Fermer×
3 décembre 2012

Épreuve synthèse : produire une web télé dans l’Ouest canadien

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Un mode de diffusion télé, au Canal Savoir (2004-2006) et à RDS (2006-2008), est certes intéressant du point de vue promotionnel (et même parfois financier) pour les productions télévisuelles d’étudiants sortants. Une plateforme web l’est encore plus, surtout lorsqu’elle est développée spécialement pour son programme et qu’on peut y concevoir des projets sur mesure, sans contrainte externe.

Nous avons bénéficié d’investissements externes importants lors des années de production avec RDS. Ces fonds ont permis l’achat de matériel utile pour plusieurs générations d’étudiants.

Ainsi est né Carnivart.tv, sous l’initiative du professeur David Vallerand. Carnivart.tv propose sa première série télé web en 2009 sur la thématique de la ville phare (Joliette, Montréal, Québec, Toronto, Ottawa et Trois-Rivières). À l’hiver suivant, un autre cap est franchi : on produira trois émissions dans l’Ouest canadien et ce seront les étudiants les coproducteurs!

Ce sont les étudiants qui ont trouvé le nom du site! Le Cégep régional de Lanaudière à Terrebonne soutient financièrement l’épreuve synthèse de programme depuis maintenant 8 ans. Les mises en ligne des nouvelles émissions sont faites annuellement par Connexion Lanaudière.

L’engagement exceptionnel des étudiants

Il faut tout d’abord noter qu’aucun étudiant n’était obligé de participer à cette forme d’épreuve synthèse. Effectivement, plusieurs étudiants sont demeurés autour de Terrebonne pour réaliser leurs émissions pour Carnivart.tv et ils ont très bien réussi. Huit étudiants ont cependant souhaité pousser l’expérience plus loin. La réalisation de ce projet repose entièrement sur leur désir viscéral d’engagement et de réussite. Aussi, ils ont dû contribuer financièrement à raison de 1200 $ pour réaliser ce projet. C’est dans cet esprit que nous parlerons d’une coproduction où chaque dollar investi par l’étudiant aura une répercussion sur l’accomplissement du projet. L’investissement financier initial nécessaire contribuera à susciter l’engagement de ses membres.

Au-delà de la participation volontaire, une condition logistique doit être respectée : huit inscriptions sont requises pour partir dans l’Ouest canadien. Huit inscriptions pour se partager, en alternance, les rôles d’animateur, de réalisateur d’émission, de réalisateurs de chronique, de chroniqueurs et de recherchiste coordonnateur. Une personne de moins, et l’exercice est impossible avec les contraintes de temps que nous avons : tourner trois émissions en une semaine.

David Vallerand relate, lors du colloque de l’AQPC de juin 2012, l’expérience de Carnivart dans l’Ouest canadien : une coproduction réalisée avec ses étudiants en neuf jours!

Il va sans dire que cet équilibre est très fragile. Nous nous sommes donné une année scolaire complète pour préparer nos émissions. Lors de ce long processus, une seule personne quitte l’aventure et le projet doit être abandonné. Les étudiants entrent donc dans la réalité de la médiation et de l’accommodation mutuelle au quotidien.

C’est pour cette raison qu’il faut se méfier de l’artificiel engouement lorsque nous présentons un tel projet. Au départ, ce sont 25 personnes qui sont emballées par l’idée de partir. Aux inscriptions au printemps précédant le projet (moment lors duquel nous demandons le premier dépôt), l’enthousiasme en prend pour son rhume. Et c’est peut-être mieux ainsi. Il faut s’assurer de la stabilité du groupe et de la réelle motivation de chaque participant. Partir en voyage, c’est une chose. Partir en voyage pour tourner des émissions de télévision, ça ne ressemble en rien à des vacances!

Un processus de réalisation global

L’équipe de production organise, réalise, tourne et monte chacune des trois émissions de 30 minutes.

Cette expérience holistique permet aux étudiants d’établir un premier contact avec la réalité télévisuelle tout en effectuant une synthèse des apprentissages de leurs études collégiales. Cela ne se fait pas sans heurts. Il faut amener les étudiants à apprendre de leurs expériences, et de celles de leur équipe!

L’expérience des années n’est pas de trop pour l’enseignant qui coordonne et qui agit comme producteur « en chef » des émissions. Il voit venir les bons et les mauvais coups. C’est à ce moment qu’il faut toujours se souvenir que nous sommes au cœur d’une expérience pédagogique et non dans une production dite professionnelle. Les moins bons coups, même anticipés, doivent être vécus par les étudiants. C’est ce que j’appelle un outil pédagogique « à impacts contrôlés ». Chaque année, les mêmes erreurs se produisent et loin de moi l’idée d’y mettre un frein. Ces expériences, parfois douloureuses, sont nécessaires à la consolidation des acquis et à la construction de la confiance des membres de l’équipe.

Mais filmer à l’étranger est une activité qui s’organise!

Et filmer à l’étranger est aussi une activité pleine d’imprévus.

Équipement requis pour le tournage

Une Caméra Mini-DV 3CCD
Caméra de reportage semi-professionnelle, compacte et robuste, parfaite pour l’apprentissage.
Note : Un peu complexe pour d’autres disciplines et  de moins en moins utilisée dans le milieu de la production. Cassettes plus en plus rares. Technologie choisie pour s’harmoniser aux magnétoscopes en usage au collège.
Des micros unidirectionnels
Essentiels pour les présentations des animateurs et des chroniqueurs, ainsi que pour les interviews.  Une entrevue avec le son ambiant de la caméra ne permet pas d’assurer une qualité minimale de diffusion.
Trois projecteurs de 1000 W avec diffuseur
Essentiel, particulièrement avec les minis DV. Importance de former les étudiants à la diffusion web (bien éclairer, mais pas trop).
Un trépied
Incontournable! Sinon, nausée garantie!
Des feuilles de code temporel
Vitales!
Notes : Registres connus sous le nom de « Time Code » permettant de prendre des notes de tournage intelligentes, indispensables lors du montage.

L’outil de montage

Le choix de Final Cut Pro remonte à nos deux années de production avec RDS au cours desquelles un résultat professionnel était nécessaire. Nous avions utilisé les mêmes installations que la boîte de production avec laquelle nous travaillions.

C’est un des logiciels les plus utilisés dans le milieu professionnel en production télévisuelle. Comme nous préparons nos étudiants en communication à cette réalité, il constitue un choix adéquat.

Les étudiants apprennent à monter sur Final Cut Pro, lors du cours de Reportage télévisuel. Chaque étudiant y monte son propre reportage de trois minutes. L’apprentissage se fait donc au courant de la session (3e) précédant Carnivart.tv (4e).

Présentation des principales fonctionnalités du logiciel Final Cut Pro X

L’expérience du montage

Après le grand air, nous nous enfermons à neuf personnes, douze heures par jour, pendant cinq jours, dans une salle de montage. Il faut donc savoir organiser le travail pour répondre aux délais, soit :

  1. Savoir sacrifier une partie du travail
  2. Apprendre que décider enlève parfois une partie du « plaisir »
  3. Juger le résultat par le résultat tout en restant directement impliqué
  4. Livrer, coûte que coûte

Le lien de confiance que l’on tisse avec les étudiants lors de notre supervision est primordial pour un projet aussi mobilisant!

Avez-vous fait de telles expériences de production? Quels modes de diffusion ou de réalisation privilégiez-vous?

S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires