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5 février 2019

Un nouveau cours offert par Performa : La gestion de classe à l’ère du numérique

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

En 2018-2019, le cours La gestion de classe à l’ère du numérique est offert pour les 2 premières fois dans le cadre du diplôme d’études supérieures spécialisées de 2e cycle en enseignement au collégial de Performa. Ce cours en ligne est sous la responsabilité de Madona Moukhachen et Chantal Poulin. Les enseignants inscrits au cours sont amenés à réfléchir à leurs pratiques et à les analyser à la lumière des modèles actuels de gestion de classe, en misant sur la qualité des interactions qu’ils ont avec leurs étudiants.

À la fin de la session d’automne 2018, je me suis entretenue avec Madona Moukhachen et Chantal Poulin pour discuter de leur cours.

Un modèle contemporain de la gestion de classe

Chantal Poulin m’explique que, pour construire le cours, Madona Moukhachen et elle se sont basées surtout sur un modèle de gestion de classe développé par Pianta, Hamre et Mintz en 2012 : Teaching through Interactions.

Les modèles traditionnels de gestion de classe, plus comportementalistes, ont été élaborés en 1970. Dans les modèles contemporains [comme Teaching through Interactions], il ne s’agit plus de contrôler le comportement de l’étudiant, mais plutôt de lui permettre de s’autoréguler, en misant sur les interactions.

Madona Moukhachen

Les nouveaux modèles de gestion de classe s’intéressent aux nouvelles approches pédagogiques et aux interactions en classe. On sait aujourd’hui que gérer la classe, c’est plus que gérer des comportements. Les ingrédients essentiels à l’engagement d’un plus grand nombre reposent sur différentes pratiques qui visent à soutenir les étudiants tant au plan relationnel qu’au plan des apprentissages. Aujourd’hui, on s’intéresse à l’apprentissage visible, à l’instar de John Hattie, et à l’efficacité de l’enseignement, à l’instar de Mujis et Reynolds.

Chantal Poulin

Le cours La gestion de classe à l’ère du numérique est structuré autour des 3 grands domaines d’interactions qu’on trouve dans le modèle Teaching through Interactions :

  1. Soutien émotionnel offert aux étudiants
    • Quelles sont les pratiques qui soutiennent la motivation des étudiants, dans un climat positif, où l’étudiant sent que l’enseignant respecte ses émotions et ses points de vue?
  2. Organisation de la classe
    • Quelles sont les pratiques qui permettent de gérer les comportements et la productivité des étudiants?
  3. Soutien pédagogique (soutien des apprentissages)
    • Quelles sont les pratiques qui favorisent l’engagement du plus grand nombre d’étudiants et assurent des apprentissages de qualité?Madona et Chantal m’expliquent qu’elles discutent dans le cours de l’importance de varier les approches pédagogiques en classe. Entre autres, elles abordent dans leur cours les pédagogies novatrices : la classe inversée, par exemple.

Dans le cours, on s’intéresse aux nouvelles pédagogies qui favorisent la construction des connaissances par les étudiants (constructivisme, socioconstructivisme): apprentissage par projets, apprentissage par la découverte…

Chantal Poulin

Et, puisque le cours est donné à une époque où les ordinateurs portables, tablettes et téléphones cellulaires sont omniprésents, la question de l’utilisation judicieuse des technologies est inévitablement un thème récurrent.

La question à 100$ : que faire avec les étudiants qui regardent leur téléphone plutôt que l’enseignant, en classe?

Puisque je discute avec les responsables d’un cours intitulé La gestion de classe à l’ère du numérique, je ne peux pas m’empêcher de poser la question archétypale : « Que faire avec les étudiants qui accordent plus d’attention à leur téléphone qu’à leur enseignant, en classe? »

À la lumière du modèle de Pianta, Hamre et Mintz, Chantal Poulin m’explique qu’un enseignant confronté à un tel problème pourrait songer à :

  • Rediscuter, avec ses étudiants, de ses attentes. Cela s’inscrit dans les domaines de l’organisation de la classe et du soutien émotionnel.Les étudiants doivent sentir que leur point de vue est respecté par l’enseignant, et que la communication est authentique.Chantal m’explique qu’il est important de bien verbaliser nos attentes envers les étudiants en début de session. Elle le fait dans différents cours qu’elle enseigne à l’université. Au terme de la discussion, plusieurs réalisent que, le cours, « ce n’est peut-être pas le temps de texter ».
  • Intégrer le téléphone cellulaire dans les activités pédagogiques du cours. Cela s’inscrit dans la sphère du soutien pédagogique.Si les étudiants utilisent leurs cellulaires pour faire une activité d’apprentissage (répondre à un quiz, chercher une information sur internet), ils ne l’utilisent pas pour texter. Ainsi, plutôt que d’intervenir de façon comportementaliste en disant à l’étudiant « Non! Range ton cellulaire », on peut utiliser le téléphone à des fins pédagogiques. Madona me fait remarquer que le Plan d’action numérique encourage le développement des compétences informationnelles et communicationnelles des étudiants. Ils doivent apprendre à utiliser les outils technologiques de communication sans que ce ne soit des sources de distraction.

Ça vous intéresse?

Les 2 responsables du cours insistent : il n’y a pas qu’une seule façon de « gérer une classe à l’ère du numérique ». Les enseignants inscrits au cours sont amenés à analyser leurs pratiques, en se questionnant entre autres sur la place qu’occupe le numérique dans les salles de classe.

Pour vous mettre l’eau à la bouche, je note qu’il y a, parmi les activités d’évaluation au programme dans le cours La gestion de classe à l’ère du numérique:

  • un exposé enregistré en vidéo (et partagé avec les autres apprenants) sur les défis en gestion de classe et dans l’utilisation des technologies.En guise d’exemple, des enseignants inscrits au cours à l’automne 2018 ont fait leur exposé sur la gestion de classe en classe inversée :
    • Comment s’assurer que les étudiants fassent les travaux nécessaires avant les cours?
    • Comment gérer les étudiants qui n’ont pas fait les travaux préparatoires?
    • Comment évaluer les travaux faits en équipe en classe?
  • un travail d’analyse de ses propres pratiques de gestion de classe basé sur l’enregistrement vidéo de l’un de ses cours

Ça vous intéresse? Contactez la personne répondante locale Performa de votre établissement pour savoir comment vous inscrire au cours la prochaine fois qu’il sera offert!

[Encadré tramé]

À propos de Madona Moukhachen et Chantal Poulin

Chantal Poulin est chargée de cours à l’Université de Sherbrooke depuis plus de 13 ans. Elle enseigne plusieurs cours de deuxième cycle et de premier cycle, principalement au département d’études sur l’adaptation scolaire et sociale. La gestion de classe, l’engagement scolaire, l’orthodidactie et les troubles spécifiques sont quelques exemples de ses nombreux intérêts. Chantal se spécialise en gestion de classe, plus précisément sur les pratiques pédagogiques favorisant l’engagement des étudiants, et ce, à tous les niveaux d’enseignement. Elle termine son doctorat en éducation sur ce sujet.

Madona Moukhachen est conseillère pédagogique en technologies de l’information et des communications (TIC) au Collège Ahuntsic depuis 3 ans. Elle accompagne les enseignants autour de la technopédagogie à travers différents projets d’intégration pratique des TIC, d’utilisation de l’infonuagique en enseignement et des pédagogies de l’apprentissage actif. Elle a travaillé comme assistante de recherche à l’Université de Montréal en psychopédagogie, où elle complète un doctorat sur la gestion de classe à l’ère numérique. Sa recherche porte sur l’analyse des pratiques en gestion de classe chez les enseignants et les étudiants du postsecondaire en présence des téléphones cellulaires. Elle enseigne également à l’Université de Sherbrooke.

À propos de l'auteure

Catherine Rhéaume

Catherine Rhéaume est éditrice et rédactrice pour Éductive (auparavant Profweb) depuis 2013. Elle est enseignante de physique au Cégep Limoilou. Elle est également auteure de différents cahiers d’apprentissage pour la physique et pour la science et la technologie au secondaire. Son travail pour Éductive l’amène tout naturellement à s’intéresser à la pédagogie numérique et à l’innovation pédagogique.

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