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Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Le changement est monnaie courante en informatique. C’est donc avec enthousiasme que je me suis lancée dans l’expérimentation du programme préuniversitaire SIM pour Science Informatique et Mathématiques à l’automne 2008. Pour la discipline Informatique, cela signifiait, plus concrètement, une séquence de quatre cours : trois cours de programmation et un cours intégrateur.

Mais que faire lorsqu’on se retrouve avec moins de dix inscriptions dans une première cohorte?

La collaboration est apparue la voie à suivre et une association avec le Cégep de Saint-Jérôme nous a permis d’atteindre une clientèle suffisante pour offrir notre premier cours et permettre à ce collège d’ouvrir le programme pour aussi peu que six étudiants. En tout, quinze étudiants en provenance des deux collèges ont vécu cette belle expérience et certains d’entre eux continuent à la vivre.

Il fallait également trouver des moyens de développer les compétences de nos étudiants, même à distance, et de travailler en concertation au niveau pédagogique. Divers outils ont été utilisés :

  • Le système de visioconférence VIA, pour offrir des cours hebdomadaires aux étudiants. J’utilise les diverses fonctionnalités de cet outil, mais également le tableau ActivBoard dont le contenu est présenté dans le tableau blanc de VIA pour échanger de l’information durant le cours. Tout au long de mes interventions avec le crayon optique, les étudiants peuvent suivre. J’y écris la démarche de résolution d’un programme et j’y solutionne des exercices. En bref, je partage sur ce tableau ce que j’aurais fait sur un tableau blanc « normal » dans une classe « normale » de cours, mais de façon différente. Ce n’est pas tout! En plus de pouvoir utiliser d’autres utilitaires intégrés au tableau interactif, comme les éditeurs d’équation et de texte ainsi que l’utilitaire de dessins, ActivBoard permet d’accéder à des fichiers externes et de les héberger dans sa visionneuse. La beauté de cet outil réside dans le fait que je peux tout enregistrer dans un document pdf que je mets à la disposition des étudiants sur le réseau du collège. Les étudiants se considèrent chanceux de ne pas être obligés de prendre tout le temps des notes, du moment que tout leur est livré directement à domicile.
  • L’une des saisies d’écran une fois dans VIA.

  • L’accès à distance au serveur du collège de Bois-de-Boulogne et le partage de documents dans le DECclic, pour déposer ou récupérer des travaux ou des documents.
  • DECclic, pour passer des tests sommatifs et formatifs, pour le clavardage, la remise des travaux ainsi que le partage de documents. Les étudiants me contactent par le biais de la messagerie de DECclic ou directement par l’envoi de courriel en dehors des heures de cours. DECclic nous a aussi dépanné quand un étudiant n’arrivait pas à partager un exercice de grande taille sur la plateforme VIA; il l’envoyait par la messagerie de DECclic et je pouvais par la suite « déboguer » son programme et le lui retourner.

Comment décris-tu l’expérience?

Fantastique! Je donne mes cours sensiblement de la même manière qu’auparavant, mais je trouve que les étudiants sont davantage orientés vers ce que je présente. Je leur demande fréquemment de s’impliquer en posant une question, en donnant leur point de vue, en exprimant une difficulté, en répondant à un sondage, en utilisant le partage d’application pour présenter leur solution ou un problème, etc. D’une certaine manière, j’ai l’impression d’être en « team teaching » avec eux. Même durant les pauses, ils demeurent présents et utilisent le tableau que je rends disponible pour les échanges sociaux.

Ils peuvent suivre le cours à partir du laboratoire de leur collège ou de la maison et n’ont l’obligation de se présenter que pour les examens. Ils peuvent également rencontrer un enseignant dans l’un ou l’autre des collèges si cela s’avère nécessaire. J’offre également mes séances de disponibilité en soirée par VIA. Alors que ce n’est pas obligatoire, tous se présentent au début de la visioconférence, certains en pyjama, d’autres avec leur tasse de café… Graduellement, ceux qui comprennent aident les autres ou quittent la séance.

Des étudiants et intervenants des deux cégeps (debout, de gauche à droite) :
Karine Leygues-Moreau, enseignante-répondante en informatique, et Christiane Dagenais,
coordonnatrice du programme (Saint-Jérôme); Tommaso Donato, coordonnateur du programme,
et Marie-Claude Allard, conseillère pédagogique (Bois-de-Boulogne).

Et que vois-tu comme avantages?

Alors que l’esprit de compétition est si souvent présent en classe, je découvre des étudiants désireux d’aider les autres et un lieu virtuel où tous ont leur place. Une rencontre réelle, en présence des étudiants des deux collèges, a d’ailleurs démontré qu’un véritable sentiment d’appartenance s’était développé même si les étudiants ne s’étaient rencontrés qu’à distance. Les étudiants semblaient se connaître depuis toujours et aucun clan ne semblait s’être créé alors que c’est habituellement le cas dans les groupes traditionnels.

Au niveau pédagogique, je réalise que :

  • je peux aider ceux qui éprouvent des difficultés particulières dans mes rencontres de disponibilité, mais j’incite également les étudiants à présenter leurs difficultés dans la séance de visioconférence;
  • les étudiants démontrent un grand intérêt et une attention tout au long du cours. Ils s’impliquent véritablement, prennent leur place et partagent autour de problèmes vécus;
  • les étudiants réussissent facilement à exprimer leurs incompréhensions sans gêne et partagent leurs difficultés avec les autres;
  • les relations prof-étudiant sont vivantes et dynamiques;
  • il y a de la place pour l’humour. Par exemple, il arrive que les étudiants s’échangent des blagues et s’amusent à changer de nom ou de photo sans que cela affecte le cours comme tel. Il est arrivé que je me retrouve sur toutes les photos sans être en mesure d’identifier chacun des participants;
  • il se crée une véritable synergie entre les étudiants. En fait, je les surnomme « ma petite famille » même s’ils proviennent de deux collèges différents. J’ai aussi établi une relation extraordinaire avec les profs de Saint-Jérôme qui partagent l’expérience sur VIA et qui sont d’ailleurs très coopératifs.

« Une classe virtuelle » Épisode 25 de Réseau TIC, produit par La Vitrine Technologie-Éducation et diffusé le 2 mars 2009

Et pour la suite?

Des quinze étudiants qui ont suivi le cours à l’automne 2008, neuf ont continué pour le cours de programmation 2 à l’hiver 2009(deux étudiants ont eu un échec dans plusieurs cours et quatre se sont inscrits en Techniques de l’informatique ou en Sciences de la nature). La bonne nouvelle, c’est que nous avons 42 demandes uniquement dans mon collège pour septembre 2009. Par contre, le Cégep de Saint-Jérôme n’en a que dix. J’espère qu’une nouvelle collaboration aura lieu pour que le programme puisse aussi démarrer à ce collège.

Bien que je sois consciente que l’utilisation de VIA est onéreuse et qu’il n’est pas facile pour les registraires de travailler avec les horaires de plusieurs collèges, je trouve l’expérience si enrichissante que je suis prête à offrir tous mes cours de cette manière. Un sondage réalisé auprès des étudiants a permis de constater qu’ils apprécient cette formule et aimeraient qu’elle soit utilisée dans les autres cours de leur programme.

Peut-être pourrions-nous impliquer d’autres collèges dans l’expérience et ainsi rapprocher les étudiants des différents coins du Québec. Créer ainsi une communauté collégiale offrant et partageant différentes expériences, différents savoirs et différentes pratiques collaboratives. Permettre la survie des collèges en région. Permettre ainsi à un étudiant assis en face de sa belle montagne dans les Laurentides ou au bord du grand lac Saint-Jean, ou d’aussi loin que le beau village de Kuujjuaq, de suivre un cours en plein Montréal. N’est-ce pas merveilleux? Voyez-vous d’autres possibilités?

À propos de l'auteure

Sonia Gounar

Titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise en informatique, elle enseigne depuis 20 ans l’informatique au Collège Bois-de-Boulogne. Elle est également coordonnatrice du programme de Sciences informatiques et mathématiques, responsable de l’aide à la réussite et mentore de l’équipe de robotique du collège. Elle est passionnée par la recherche scientifique, ce qui l’a menée à mettre sur pied de nombreux projets liés, entre autres, aux objets connectés.

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