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12 février 2021

Consolider de saines habitudes de vie auprès des étudiants avec le sport électronique

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Lorsqu’on m’a dit que le sport électronique permettait d’inculquer de saines habitudes de vie chez les cégépiens, cela a suscité ma curiosité. Pour en apprendre davantage sur le sujet, je me suis entretenue avec les instigateurs des équipes de sport électronique au Cégep de Saint-Hyacinthe:

  • Frédéric Nolet, spécialiste en jeux vidéos et entraîneur de sport électronique
  • Jean-François Larivée, enseignant d’éducation physique et entraîneur de sport électronique
  • Marc-André René, conseiller à la vie étudiante et aux activités sportives.

Qu’est-ce que les sports électroniques?

Les sports électroniques (ou e-sports) sont des jeux vidéos multijoueurs compétitifs. Certains diront que les sports électroniques ne sont pas des sports. Cependant, en sports électroniques comme dans les autres sports, le volet compétitif, l’entraînement et la discipline sont centraux. C’est une compétition avant d’être un passe-temps. D’ailleurs, au Cégep de Saint-Hyacinthe comme dans d’autres cégeps, le sport électronique adopte la structure sportive des autres sports collégiaux.

Depuis 3 ans, le sport électronique connaît une popularité grandissante. Déjà 27 cégeps ont formé des équipes et compétitionnent pendant une vingtaine de semaines, du début octobre à la mi-novembre puis de la mi-février jusqu’à la mi-avril.

Les 2 équipes d’e-sport des Lauréats du Cégep de Saint-Hyacinthe font partie de la Ligue Collégiale de Sports Électroniques (LCSE), l’équivalent pour le sport électronique du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ).

La LCSE prône un développement sain et équilibré des cyberathlètes et du sport électronique dans le milieu scolaire québécois, ce qui est tout à fait en adéquation avec les mesures mises en place au Cégep de Saint-Hyacinthe.

Un rempart social en pleine pandémie

Le sport électronique a été épargné par les arrêtés ministériels de l’automne 2020, car toutes les activités de la ligue se déroulaient d’emblée à distance. Au Cégep de Saint-Hyacinthe, la mise sur pied des équipes a eu lieu au cours de l’hiver 2020 en plein confinement. Deux équipes ont été créées et compétitionnent dans les jeux Rocket League et League of Legends.

Une soixantaine d’étudiants ont pris part au camp de sélection qui a été organisé. Puis, 30 étudiants ont été convoqués en entrevue et 14 ont été retenus pour former les 2 équipes. Étonnamment, ce sont des étudiants commençant leurs études collégiales à l’automne 2020 qui ont démontré le plus grand engouement à faire partie des équipes de e-sports des Lauréats.

Pour que les joueurs restent en contact entre eux et avec leurs entraîneurs, l’outil de communication Discord [en anglais], déjà implanté chez les adeptes de jeux vidéos, a été adopté.

De plus, comme dans tout sport collégial, les étudiants ont:

  • un calendrier de pratiques
  • un encadrement scolaire
  • un accès aux installations sportives du cégep, à un préparateur physique et au service de thérapie sportive
  • des formations sur la nutrition, l’ergonomie, les bonnes habitudes de vie, la préparation mentale et sur la planification et la réalisation d’entraînements physiques
  • un uniforme que chaque joueur doit porter lors des matchs.
Pour en apprendre un peu plus sur la LSCE et ses activités pendant la COVID-19, je vous suggère l’article de Frédéric Nolet La LCSE, une ligue parascolaire qui persiste au travers de la COVID-19.

Inculquer de saines habitudes de vie avec le sport électronique

L’un des avantages du sport électronique est qu’il est facile de superviser les étudiants. Toutes les informations sur le temps de jeu sont enregistrées. On cible efficacement les interventions à faire auprès des joueurs.

Les entraîneurs Frédéric Nolet et Jean-François Larivée ont tissé une relation de confiance avec leurs joueurs en connaissant bien la culture entourant ce sport et en comprenant la passion de leurs athlètes pour les jeux vidéos (à la différence de bien des parents).

Un sport ancré dans les réalités du terrain

Souvent, les jeux vidéos sont associés à des problèmes de cyberdépendance. Or, on ne peut pas dire que le sport électronique dans les écoles crée une dépendance. Que ce soit à l’école ou non, les jeunes vont jouer à des jeux vidéos. Lorsque le sport électronique est régi dans un cadre scolaire, les étudiants sont outillés et encadrés. De plus, ils peuvent ensuite inculquer de saines habitudes de vie auprès de leurs pairs.

L’importance de l’activité physique dans le sport électronique

L’un des éléments sous-estimés du sport électronique est l’importance de l’activité physique. Personne n’est fait pour rester assis un nombre d’heures incalculables. Il faut se lever et bouger. Les entraîneurs des Lauréats apprennent à leurs étudiants à ne pas négliger leurs heures de sommeil et à jouer à des moments raisonnables. Ils ont un impact concret sur leurs étudiants en leur apprenant à réduire leur temps de jeu pour maximiser la qualité des moments dédiés à leur sport.

Une part importante de l’encadrement des joueurs de sport électronique est dédiée à l’activité physique. Ils sont obligés de faire de l’activité physique au moins 3 fois par semaine. Jean-François Larivée garde un œil sur leur assiduité grâce à l’application Runkeeper [en anglais]. Tous les joueurs font partie d’un même groupe dans l’application et ils se motivent entre eux pour dépasser leurs limites. L’un des éléments qui les motivent grandement est qu’ils ont le luxe de choisir le sport ou l’activité physique qu’ils souhaitent pratiquer. Certains ont choisi la course à pied, un autre l’haltérophilie, etc. À la différence des autres sports de compétition, il n’y a pas d’habileté physique précise à développer, l’idée est simplement de bouger pour pouvoir développer une bonne posture et renforcer ses muscles dorsaux et abdominaux.

Pour une utilisation pédagogique de l’application Runkeeper, je vous suggère le récit Éducation physique: une application mobile valide et stimule l’activité physique hors cours de Rachel Surprenant, enseignante d’éducation physique au Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu.

Développer des méthodes de travail et des compétences transversales

Souvent les jeux vidéos viennent avec cette idée préconçue du jeune dans son sous-sol qui n’interagit avec personne sauf son écran d’ordinateur, or la réalité est tout autre. Le sport électronique est un sport d’équipe nécessitant un haut niveau communicationnel. Il aide les étudiants à développer des habiletés sociales. Chaque équipe est hiérarchisée et chaque joueur a un rôle actif au sein de celle-ci. Avant tout, c’est un sport d’équipe où les intérêts de l’équipe sont mis de l’avant. Les joueurs développent des aptitudes sociales dans un contexte compétitif. Ils apprennent à:

  • travailler en équipe
  • faire preuve d’altruisme
  • gérer la défaite
  • encourager leurs pairs
  • faire de l’introspection en analysant leurs actions et leurs performances
  • adopter une éthique de travail
  • gérer judicieusement leur temps

Le sport électronique amène chaque joueur à développer son plein potentiel et à s’investir dans ses études collégiales pour continuer à pratiquer le sport qui le passionne.

De plus, dans le contexte inhabituel lié à la COVID-19, le sport électronique a permis de créer un sentiment d’appartenance à un cégep et à une équipe sportive. La camaraderie qui existe au sein des équipes a permis aux étudiants de tisser des souvenirs mémorables.

Le e-sport a piqué votre curiosité? Je vous suggère le webinaire en 3 parties de l’APOP Le e-sport au collégial? Enjeux et processus de mise en oeuvre animé par Philippe Gauthier, directeur général de l’Académie ESports de Québec.

Remerciements
Je tiens à remercier Marc-André René, Frédéric Nolet et Jean-François Larivée pour m’avoir fait découvrir le sport électronique et pour leur collaboration à la rédaction de cet article.

À propos de l'auteure

Camille Arpin

Camille Arpin est éditrice pour Éductive (auparavant Profweb) depuis 2019. Elle a enseigné le français et la littérature dans différents cégeps de la province. Elle poursuit actuellement des études de 3e cycle en enseignement supérieur à l’Université de Sherbrooke.

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