Un parti pris didactique dans l’enseignement de l’informatique
Christian Potvin vient de terminer une maîtrise en éducation portant sur l’évaluation de compétences à l’aide de logiciels de conception d’évaluation informatisée. Ce spécialiste de la réseautique et de la programmation Web a participé activement au projet du CEFRIO – Cégeps en réseau – que les cégeps de Matane et de Rivière-du-Loup ont soutenu dans le but « d’assurer la vitalité et la viabilité de l’offre de formation aux petites cohortes ». La dimension didactique des activités que l’enseignant propose en classe contribue à leur succès. Ses élèves savent pourquoi ils empruntent un médium et en quoi il est utile. Nous nous attarderons sur deux de ces médiums.
Un premier médium fort instructif : la plateforme télécollaborative Via
Mes étudiants ont trouvé de nombreuses motivations à l’approche télécollaborative dans le cadre du cours « Interface utilisateur » (420-056-RL).
Christian Potvin commente l’usage de la plateforme Via dans le cadre du projet Cégeps en réseau
D’abord, l’utilisation de la plateforme Via leur a permis d’expérimenter un mode de collaboration à distance bien présent dans leurs futurs environnements de travail. Ils en apprécient la polyvalence. Via offre une section de clavardage, un choix de formats de conférence (avec ou sans caméras), une section de dépôt de fichiers variés, des outils d’annotations utilisables dans l’espace partageable de documents ou de tableaux blancs, le transfert de l’écran du professeur à celui des élèves (et vice versa) et enfin la création de sondages. Finalement le mode « Revoir » leur permet d’entreprendre certaines révisions.
La formule mixte adoptée, quant au lieu de cours (en ligne ou en classe), au mode d’enseignement emprunté (directif ou non), à la composition du groupe (restreint ou élargi) ou de l’équipe enseignante (un enseignement modulaire; le meilleur spécialiste du domaine du département pour chacune des parties de cours) leur a conféré de nombreux avantages. L’alternance des activités, en classe avec le groupe local, en ligne avec les équipes de travail ou les équipes régionales, leur a été certainement favorable.
L’approche active de cette formation a plu. Dans Via, on a tenu des séances d’écriture simultanée de « graffitis ». On leur a proposé des débats en microgroupe en présentiel, que l’on relançait avec le groupe élargi dans Via. On se servait du tableau dans la classe. Après la discussion on dévoilait au groupe de Matane nos résultats. Et on s’entendait sur un tableau commun. Des travaux en équipe simulant une approche client-entreprise avec des étudiants de la région opposée ont été très formateurs.
Le projet Cégeps en réseau s’est ainsi déroulé avec une belle synergie pendant deux ans et demi. Nous poursuivons une telle utilisation de plateforme télécollaborative, à l’intérieur du programme au Cégep de Rivière-du-Loup.
Contexte à respecter
- Emprunter la plateforme télécollaborative pour de petites périodes de cours (éviter les périodes de trois heures)
- Privilégier une approche collaborative. Bien signaler le rôle actif que l’étudiant doit jouer lors de ces séances.
- Justifier l’emploi de la plateforme par le contexte du cours ou la discipline enseignée.
- Scénariser le cours et maîtriser la plateforme avant de se lancer dans l’activité.
Nous vous suggérons la lecture du récit de Marie-Josée Palin : « Des ateliers Via en gestion en Abitibi-Témiscamingue ».
Un second médium axé sur la formation : les logiciels de conception d’évaluation informatisée
Les logiciels de conception d’évaluation informatisée peuvent rendre de grands services dans l’évaluation des compétences en informatique.
Christian Potvin commente les utilisations pédagogiques des exerciseurs
On recense au nombre de leurs avantages :
- L’évaluation formative facilitée des apprentissages de base
- Le travail de révision adapté au rythme ou au besoin de l’étudiant
- La chronologie des questions en paliers de difficultés
- L’effet d’émulation
- L’économie de temps en classe par la mise en ligne des questionnaires
- Les faiblesses des étudiants plus aisément ciblées
Ces logiciels peuvent même être utilisés pour mesurer le savoir-faire. Il est possible avec des logiciels tels que Questionmark d’évaluer une démarche de travail en cours. On le fait, entre autres, en capturant les actions posées par l’étudiant sur sa station de travail. Les professeurs n’ont pas à craindre les impacts sur le temps de correction. Le visionnement en accéléré des captations vidéo permet de percevoir le travail en élaboration et d’évaluer les étapes importantes en un temps relativement rapide.
Certains irritants sont toutefois parfois relevés avec les questionnaires interactifs:
- Les résultats contrefaits
- Les correctifs manuels parfois requis selon le degré de précision du solutionnaire
- Une démarche de réponse à adopter parfois confuse aux yeux des étudiants.
Mais il faut encourager les enseignants à produire ces banques de questions et à prendre leur temps pour produire des questionnaires riches en énoncés, exploitant d’autres formes que le choix multiple, et surtout riches en rétroactions pour l’évaluation du savoir-faire.
Il serait intéressant, comme le suggère le coordonnateur du développement des ressources au CCDMD Réjean Jobin, d’impliquer les étudiants dans la création des questions et la fabrication de questionnaires.
Je vous invite à faire la lecture de mon essai présenté à la faculté d’Éducation de l’Université de Sherbrooke. J’y explore le potentiel pédagogique de deux exerciseurs dans le cadre de deux compétences. Vous pourrez également lire la chronique de Geneviève Nault à ce sujet.
Avez-vous eu l’occasion d’utiliser des exerciseurs? Nous vous suggérons une communication de Stéphane Landry, enseignant au Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu. Celui-ci témoigne de l’usage qu’il en fait dans les cours de chimie. Avez-vous essayé d’évaluer du savoir-faire avec ceux-ci? Avez-vous expérimenté vous-même Via?
Merci beaucoup de partager avec nous votre expérience. C’est très enrichissant dans notre travail et cela nous permet de semer des idées novatrices dans notre milieu.
J’ai une petite question sur VIA. Est-ce que les étudiants font les sessions synchrones dans les collèges (Matane et Rivières du Loup) ou à la maison? Avez-vous éprouvé des difficultés techniques avec l’outil? Le son qui coupe ou des gens qui ont de la difficulté à se connecter? Si oui, est-ce que cela a perturbé les apprentissages des étudiants?
Merci!
Michel
Bravo Christian ! Bonne présentation de VIA et des outils d’évaluations en soulignant les avantages mais aussi la limite des outils. Merci pour ce partage d’information.
Félicitations Christian! Merci d’avoir partager ton expertise avec la communauté collégiale. Nous sommes heureux de te compter parmi nous.
Voici les réponses à vos questions. Dans le cadre de Cégeps en réseau, les élèves ont fait toutes les sessions synchrones à partir du cégep. Les difficultés rencontrées furent l’ouverture des ports du pare-feu du cégep et majoritairement la partie partage d’écran de la plateforme dans les tout débuts. Il faut dire qu’il y a quatre ans, la plateforme fonctionnait, mais avait quelques ratés. Nous avons été en collaboration avec SVI eSolutions afin de commenter et suggérer de nouvelles fonctionnalités à cette plateforme. Aujourd’hui VIA est simple, convivial et performant.
Je ne peux pas dire que cela a vraiment perturbé les apprentissages. Cependant il a fallu planifier, pour les deux ou trois premiers cours avec la plateforme, cinq bonnes minutes pour que les élèves prennent l’habitude de la procédure de connexion. Particulièrement lors du premier contact (présentation du fonctionnement de VIA), où il faut aussi laisser l’élève expérimenter pour qu’il lâche son fou… mais ça aussi c’est de l’apprentissage. Par la suite, le tout allait très bien à part si un casque d’écoute devenait défectueux.
Merci!