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10 septembre 2012

YouTube : Apprendre les mathémaTICs au moyen d’une classe inversée

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Samuel Bernard propose à ses étudiants des séquences vidéo formatives à visionner pour le prochain cours. Dorénavant, théorie, exercices d’appropriation, savoirs ou notions simples à consolider ou intégrer sont des tâches assumées avant d’entrer en classe. Les heures contacts peuvent maintenant servir à l’apprentissage actif!

Contexte initial

Automne 2010. Je donne le cours Statistique (201-705-TB) destiné aux étudiants du programme Techniques de comptabilité et de gestion (410.B0). Je décide de leur faire acheter un guide (format papier) fort bien fait sur le traitement de données statistiques avec le logiciel Excel.

Ils devaient en lire certaines sections à la maison afin de se préparer à différents laboratoires avec Excel qui avaient lieu de temps à autre. Je fis face à énormément de lectures non faites et à des complaintes quant à la difficulté d’opérer le transfert des connaissances à partir du guide, même pour des opérations de base.

Refusant de devoir enseigner l’utilisation du logiciel de façon traditionnelle et étant soucieux de conserver un maximum de temps pour des exercices et questions en classe, j’ai eu l’idée de faire des vidéos préparatoires aux laboratoires.

Manipulations logicielles en vidéo

J’ai commencé par des tutoriels exposant diverses fonctionnalités statistiques d’Excel : présenter des données (tableaux et graphiques), calculer différentes mesures statistiques, déterminer s’il existe un lien statistique entre deux variables, etc.

Je les mis en ligne sur un site web sécurisé, afin que mes étudiants les téléchargent. Ils ont réagi avec beaucoup d’enthousiasme : « C’est beaucoup plus facile! On peut voir ce que tu fais. On sait où cliquer. » Ils trouvaient l’écoute moins rebutante que la lecture et surtout plus précise et concrète. Les étudiants devinrent autonomes au laboratoire et ils apprirent mieux. Pour ma part, je décidai de rendre mes vidéos disponibles gratuitement à tous en créant le projet Mathéma-TIC, un site web regroupant de façon thématique toutes mes vidéos présentes sur YouTube.

Exemples de vidéos expliquant des manipulations logicielles

Notions théoriques en vidéo

Automne 2011. J’ai l’idée d’aborder non seulement l’utilisation d’Excel par la baladodiffusion, mais aussi l’ensemble de la théorie prévue au plan de cours. Bref, j’ai décidé d’utiliser la baladodiffusion afin d’inverser ma classe. Je fus inspiré par la publication d’Eric Mazur, professeur de physique à Harvard (Interactive Teaching DVD : PromotingBetter Learning Using Peer Instruction and Just-In-Time Teaching) et  par la conférence TED de Salman Khan, fondateur de Khan Academy (Let’s use video to reinvent education).

Exemples de vidéos expliquant des notions théoriques

Apport des vidéos

Contrairement à un professeur, les vidéos sont disponibles en tout temps et on peut les écouter autant de fois que nécessaire, en tout ou en partie, au moment qui nous convient. On peut y montrer la construction ou la modification d’une connaissance en traitant un problème de départ par questionnements successifs. On peut même y montrer de faux raisonnements que font fréquemment les étudiants et démontrer pourquoi ils sont faux tout en mettant l’accent sur l’erreur. La présentation de contenus n’a plus le caractère statique des imprimés scolaires!

Impacts d’une telle approche sur la préparation des cours

D’abord, il faut prévoir du temps. Créer une baladodiffusion d’une quinzaine de minutes de A à Z prend entre trois et quatre heures (planification, enregistrement, montage, mise en ligne). À moins de bénéficier d’un dégrèvement, il est impensable de mettre l’ensemble des contenus d’un cours en ligne rapidement.

Ensuite, il faut introduire des mesures de contrôle des visionnements. Pour ce faire, j’ai créé un blogue pour les étudiants du cours 201-705-TB afin de lier chaque vidéo à un exercice formatif agissant comme passeport d’entrée pour chaque cours. Avant d’entrer en classe, certains me demandaient la permission d’aller terminer à la bibliothèque les formatifs non faits afin de pouvoir être intégrés au cours. Cela les a rendus responsables quant à leurs apprentissages.

Présentation des étapes et outils de création vidéo

Impacts sur l’apprentissage

La classe inversée oblige les étudiants à travailler un certain nombre d’heures à la maison, et ce de façon continue tout au long de la session. Conséquemment, les périodes de pointe sont beaucoup moins intenses, autant pour les étudiants que pour le professeur!

En classe, le cours débute par un retour sur la théorie abordée dans les vidéos et sur les exercices formatifs qui y sont reliés. Les étudiants ont maintenant des questions plus précises et pertinentes, et ce ne sont pas toujours les mêmes qui interviennent. Je reprends rapidement les notions les plus complexes avec de nouvelles mises en situation que je fais devant eux au tableau. Par la suite, ils travaillent en équipe sur des problèmes. Je suis donc présent pour répondre à leurs questions au moment où ils apprennent à appliquer la théorie à des situations concrètes.

La classe inversée m’a permis de réduire de moitié le temps consacré à la théorie en classe. Le temps gagné fut utilisé afin de permettre aux étudiants d’appliquer et d’intégrer l’ensemble des notions du cours en effectuant un travail de session d’envergure échelonné sur l’ensemble de la session (épreuve finale de cours).

Quelles sont vos stratégies pour une meilleure appropriation des connaissances? Passent-elles par la libération de temps en classe pour des activités d’apprentissage collaboratives?

À propos de l'auteur

Samuel Bernard

J’enseigne les mathématiques à temps plein au Cégep régional de Lanaudière à Terrebonne depuis 2007. Je m’intéresse particulièrement à l’intégration efficace des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans l’enseignement des mathématiques au collégial.

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Nicole Perreault
Nicole Perreault
12 septembre 2012 16h23

Je suis toujours intéressée (et impressionnée) par les stratégies que développent des enseignants pour faciliter les apprentissages des étudiants et accroître leur motivation. Le récit de Samuel est tout simplement… passionnant et stimulant. D’ailleurs, je compte utiliser personnellement sa vidéo sur les tableaux croisés dynamiques pour être plus à l’aise avec leur création et la partager auprès de collègues… Je compte également visiter le site Projet Mathéma-TIC pour voir si certaines capsules vidéos pourraient être pairées avec des habiletés du Profil TIC des étudiants (par exemple : habileté « Traiter des données quantitatives »). Merci beaucoup pour ce récit et bravo à Samuel.

Émilie Lavery
Émilie Lavery
14 septembre 2012 0h13

Les TIC apportent de grands ressorts à l’exercice de notre métier de plus en plus polyvalent! Votre engagement en pédagogie a le même effet que votre récit: celui de passionner! L’animatrice du réseau REPTIC a raison de le clamer! J’apprécie également votre honnêteté. On ne bâtit pas de telles aides, de tels supports pédagogiques en un rien de temps. Quelle inspiration pour les enseignants de toute discipline!

Josianne Lafrance
Josianne Lafrance
17 septembre 2012 16h04

J’ai eu la chance de discuter avec Samuel à plusieurs reprises de ce projet et de l’entendre en jaser avec d’autres enseignants. Ce que je constate, c’est qu’il ne laisse personne indifférent. En effet, c’est stimulant d’adapter son enseignement aux besoins des étudiants et de voir que ça fonctionne!
Samuel, merci de partager ton vécu avec autant d’enthousiasme. Bonne chance pour la suite et pour tes projets en devenir…

Mireille Francesconi
Mireille Francesconi
17 septembre 2012 17h21

La baladodiffusion est une très bonne façon d’immortaliser nos cours! Blague à part, je tiens à te remercier de transmettre si généreusement ton savoir-faire en technologie. Je saurai certainement en tirer parti dans mes cours de littérature.

David Descent
David Descent
21 septembre 2012 20h01

L’intégration du multimédia dans tes présentations est très pertinente. Les éléments de formes et de couleurs (zoom, dessin, crayons) ainsi que les éléments de musique dans la transition des activités enrobent les statistiques, c’est plus vivant que le matériel sous support papier. Ton approche répond parfaitement au mode d’apprentissage du « juste à temps » de la génération native du numérique.

Frank Fournier
Frank Fournier
23 novembre 2012 14h21

Bonjour Samuel,

Quels logiciels utilises-tu pour arriver à tes fins? Tu as quelques trucs à partager? (résolution, technique de zoom, choix de microphone, etc.)

Merci!

Claudette Ouellette
Claudette Ouellette
1 février 2013 20h31

La lecture de votre récit m’inspire plusieurs conseils technopédagogiques que je pourrai donner aux enseignants utilisateurs de la plateforme Moodle.

Merci.