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19 août 2019

Créer une communauté de pratique : commencer petit, mais rêver grand

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Cet article est une traduction d’un texte paru dans le volet anglophone de Profweb.

Rachel Faust et Maggie Livingstone enseignent la physique au Collège Marianopolis. Leur passion commune pour l’enseignement les a motivées à apprendre comment s’améliorer en se joignant à d’autres enseignants afin de partager leurs meilleures pratiques. Voici l’histoire de cette collaboration pour la création d’une communauté de pratique.

L’étincelle

Un projet en particulier les a inspirées à fonder la communauté. À l’hiver 2016, un petit groupe d’enseignants de physique a décidé de renverser le cours de Mécanique, en équipe.  Ce projet a suscité quelque chose auprès des enseignants et a déclenché un regain d’intérêt pour la pédagogie. Les aspects que Maggie et Rachel ont particulièrement aimés étaient :

  • Travailler avec leurs collègues et partager des ressources d’enseignement
  • Obtenir des idées de la part de leurs collègues
  • Essayer de nouvelles stratégies et pouvoir en parler plus tard
  • Recevoir une rétroaction, puisque les enseignants expérimentaient une approche similaire, mais n’obtenaient pas nécessairement les mêmes résultats
  • Se réunir en groupe et parler de ce qui ne fonctionnait pas ou de ce qui allait moins bien
  • Faire beaucoup de travail continu qui permettait à tout le monde d’améliorer son enseignement

Cette collaboration à l’intérieur du département de physique a fait prendre conscience à Maggie et Rachel qu’elles travaillaient toujours en silos. Elles voient leurs collègues tous les jours, mais n’ont pas souvent l’occasion de discuter de ce qu’elles font en classe.

L’impulsion

Maggie et Rachel ont adoré leur expérience de collaboration à l’intérieur du département de physique. Elles aimaient avoir le sentiment de travailler en équipe et ont souhaité recréer ce sentiment. Elles ont constaté qu’il y avait là une opportunité d’obtenir des idées de la part de personnes qui se préoccupent de sujets autres que la physique. Qu’il serait bien d’avoir une base plus large de personnes intéressées à échanger et à parler d’enseignement.

À l’automne 2018, Maggie et Rachel ont décidé que c’était le bon moment pour établir une communauté de pratique. La première classe d’apprentissage actif du collège venait d’être inaugurée, elles ont donc tenu des rencontres informelles avec les enseignants qui s’étaient portés volontaires pour enseigner dans ce nouvel environnement. Ensuite, elles ont invité les enseignants qu’elles savaient fortement intéressés par la pédagogie, particulièrement l’apprentissage actif. Elles ont également rencontré la direction au sujet de cette initiative et ont ainsi obtenu officiellement leur appui – ainsi qu’un petit montant symbolique pour leurs réunions (assez pour payer le café). Après quelques rencontres, la communauté a décidé de s’agrandir et a lancé l’invitation à l’ensemble des enseignants.

Des enseignants échangent et discutent d’enseignement. (Photo prise par Margaret Livingstone)

Tirer parti du potentiel de la communauté: les recommandations de Maggie et de Rachel

Commencez lentement et parlez à beaucoup de personnes avant de vous lancer

Demandez conseil tant auprès de personnes dans votre collège qu’auprès de collègues dans d’autres collèges.

  • Bien que Maggie et Rachel souhaitent que la communauté soit animée par les enseignants, elles collaborent de près avec les conseillers pédagogiques et elles bénéficient de leur expertise.
  • Rachel et Maggie ont reçu de nombreux conseils de la part de collègues du Collège Dawson, où des communautés de pratique sont déjà bien établies.

Créez un environnement sûr pour la participation et l’apprentissage

Maggie et Rachel croient que les gens sont plus facilement prêts à s’impliquer lorsqu’ils sont dans le bon état d’esprit pour parler d’enseignement. Les enseignants devraient pouvoir se joindre à la communauté sans ressentir la pression d’assister aux rencontres ou de prendre la parole. Les enseignants partagent volontairement ce qui ne s’est pas bien passé, comme ce qui s’est bien déroulé. Ils doivent être aussi heureux de recevoir des conseils que d’en donner.

Encouragez le dialogue

Dès le départ, Maggie et Rachel se sont assuré que l’initiative soit menée par une communauté d’enseignants. Elles ont rencontré les membres de la communauté pour monter un horaire et ont fait un sondage en ligne pour déterminer les sujets de discussion. Elles trouvaient important que tout le monde puisse être impliqué dans ce processus. Cela a permis à tous de développer un sentiment d’appartenance.

Une rencontre de la communauté de pratique du Collège Marianopolis. (Photo prise par Margaret Livingstone)

Ajustez-vous selon les intérêts des membres

Jusqu’à présent, la communauté a discuté de sujets variés, comme :

  • La gestion des groupes dans une classe d’apprentissage actif ou dans une classe avec des tableaux blancs
  • Créer un climat de classe positif dès le début de la session
  • Amener les étudiants à se préparer avant les cours

À leur dernière rencontre, la communauté a parlé de la technologie Lightboard [vidéo en anglais]. Le Collège Marianopolis a récemment reçu une mini-bourse SALTISE pour construire un lightboard (tableau de verre) pour faire des vidéos. L’objectif spécifique sera de créer des vidéos interdisciplinaires (particulièrement en sciences). Le programme de Sciences est présentement en révision; la nouvelle version devrait inclure plusieurs exigences interdisciplinaires. 

Gardez les rencontres amusantes et informelles

Maggie et Rachel croient que les enseignants doivent avoir l’impression de passer du temps en bonne compagnie plutôt que d’assister à une réunion formelle. Si c’est plaisant, les enseignants n’auront pas le sentiment que c’est quelque chose qu’ils sont « obligés » de faire. Assurez-vous que les rencontres préservent ce sentiment de collégialité le plus possible, car c’est ce qui les rend amusantes. Demandez un petit budget pour pouvoir servir du café et des biscuits. Prévoyez du temps pour discuter de tout et de rien avant le début de la rencontre.

Tout le monde a une place

Faites en sorte que la communauté soit accessible à tous, des nouveaux enseignants aux enseignants qui ont 30 ans d’expérience. Un nouvel enseignant peut se sentir intimidé ou encore isolé. D’avoir un endroit où aller et d’entendre « J’ai essayé quelque chose de nouveau et ça ne s’est pas très bien passé, mais la vie continue! » fait du bien à n’importe quel moment dans une carrière, mais tout particulièrement au début.

À votre tour!

Les membres de la communauté de pratique du Collège Marianopolis ont dit qu’ils avaient hâte de participer aux rencontres, qui ne sont pas seulement plaisantes, mais qui en valent vraiment le temps. Maggie et Rachel trouvent aussi leur initiative extrêmement gratifiante. 

Elles aimeraient beaucoup parler de leurs idées avec d’autres enseignants dans le réseau. Elles s’intéressent également à ce que font les autres communautés. Elles souhaitent apprendre de l’expérience d’une variété de disciplines et découvrir de quels sujets ces communautés discutent.

Dites-le-nous dans les commentaires.

À propos de l'auteure

Susan MacNeil

Elle a eu une riche carrière en éducation. Avec sa maîtrise en éducation, elle a enseigné à tous les niveaux, de la maternelle à l’université. Elle a tout de même consacré la majeure partie de sa carrière à enseigner l’anglais langue seconde au niveau collégial. Elle a donné des cours Performa et a animé des ateliers à SPEAQ, à RASCALS et à l’AQPC. Elle a également travaillé au Ministère de l’Enseignement supérieur où elle a contribué à l’évaluation des composantes générales en éducation. Elle a reçu du financement de l’Entente Canada-Québec pour divers projets de recherche. Susan a aussi reçu la Mention d’honneur de l’AQPC. Depuis sa retraite de l’enseignement, elle fait partie de l’équipe d’Éductive où elle contribue à mettre en lumière les récits d’enseignants liés à l’intégration des technologies. La peinture à l’encre de Chine lui permet de se détendre et les voyages l’énergisent.

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