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11 janvier 2021

Un programme offert en mode hybride… par choix! — Réussir à créer un sentiment de présence à distance

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

En 2020-2021, alors que plusieurs programmes sont forcés de se tourner vers l’enseignement à distance ou l’enseignement comodal, pour nous, enseignantes dans le nouveau programme de Techniques juridiques du Cégep de la Gaspésie et des Îles, c’est un choix! Notre programme en est à sa 2e année d’existence et il était prévu depuis longtemps qu’à partir de cette année, il serait offert à distance. Nous sommes extrêmement satisfaites du déroulement de la première session et très optimistes pour l’avenir.

Nous avons toujours eu comme objectif de réussir à créer un sentiment de présence dans nos cours, même s’ils sont à distance. Pour cela, nous avons considéré les interactions comme une priorité, et ça a été la clé du succès. Les étudiants sont très engagés dans leurs apprentissages et ont développé un remarquable esprit de communauté.

Nous consacrons dans Profweb un autre texte à la place que nous faisons aux apprentissages authentiques dans la formation de nos étudiants: « Une formation professionnalisante à distance ».

Pourquoi offrir les cours à distance?

L’an dernier, en 2019-2020, notre première petite cohorte d’étudiants dans le programme suivait les cours dans une modalité hybride où l’alternance se faisait entre des cours en présence et des activités asynchrones.

Au départ, nous avions prévu offrir cette année des cours hybrides comodaux. Nous voulions que:

  • les cours aient parfois lieu de façon synchrone et que les étudiants puissent choisir d’y assister en personne ou en visioconférence
  • d’autres contenus soient vus de façon asynchrone

En 2020-2021, notre cohorte d’étudiants de première année est formée de 35 étudiants, répartis en 2 groupes.

Les besoins des étudiants

Dans notre région où la population n’est pas très dense, les étudiants ont parfois de grandes distances à parcourir pour se rendre sur le campus. Certains étudiants du Bas-Saint-Laurent ou d’autres régions avoisinantes peuvent aussi vouloir suivre nos cours, qui ne sont pas offerts dans leur région.

Par ailleurs, le programme de Techniques juridiques est attrayant pour une vaste clientèle d’étudiants, y compris des étudiants qui n’arrivent pas directement du secondaire. Parmi nos étudiants, nous avons:

  • des parents
  • des gens qui font un retour aux études tout en ayant un emploi à temps plein
  • etc.

Une formule à distance est très intéressante autant pour les étudiants qui sont éloignés que pour ceux dont les disponibilités sont limitées.

Des cours entièrement à distance en temps de pandémie

Au début de la session, quelques étudiants devaient assister aux cours en présence, mais ont changé d’idée en lien avec la pandémie. En effet, à cause de la pandémie, les étudiants peuvent suivre les cours de formation générale à distance, ce qui n’était pas prévu initialement. Ainsi, les étudiants qui auraient voulu suivre nos cours en présence simplement parce qu’ils étaient déjà sur le campus n’étaient plus dans la même situation. Étant donné le contexte sanitaire, nous n’avons finalement pas pu offrir l’option de suivre les cours en présence, mais cela n’a pas été un choc.

Pas de sacrifices à faire; au contraire!

Si nous avons choisi dès le départ de permettre aux étudiants de suivre les cours à distance, c’est pour répondre à leurs besoins « pratiques ». Toutefois, il n’a jamais été question pour nous de sacrifier de la qualité pédagogique de nos cours: bien au contraire! Notre intention a toujours été que la formule choisie vienne bonifier nos cours.

Nous avons choisi une approche hybride parce que nous y croyons. Le recours à l’asynchrone nous permet de sortir de la boîte de la classe traditionnelle et d’aller vers l’extérieur. Le numérique nous permet tellement de choses qu’il n’y avait aucune raison pour nous de ne pas offrir aux étudiants de suivre les cours à distance!

Modalité des cours

Dès le début de la session, l’étudiant connaît les séances qui seront synchrones et les activités à réaliser de façon asynchrone. Pour choisir la modalité d’une séance de cours (synchrone ou asynchrone), nous réfléchissons d’abord aux impératifs pédagogiques (contenu à voir, objectifs associés).

Par exemple, dans le cours de Josianne, les 3 ou 4 premières séances du cours étaient toutes offertes dans une classe virtuelle (sur Zoom) en mode synchrone. Mais plus tard dans la session, les étudiants peuvent passer une semaine sans se voir en temps réel et plutôt faire des activités asynchrones.

Plus l’étudiant avancera dans son cheminement et deviendra autonome, plus les portions asynchrones deviendront importantes.

Nous misons beaucoup sur l’apprentissage actif, alors les séances synchrones sont très profitables pour nous et pour les étudiants! Quand nous choisissons un mode synchrone, c’est pour permettre aux étudiants d’interagir, d’échanger, de faire des activités collaboratives.

Nous faisons souvent travailler les étudiants en équipe pendant les séances synchrones. Nous aimons bien répartir aléatoirement les étudiants entre les équipes. Ça leur donne des occasions de travailler avec tous leurs pairs.

Nous privilégions plutôt un mode asynchrone quand nous prévoyons des activités qui ne nécessitent pas d’interactivité. Par exemple, pour les exposés magistraux, nous enregistrons des capsules vidéos.

Des liens forts avec nos étudiants et entre nos étudiants

Malgré que ce soit des étudiants de partout au Québec, ils ont réussi à se lier d’amitié les uns avec les autres.

Il y des étudiants qui nous ont dit qu’ils étaient eux-mêmes surpris d’avoir tissé, à distance, des liens aussi forts avec leurs camarades de classe et de se sentir aussi proches de leurs enseignants.

Créer un tel sentiment de communauté en enseignant à distance est un défi, mais nous l’avons relevé!

Les « portes » de nos bureaux virtuels sont grandes ouvertes pour nos étudiants et ils le savent. Ils n’hésitent pas à prendre rendez-vous pour un appel vidéo.

Nous encourageons les étudiants à interagir sur les forums de classe (sur Teams) et ils le font. Les étudiants se posent des questions et partagent des ressources. Les échanges sont vivants entre les séances de classe: les étudiants ont la volonté de maintenir un lien entre eux.

Notre plan de match initial était de tenir la 3e semaine de cours en présence, pour tous les étudiants. Exceptionnellement, ils se seraient tous déplacés sur le campus pour faire connaissance en personne et tisser des liens. À cause de la pandémie, cela n’a pas pu avoir lieu.

Nous avons tout de même tenu des activités pédagogiques spéciales pendant la 3e semaine de cours (visites virtuelles de milieux de travail et entrevues avec des professionnels du droit). Nous avons organisé plusieurs activités sociales à distance (par exemple des jeux d’évasion) et les étudiants se sont même organisés un 5 à 7 virtuel. La Semaine d’intégration à l’environnement juridique a été un vif succès!

Nos atouts

Alors que plusieurs enseignants du Québec ont été forcés de se tourner vers l’enseignement à distance sans préparation, nous avons eu la chance, en 2019, de planifier notre approche et de nous former. Nous avons bénéficié d’un léger dégagement de tâche de la part de notre collège. Cela nous a été très utile.

Nous exigeons des étudiants qu’ils ouvrent leur caméra pendant les séances synchrones. À notre avis, cela favorise les échanges. Parfois, le chat d’un étudiant passe dans l’écran. Parfois, l’enfant d’une étudiante assiste au cours sur les genoux de sa mère. Pour nous, ce sont des occasions de créer des liens avec nos étudiants.

Notre collège a pris la décision de faire des petits groupes d’étudiants: nos 35 étudiants de première année sont divisés en 2 groupes. La littérature montre que des groupes plus petits sont optimaux, pour l’enseignement à distance. Nous confirmons que ça fonctionne très bien pour nous!

Il demeure que l’enseignement à distance (comme l’enseignement en présence, d’ailleurs) demande une bonne capacité d’adaptation. Il faut être à l’écoute des besoins des étudiants. Les apprentissages y gagnent!

À propos des auteures

Marion Frappier-Routhier

Elle est enseignante et coordonnatrice dans le département des Techniques auxiliaires de la Justice au campus de Carleton-sur-Mer du Cégep de la Gaspésie et des Îles depuis 2008. Elle a œuvré à l’élaboration et à l’implantation du programme Techniques juridiques qui est offert en présence ou à distance et mode hybride. Elle est détentrice d’un baccalauréat en Droit de l’Université de Montréal et elle a suivi avec succès la formation professionnelle des avocats de l’École du Barreau du Québec. Elle est également détentrice d’un DESS en Santé mentale. Passionnée de la pédagogie, elle poursuit des études dans le microprogramme de 3e cycle en pédagogie de l’enseignement supérieur à l’Université de Sherbrooke. À l’écoute de ses étudiants, elle s’intéresse à la motivation scolaire et aux dispositifs hybrides.

Josianne Landry Allard

Enseignante au département des Techniques auxiliaires de la justice au Campus de Carleton-sur-Mer du Cégep de la Gaspésie-les-Îles depuis 2011, elle a œuvré à l’élaboration complète et à l’implantation du programme Techniques juridiques offert depuis août 2019. Détentrice d’un DEC en techniques juridiques, d’un certificat en psychoéducation, d’un baccalauréat en droit et ayant complété avec succès la formation professionnelle du Barreau du Québec, elle a fait le choix de l’enseignement pour partager sa passion du droit!

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