mettre l’emphase sur le discours social.
l’appropriation d’une technologie :
- intégrer les capacités fonctionnelles de l’outil dans les schèmes d’activités;
- dépasser le stade de répéter des procédures, pour être capable de les modifier et aller jusqu’à en développer de nouvelles ;
- rechercher la généralisation de l’utilisation de la technologie dans l’environnement de l’école (« La résistance au changement est d’abord un problème physique d’inertie d’un système et non une réaction d’autodéfense des acteurs. »).
l’intendance : rendre disponible un ordinateur dans la classe (voir la Chronique Animaweb du 28 novembre 2005.
l’innovation : possibilité de réaliser une action plus facilement (simulation) et d’utiliser différemment une technologie (par exemple, passer de l’enseignement à distance d’un prof à des élèves au travail collaboratif d’enseignants et d’élèves en réseau).
le soutien technique et pédagogique : ne pas considérer les demandes de nature technique des enseignantes et des enseignants comme des caprices et offrir des services de soutien pédagogique qui dépasseront les stades de sensibilisation et d’appropriation.
Même si les propos de Paul Inchauspé concernent davantage les niveaux primaire et secondaire, leur pertinence pour le réseau collégial est indéniable. Les différents partenaires et intervenants impliqués en intégration pédagogique des TIC sauront s’inspirer de vos réflexions, monsieur Inchauspé. Merci!