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5 décembre 2011

Une manière originale de s’instruire en enseignant

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Lisa Deguire anime le service d’aide H.E.L.P. ON-LINE (Help in English; Learning and Practice Online) du Cégep de Jonquière. Le répertoire, régulièrement consulté des étudiants inscrits à un cours d’anglais, est pourvu d’une grande gamme d’exercices conçus par les enseignants du département, allant de questionnaires ou mots croisés interactifs à des documents audios.

Depuis deux ans, des étudiants des cours d’anglais de niveau avancé composent leur catalogue!  Le projet « Students Helping Students », hébergé dans l’espace personnel de Profweb, tire profit des connaissances acquises par ceux-ci en leur lançant le défi de construire à partir d’elles des objets d’apprentissage de leur cru, faits par eux et pour eux!

Faire d’un défi une opportunité

Concevoir des cours d’anglais langue seconde de niveau avancé (IV) pose de constants défis à l’enseignant qui doit développer des activités de formation greffées à la vie professionnelle et sociale future d’étudiants partageant souvent la conviction d’avoir trop peu à apprendre de leur cours d’anglais. Mais ce défi, propre aux cours adaptés aux programmes d’études, particulièrement difficile à relever dans des classes composites, peut devenir une opportunité!

Le projet de rédaction multimédia est né de la volonté de tirer profit de cette polyvalence de savoirs. Basée sur le précepte de Sénèque : « Qui discit Docet »  (« Qui enseigne s’instruit »), l’activité profite des connaissances et compétences développées par les élèves dans le cadre de leur programme d’études. En bonne constructiviste, je les encourage à exploiter toutes les ressources dont ils disposent. Ainsi, tout en construisant un objet d’apprentissage, ils apprennent aussi!

L’enseignante explique quelles sont les retombées du projet de rédaction multimédia dans l’apprentissage.

Qui enseigne s’instruit

Le projet de rédaction multimédia, alimenté durant les quinze semaines de classe, débouche ainsi sur une activité d’enseignement. L’activité d’apprentissage présentée peut aborder une difficulté propre à la langue anglaise ou à son usage (emprunt d’un lexique spécialisé) ou une réalité reliée à leur champ d’études. Un impératif : l’outil créé audio, vidéo, web ou textuel se destine à des étudiants ayant une moins grande compétence linguistique que la leur.

Planification de l’activité et déroulement

Le travail comprend différentes phases allant de l’analyse des besoins à l’identification des objectifs d’apprentissage, de la conception d’un outil multimédia à son élaboration, enfin, de l’examen par les pairs à son lancement officiel lors de l’exposé au terme du projet.

Dès la première rencontre de la session, à la distribution du plan de cours, le défi est lancé aux étudiants. Je dois contenir leur enthousiasme! Afin de bien les orienter et de les diriger vers les bonnes ressources, je vérifie périodiquement les choix qu’ils font.

Chaque semaine, une période de classe est allouée à ce travail. Il faut :

  1. Former les équipes
  2. Déterminer le niveau de compétence linguistique visé (tous les niveaux sont couverts)
  3. Choisir l’aptitude ciblée (lire, écrire, s’exprimer ou comprendre) et les éléments de compétence développés
  4. Effectuer une analyse des besoins
  5. Identifier les stratégies d’apprentissage adoptées
  6. Choisir les outils technologiques et ressources utiles
  7. Fournir un croquis, un scénarimage ou un prototype
  8. Exécuter les rapports d’étape
  9. Tenir compte de l’examen fait par les pairs
  10. Produire une œuvre originale tenant compte de la notion de propriété intellectuelle et de droits d’auteurs
  11. Préparer la présentation du produit final
  12. Signer, s’il y a lieu, les formulaires de cession de droits pour l’insertion au catalogue «  Students Helping Students ».

Réactions des élèves

Les étudiants adorent l’expérience. Ils rapportent que ce travail d’équipe permet de développer les compétences langagières dans un cadre relationnel motivant et créatif. Le processus décisionnel, varié, et bien échelonné dans le temps, leur offre des défis de communication semblables à ceux de la vie professionnelle et sociale. Ils apprécient apprendre dans un contexte aussi diversifié d’activités, enrichissant d’autant leurs connaissances et compétences acquises en anglais. Il est valorisant pour eux de partager les connaissances acquises durant leur formation avec leurs coéquipiers et tout aussi intéressant de prendre connaissance de celles de leurs pairs.

Et bien sûr, les étudiants sont très fiers de leurs produits finaux!

Depuis 2010, 16 projets d’équipe ont été intégrés au catalogue Students Helping Students. Plusieurs autres répondront bientôt aux normes de mise en ligne et s’ajouteront aux précédents.

Exemple de projet vidéo inséré au catalogue : « How to Record a Song » de S. Schroeder et J. Bouchard

Mes recommandations

  • Rassurer les étudiants qui ne sont pas à l’aise avec le projet ou la technologie au début du semestre et leur rappeler que le projet se fait en collaboration étroite avec le maître qui est leur consultant en langue et en pédagogie.
  • Encourager les membres de l’équipe à énoncer clairement, et ce, dès le début leurs compétences et le temps qu’ils peuvent consacrer à ce projet.
  • N’accepter que des travaux originaux pour éviter les problèmes de droits d’auteurs.
  • Exiger que l’on soumette les contenus du projet afin de s’assurer de la qualité de la langue et du matériel avant sa finalisation.
  • Utiliser des outils standards4 tels que Word, Explorer, Firefox et Google pour créer des pages Web, afin de faciliter la correction et de prolonger la durée de vie du produit.
  • Orienter les étudiants vers des outils et ressources libres de droits tels que World of images, Teacher Tube, Hot potatoes, Netquiz Pro, Crisscross Words, etc.
  • Encourager l’utilisation de la licence Creative Commons en précisant les formules proposées.

Pour un enseignant qui veut intégrer la technologie dans son enseignement, ce projet figure parmi ceux où 20 % de l’effort déployé par l’enseignant reçoit 80 % de contribution étudiante.

Avez-vous des expériences d’apprentissage à relater favorisant le partage des connaissances?

À propos de l'auteure

Lisa Deguire

Lisa Deguire enseigne au Cégep de Jonquière depuis près de 20 ans. Avant cette expérience, elle œuvrait dans le secteur privé en design d’environnement d’apprentissage pour des clients corporatifs. Elle est membre de l’AQPC et de la SPEAQ. Passionnée par la pédagogie numérique, elle a participé à des projets d’enseignement virtuel en tandem et a contribué à de nombreux récits sur la collaboration en enseignement collégial.

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